Citations sur L'Espagne entre deux siècles : De Zuloaga à Picasso (2)
Cette première bifurcation de l'art n'est pas sans éclairer ce qui marquera le pays pendant près d'un siècle : la division de l'Espagne en deux parties s'affrontant, l'une "blanche" et l'autre "noire". Il s'agit là de deux manières de comprendre l'Espagne et de la définir : l'Espagne "blanche" est lumineuse, c'est l'Espagne de la fête, de la santé, du beau, de la vérité, du bien et des formes, tandis que l'Espagne "noire", plus sombre, est faite de tragédie, de profondeur, de laideur, elle correspond à l'Espagne du mal et de l'incompréhensible. Alors que la première définit son identité par rapport à l'avenir, la seconde se tourne vers le passé. Si cette dichotomie est valable dans le domaine artistique, elle déborde aussi sur le monde de la politique et de la pensée. Mais, c'est surtout à partir de 1898, et la "crise morale" provoquée par la perte des dernières colonies (en particulier Cuba), que le débat sur les deux Espagne acquiert un élan, une énergie et une actualité qui semblent réellement scinder le pays en deux.
L'Espagne en 1900 : une Espagne, deux images
Tombés dans l'oubli donc, toute une génération de peintres actifs à la charnière des deux derniers siècles, à l'exception notable de Picasso, Miro, Dali, Juan Gris, représentants des avant-gardes du XXème siècle. Comme si désormais seuls étaient dignes d’intérêt les artistes ayant bousculé les codes de la représentation. C'est tout au moins ce qu'on peut déduire de la lecture d'une histoire attachée uniquement à l'étude des bouleversements et nouveautés, laissant ainsi dans ses marges tout ce qui n'est pas réductible aux critères qui définissent la modernité. Cette conception de l'histoire qui a prévalu dans le domaine des arts et fort heureusement révolu depuis quelques décennies, en témoignent les expositions citées plus haut et comme le souligne ici Pablo Jiménez Burillo.
Le temps pour un autre regard