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EAN : 9782253933557
222 pages
Le Livre de Poche (25/09/2002)
3.65/5   17 notes
Résumé :
Alexandre Vialatte en avait tant parlé qu'on croyait qu'il n'existait pas ! Écrit autour de 1925, en Allemagne, La Complainte des enfants frivoles est son premier roman. Il se situe entre Ligier-Lubin (vers 1920) et Battling le ténébreux (1928). Négligé par son auteur, enseveli peu à peu parmi des centaines de dossiers, ce manuscrit aura affronté jusqu'au bout un sort contraire.
(...)
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
L'insoutenable légèreté de la nostalgie nécessite de régulières injections de souvenirs. Alexandre Vialatte imagine revenir sur les traces d'une scolarité achevée. La statue de Blaise Pascal se dresse toujours stupidement au milieu de la cour de récréation : si elle n'a pas bougé, les rêves, les promesses, les espoirs et les amitiés qui ont grandi autour d'elle ont-ils pu vraiment disparaître ? Cela semble impossible et pourtant, le temps s'est écoulé et la vie avec.


A sa façon, Alexandre Vialatte, alors seulement âgé de vingt-cinq ans, écrit : « Tout m'a paru si solitaire, si petit, si prétentieusement inutile que je me suis senti le coeur serré. Est-ce l'optique du souvenir ? » Il croyait retrouver la densité de son enfance, il ne retrouve plus rien sinon la certitude que la vie construit moins qu'elle ne s'effondre. Tout est dans l'instant : elle passe et disparaît. On s'amuse avec ce qui reste de sensations et d'images, jusqu'à ce que cela aussi s'effrite. Et Alexandre Vialatte s'amuse effectivement. Puisqu'il ne lui reste rien, autant tout réinventer sans lésiner sur les moyens. Quitte à en devenir étoufant.


Non sans un humour salvateur, Alexandre Vialatte visite à nouveau tous les endroits de sa jeunesse et se souvient dans une déferlante de mots, de comparaisons et de digressions imagées d'abord amusantes, qui finissent malheureusement par lasser en plombant l'élan de lecture. A l'heure de la publication de ce livre, Alexandre Vialatte avait à peine vingt-cinq ans mais il était déjà aussi plombant que si toute une vie s'étirait derrière lui. C'est que le livre, à la différence du souvenir, reste matériellement le même d'un instant à un autre. Alexandre Vialatte semble avoir voulu s'assurer un refuge stable pour ses vieux jours en l'emplissant de bricoles déjà périmées.
Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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Vialatte. le nom d'abord. Poétique, cosmique. Une "voie lactée" traduite en bas-auvergnat. Un chemin laiteux, énigmatique et beau qui nous emporte à travers le blanc des pages. "La complainte" est le premier livre que je lis de lui et il a la saveur du premier plaisir ressenti : surprenant et intense bien que matiné déjà de la douce mélancolie du dépucelage. Vu le nombre des citations que j'ai collecté, vous l'aurez compris Vialatte m'a enthousiasmé. Il pose ses adjectifs consciencieusement, méthodiquement, comme de petites charges explosives pour faire sauter le réel et nous laisser hébétés du souffle engendré. Alliances, combinaisons inattendues de formes étranges et belles comme tombées du pinceau d'un peintre distrait et s'étalant dans un génial hasard sur le grain d'une toile. Mais le petit bonheur, la chance, n'y sont en fait pour rien. La maîtrise de Vialatte et voilà tout. van Eyck et beauté flamande à l'huile. Dans ce monde onirique "les sucres d'orge sont regrettables", "les pélérines véhémentes", "les ombres éloquentes", "les montagnes emphatiques" et "la neige sale déshonore les éléments". Ce pays onirique surgit à l'improviste, sans préambules, au beau milieu de villages éteints et de quotidiens usés. Les frontières disparaissent entre le banal et le merveilleux. La magie Vialatienne réside dans ce "sfumato" fantastique dans lequel les personnages, les paysages et même l'histoire tendent quelquefois à disparaître. L'abondance d'images vient parasiter le récit, le noyant, le saturant, niant "la conception géométrique du vraisemblable". Souvent, on fait un pas de côté dans l'histoire et l'on se retrouve perdu au milieu de superbes tableaux immobiles, puis l'on revient doucement sur le sentier narratif sans savoir comment nous sommes passés "de l'autre côté". Ce merveilleux qui nous attend là, prêt à l'usage convient parfaitement à l'évocation de l'adolescence et des "enfants frivoles" qui n'espèrent qu'à un destin d'aventures qui vienne les chercher du fond de leur enfance trop longue. Ce qui est à retenir chez Vialatte, ce n'est pas le lire, c'est le voir. L'histoire de ces trois adolescents est un engrenage brillant qui fait démarrer la fabuleuse et fantastique machine à images vialatienne qui recouvre le récit d'une fine neige kaléidoscopique. Enfin, ce qui a fini de me ravir c'est la voix que j'ai entendu en coulisse au fil des pages dans ces descriptions de "provinces décevantes" et dans certaines trouvailles, ces vialatinnes sucrées et cassantes : Pierre Desproges qui était un grand admirateur de l'auteur et chez qui l'on retrouve ce rythme charmant et ces chutes inattendues. La boucle est bouclée et le pantalon tombe bien sur nos chaussures cirées et vernies.

