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3,87

sur 18171 notes
Vian à été et reste l'un de mes auteurs préférés : je me suis toujours délectée de ses fantaisies littéraires, et je m'aperçois en le lisant, quelques trente ans après la première lecture de cette oeuvre grandiose que mon attitude face à ce texte, n'a pas changé, je reste à l'affût du moindre jeu de mot, de la moindre situation cocasse, de la plus petite invention de ce génie du surréalisme, de ce "Picasso littéraire" qui, à l'instar du grand peintre dont la peinture doit être décryptée, interprétée, analysée, ne se prive pas de bousculer les habitudes du lecteur, peut se permettre des extravagances qui ne sont pas données à n'importe quel écrivain qui ne se serait pas réclamé du surréalisme et qui ne serait pas parvenu à cette maîtrise de la langue permettant ces prouesses (...)

Pourquoi j'aime Vian ? je répondrai à cette question par une question : pourquoi j'apprécie tout autant Queneau, Caroll, Italo Calvino : parce que j'aime en les lisant, partir dans un monde ou l'imagination permet tout, les histoires n'ont que faire de la réalité, ou les objets, les animaux ne sont pas différents de nous, ou les mots prennent la valeur qu'on veut bien leur donner.

Que voir dans l'écume des jours ? des représentations Vianesque de la vie, de l'amour, de la mort : le travail est envisagé comme une exploitation des individus et le côté inhumain en est dénoncé, la religion est l'affaire d'hommes cupides qui déploient leur énergie dans le cas du mariage de Chloé et Colin qui dispose de richesses suffisantes pour satisfaire les hommes d'Eglise.
L'amour est envisagé sous des aspects divers : amour incestueux entre Nicolas et Isis, amour platonique voir impossible entre Chick et Alise, Amour avec un grand A entre Colin et Chloé, On peut d'ailleurs y voir un certain pessimisme de Boris Vian puisque cet amour vrai sera détruit par la mort.

La mort : elle est invincible, destructrice, inéluctable, elle vient détruire ce qui est beau, l'atmosphère du roman change lorsqu'elle devient omniprésente et étend son action sur l'environnement : les carreau se ternissent, l'escalier devient de plus en plus étroit, le plafond descend, un personnage se met à vieillir. Elle est aussi envisagée en fonction de la relation que les personnages ont créée entre eux : La mort du quidam de la patinoire,du chef d'orchestre, des libraires ou même de Jean Sol Partre considéré du point de vue d'Alise devient banale et sans intérêt.

Je comprends les personnes qui peuvent avoir des difficultés pour rentrer dans ce genre de roman, le surréalisme, ça passe ou ça casse, il faut chercher au-delà des faits, des descriptions, des fantaisies, je dirais même pour venir à bout d'une telle oeuvre, il faudrait la lire et la relire afin de maîtriser tous ses aspects.
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Que dirait Boris Vian en apprenant que "L'écume des jours" figure désormais parmi les classiques de la littérature française que l'on étudie en classe ? Quelle ironie du sort pour celui qui tenait tant à s'en démarquer !

Replaçons-nous dans le contexte de l'époque. En 1947, "L'écume des jours" tombe comme un ORNI* dans le paysage littéraire : une histoire farfelue mettant en scène des duos amoureux étonnamment modernes pour l'après-guerre, des néologismes à foison et une caricature outrée des structures sociales et des courants de pensée de l'époque. Les personnages évoluent dans une ambiance tour à tour lumineuse ou glauque, mais toujours étrange, selon une chorégraphie aussi imprévisible qu'un solo de jazz.
Certes, ce n'est pas le roman le plus contestataire ni le plus choquant de Boris Vian ; "l'Arrache-Coeur", ou "J'irai cracher sur vos tombes", par exemple, sont en ce sens plus marquants. Ici, l'auteur cultive l'absurde pour lancer diverses piques sur l'organisation du travail, la religion, le pouvoir de l'argent et la société de consommation. Citons pour cela le personnage de Chick, l'ami de Colin : tellement obsédé par son adoration compulsive pour Jean-Sol Partre (l'avatar romanesque de Sartre), il en oublie tout le reste, au grand désespoir de sa fiancée Alise qui n'hésitera pas à se venger dans les grandes largeurs.

