Je n'ai ce livre qu'en allemand, il ne me semble pas qu'il ait été traduit.
Aglaja Veteranyi est née en Roumanie, que ses parents, artistes du cirque ont quitté pour fuir la dictature. Elle a voyagé dans le monde, pour se fixer en Suisse où, ne connaissant que le roumain, elle était analphabète et a appris l'allemand à 17 ans. Outre sa capacité créatrice, sa biographie a imprégné ses oeuvres : un père à la relation pour le moins étrange avec sa demi-soeur, qui en a perdu l'esprit, le divorce, un accident de cirque de sa mère, la mort de sa tante dont elle était très proche qui a conduit à une dépression.
Aglaja Veteranyi s'est suicidée par noyade dans le lac de Zürich le 3 février 2002. Elle a laissé des directives pour publier ces histoires courtes.
Qu'on veuille excuser la longueur de ce prologue. Il éclaire un peu l'humour noir de l'auteur, dont il semble qu'il s'agisse justement du livre le moins directement inspiré de sa vie. Les textes sont courts et peuvent se lire comme des poésies, un peu au hasard. Selon certains, c'était la forme de prédilection d'
Aglaja Veteranyi, qui a beaucoup publié dans la presse avant les romans qui lui apportèrent le succès. Les pièces courtes, qui rappellent parfois
Peter Bichsel, partent souvent d'un postulat plus ou moins classique (Un ange, L'émigration) pour plonger dans le cauchemar, mais un cauchemar infantile, que nous autres adultes analysons comme de l'absurde. En fait, je ne crois pas beaucoup à la
psychanalyse, mais je pense à une explication freudienne à l'envers.
Pour
Freud, pour être heureux, il fallait réaliser ses rêves d'enfant. Ici, il s'agit de réaliser ses cauchemars d'enfant, et Dieu sait que se noyer dans le lac de Zürich (projetez-vous, comme en
psychanalyse) en est une forme puissante.