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EAN : 9782253051305
125 pages
Le Livre de Poche (01/11/1989)
3.94/5   24 notes
Résumé :
"Alors, dit-il enfin, c'est une dame en papier ? C'est pas une dame en viande ? - Non, dit Robert. Elle est sur un calendrier. Elle est pendue à la fenêtre et on la voit quand on se réveille. - Ah ! Elle est jolie ? - Très jolie. Elle a une fleur rouge dans les cheveux. Et dessous il y a écrit "Job". C'est du papier à cigarettes. Grand-père l'appelle la Dame du Job." Un récit plein de fraîcheur et d'inventions. Deux enfants, plongés dans les absurdités de la guerre,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
j'ai beaucoup aimé la première partie " l'école du vertige" qui évoque l'enfance et l'on pense bien sûr, au chef d'oeuvre de Vialatte "les fruits du Congo". La deuxième partie, "Le champ de tir", où, le sergent Lamourette, pris dans le vertige et le délire vois défiler son enfance, à laquelle, se mêle ses dernières impressions de guerre, me semble moins aboutie, bien que le charme de " La Dame du Job" nous tiennes sous son emprise jusqu'au terme du roman.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Monsieur Lamourette, quand la pièce se vidait, nous prenait souvent sur ses genoux pour nous raconter des histoires qui arrivaient à des écureuils, à des renards ou à des gros loups, de grands gros loups, de petits gros loups et toutes sortes de gros loups intermédiaires. Notre imagination était pleine d'animaux et de confusions magnifiques. Rien n'existait, ni le temps, ni l'espace. Quand nous songions en été à l'hiver, il nous semblait que nous avions changé de pays. A travers les nuits et les jours la maison nous portait comme un bateau brillant dans le brouillard et la tempête, et parfois, sous le grand soleil, elle voguait comme une frégate des vieilles images parmi les îles océaniques.(...)

Nous retrouvions ces personnages, et bien d'autres, dans un grand journal illustré, peint d'images vivement coloriées, que nous allions lire en été sur les fauteuils du grand salon, en le dépliant sur le tapis vert. Les fenêtres étaient fermées, mais un rayon de soleil filtrait par les persiennes et réglait d'or le coin du grand tapis aussi calme qu'un miroir d'eau. Un moustique bourdonnait. C'était la musique même, cette heure grave et fiévreuse où nous attendions, sur la foi des promesses de ces images, au milieu de cette pièce ennuyeuse, je ne sais quel bonheur solennel qui n'est pas venu au rendez-vous.(...)
Je ne saurais dire quel sortilège se cachait au fond de ces images ; elles nous appelaient sur la route et nous faisaient signe de partir. Il faut longtemps avant d'apprendre, en quelque point du vaste monde, devant un spectacle pareil à ceux que nous avaient promis les dessinateurs du journal, que ce qu'on allait chercher si loin, ce n'était pas ce qu'il y avait sur l'image, mais le souvenir de cette heure où l'on avait pu croire un jour qu'il existe des paradis hors de ceux qu'on s'invente soi-même.
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- A ce moment là, disait Frédéric, il m'a semblé que tout marchait dans l'univers par le moyen de déclics soudains, par une espèce de jeu de balance, de compensations affolantes, et qu'on peut tout, jusqu'au moment où, sans aucun avertissement, il est trop tard. Il faut trouver le mot, la clé ; je ne m'étais pas assez hâté.(...)
Jamais rien ne nous vient comme nous l'attendions, mais tout nous vient de ce que nous attendions "vraiment". Toutes les fois que nous n'allons pas au bout de nous-mêmes, un système de compensations crée du malheur autour de nous.
Je ne sais pas si je répète bien ce que m'expliqua ainsi Frédéric par la suite. Mais quand je retourne ses phrases, il me semble, à travers les arguments logiques, discerner, comme on voit un sou au fond d'un puits, cette idée folle qu'on peut forcer le miracle à force de le désirer. Qu'on arrive à forcer le miracle à condition de le payer assez cher ; que le destin peut nous ouvrir toutes les portes au prix d'un péage sanglant.(...)
Quoi qu'il en fût, le caporal Crégut était couché dans la fougère. Ange et Briffoul le regardaient. Et le grand soldat roux - je crois qu'il s'appelait Vergnaud - avait mis un genou par terre et se penchait profondément sur le caporal, en s'appuyant des deux mains sur son arme. Je fus surpris, touchant le canon par hasard, de sentir qu'il était tout chaud.

Nous regardions la vallée violette et les ombres qui s'avançaient. Un château entouré d'herbage et d'eau vive ; une ville poussait au loin, blanche et fine comme une fumée, longue, à peine indiquée sur le bleu pâle du ciel. C'était peut-être Saugues-les-Bois.
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C’était pour nous, après le goûter, une heure fiévreuse et nostalgique, pleine de frissons, d’ardeurs mélancoliques et d’on ne sait quel espoir déçu qu’il m’arrive de retrouver encore quand un train passe à l’horizon.
Nous attendions le passage de l’express.
Il arrivait comme un bolide, de très loin, brusquement, d’un tournant de l’espace comme pour nous écraser soudain avec des flammes, dans un cyclone, puis s’éloignait, rapetissait, assourdissait son tonnerre inégal qui était devenu soudain métallique sur le pont et qui finissait dans l’espace comme la dernière vibration d’une corde de violon.
L’émoi, la peur, la fièvre, le désir et l’extase, puis le regret accompagnaient son bref passage dans nos oreilles, prolongeaient le roulement estompé de nos cœurs.
- Sauges-les-Bois, Sauges-les-Bois, criait Frédéric dans sa fièvre, comme pour attraper brusquement quelque chose qui s’en allait à tout jamais.
Ce n’était que la première station. Mais elle nous paraissait lointaine et merveilleuse comme le but même de l’express, comme ces noms qu’on trouve dans les livres, sur les cartes, et qui font rêver : Ampasimbé-la-Sablonneuse, ou Orkozoum…
Sauges-les Bois, patrie du bonheur…
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Chanson de Fred