Or avec le temps, l'étrangeté des situations a pris une dimension onirique et le vernis de rébellion s'est écaillé au profit d'une poignante histoire d'amour et d'amitié. Ce thème universel a créé la légende du roman, suscitant par la suite l'engouement croissant des lecteurs. Car ce dont on se souvient toujours, même des années après la lecture, c'est bien que Colin aime Chloé, et réciproquement !
On ne peut qu'être touché par ce premier amour, pur, débordant et malheureux, car ravagé par la maladie et la présence oppressante de la mort. le nénuphar qui dévore les poumons de Chloé étouffe en même temps leur bonheur. Colin se ruine pour acheter les fleurs censées la soigner, tandis que le chagrin rétrécit et assombrit inexorablement leur logement. Les adolescents se reconnaîtront dans ce parcours initiatique qui mène à l'âge adulte, à ses responsabilités et à ses drames face à la cruauté de l'existence.

Comme un fauve qui se laisse apprivoiser, ce roman fantasque est ainsi devenu un classique malgré lui. Joliment rééditée en poche pour quelques "doublezons", cette Love Story extravangardiste** n'a pas fini de remuer ses lecteurs.

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(*) Objet Romanesque Non Identifié
(**) Extravagante et avant-gardiste
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L' Écume des jours m' a marqué pour toujours.
Encore aujourd'hui, je suis avec Colin et Chloé dans une histoire d'amour qui tourne mal..
Je remet toujours à demain, le moment de rouvrir le superbe écrin des mots qu'est ce livre.
Oui. J'ai lu L'écume des jours à vingt ans et ne m'en suis pas "remis".
Et je n'ai pas envie de m'en remettre, comprenez-vous?
Ainsi sont, pour moi, ces livres qui touchent profondément l'âme: je crains qu'une seconde lecture n'en fane le souvenir, n'en efface irrémédiablement la fragrance subtile.
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Les plats exquis de Nicolas laissent un arrière-goût d'amertume et les jours se suivent et deviennent écumeux dans une atmosphère marécageuse où les objets changent et les lieux étouffent. Rien ne dure jamais dans cette vie précaire où toute initiative devient absurde.

Dans "L'écume des jours", tout se passe comme dans un rêve, un très beau rêve presque réaliste qui tourne en cauchemar surnaturel. La vie paisible de Colin, héros sans qualité spécial, avec son cuisinier habile, disciple de Gouffé, sera bouleversée le jour où il décide de tomber amoureux et de chercher une femme. Il quitte son paradis et retombe sur terre où il doit travailler. Or, travailler fatigue, asservit, humilie l'homme dans une société où l'argent (les doublezons) règne en maître. Il fait tout cela par amour pour Chloé.

Pour son ami Chick, la vie ne vaut rien sans Jean-Sol Partre. Son amour obsessionnel pour cet auteur prolifique est plus fort que son amour pour cette pauvre fille Alise, qui accepte son existence misérable aux côtés de cet homme sans ambition et sans avenir, qui la néglige. Seul demeure cette relation charnelle qui vient sans que personne ne l'encourage ou l'assume entre Nicolas et Isis.

"Les choses ont une vie bien à elles", avait dit Garcia Marquez, ici les lieux reflètent l'état d'âme de leurs habitants. de son côté, la souris compatit avec Colin plus que les êtres humains ; ces directeurs, ces employeurs ou ces religieux et fossoyeurs.

Avec "L'écume des jours", Boris Vian a écrit l'un des romans les plus originaux du XXème siècle.
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Ah qu'on aimerait vivre la vie de Colin et Chloé, s'aimer, déjeuner dans un rayon de soleil, s'aimer, danser, s'amuser, planer sur un beau nuage, s'aimer... Comment résister à cette saine oisiveté et à l'enthousiasme de nos jeunes héros?
Malheureusement, voilà que le ciel s'assombrit, que les coins de la maison s'obscurcissent et que les rayons de soleil ne peuvent plus pénétrer. Les sous s'envolent, Chloé est malade.
L'Ecume des Jours fait partie maintenant des classiques des romans d'amour et a sans aucun doute transporté des milliers d'adolescents comme moi à leur première lecture. Mais ce n'est pas que ça: c'est aussi la découverte de tout ce que l'écriture permet, de cette liberté de l'écrivain, de cette imagination sans limite et qui donne des ailes.
Lu et relu, ce livre me touche toujours autant, même quand je le commence blasée. Quant au film, je ne l'ai pas trouvé si mal, mais de toute manière j'accepterais tout de Gondry. Il m'a replongé dans l'atmosphère de l'Ecume des Jours dès les premières images avec un grand plaisir.
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Après 356 critiques, je vais quand même donner mes impressions. C'est un livre, que Bernacho m'a choisi, pour la pioche de décembre, dans ma bibliothèque. C'est une pioche, juste entre nous. Je suis contente depuis le temps, que je veux aller à la rencontre de cet écrivain connu, qu'est Boris Vian.



