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EAN : 9782264009319
187 pages
Flammarion (08/07/2006)
3.63/5   211 notes
Résumé :
Treize nouvelles écrites de 1945 à 1952, sur tous les registres où Boris Vian s'est plu à laisser son imagination battre la campagne, la ville et quelques mondes moins connus comme celui des loups-garous de Ville-d'Avray, ou celui des skieuses lesbiennes et sadiques de Vallyeuse.
Que lire après Le loup-garou suivi de douze autres nouvelles.Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Publié à titre posthume en 1970, ce recueil regroupe 13 nouvelles pas toutes fabuleuses mais en tout cas intéressantes. Ecrites entre 1945 et 1952, pendant la même période où Vian a écrit et publié ses romans principaux en son nom et sous le pseudo de Vernon Sullivan, on retrouve en elles les deux genres qu'il a exploité en particulier, l'un basé sur l'imaginaire et l'invention, et l'autre plus noir et cynique.
Dans ce recueil, j'ai largement préféré le premier genre, du Vian tout craché avec l'humour qu'on retrouve aussi dans ses chansons. Je suis fan de l'inventivité qu'il déploie dans ses mots, ses phrases et ses histoires, j'ai l'impression en le lisant de jouer comme une enfant, de retomber en enfance et j'essaie de l'imaginer lui-même écrivant -tapant à la machine? - riant de ses idées loufoques, débordant d'imagination tourbillonnant sans cesse autour de lui. Boris Vian est à mes yeux quelqu'un d'admirable quand on pense à tout ce qu'il a fait au cours de sa courte existence.
Les quatre premières nouvelles sont à mes yeux les plus abouties, contrairement aux autres qui se terminent parfois en queue de poisson mais qui ont en germe ses romans à venir.
Quant aux nouvelles de type Sullivan, elles sont clairement maîtrisées au niveau du style et possèdent une certaine violence qu'on retrouve bien sûr dans ses romans sous pseudo.
Boris Vian a longtemps été mon auteur préféré, et ce recueil me donne bien envie de le retrouver.
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Que dire de plus que les critiques précédentes n'auraient pas dit ? Un livre éventail oui, dont on peut se rafraîchir contre les pensées moroses insufflées par notre 21e siècle poussif, un éventail coloré et varié de ce magicien de l'imagination et de l'absurde, un éventail qui remue l'atmosphère ambiante de Vernon Vian à Boris Sullivan, et inversement.
Mais sous la bouffonnerie, il y a un dessous des cartes et, en dessous encore, il y a le plus triste, le plus décevant de la nature humaine vécu par quelques héros de l'ombre comme ce loup végétarien qui à la pleine lune devient humain et finit déçu de ses nocturnes semblables.
Étonnamment dans ce chassé-croisé entre l'imaginaire et le sordide, il reste à Voris Bian assez de souffle pour chuchoter un semblant de morale à l'oreille de ses lecteurs de nouvelles, contes ou fables d'un genre qui n'appartient qu'à lui.
À vous d'aller y voir.

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Treize nouvelles, écrites de 1945 à 1952, sur tous les registres où Boris Vian s'est plus à laisser son imagination battre la campagne, la ville et quelques mondes moins connus comme celui des loups-garous de Ville-d'Avray, ou celui des skieuses lesbiennes et sadiques de Vallyeuse.
La première, qui porte le nom du recueil est un petit bijou : Denis, loup de sont état vit dans les bois de Fausses-Reposes et aime regarder passer les voitures et mater les amoureux. Malheureusement pour Denis, il croise à minuit pile, le mage de Siam qui le transforme en loup-Garou.
J'adore : c'est absurde et déglingué à souhait. Quelques fois, avec Boris Vian, il convient de relire certains passages plusieurs fois pour être sûr de bien comprendre ce dont il s'agit. L'histoire ne coule pas forcément de source avec lui. Rarement même.
