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3,9

sur 623 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il est temps de réparer une injustice. Non le grand Boris n'est pas seulement l'auteur de l'Écume des Jours. Non, Vian ne se résume pas uniquement au sulfureux J'irai cracher sur vos tombes, roman de commande, rédigé suite à un pari.
Que penserait-il de ce catalogage en règle, lui, l'homme multiple ? Ingénieur, journaliste, musicien, chanteur, fêtard, inventeur, poète, écrivain, parolier, dramaturge, trublion, empêcheur de tourner en rond, traducteur, zazou, rêveur, pataphysicien, la liste est longue.
Il serait cruel de résumer ce boulimique d'expériences à quelques scandales et succès (posthumes) de librairie.
Car Boris Vian est avant tout l'auteur d'une oeuvre riche et protéiforme. Au premier rang de laquelle figure l'Automne à Pékin.
Point de feuilles mortes, point de chinoiseries dans cet ovni là. Dès les premières pages le ton est donné : burlesque, absurde, féroce. le roman relate la construction d'une ligne de chemin de fer au beau milieu du désert d'Exopotamie. Inutile me direz-vous ? Il en faut plus pour arrêter nos protagonistes pour qui la voie ferrée devra absolument traverser l'unique bâtiment existant.
Car ces personnages ne sont pas comme les autres, jugez plutôt : un médecin obnubilé par l'aéromodélisme, un archéologue qui brise les vases qu'il met à jour afin de les faire entrer dans des boîtes, un ermite à la religion étrange et dont l'acte saint consiste à forniquer ad vitam aeternam, une femme à la peau cuivrée, un héros avec « un nom de chien », une chaise malade, un avion qui mord, un contremaître fumiste, des homos revendiqués ( en 1946!), un interne sadique…
Mais au milieu de tout ce rien, de ces personnages creux au verbiage incessant et de cette entreprise assez (complètement) vaine, Vian parvient à nous parler des relations, d'amour, d'incompréhension surtout. Sous couvert de l'humour et de l'absurde, il règle aussi ses comptes avec l'administration, la religion, le monde du travail, les discriminations…
On y retrouve la patte de l'auteur, les jeux de mots en pagaille, les énumérations, les prises au pied de la lettre, l'inventivité, l'humour et la fantaisie permanente. le drame aussi, et le dénouement cataclysmique, comme souvent. Car si l'on rit beaucoup, le constat n'en reste pas moins très sombre. Derrière l'amuseur, l'image d'éternel adolescent, on sent poindre le regard acéré et les désillusions.
Mais on parle toujours mal de ce que l'on aime. J'aurais souhaité écrire une critique plus en adéquation avec ce roman. Plus drôle, plus originale, plus décalé. Plus, plus…Mais je n'ai pas un dixième du talent de ce type là.
Lisez Boris Vian, tout Boris Vian. Mais spécialement, celui-ci.
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C'est peut-être le meilleur roman de Vian, le plus littéraire, mais aussi le plus dur à lire. L'histoire est complexe, tordue comme souvent, les personnages restent obscurs et il n'y a pas de fin, sauf apocalyptique, comme souvent chez Vian. Et pourtant le texte est approfondi, le récit (presque) linéaire et structuré et le farfelu pas autant poussé que d'habitude. Une seule chose est certaine: ça ne se passe ni à l'Automne, ni à Pékin. Je vous laisse découvrir l'étrangeté du roman et de l'histoire.
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Lu et relu, ce qui n'est pas peu dire! le chef d'oeuvre de Vian est ici parce que cela ne se passe ni en automne ni à Pékin mais que cela parle tellement de nous-mêmes, de notre société, de nos vies trop petites pour tenir dans le cadre.
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Si Boris Vian s'inspire de sa propre histoire pour écrire, ce roman est la preuve qu'il a aussi une imagination débridée.
D'abord il y a ce titre "L'automne à Pékin" qui n'a strictement rien à voir avec l'histoire, celle d'une entreprise qui construit un chemin de fer au milieu du désert, qui ne se passe pas en automne et encore moins à Pékin.
Entre risible et cruauté, le pataphysicien présente une série de personnages qui vont nous faire ressentir leurs amours, leurs rêves, leurs frustrations de façon totalement décalée et cela, avec une grande maîtrise de la forme.