Créatif, Innovateur, Philosophique

Un petit peu de biographies:
J'apprends que «L'écume des jours» est plus un conte enchanteur, qu'un roman. Je découvre qu'il est classé à la dixième place des cent meilleurs livres du XXe siècle.
Il est publié en 1947, il obtient l'appui de Jean-Paul Satre et ce n'est qu'à sa mort, que son conte est reconnu. C'est également incroyable, que son oeuvre prend le chemin aussi d'une adaptation cinématographique, malgré le peu d'intérêt qu'on lui portait à sa publication.
En lisant sa biographie, je m'aperçois que c'était un auteur polyvalent, il avait plusieurs cordes à son arc.

Qu'est-ce que l'écume des jours ?
C'est un univers à part, où vivent des personnages attachants, où même les souris, les chats ont place à la parole également. Chaque personnage raconte sa propre histoire, et il fait ce qu'il peut, selon leur moyen. L'auteur aborde inévitablement des sujets importants tels que : l'amitié, l'amour, la famille, le travail ainsi que la santé.

Mes ressentis :
Je découvre une plume à la fois douée, éveillée et raffinée. Au cours de l'histoire, je sens l'intérêt grandir et je m'attache aux personnages. Ils se considèrent, comme une famille, malgré le statut de chacun. C'est une histoire émouvante, que je découvre au fil des pages. L'auteur Boris Vian réussit à maintenir mon attention, tout au long du récit. Je me laisse émouvoir par ce que les personnages vivent. Je suis également surprise de voir comment les événements se déroulent.
Je me laisse alors transporté dans le quotidien de nos personnages.

Quand je termine la dernière page, je me sens émotive. Je constate donc que l'auteur Boris Vian fait très bien passer ses messages et il sait transmettre des émotions au lecteur. Je remarque aussi qu'il sait donner une vie propre à la nourriture, aux habitats, et aux objets selon la situation.
Je dois avouer que je me suis laissé subjuguer par l'intrigue, et qu'au final, ce que je perçois, c'est qu'on ne peut pas se fier aux apparences. On ne connait jamais bien une personne. Une question que je me pose : «Est-ce qu'il faut toujours être sur nos gardes ?»

Je relève quelques passages qui me marquent :
- Je me rends compte que les fleurs sont également importantes dans le récit. On peut l'interpréter de différentes façons tout dépendant si elles sont reliées aux joies ou aux maladies.
- Quand il aborde la passion, voilà comment je l'interprète : «C'est beau d'avoir une passion mais il ne faut pas que celle-ci te dévore et qu'il ne te reste que celle-ci dans ta vie.»
- Il s'exprime aussi sur le travail, on voit qu'il traite le sujet autant d'une manière positive que négative.
- Lorsqu'il mentionne la maladie, et qu'elle touche la femme : «Quand une femme est malade, elle ne sert plus à rien.»

Voilà quelques citations, je les cache :


Pour terminer, je découvre Boris Vian, un auteur d'une autre époque, c'est un conte enchanteur que j'ai pris plaisir à découvrir. À travers son histoire, il véhicule effectivement ses idées, il peut y avoir des passages également qui peuvent choquer. Mais si on regarde, quand il a écrit son texte, on peut alors comprendre mieux le contexte.
Je confirme alors, que je garde une très bonne impression de ma lecture. Je souhaite découvrir d'autres livres de cet auteur renommé.

Isabelle
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Colin est un jeune homme heureux, il possède assez de doublezons pour ne pas avoir à travailler, il ne lui manque que de tomber amoureux. Il rencontre la délicieuse Chloé, tombe amoureux. Ils se marient. Hélas ! la santé de celle-ci se dégrade.
Le début du livre serait enchanteur, avec la souris grise à moustaches noires, qui vit chez Colin, si en arrière-plan, le monde de Colin ne paraissait pas déjà angoissant.
L'écume des jours est un livre inclassable et il faut accepter l'univers dépeint par Boris Vian.
Il y a tant de choses dans ce livre, qu'il est difficile de ne pas trouver un thème touche, que ce soit l'histoire d'amour tragique de Chloé et Colin, l'amitié sincère (Nicolas et Colin) ou intéressée (Chick et Colin), les références au jazz et j'en passe (tous les thèmes ne m'ont pas touchée).
Bien que le livre ait été écrit en quelques semaines, j'ai savouré chaque ligne. Une relecture plaisir.