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Ce livre rassemble 12 petits contes écrits de 1946 à 1952. Plusieurs genres y sont abordés, fantastique, polar, récits de soirées, horreur et même science fiction (“Le danger des classiques”, peut-être le plus drôle). Les plus fantastiques sont ceux qui m'ont le plus plu : “Le loup garou”, “L'amour est aveugle (un peu grivois, très drôle aussi), mais tous possèdent une part de fantaisie, une étrangeté un peu loufoque, où la logique est inversée dans un délire léger et poétique et souvent drôle, parfois noir (Les chiens, le désir et la mort, le voyeur). J'ai un peu moins aimé “Les remparts du sud”, où les référence à la vie d'après guerre ne me parlait pas vraiment, et “Martin m'a téléphoné” qui est le récit d'une soirée de musique, écrit dans un style différent, en écriture brute, sans paragraphe où je n'ai pas reconnu la même patte. J'aime cette manière qu'a Boris Vian de bouleverser les valeurs, rendant absurde ce qui devrait être le plus sérieux, et vice-versa, j'aime son ton joyeusement festif et déluré, ces petites nouvelles sont presque toutes totalement réjouissantes.
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Ces nouvelles résument bien le talent de Boris Vian. Elles offrent un aperçu de ses différentes périodes. Comme si pour un peintre, on avait un patchwork de différents tableaux.
Alors le résultat est intéressant au niveau culture générale.
Au niveau littéraire, on est un peu déboussolé parfois, comme dans ces recueils de nouvelles qui donnent un thème commun à des auteurs très différents. le temps de se couler dans le style et l'histoire et paf c'est déjà fini.
C'est encore plus déroutant avec Boris Vian qui passe d'un univers parfois très noir, très Vernon Sullivan, à un monde absurde et poétique qui rappelle plus L'Ecume des jours.
J'avoue un peu honteusement que j'ai même peiné sur certaines nouvelles, moi, fan inconditionnelle de Boris pour ses chansons, et qui ai été prise en flagrant délit de lecture de Vercoquin et le Plancton en cours de mathématiques....

Alors, faut-il le lire ? Je recommande plutôt de lire J'irai cracher sur vos tombes pour le côté polar, et Vercoquin et le Plancton pour l'absurde.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
La longueur de la phrase qui précède permit à la belle Gaviale de se dissimuler derrière et de passer devant la loge de la concierge sans être vue. Il faut ajouter que la belle Gaviale, vêtue élégamment d'une longue jupe niou-louque dont dépassait un même jupon de dentelles (celui de sa première communion), portait tendrement dans ses bras la fille que le Seigneur lui avait répartie à la suite d'un contact habile avec Clams Jorjobert, son mari.
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Le signal jaunâtre du réverbère s’alluma dans le vide noir et verreux de la fenêtre ; il était six heures du soir. Ouen regarda et soupira. La construction de son piège à mots n’avançait guère.
Il détestait ces vitres sans rideaux ; mais il haïssait encore plus les rideaux et maudit la routinière architecture des immeubles à usage d’habitation, percés de trous depuis des millénaires. Le coeur gros,il se remit à son travail ; il s’agissait de terminer rondement l’ajustage des alluchons du décompositeur, grâce auquel les phrases se trouvaient scindées en mots préalablement à la capture de ces derniers. Il s’était compliqué la tâche presque à plaisir en refusant de considérer les conjonctions comme des mots véritables ; il déniait à leur sècheresse le droit au qualificatif noble et les éliminait pour les rassembler dans les boîtiers palpitants où s’entassaient déjà les points, les virgules et les autres signes de ponctuation avant leur élimination par filtrage. Procédé banal, mécanisme sans originalité, mais difficile à régler. Ouen s’y usait les phalangettes.
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- Où vais-je , bourgeois? demanda le chauffeur, un Russe ukrainien à en juger par son accent.
- Fais le tour du pâté de maison…dit Aulne.
- Combien de fois ?
- Autant de fois qu’il faut pour te faire biglouser par les flics.
- Ah ! Ah ! … réfléchit le chauffeur de façon audible. Bon…eh bien….voyons…comme je ne peux pas possiblement faire d’excès de vitesse, je roule à gauche? hein?
- D’ac, dit Aulne.
Il baissa la capote et s’assit le plus haut possible pour qu’on voit le sang de ses vêtements ; ceci, combiné au chapeau d’honnête homme, prouverait qu’il avait quelque chose à dissimuler.