Amadis Dudu veut prendre l'autobus 975 pour se rendre à son travail mais il a beaucoup de mal à en attraper un. Il va quand même finir par y arriver mais sa destination n'est pas la bonne.
Claude Léon est un scribe qui veut faire plaisir à son patron en achetant un pistolet dont il va faire usage et va se retrouver en prison puis exilé dans le désert.
Anne et Angel sont deux amis qui aiment Rochelle. Cette dernière va renverser un piéton, un ingénieur qui devait construire un chemin de fer, Cornélius Onte. Ce dernier va être hospitalisé par le professeur Mangemanche qui souhaite trouver un désert où faire voler son modèle réduit.
Tout ce petit monde va donc se retrouver en Exopotamie pour construire le chemin de fer en plein désert. Mais le lieu n'est pas vide puisqu'une équipe d'archéologues, dirigé par Athanagore procèdent à des fouilles depuis plusieurs années et que l'hôtel restaurant tenu par Pippo est ouvert.

Ce qui est fascinant dans ce roman c'est la force imaginaire de Boris Vian où s'entremêle des phénomènes improbables, des histoires sans pareil, des personnages délirants, des animaux sortis d'autres mondes. On n'évite pas quelques grincements de dents mais c'est parce qu'il fait sauter les cadenas du politiquement correct.


Challenge Solidarité 2021
Challenge XXème siècle 2021
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L 'automne à Pékin roman méconnu de Boris Vian au titre trompeur d'une ironie burlesque à la tragédie latente mais présente et cette poésie lyrique perlée d'une écriture belle aux diamants des mots enchanteurs inconnus dans une histoire surréaliste de la construction d'une ligne de chemin de fer dans un désert de coquillages d'escargots jaunes à la folie consciente de personnages farfelus ....
Ce préambule comme Vian erre dans ce monde imaginaire réel de sa plume acerbe de dérisions, de folie, de dramatique, d'amour, de sexe interdit, de pédéraste, de pervers, de pédophile, de femme nympho, d'amour libre, de romanesque fou, d'idéale, de poésie merveilleuse, de philosophie éphémère, de paysage imaginaire, d'objet vivant, de néologismes, de mot valise....Ce roman vous explose le cerveau avec une délicate allégresse tel un rêve éveillé somnolant dans le creux de nos désirs pour surgir soudainement dans votre vie monotone . Nous sommes comme des pantins articulés par les mots imaginaires de Boris Vian projeté dans ce monde dramatiquement absurde au romanesque léger vers la chute de ces personnages usées par le désert , par la folie administrative, par le hasard incertain, par la jalousie, par l'acte de chair, par la culpabilité, par la bêtise humaine, par l'écriture folle de Boris Vian. Ces personnages nous intrigue avec cet Abbé extravagant signant des dérogations pour assouvir ses envies comme boire de l'alcool ,tripoter les belles femmes puis ce directeur affable pédéraste plongé dans la folie administrative ,ces deux ingénieurs perdus au parcours similaire mais aux idées différentes l'un romanesque l'autre macho épris de l'acte charnel et du changement , ce capitaine pervers au tendance pédophile avec cette jeune fille Odile âgée de 13 ans en lui caressant les fesses puis pinçant les tétons, ces deux ouvriers aspirés dans leur travail avec fougue, ce contrôleur fou au crise de rire soudaine, ce chauffeur d'autobus s'énucléant soudainement devant un passager en lui empruntant son canif, ce professeur fou de modéliste, voulant soigner une chaise... tous comblent avec humour la folie absurde de ce roman ou la religion prie les comptines.les autobus mangent des poissons chats, les curés ont des lance hosties,les passagers mangent de la soupe au biscuit de mer intérieur, une tonte annuel des pigeons dans les grandes villes...ces actes étranges bercent cette histoire d' une mélodie si gracieusement imaginaire
Ce roman est une perle rare
Une relecture s'impose
Venez pénétrer l'univers unique de Boris Vian pour se délecter avec jouissance de cette écriture riche et belle
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Dans la digne veine de l'Ecume des jours, bien que moins évident, moins immédiatement séduisant.
Si l'on a aimé le premier, pourquoi se priver du second ? Aucune raison valable.
Ce n'est pas parce que quelque chose n'est pas facile d'accès qu'il n'en est pas beau, n'est-ce pas ?
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L'AUTOMNE A PÉKIN – Boris VIAN.
 
