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Dans les livres qui me reviennent de chez ma mère, il y a de tout . Alors, je vous préviens que vous serez parfois surpris de ce que vous verrez défiler cet été parmi les fiches de Nota Bene et de Babelio . "Déjà, pourquoi consacrer une fiche à un roman de Max du
Veuzit ?" grinceront quelques intellectuels pincés. "Nous croyions que vous préfériez
Faulkner !"
Le problème n'est pas là, les amis. Quand vous commencez à lire à quatre ans, vous lisez à peu près tout ce qui vous tombe sous la main. Songez qu'il m'arrive encore, toute émerveillée et la larme à l'oeil, de feuilleter de vieux livres de classe dont j'ai racheté les exemplaires parce que je les avais lus, toute enfant, dans la cuisine de ma grand-mère, sur la table, après le dîner, lorsque mon frère faisait ses devoirs ! Un Lecteur - un vrai - c'est comme ça : ça vous lit n'importe quoi et c'est même capable, par pure curiosité, de vous regarder les deux premières pages d'un roman de Beigdeber, voire de BHL et peut-être même de
Christine Angot. (Et si je vous avouais que, si je n'ai rien d'autre sous la main, je lis les étiquettes des paquets de soupe et des boîtes de sel fin, hein ? Et non, c'est pas de la blague ! ;o) ) Et quand, de plus, le Lecteur gère un forum, s'il lui prend une crise de ... disons ... de malice malicieuse, il va courir vous démolir le livre sur ledit forum. (Il fait de même aussi pour certains films : c'est plus fort que lui. Avouons-le : le Lecteur est un Grand Zarbi et basta ! Trop de mauvaises lectures sans doute ... ) Attention, hein ! Je ne parle pas des "trolls", ces dégénérés, ces malades, ces sadiques, qui viennent systématiquement dire du mal de l'auteur, du livre (ou du cinéaste et des acteurs sans oublier le scénariste), de votre fiche, de leurs voisins (parce qu'ils font du bruit), de la littérature, du cinéma, de l'avenir, de vous et encore de leurs voisins (parce que, cette fois, ils ne font plus aucun bruit. le "troll" est un Grand Méchant. le Lecteur, lui, ou encore le Cinéphile, le vrai, aime à titiller mais estime dans le fond que, du moment que ça plaît à quelques uns, ma foi ... le "troll" n'a pas d'humour : il fait semblant et il se prend toujours terriblement au sérieux. le Lecteur et / ou le Cinéphile, les vrais, eux, aiment bien à rire et à se moquer mais ils sont rarement méchants et se prennent tout aussi rarement au sérieux - pour ce qui est de l'oeuvre qu'ils évoquent, par contre, c'est autre chose.
Que les âmes sensibles se rassurent : je ne vais pas vous démolir "
L'Homme de Sa Vie", qui faisait ma joie quand j'avais dix ans - en même temps, il est vrai, que "Pot-Bouille" et "Autant En Emporte le Vent" Je dirai seulement que, si Delly avait pour habitude de reprendre les contes de fées de nos grands-mères pour transformer tout ça en quelque chose d'affreusement, d'ardemment, de scandaleusement érotique et charnel,
Max du Veuzit manifestait, elle, un faible pour l'histoire de Cendrillon. Une Cendrillon très modernisée et "à la page" ou alors dotée d'une naïveté à faire fuir le Grand Méchant Loup de
Tex Avery en personne tant il se serait dit qu'avec ce genre de filles, il y avait trop de boulot à entreprendre.
Dans "
L'Homme de Sa Vie", nous avons droit, avec la toute jeune Noëlle, qui sort du couvent pour atterrir chez un tuteur remarié qui ne veut pas d'elle et lui a déjà trouvé un emploi de secrétaire à l'autre bout de la France, à la version "Naïvette & C°." (Bon, d'accord, si vous voulez dire "nunuche", vous êtes libre . C'est l'été, j'ai de l'arthrose, j'ai hélas ! vieilli et je ne prendrai pas, en tous cas pour cette cause, ma grande et mirifique épée de guerrière bon teint.) Noëlle, qui est toute douce, toute gentille, toute timide (comment avez-vous deviné que j'allais écrire ça, hein ? ) prend donc le train pour se rendre dans le Sud de la France - plutôt côté Sud-Est, il y a là de sacrées montagnes. D'horribles godelureaux lui font du gringue pendant tout le voyage mais, heureusement pour elle, ils descendent avant le terminus - une ville dont je ne me rappelle pas le nom - et alors là, forcément, ouf ! elle est soulagée.