Lien : https://dequoilire.com/lecum..
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Colin est riche , bien entouré mais voilà, il lui manque l'essentiel , l'Amour. Chloé va combler ce vide et embellir la vie de Colin.

Quel livre ! On aime , on déteste mais peut on rester indifférent ?
L'univers , autant précurseur qu'onirique, les néologismes , les animaux plus humains que bêtes, le nom des lieux , emprunté à des jazzmen encore vivants, tout pousse à l'oeuvre singulière.
Ici les murs se rétrécissent ou changent de formes suivant les humeurs , les pommiers deviennent des fractales , les carreaux repoussent et les routes sont meubles . Tim Burton aurait il été inspiré ?
Mais au delà de l'univers et du style , remarquables, que dire de cette fabuleuse histoire d'Amour, où tout est sacrifié, tout est renié pour entretenir la flamme . L'amour comme seul survivant d'une société qui n'accorde que peu d'importance à la vie d'un Homme, où le matérialisme l'emporte et où le travail n'est que corvée et permet d'asservir un peuple malléable . le métier d'ingénieur, exercé par Boris Vian , est ardemment dévalorisé.
Et que dire de Jean Sol Partre ? Idéalisé, adulé telle une rock star au zénith de sa carrière, il sert de support "aux placements d'idées de l'auteur".
La langue est magnifique , les néologismes astucieux , l'écume des jours nous transporte dans un tourbillon de mots, de couleurs, de sentiments, mais aussi de critiques étourdissant
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L'écume des jours m'attendait depuis un bon moment dans ma pile à lire, et j'ai l'impression qu'il aurait pu attendre encore longtemps sans la sortie du film de Gondry (que j'ai trouvé très bon par ailleurs, contrairement au reste du monde si j'en crois les critiques).

L'histoire est assez simple : Colin et Chick sont deux amis. Colin est riche, Chick se ruine en oeuvres de Jean-Sol Partre, le célèbre philosophe. Dans un meeting, Chick rencontre Alise. Jaloux de leur amour, Colin essaie lui aussi de tomber amoureux... et rencontre Chloé. Si le mariage se passe au mieux, Chloé tombe malade pendant la lune de miel. S'engage un combat perdu d'avance dans lequel le couple jettera toutes ses forces.

Si j'ai parfois une fâcheuse tendance à lire en diagonale (je plaide coupable et je me soigne), impossible ici, ça serait du gâchis ! Sous chaque phrase se cache une pépite : on passe du poétique à l'humour absurde, du rêve aux vérités cruellement assénées. La fin est particulièrement terrible à lire. L'écume des jours est un roman qui ne s'oubliera pas facilement !
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Ce livre est depuis très longtemps sur ma liste des oeuvre à découvrir. J'ai enfin eu le temps de m'y plonger, et je ne le regrette pas. J'aime beaucoup ces auteurs qui n'ont pas peur de créer un univers totalement singulier et fantasque, et je pense que Boris Vian en fait indéniablement partie. Tout est loufoque, onirique, tendre... Ce livre est une merveilleuse petite bulle. J'ai aimé la simplicité avec laquelle on est embarqué dans un monde qu'on ne comprend pas toujours, qui défie les codes, où les choses sont souvent surprenantes et bizarres. Oui, je trouve que ce livre est un adorable bonbon, un nuage. Il ne ressemble à aucun autre tant la société qu'il dresse est particulière. Pourtant, le joli univers devient de plus en plus sombre au fur et à mesure que le nénufar pousse, que les doublezons viennent à manquer (et là ceux qui ne l'ont pas lu ne comprennent rien, ne vous inquiétez pas c'est normal). le contraste entre le début enchanteur, ensoleillé et la fin noire, horrible est saisissant.
En définitive j'ai véritablement adoré ce livre, c'est une pépite à lire à tout prix !

Lien : http://lantredemesreves.blog..
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