A l'heure où chacun rend hommage à Michael Jackson, je ne voudrais pas laisser passer le cinquantenaire de la mort de Boris Vian [1920-1959] sans évoquer cet écrivain qui a illuminé mon adolescence. Je ne veux pas me livrer à une étude exhaustive de l'homme et de l'oeuvre, d'autres l'on fait brillamment avant moi et ces quelques lignes n'ont évidemment pas cette prétention.

Oublié pendant longtemps des manuels scolaires, délibérément écarté des anthologies de la littérature française , Vian n'en a pas moins déroulé son voyage dans l'absurde et la dérision, dans un décor qu'il tissait page après page et qui emporte encore aujourd'hui l'attention de son lecteur devenu au fil des chapitres un véritable complice.
Je ne vais pas reprendre à mon compte tout ce qui a été dit et écrit sur le divin Boris, mais dans toute cette oeuvre protéiforme et souvent imprévue, faite de mots mais aussi de notes de musique, de projets fous et parfois suicidaires, il a marqué d'une trace indélébile son passage sur terre et dans la littérature. Il y a un roman pour lequel j'ai une tendresse particulière, c'est « l'automne à Pékin ». Étonnant, ce récit qui ne se passe ni en automne ni à Pékin où l'on trouve, comme ailleurs dans son oeuvre, des précisions sémantiques inattendues et parfois bizarrement techniques, des créations improbables de mots qui voisinent avec des délires créatifs que ni l'ingénieur ni le pataphysicien n'eussent évidemment renié.

Dans cette fiction, je retiens la jubilation de son auteur au simple niveau des mots et cela est d'autant plus important à mes yeux qu'il entraîne souvent son lecteur dans cet univers qu'il a lui-même construit et où il invite chacun à le suivre en lui laissant le soin et la liberté d'apporter à ce qu'il lit sa propre explication. C'est que notre auteur, sous des dehors incongrus, malicieux et décalés jette sur notre société et sur les gens qui la composent un oeil réellement critique. Pourquoi, par exemple, la ligne de chemin de fer qui doit traverser l'immense désert d'Exopotamie doit-elle impérativement passer au beau milieu de l'unique hôtel qui s'y trouve ? Allez comprendre la différence, s'il y en a une, qu'il y a entre la « ligne de foi » et la ligne de chemin de fer, mais admettez quand même qu'elles sont sans doute complémentaires et que leur rencontre [travail humain et matériel contre pensées profondes] sont parfois à l'origine de catastrophes qu'on pourrait éviter !

Absurde ou dérisoire, la réponse appartient à chacun mais n'est pas sans rappeler [déjà] les décisions prises par d'autres et qui gèrent notre quotidien. Ce qui fait que Vian est proche de son lecteur, ce n'est pas qu'il parle comme lui, au contraire, mais c'est qu'il l'étonne, qu'il l'entraîne dans un microcosme qu'il doit connaître déjà puisqu'il y entre de plain pied , qu'il y a déjà ses marques et où il se reconnaît. Et puis, cultiver le dérisoire dans un monde sérieux est plutôt salutaire !

Il ne faudrait pas oublier que le monde de Vian est romanesque et même s'il ne peut s'empêcher de régler quelques comptes personnels, il y parle d'amour et de mort, comme dans tous les romans. La femme qui inspire le sentiment amoureux présente plusieurs visages évocateurs[Rochelle, Lavande, Cuivre...], et comme dans la vraie vie, les amours sont souvent malheureuses. Certaines sont liées à la mort, comme celle de Choé dans « l'écume des Jours » que le professeur Mangemanche ne peut oublier parce que, sans doute, les héros de Vian s'usaient à vivre, comme si la vie était une maladie qu'on soigne difficilement, qui mange inexorablement nos jours et nous fait souffrir...

Il ne faut pas rester au seul niveau des mots, au jeu sur les phrases, aux calembours humoristiques qui peuvent résulter d'une lecture en surface, « l'automne à Pékin », comme « l'écume des jours » sont des oeuvres qui empruntent beaucoup à l'angoisse, au mal de vivre qui nous visitent tous un jour ou l'autre.

Je ne sais pas si je dois m'en réjouir ou m'en féliciter, mais je souscris pleinement à la remarque de Raymond Queneau «  L'automne à Pékin est une oeuvre difficile et méconnue ».


© Hervé GAUTIER – Juillet 2009.http://hervegautier.e-monsite.com



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N°351– Juillet 2009.
L'AUTOMNE A PÉKIN – Boris VIAN.
 