Elle l'est un peu moins quand elle apprend qu'elle doit monter à la propriété où on l'attend, dans la montagne, par ses propres moyens. Mais comme elle est aussi toute courageuse, elle ne fait ni une, ni deux et hop ! avec sa toute petite valise bien lourde, elle grimpe jusqu'à Montjoya, la vaste demeure d'un certain Yves le Kermeur, lequel recherchait bien un secrétaire mais ne voulait en aucun cas d'une secrétaire. (Pour les traînards de la Gay Pride qui pourraient errer dans le coin, je leur dis tout de suite : c'est pas ce que vous croyez ! On est chez
Max du Veuzit, nom de Dieu, pas chez
Frédéric Mitterrand ! ) Voilà donc notre pauvre petite Noëlle rejetée à la rue ... pardon, au sentier de montagne qu'elle vient d'emprunter . Elle est toute prête à pleurer - oh ! inutile de faire les fiers, hein ! vous aussi, vous vous seriez sentis bigrement découragés à sa place - surtout que la nuit tombe. Mais Max du
Veuzit lui remet en tête ce proverbe admirable (qui est peut-être tiré d'un cantique, notez) : "Aux petits des oiseaux, Dieu donne leur pâture : laisse-t-Il Ses enfants jamais dans le besoin ?"
Et bing ! probablement parce qu'un éditeur de "La Bonne Presse" ou d'une maison de ce type a déjà versé son avance à l'auteur, le miracle s'accomplit. La porte austère de Montjoya s'ouvre et la servante (vieille, comme il se doit), Honorine, vient en grommelant lui dire qu'elle ne peut pas rester là et que "le Maître", finalement, veut bien la faire entrer pour la nuit.
A partir de là, entrevue avec "le Maître", un homme séduisant mais triste et au ton plutôt rogue. Suite à un incident auquel, sur le moment, Noëlle ne comprend pas grand chose - une sorte de coup de fil reçu par le téléphone intérieur - le Kermeur change subitement d'avis et dit à la pauvre petite que bon, elle peut rester. Il a une bibliothèque très étendue et qui n'a jamais été répertoriée. le salaire sera conséquent mais elle devra s'adapter aux règles de vie de Montjoya, bien sûr.
Une qui est bien contente, maintenant, c'est la petite Noëlle !
Notez que, toute peureuse par nature, elle est un peu moins contente quand elle croit entendre des bruits (dont un éternuement terrible) dans la bibliothèque où elle travaille pourtant seule. Elle commence même à se poser des questions mais alors là, le Kermeur la prend de vitesse et lui demande carrément de l'épouser. Comme elle s'étonne - toute timide, ne l'oublions pas et le premier qui rit n'a qu'à sortir - il lui répond, non sans embarras (c'est un gentleman, français certes, mais gentleman) que, au village, en bas, les gens pensent qu'il abrite chez lui une ... enfin, lui est de sexe mâle et célibataire et elle, de sexe féminin et aussi célibataire. Ce n'est pas tolérable qu'ils vivent ensemble, comme ça, sans chaperon. Elle est bien jeune pour être sa secrétaire - c'est vrai qu'elle a 19 ans ou quelque chose d'approchant. Bref, pour faire taire les cancans, Yves le Kermeur lui offre sa main. Voilà et elle peut s'estimer heureuse.
Mais justement, la petite Noëlle, heureuse, elle ne l'est guère. Parce que, enfin, son patron, il est sans doute très courtois et il la paie bien, il la laisse même travailler en paix mais bon, elle ne le voyait pas en amoureux éventuel, encore moins en époux légitime . Mais comme elle est - vous l'ai-je déjà dit ? - toute timide, toute douce, toute tranquille, toute sérieuse ..., elle n'ose pas dire non. Et les voilà mariés.
Et c'est alors que, chaque soir où presque, quand Noëlle se retrouve seule dans sa chambre, débute toute une série de pannes électriques. Et, voyez comme la coïncidence est curieuse , toujours quand son mari, qu'elle continue à appeler "M. le Kermeur" parce que, comme je crois l'avoir déjà précisé, elle est toute timide et tout ça , s'en vient frapper à sa porte pour lui faire un brin de causette conjugale ...
Ah ! Ah ! J'ai éveillé votre curiosité, n'est-ce pas ? Eh ! bien, tant mieux pour
Max du Veuzit et les éditions Tallandier et tant pis pour vous. Il vous faudra vous procurer "
L'Homme de Sa Vie" pour savoir le fin mot de l'histoire. Pour les aficionadas - je pense qu'on peut mettre ici le terme au féminin sans faire preuve de sexisme envers les messieurs - je donne un indice : dans l'un des volumes de la série "Marianne",
Juliette Benzoni a repris le truc en l'actualisant à sa façon - lorsque Napoléon ordonne à Marianne d'épouser je ne sais plus quel noble romain, ou milanais, ou ... Enfin, un Italien.
Et voilà comment, dans les lointaines années trente, on faisait de bons romans à l'eau de rose . Ah ! c'est sûr, la politique de l'époque était lamentable mais alors,
le domaine du roman rose flo-ris-sant - et si romantique ! ...
Bonne lecture !
Nota Bene : mais si, je vous en placerai, des extraits, petits impatients ! Mais pas ce soir : je n'ai pas le temps. Ce sera pour demain. Et puis, c'est délicat à choisir, tout ça ... :o)