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Premier roman d'Alexandre Vialatte, le grand chroniqueur Auvergnat de la Montagne aux phrases sublimes et poétiques.

Récit de jeunesse sur la camaraderie et l'école. Une école fantasmée, rêvée d'un écrivain cultivé ou qui a peut être existé.
Mais si c'est le cas qu'est-elle alors devenue ?

On lira aussi en supplément les Chroniques de la Montagne d'Alexandre Vialatte qui constituent également un très bon recueil de chevet!
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J'ai lu d'autres Vialatte et... on sent que c'est un premier roman. Il y a des fulgurances d'écriture, et une sorte d'histoire, avec des personnages qui sont assez hauts-en-couleur, mais Vialatte m'a un peu perdu, dans ses phrases complexes et ses focus sur des détails.
Je ne comprends pas le parti pris de l'éditeur de laisser les fautes-oublis-coquilles qui existaient dans le texte originel, non suffisamment corrigé par l'auteur lui-même. Cela n'apporte rien, si ce n'est un doute sur les qualités intrinsèques de Vialatte.
Sinon, l'histoire en soi, une histoire ou des histoires d'un parcours dans un Collège, qui se finit tragiquement est plus ou moins prenante, touchera plus ou moins chacun puisqu'on est tous un peu passés par là.
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Ils avaient avec eux une fille de quatorze ans qui s’appelait Carola ; ce n’était encore qu’un backfisch ; elle portait des jupes courtes et chantait aussi des chansons énigmatiques ; elle semblait à Jérusalem ce qu’il y avait de plus beau sur terre et sa voix la troublait comme un chatouillement. […]
J’ai retrouvé Carola un soir dans un village palatin ; elle se rappelait le col du Gourland par hasard ; elle était énorme, des yeux superbes ; son mari, qui était né dans la Forêt-Noire, faisait tourner un carrousel d’automobiles ; elle était mère de quatre enfants, mais les affaires marchaient bien […].
Tant de nostalgie, d’attente et d’émoi pour aboutir à cette grosse caissière frivole qui veut acheter des montagnes russes. Où était la petite fille que Jérusalem confondait dans ses rêves avec la Norvégienne des étoiles, et qui symbolisait pour lui tout ce qu’il attendait de l’avenir ?
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Cette auberge de Jérusalem, si je lui donne tant de place, c'est que ce fut notre école du merveilleux.[...] Parce que nous sommes adultes et grossiers, elle nous apparaît plus quotidienne, plus banale, toute enfoncée dans le réel. On ne peut pas ressusciter le charme étrange, et cependant...Il suffit d'y monter le soir, en confiance avec la montagne pour se sentir là-haut lancé en pleine aventure interstellaires ; cette fraternité des astres et des hommes... ; on est comme au sommet d'une vague, sur une barque, sur la mer. […] Fallait-il croire aussi ces automnes qui apportaient dans leurs brouillards des éclairages de prairies sous-marines ? On ne voyait, au premier-plan, que quelques arbres, et l'ombre d'un bizarre roulier dans sa limousine, qui glissait entre ces algues comme un hippocampe derrière la vitre d'un aquarium ; des hommes discutaient autour du feu de l'auberge, affirmant par leur présence la réalité de ces fantastiques apparences que le jour glauque protégeait : la saison des grands mirages, la fantaisie d'un théâtre où il y aurait assez de place pour les aigles, ces brouillards hallucinés nettoyés tout d'un coup par le vent, faisant place aux sorbiers nets qui se détachent, chargés de grappes rouges comme des lanternes vénitiennes, avec l'élégance grêle d'un dessin japonais. Et ces gloires comme surs le front de Moïse, dans l'histoire sainte, qui sortent des nuages après la pluie et balayent le pays pareil à des pinceaux de projecteurs. Ces prestiges, ces véhémences... Le goût du singulier est fréquent sur les cimes car les soirs y sont couramment gonflés de prodiges.

(page 29, le livre de poche, collection Le Dilettante, 1999)
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« Du haut du tertre où est bâti le vieux collège, les champs dévalaient dans la nuit, vers les campagnes des vacances ; c'est de là que partaient les routes que nous avons tous prises un soir, avec leurs tournants, leurs lacets, leurs espoirs, leurs carrefours...; les routes qui tournent autour de la terre, comme une corde sur une toupie, tendues comme l'espoir des hommes ; et maintenant nous savons ce qu'il y a derrière ces brumes, sur les pitons bleus : pour quoi faire. Tout est pareil à notre adolescence derrière la nuit qui nous cache le pays comme un mouchoir sur la face d'un cadavre : le pré-verger, les salles de la classe et « les barabans » dans la cour sous les tilleuls ; les barreaux quadrillent la lucarne de la tour de l'Horloge fermée sur son mystère mécanique, sombre, aveugle, sourde et muette. Que de fois quand nous étions enfants nous y sommes venus, attendant qu'un ange exprès délégué pour nous par l'après-midi trop pesante vînt nous y tenir des discours latins, remuer les horizons, secouer des merveilles, et, nous prenant par la main, nous emmenât vers ces monts qui barraient les routes, coulisses du monde d'où nous voulions tout espérer.[...] Un jour pourtant, collégiens ravis, nous sommes partis sur les petits trains noirs qui font une fumée blanche et qui sifflent. Mais nous laissions aux fenêtres du dortoir ces constellations magiques qui se décalquaient sur les vitres avec leurs noms d'animaux, de plantes et de déesses : toute la géographie, la flore, la faune et la mythologie du ciel. Nous abandonnions cela pour la terre. Peut-être en raclant un peu les vitres, trouverait-on une poudre d'or ? »