Ils firent douze tours et il passa un de ces poneys de chasse immatriculés au numéro de police. Le poney était peint en gris fer et la légère charrette d’osier qu’il tirait portait l’écusson de la ville. Le poney renifla la Bernazizi et hennit.
- ça va dit Aulne, il nous prennent en chasse ; roule à droite, car il ne faut pas risquer d’écraser un gosse.
Afin que le poney, pût suivre sans se fatiguer, le chauffeur régla son allure au minimum. Impassible, Aulne le dirigeait ; ils se rapprochèrent du quartier des maisons hautes.
Un second poney peint en gris lui aussi, rejoignit bientôt le premier. Comme l’autre charrette, celle-ci contenait un flique en tenue de gala. Les deux fliques, d’une voiture à l’autre, se concertèrent en chuchotant et en montrant Aulne du doigt, tandis que les poneys trottaient côte à côte, au même pas, en relevant les pattes et en agitant la tête comme des petits pigeons.
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C'est le jour de ses onze ans que le petit Urodonal Carrier s'aperçut brusquement de l'existence de Dieu : en effet, la Providence lui révéla soudain son état de penseur et si l'on considère que, jusque-là, il s'était montré complètement idiot en toutes choses, on a du mal à croire que le Seigneur ne soit pour rien dans une subite transformation.
Les habitants de La-Houspignole-sur-Côté m'objecteront sans doute, avec la mauvaise foi qui les caractérise, la chute sur la tête effectuée la veille par le petit Urodonal et les neuf coups de sabot attribués généreusement, le matin de son anniversaire, par son bon oncle, surpris en train de regarder, de près, si la servante changeait bien de linge toutes les trois semaines comme l'exigeait le père. Mais cette bourgade est pleine d'athées, entretenus dans leur péché par les discours coupables d'un instituteur de la vieille école, et le curé se saoule tous les samedis, ce qui donne moins de poids à sa parole sacrée. Cependant, si l'on n'y est point accoutumé, on ne devient pas penseur sans être tenté d'en attribuer la responsabilité à une Force Supérieure, et le mieux en l'occurrence était de remercier Dieu.
Cela se passa simplement. Monsieur le Curé, sobre par hasard, durant la retraite qui précède la communion, interrogea Urodonal :
— À quoi est due la chute d'Adam et Eve ?
Nul ne sut répondre, car, à la campagne, faire l'amour n'est plus un péché. Mais Urodonal leva le doigt.
— Tu le sais ? demanda le curé.
— Oui, m'sieur le curé, dit Urodonal. C'était une erreur de Genèse.
Le curé sentit passer l'aile du Saint-Esprit et referma son col, de peur du courant d'air. Il congédia les gamins et s'assit pour méditer. Trois mois plus tard, méditant toujours, il quittait le village et se fit ermite.
— Ça va loin, ce qu'il a dit là, répétait-il.
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Monsieur le curé, sobre par hasard, durant la retraite qui précède la communion, interrogea Urodonal :
- A quoi est due la chute d'Adam et Eve ?
Nul ne sut répondre, car, à la campagne, faire l'amour n'est plus un péché. Mais Urodonal leva le doigt.
- Tu le sais ? Demanda le curé.
- Oui, m'sieur le curé, dit Urodonal. C'était une erreur de Genèse.
Le curé sentit passer l'aile du Saint-Esprit et referma son col, de peur du courant d'aire.Il congédia les gamins et s'assit pour méditer. Trois mois plus tard, méditant toujours, il quittait le village et se fit ermite.
- Ca va loin, ce qu'il a dit là, répétait-il.
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Vidéo de Boris Vian
Lecture par Judith ChemlaDans le cadre du cycle de lectures « À voix haute », la comédienne Judith Chemla lit des textes de jeunesse de Boris Vian, dont la nouvelle Les Fourmis qui met en scène de manière grinçante le débarquement en Normandie. C'est l'occasion aussi de découvrir un Boris Vian moins connu à travers ses « ballades » et les lettres à sa mère.Lecture enregistrée le 4 mars 2024 à la BnF I Richelieu.
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