A l'heure où chacun rend hommage à Michael Jackson, je ne voudrais pas laisser passer le cinquantenaire de la mort de Boris Vian [1920-1959] sans évoquer cet écrivain qui a illuminé mon adolescence. Je ne veux pas me livrer à une étude exhaustive de l'homme et de l'oeuvre, d'autres l'on fait brillamment avant moi et ces quelques lignes n'ont évidemment pas cette prétention.

Oublié pendant longtemps des manuels scolaires, délibérément écarté des anthologies de la littérature française , Vian n'en a pas moins déroulé son voyage dans l'absurde et la dérision, dans un décor qu'il tissait page après page et qui emporte encore aujourd'hui l'attention de son lecteur devenu au fil des chapitres un véritable complice.
Je ne vais pas reprendre à mon compte tout ce qui a été dit et écrit sur le divin Boris, mais dans toute cette oeuvre protéiforme et souvent imprévue, faite de mots mais aussi de notes de musique, de projets fous et parfois suicidaires, il a marqué d'une trace indélébile son passage sur terre et dans la littérature. Il y a un roman pour lequel j'ai une tendresse particulière, c'est « l'automne à Pékin ». Étonnant, ce récit qui ne se passe ni en automne ni à Pékin où l'on trouve, comme ailleurs dans son oeuvre, des précisions sémantiques inattendues et parfois bizarrement techniques, des créations improbables de mots qui voisinent avec des délires créatifs que ni l'ingénieur ni le pataphysicien n'eussent évidemment renié.

Dans cette fiction, je retiens la jubilation de son auteur au simple niveau des mots et cela est d'autant plus important à mes yeux qu'il entraîne souvent son lecteur dans cet univers qu'il a lui-même construit et où il invite chacun à le suivre en lui laissant le soin et la liberté d'apporter à ce qu'il lit sa propre explication. C'est que notre auteur, sous des dehors incongrus, malicieux et décalés jette sur notre société et sur les gens qui la composent un oeil réellement critique. Pourquoi, par exemple, la ligne de chemin de fer qui doit traverser l'immense désert d'Exopotamie doit-elle impérativement passer au beau milieu de l'unique hôtel qui s'y trouve ? Allez comprendre la différence, s'il y en a une, qu'il y a entre la « ligne de foi » et la ligne de chemin de fer, mais admettez quand même qu'elles sont sans doute complémentaires et que leur rencontre [travail humain et matériel contre pensées profondes] sont parfois à l'origine de catastrophes qu'on pourrait éviter !

Absurde ou dérisoire, la réponse appartient à chacun mais n'est pas sans rappeler [déjà] les décisions prises par d'autres et qui gèrent notre quotidien. Ce qui fait que Vian est proche de son lecteur, ce n'est pas qu'il parle comme lui, au contraire, mais c'est qu'il l'étonne, qu'il l'entraîne dans un microcosme qu'il doit connaître déjà puisqu'il y entre de plain pied , qu'il y a déjà ses marques et où se reconnaît. Et puis, cultiver le dérisoire dans un monde sérieux est plutôt salutaire !

Il ne faudrait pas oublier que le monde de Vian est romanesque et même s'il ne peut s'empêcher de régler quelques comptes personnels, il y parle d'amour et de mort, comme dans tous les romans. La femme qui inspire le sentiment amoureux présente plusieurs visages évocateurs[Rochelle, Lavande, Cuivre...], et comme dans la vraie vie, les amours sont souvent malheureuses. Certaines sont liées à la mort, comme celle de Choé dans « l'écume des Jours » que le professeur Mangemanche ne peut oublier parce que, sans doute, les héros de Vian s'usaient à vivre, comme si la vie était une maladie qu'on soigne difficilement, qui mange inexorablement nos jours et nous fait souffrir...

Il ne faut pas rester au seul niveau des mots, au jeu sur les phrases, aux calembours humoristiques qui peuvent résulter d'une lecture en surface, « l'automne à Pékin », comme « l'écume des jours » sont des oeuvres qui empruntent beaucoup à l'angoisse, au mal de vivre qui nous visitent tous un jour ou l'autre.

Je ne sais pas si je dois m'en réjouir ou m'en féliciter, mais je souscris pleinement à la remarque de Raymond Queneau «  L'automne à Pékin est une oeuvre difficile et méconnue ».