(page 35, le livre de poche, collection Le Dilettante, 1999)
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Du haut du tertre où est bâti le vieux collège, les champs dévalaient dans la nuit, vers les campagnes des vacances; c'est de là que partaient les routes que nous avons tous prises un soir, avec leurs tournants, leurs lacets, leurs espoirs, leurs carrefours ...; les routes tournent autour de la terre, comme une corde sur une toupie, tendues comme l'espoir des hommes; et maintenant nous savons ce qu'il y derrière ces brumes, sur les pitons bleus : pour quoi faire ?
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Le courage physique est un minimum puéril et méprisable ; le réel, le vrai, le substantiel, l'enrichissement intérieur de la personnalité humaine, ce que j'appelle "der Sieg des Inhalts", exige de biens autres épreuves, et c'est à la lueur des lampes qu'il faut marcher, au plus secret de sa subconscience, à la recherche de ce moi subtil, fuyant, indéfinissable au début, qui glisse comme une anguille entre vos mains de novice, et luit pourtant, terra incognita de votre âme, au milieu des sentiments classifiés et de la matière banale des phénomènes psychiques simples, comme les pays inexplorés peints en blanc au milieu de l'Afrique sur les cartes de géographie.
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Videos de Alexandre Vialatte (19) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alexandre Vialatte
Emmanuelle Bayamack-Tam et son invité, Frédéric Boyer.
À l'occasion d'une grande journée dominicale qui célèbre à La Criée les 40 ans des éditions P.O.L, Oh les beaux jours ! a convié l'un des grands noms de ce catalogue, Emmanuelle Bayamack-Tam, qui publie aussi des romans noirs sous le nom de Rebecca Lighieri, et dont l'oeuvre, dense et d'une folle liberté, échappe à toute tentative de classification. Récemment couronnée par le prix Médicis pour La Treizième Heure, l'écrivaine reviendra sur les thèmes récurrents de ses romans : la métamorphose, qui parcourt son oeuvre, mais aussi le rapport au corps – notamment lorsqu'il se transforme à l'adolescence –, la famille et le nécessaire requestionnement du rôle qu'on lui alloue dans nos sociétés, la religion et l'appartenance à une communauté, la question du genre et des identités multiples…
L'entretien explorera également le style Bayamack-Tam, sa capacité à mêler les voix en explorant les genres littéraires (poésie, récit, chanson…) jusqu'à les renouveler, son art singulier et assumé de laisser infuser dans ses romans toutes les lectures qui l'ont «enfantée» en littérature. La conversation portera également sur une pièce de théâtre en cours d'écriture, dont nous sommes allés filmer les répétitions, et sur son goût pour le cinéma, en particulier pour les films de Pedro Almodóvar. Il sera aussi question du roman graphique qu'elle a écrit avec Jean-Marc Pontier, et bien sûr de Marseille, ville de ses origines présente dans nombre de ses romans, avec une interview exclusive d'une patronne de bar bien connue des Marseillais…
À ses côtés, pour évoquer la richesse de son travail et sa double identité littéraire, son éditeur, Frédéric Boyer, apportera un éclairage sur cette oeuvre sans pareille.

À lire (bibliographie sélective) — Emmanuelle Bayamack-Tam, « La Treizième Heure », P.O.L., 2022 (prix Médicis 2022). — Emmanuelle Bayamack-Tam, « Arcadie », P.O.L, 2018 (prix du Livre Inter 2019). — Emmanuelle Bayamack-Tam, « Je viens », P.O.L, 2015. — Emmanuelle Bayamack-Tam, « Si tout n'a pas péri avec mon innocence », P.O.L, 2013 (Prix Alexandre-Vialatte). — Emmanuelle Bayamack-Tam, « Une fille du feu », P.O.L, 2008. — Rebecca Lighieri, « Il est des hommes qui se perdront toujours », P.O.L, 2020. — Rebecca Lighieri, « Les Garçons de l'été », P.O.L, 2017. — Rebecca Lighieri, « Husbands », P.O.L, 2013. — Rebecca Lihieri et Jean-Marc Pontier, « Que dire ? », Les Enfants Rouges, 2019.
Un grand entretien animé par Chloë Cambreling et enregistré en public le 28 mai 2023 au théâtre de la Criée, à Marseille, lors de la 7e édition du festival Oh les beaux jours !
Podcasts & replay sur http://ohlesbeauxjours.fr #OhLesBeauxJours #OLBJ2023
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