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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Bill Gates était certes féru d'informatique, mais il a surtout été le grand champion de la commercialisation de ses concepts. Son discernement lui a permis d'en inonder la planète et devenir ainsi le maître incontesté du système d'exploitation de l'ordinateur de monsieur-tout-le-monde.

Si je me risque à un préambule aussi décalé pour aborder le sujet développé par l'ouvrage de Paul Veyne, Quand notre monde est devenu chrétien, c'est d'une part parce que j'y suis encouragé par l'auteur lui-même, lequel fait à plusieurs reprises dans son ouvrage de tels parallèles aussi hasardeux. Comme par exemple entre le christianisme et le communisme, leur impérialisme sur les esprits et les consciences. Ce qui leur a permis d'atteindre la popularité, certes déclinante, qu'on leur connaît aujourd'hui. Évoquant au passage les mêmes travers qui ont pu pervertir l'une et l'autre doctrine, lorsque la pureté originelle des intentions a été confrontée à la corruption inhérente à la nature humaine.

La seconde raison qui fonde la hardiesse de ma comparaison de ces deux thèmes aux antipodes l'un de l'autre, tant par l'époque qui les vu naître que par la finalité qui les motivent, porte sur le parallèle que je fais de leur intention commune de dominer le monde, l'un matérialiste, l'autre spirituel.
Bill Gates a été le propagateur planétaire de concepts dont il n'était pas forcément l'auteur. Constantin, empereur romain au début du quatrième siècle de notre ère, n'a certes pas été l'inventeur du christianisme, il a été celui qui, du fait de sa position dans le monde, a permis au christianisme, qui vivotait alors, de se répandre à la surface de la planète et devenir ce qu'il est aujourd'hui. Sa conversion en l'an 312, l'intelligence avec laquelle il en a fait la promotion jusqu'à la fin de sa vie, ont été déterminantes pour la survie et l'expansion du christianisme.

Il est vain de se livrer à l'exercice de l'histoire alternative. Paul Veyne, dont le socle de connaissances historiques est pour le moins suffisant, peut quant à lui se risquer à échafauder certaines thèses et nous affirmer que sans le rôle déterminant de l'empereur Constantin, le christianisme ne serait certainement pas ce qu'il est aujourd'hui.

Qui mieux qu'un agnostique pour décoder les événements de ce tournant décisif de l'histoire du monde chrétien. Pour nous faire comprendre comment une secte peut devenir une religion. Je n'ai quant à moi pas l'érudition suffisante pour évaluer ses allégations, mais, séduit que je suis par ses thèses et son talent pour les enseigner, je vais poursuivre mon chemin dans la connaissance de cette sommité en me laissant décrypter par elle Comment on écrit l'histoire. C'est le titre d'un autre de ses ouvrages dont j'ai fait l'acquisition.
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A l'occasion de l'anniversaire de l'édit de Milan en 312, où Constantin abroge toutes les lois interdisant le christianisme, un grand nombre de bons livres sont parus qui scrutaient les motivations de l'empereur, la situation de l'empire, l'état des mentalités, etc ... le grand historien romaniste Paul Veyne s'est penché lui aussi sur la question, et donne de l'homme et de l'événement des interprétations novatrices, dans la droite ligne de son magnifique "Empire gréco-romain". Paul Veyne est un penseur suffisamment intelligent et nuancé pour savoir dépasser les oppositions simplistes et binaires intérêt matériel / spiritualité, politique / foi, et autres doublets bons pour les journalistes. Il est suffisamment au fait des sciences humaines et de leurs études sur la foi, des sciences sociales et de leurs observations sur les mécanismes sociaux, pour donner du phénomène de changement de religion de l'empire romain aux IV° et V° une interprétation nuancée et convaincante. Ce livre d'un sceptique dégage tous les avantages du christianisme pour un homme de l'Antiquité, mais aussi pour nous.
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Un essai intéressant, libre, personnel et érudit tout à la fois. L'auteur s'intéresse à la psychologie de Constantin, dont il défend la sincérité. Les explications sont convaincantes, accessibles, parfois partielles. La diffusion du christianisme, très minoritaire encore sous Constantin, est bien expliquée dans le cadre d'un empire qui aurait pu ne pas devenir chrétien aussi certainement qu'on a tendance à le penser avec un jugement a posteriori trompeur. On peut ne pas être d'accord avec tout ce qu'avance Paul Veyne mais c'est toujours intéressant et agréable à lire. Ainsi que penser vraiment de la tolérance de Constantin, abandonnée par ses successeurs, puisqu'il n'avait pas les moyens de convertir rapidement tout les habitants de l'Empire ?
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Ce livre d'un incroyant qui s'interroge est rafraichissant par le recul pris par l'auteur quand aux opinions courantes. Son avis très pragmatique, toujours solidement étayé et respectueux d'autres opinions possibles est une intéressante vision de la naissance du monde chrétien.
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Paul Veyne, dans ce livre, mêle (comme il le fait il me semble aussi dans ses autres livres) deux disciplines : l'histoire et la philosophie. J'ai parfois même l'impression qu'il se sert de la première comme prétexte à la seconde. En tous les cas, ce mélange des genres me parait une approche très pédagogique permettant de mieux assimiler les idées.
De part sa position d'athée, il peut justement réfléchir sur des questions de religion sans rester sur des vérités établies (Attention, il ne s'agit pas d'un livre anticlérical ou irrévérencieux face à la religion. L'auteur a beaucoup de respect pour les croyants.)
Il expose donc les raisons qui ont fait le succès du christianisme par rapport au paganisme. Sans décrire le livre, l'auteur nous explique en autres
les motivations de Constantin qui l'ont conduit à se convertir, sa tolérance par rapport au paganisme évitant ainsi un conflit ouvert entre les deux religions
la religion du christianisme qui couvrait un périmètre beaucoup plus large que l'ancienne religion (réponses à des questions métaphysiques, bonté de Dieu tourné vers les hommes alors les divinités romaines pensaient d'abord à elles, une morale bien supérieure, ...)
une organisation centralisée et un prosélytisme.
...
Enfin, Paul Veyne pose la question si la société européenne actuelle dépend encore du christianisme. Sa réponse bien étayée est que non.

