Les notices individuelles du répertoire des Artistes décorateurs du bois ne pouvaient recueillir un certain nombre de faits généraux, qui ont été groupés dans cette introduction. Si l'on veut replacer, en leurs différents milieux, les ébénistes, menuisiers, sculpteurs, doreurs sur bois, etc., ayant travaillé en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, l'histoire de leur corporation s'impose. Toutefois, les détails sont si abondants et si touffus qu'il nous a semblé utile de diviser notre enquête en deux parties. Dans la première, la Corporation, on trouvera l'histoire des artisans de la communauté des menuisiers et ébénistes, l'importance du rôle joué par les ouvriers de la Couronne, le récit des conflits entre travailleurs syndiqués et travailleurs libres, les causes qui modifièrent la rédaction des statuts, et les difficultés soulevées par leur application. Dans la deuxième, la Vie corporative, on retracera l'existence intérieure des ateliers, les rapports journaliers entre maîtres, varlets et apprentis, les différends de corporation à corporation et de compagnonnage à compagnonnage ; enfin, quelques notes sur les confréries et fêtes corporatives termineront notre étude.
Sainte Anne était la patronne des menuisiers dans la plupart des villes de France : Paris, Dijon, Tours, Beauvais, La Rochelle-, Caen, Chambéry, Coutances, Nantes, Salins, etc., etc. Saint Joseph protégeait aussi les menuisiers d'un certain nombre d'autres villes : Besançon, Dole, Riom, Issoire, etc., etc. A Mâcon, les menuisiers vénéraient sainte Anne et saint Joseph. Seuls, les menuisiers de Rouen étaient sous le patronage de saint Pierre et de la Sainte Trinité.
Vers 1268, le Livre des métiers d'Etienne Boileau., prévôt de Paris, coordonna les statuts de la corporation des ouvriers du bois et leur donna force de loi publique en les homologuant. Ces ouvriers s'appelèrent d'abord charpentiers. On sait que le mobilier ancien suivait son possesseur dans les voyages, et qu'il se composait surtout de coffres pour serrer les vêtements, la vaisselle, les objets précieux, etc. Inutile d'ajouter que cette sorte de mobilier était et ne pouvait être que l'oeuvre de simples charpentiers.
A côté de la corporation qui défendait les intérêts matériels des maîtres, la confrérie jouait un rôle important dans l'existence des artisans de l'ancien régime. En province, les premières confréries de menuisiers furent érigées au XVIe siècle.