Mon roseau noir, ma tour d'opale,
Mon enfant, mon matin d'été,
mon hirondelle et ma cymbale,
Ma douceur, ma sévérité,

Mon liseron, ma transparence,
Mon ombre et mon opacité,
Mon remords et ma complaisance,
Mon mensonge et ma vérité,

Ma Chien et ma rive étrangère
Mon lointain, ma proximité,
Mon pilote et ma passagère,
Ma conteuse et ma racontée,
Mon horizon, ma familière,
Et mon impossibilité,

Ma mélodie et mon silence,
Ma halte et ma mobilité,
Ma maison, mon fleuve et ma danse,
Mon départ et mon arrivée,

Mon roseau noir, ma tour d'opale
mon masque et ma solennité,
mon hirondelle et ma cymbale,
Mon luxe et ma nécessité,

Mon pain, mon vin, ma fausse oronge,
mon pardon, ma complicité,
Herbe du rite et fleur du songe,
Porte de mes félicités.
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Et aujourd'hui, me souvenant de ces enfants qui partaient loin de leur foyer sur la grand-route avec des mères apeurées dans une carriole au trot lent, j'envie le grand espoir qui nous menait alors malgré les larmes de nos mères et je regrette cet automne riche et rouge, et vert, et si baigné d'adieux et de promesses qu'il nous semblait que nous mordions à même la vie. Elle avait un goût de brouillard, de pommes, de feu de sarments, elle était longue comme une route et chatoyante comme un bazar.
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Videos de Alexandre Vialatte (19) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alexandre Vialatte
Emmanuelle Bayamack-Tam et son invité, Frédéric Boyer.
À l'occasion d'une grande journée dominicale qui célèbre à La Criée les 40 ans des éditions P.O.L, Oh les beaux jours ! a convié l'un des grands noms de ce catalogue, Emmanuelle Bayamack-Tam, qui publie aussi des romans noirs sous le nom de Rebecca Lighieri, et dont l'oeuvre, dense et d'une folle liberté, échappe à toute tentative de classification. Récemment couronnée par le prix Médicis pour La Treizième Heure, l'écrivaine reviendra sur les thèmes récurrents de ses romans : la métamorphose, qui parcourt son oeuvre, mais aussi le rapport au corps – notamment lorsqu'il se transforme à l'adolescence –, la famille et le nécessaire requestionnement du rôle qu'on lui alloue dans nos sociétés, la religion et l'appartenance à une communauté, la question du genre et des identités multiples…
L'entretien explorera également le style Bayamack-Tam, sa capacité à mêler les voix en explorant les genres littéraires (poésie, récit, chanson…) jusqu'à les renouveler, son art singulier et assumé de laisser infuser dans ses romans toutes les lectures qui l'ont «enfantée» en littérature. La conversation portera également sur une pièce de théâtre en cours d'écriture, dont nous sommes allés filmer les répétitions, et sur son goût pour le cinéma, en particulier pour les films de Pedro Almodóvar. Il sera aussi question du roman graphique qu'elle a écrit avec Jean-Marc Pontier, et bien sûr de Marseille, ville de ses origines présente dans nombre de ses romans, avec une interview exclusive d'une patronne de bar bien connue des Marseillais…
À ses côtés, pour évoquer la richesse de son travail et sa double identité littéraire, son éditeur, Frédéric Boyer, apportera un éclairage sur cette oeuvre sans pareille.

À lire (bibliographie sélective) — Emmanuelle Bayamack-Tam, « La Treizième Heure », P.O.L., 2022 (prix Médicis 2022). — Emmanuelle Bayamack-Tam, « Arcadie », P.O.L, 2018 (prix du Livre Inter 2019). — Emmanuelle Bayamack-Tam, « Je viens », P.O.L, 2015. — Emmanuelle Bayamack-Tam, « Si tout n'a pas péri avec mon innocence », P.O.L, 2013 (Prix Alexandre-Vialatte). — Emmanuelle Bayamack-Tam, « Une fille du feu », P.O.L, 2008. — Rebecca Lighieri, « Il est des hommes qui se perdront toujours », P.O.L, 2020. — Rebecca Lighieri, « Les Garçons de l'été », P.O.L, 2017. — Rebecca Lighieri, « Husbands », P.O.L, 2013. — Rebecca Lihieri et Jean-Marc Pontier, « Que dire ? », Les Enfants Rouges, 2019.
Un grand entretien animé par Chloë Cambreling et enregistré en public le 28 mai 2023 au théâtre de la Criée, à Marseille, lors de la 7e édition du festival Oh les beaux jours !
Podcasts & replay sur http://ohlesbeauxjours.fr #OhLesBeauxJours #OLBJ2023
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