On ne devrait pas parler de Kafka ! Il y a vingt ans que je le traduis, que je me suis fait son prophète et son cheval, sa nourrice et son homme de peine…, et son lierre...et sa mauvaise herbe…
Il y a vingt ans que je ne veux pas le connaitre.
Quand une poule pond des œufs d'or (je parle d'un métal métaphorique, bien entendu !), on ne va pas lui ouvrir le ventre ! C'est un secret. On le préserve ! On le cultive ! On en parle qu'en vers latins !
"Le scandale de la bonne volonté". (1947).
Kafka ? Tout le monde ne connait pas encore ce nom qui signifie choucas en tchèque. C'est celui d'un grand écrivain. Kafka était un dieu, mais un dieu inconnu et je m'étais fait son prophète. C'est une situation modeste que je déconseille aux jeunes gens.
"Traduit de l'inconnu" (1947)
En 1926, quand j'ai commencé à le traduire, je croyais lancer un des princes de l'humour. Je retrouve un roi des ténèbres. Omniprésent, tentaculaire et maléfique. C'est Fantômas promu au rang de monstre sacré. Barrault et Orson Welles l'ont donné à la foule. Il n'y a plus de situation qui ne soit devenu "kafkaïenne". Si une mayonnaise rate, c'est la faute de Kafka.
"C'est kafkaïen !"
Chronique extraite de "La porte de Bath-Rabbim"