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Critique de Levant


L'homme au faciès dissymétrique, spécialiste de l'antiquité gréco-romaine, Paul Veyne, l'homme de société qui se défend, se préserve même, d'être homme public, se confie à coeur ouvert dans ce recueil de souvenirs. Il nous dit tout, ou presque, de sa vie privée.

Il a été "communiste sous protection américaine", anticolonialiste par bon sens, soixante-huitard par sympathie pour une jeunesse utopiste. Il est resté sur la réserve à l'égard des pouvoirs politiques successifs et de l'establishment, y compris et surtout dans son domaine universitaire. Mais toujours bienveillant à l'égard des autres et respectueux des avis divergents.

Outre l'antiquité, dont il s'est fait une spécialité, il nous dit sa passion pour la poésie, René Char en particulier, au point d'en retenir des extraits entiers dès la première lecture. Agnostique sans répulsion pour les dévots, précurseur de l'égalité des sexes, il voue aux femmes de sa vie un amour fidèle, une abnégation sans faille, en particulier envers celle qu'il a connue dans la détresse d'un chagrin muet.

On peut faire référence en son domaine, en être glorifié et connaître une vie privée émaillée de drames. Son mérite aura été de les avoir affrontés sans épanchement geignard, ni trahison des siens, encore moins de soi-même.

Belle leçon de vie de la part de ce personnage atypique, au mental comme au physique. Je l'ai découvert dans un échange avec Emmanuel Carrère au cours d'une émission télévisée bien connue des "accros" de littérature. J'ai aimé son parler franc et direct, aux antipodes de la flatterie de son auditoire. Bien sûr mes connaissances comparées me disqualifient pour juger de ses prises de position historique, mais je n'ai pas été déçu par cet ouvrage à la sa sincérité évidente. Il nous fait comprendre que le temps était venu pour lui de l'écrire. le temps de verser dans la confidence à l'égard de ceux à qui, en professeur émérite, il avait destiné ses doctes ouvrages. Se disait-il qu'il leur devait bien cela, à ses fidèles lecteurs ?

Excellent ouvrage qui me donne le goût de faire connaissance avec ses écrits historiques ceux-là. Peut-être même avec René Char, dont cette citation ne serait sans doute pas pour déplaire à Paul Veyne : "Dès lors que les routes de la mémoire se sont couvertes de la lèpre infaillible des monstres, je trouve refuge dans une innocence où l'homme qui rêve ne peut vieillir."
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