En ce qui concerne l'intrigue, j'ai passé un bon moment avec Conte de fées: même si l'humour (dont je parlerai un peu plus loin) est forcément très présent dans ce livre (n'oublions pas que 1)il a été écrit à la base pour distraire une malade, et 2) c'est
Boris Vian), l'auteur construit une vraie histoire autour de ses personnages, avec une ligne directrice (la quête du sucre) et de nombreux rebondissements qui font que l'on ne s'ennuie pas, et qu'il faut quand même rester accroché et lire ça d'un oeil attentif pour ne pas être perdu. Un bon point pour moi!
Les personnages sont très nombreux dans ce livre, même si
Boris Vian s'attache surtout au trio formé par Joseph, Barthelemy, et le palefroi. Plutôt que de prendre beaucoup de temps à développer ses héros, il va à l'essentiel, et les présente un peu comme des caricatures, avec des traits simples mais efficaces qui leur donne ce qu'il faut de profondeur. Je sais que certains lecteurs aiment les livres où les personnages ont une psychologie très complète, détaillée, mais juste après avoir lu Maine, où tous les personnages sont fouillées et recherchées, la simplicité de
Boris Vian fait du bien. N'oublions pas que la simplicité n'est pas un gros mot en littérature, si elle est bien utilisée, elle peut faire des merveilles!
Parlons maintenant du style: sachant qu'il s'agissait d'une oeuvre de jeunesse, je me demandais si j'allais retrouver ce que j'aime tant chez
Boris Vian, et la réponse est oui! Dès les premières lignes, son humour si particulier est présent, et sous diverses formes: ça va du calembour et de la blagounette "Grosses Têtes" (comme, en parlant du palefroi: "moi non plus je ne crains pas le froid"), aux détails absurdes disséminés un peu partout (le roi qui met des lunettes noires pour ne pas être reconnu, alors que, concrètement, il a toujours sa couronne, donc tout le monde sait que c'est lui; ou Joseph qui, tombant dans un trou depuis un an, décide d'arrêter de tomber, et hop, il ne tombe plus!). L'absurde, l'improbable, c'est ce que je préfère chez
Boris Vian, et que l'on retrouve à la pelle ici. le format, très court, avec des dessins, est adapté à l'univers absurde que
Boris Vian nous présente: si il avait décidé de pousser plus loin et d'en faire un roman aussi long que les romans de chevalerie, je pense que l'ensemble aurait été moins agréable, peut-être même difficilement supportable.
Pour finir, je tiens à saluer le travail de l'édition du Livre de Poche, qui nous propose quelque chose de très complet ici, avec une préface très intéressante, les deux versions du conte, les dessins, ou encore le projet de suite. Je trouve que c'est une très bonne initiative!
Lien :
http://livroscope.blogspot.f..