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L'histoire ne se passe ni pendant l'automne ni à Pékin, mais c'est un titre poétique et décalé pour ce roman tout aussi poétique et loufoque.
Amadis Dudu se dirige à son travail. Après avoir raté le bus, il réussit à monter dans celui conduit par un chauffeur fou qui ne s'arrête qu'au terminus : dans le désert d'Exopotamie. Notre héros y voit les possibilités d'exploitation d'une ligne de train. C'est ainsi qu'on retrouve dans la deuxième partie une fine équipe d'ingénieurs, secrétaire, médecin et autres ouvriers qui s'y rendent pour achever la construction d'une voie ferrée. Dans le désert, nos héros feront connaissance, entre autres, avec un Abbé, un archéologue, un ermite et le patron du seul et unique hôtel. D'ailleurs, ce seul et unique hôtel traverse pile la futur voie ferrée.
Bref, vous l'aurez compris, il y a de l'absurde (mais quel absurde ! Magistral !), de l'amour, de la jalousie, du "blasphème" (les phrases de "bénédiction" de l'abbé m'ont fait mourir de rire).
Un roman à lire absolument (surtout pas au premier degré) et à relire pour comprendre et analyser le sens de ses divagations.

En bonus ce petit extrait qui a fait ma journée :
"Il vit un oiseau penché sur un tas d'ordures, qui donnait du bec dans trois boîtes de conserves vides et réussissait à jouer le début des Bateliers de la Volga; et il s'arrêta, mais l'oiseau fit une fausse note et s'envola furieux, grommelant, entre ses demi-becs, des sales mots en oiseau. Amadis Dudu reprit sa route en chantant la suite; mais il fit aussi une fausse note et se mit à jurer."
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L'univers de Boris Vian est unique, poétique et loufoque à la fois, avec un vocabulaire sorti de son imagination et des personnalités excentriques, cocasses ou tourmentées. L'intrigue en elle même, la construction d'une voie ferrée dans un désert fictif, relève de l'absurde (mais les agissements dans notre monde contemporains ne sont-ils pas absurdes ?). A travers ce récit, ponctué de critiques de l'église , de l'administration et de la médecine. Vian nous livre une réflexion sur l'amour, la sexualité, le travail, et en définitive le sens de la vie.
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Le livre le plus délirant de Boris Vian, trouve ses lettres de noblesse dans cette lecture de Denis Lavant qui montre le non-sens du monde.
Qu'aurait écrit Boris Vian de notre monde actuel, nous ne le saurons jamais…
Le lecteur n'embarque pas pour Pékin et il n'y ramassera pas à la pelle les feuilles mortes.
Le lecteur doit accepter d'être le visiteur d'un monde parallèle des plus complexes, déjanté, où rien ne le reliera à ce qu'il connait.
Le point de départ : un homme rate son bus.
« Des femmes aux gros désirs mous apparaissaient sur le pas des portes, leur peignoir ouvert sur un grand manque de vertu, et vidaient leurs poubelles devant elles. Puis, elles tapèrent toutes ensemble sur le fond des boîtes à ordures, en faisant des roulements, et comme d'habitude, Amadis se mit à marcher au pas. C'est pour cela qu'il préférait passer par la ruelle. Ça lui rappelait le temps de son service militaire avec les Amerlauds, quand on bouffait du pineute beutteure dans des boîtes en fer-blanc.
Il lui restait une minute pour atteindre l'arrêt ; ça représentait exactement soixante pas d'une seconde, mais Amadis en faisait cinq toutes les quatre secondes et le calcul trop compliqué se dissolvait dans sa tête. Il fut, normalement, par la suite, expulsé par ses urines, en faisant toc sur la porcelaine. Mais longtemps après. »
Banal oui mais, il va se retrouver dans le désert d'Exopotamie et être rejoint par une bande d'hurluberlus.
L'auteur s'amuse à repousser toutes les frontières de la langue française, des idées, de l'analyse et de la critique, de la religion, la sexualité, la médecine, la bureaucratie, rien n'échappe à ses crocs de loup affamé.
Denis Lavant enchante le monde de Vian, et nous fait entrer dans ses délires, le temps s'étire pour mieux nous faire prisonnier de cet univers absurde mais pas seulement.
A écouter pour se laisser emporter.
Merci Audiolib pour cette création.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 3 janvier 2020.
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