C'est donc encore un livre fort intéressant et assez accessible.
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Analyse éclairante de cette période charnière du IVème siècle, plus tout à fait l'antiquité, pas encore le Moyen-âge : un entre-deux qui nous est visible mais qui ne l'était certainement pas pour les contemporains.

Les 9 premiers chapitres sont agréables à lire, il y a de nombreuses anecdotes et des parallèles (parfois osées) qui illustrent le propos et donnent une sensation que si l'histoire ne se répète pas dans la forme, elle se répète dans le fond (et pas toujours dans le sens de la boutade de Marx sur le 18 brumaire).

Le chapitre 10 est certainement le meilleur passage du livre car il dévoile des mécanismes cachés des sociétés et du déroulement de l'histoire. Un chapitre à lire et relire pour s'en imprégner car c'est là que se trouve les principaux enseignements pragmatiques du livre.

Le grand plaisir que j'ai alors éprouvé, dans ce dévoilement d'une grande lucidité, a été un peu refroidie par le dernier chapitre portant sur les racines chrétiennes de l'Europe. Je partage parfaitement les principales conclusions de l'auteur. Si je ne le pensais pas encore explicitement, ces conclusions étaient en accord implicite avec ce que je pensais du sujet. Mais j'ai trouvé l'argumentation un peu confuse et pas toujours démontrée.
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Un ouvrage accessible à tous et enrichissant.
Je recommande à ceux qui hésitent, de regarder le documentaire 8/12 de la série "L'Apocalypse" sur Arte, "La conversion de Constantin".
Paul Veyne y intervient dans son style tout à fait original. S'il vous convainc, n'hésitez plus à vous procurer ce livre.
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Le christianisme aurait pu disparaître, sinon conserver son statut de secte persécutée aux pratiques proscrites par l'État, si la volonté d'un seul homme n'était pas entrée dans le cours de l'Histoire. C'est ce que Paul Veyne réussit à nous faire comprendre au fil de ce livre qui se veut historique et philosophique.
L'historien raconte les relations entre chrétiens et païens qui, grâce à une forme de tolérance de Constantin, pouvaient contribuer ensemble au développement de la vie politique en évitant les sujets religieux. Paul Veyne démontre pourquoi, selon lui et plusieurs experts, Constantin ne s'est pas converti à des fins idéologiques, mais bien parce qu'il croyait sincèrement aux vertus du christianisme. Sans forcer ses sujets à se convertir, la démarche entamée par Constantin contribuera à la conversion de millions de personnes et sera poursuivie par ses successeurs à quelques exceptions près.
Un livre agréable à lire et qui soulève plusieurs questions sur le rapport au christianisme et notre monde actuel.

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De très nombreuses références historiques et philosophiques. L'auteur, grand spécialiste de l'Antiquité dresse le portrait de Constantin, premier empereur chrétien et présente une analyse de la société romaine dans l'Antiquité tardive extrêmement documentée et captivante. Son analyse de l'ancien testament et du statut de sa divinité m'ont particulièrement impressionnée et remettent en perspective la construction des monothéismes israélite et chrétien.
La dernière partie qui s'attarde sur le devenir de cet héritage chrétien dans l'Occident moderne est peut-être un peu longue. Elle engagé cependant une réflexion très intéressante sur les racines et la construction des sociétés actuelles.
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Très facile et plaisant à lire. Paul Veyne explique les débuts du christianisme dans son contexte social et historique - tournant autour de Constantin et du paganisme. le judaïsme est très peu mentionné, étonnamment. Postulat original et intéressant : Constantin n'était il pas un honnête homme de foi plutôt qu'un stratège militaire et politique ?
Certains parallèles sont plutôt osés et surprenants, mais tant que ça quand on connait les tendances politiques de Veyne.
Une référence, à lire.
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