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sur 880 notes
Quelle BD délicieuse et émouvante en même temps, empreinte d'une infinie tristesse et d'une joie de vivre communicative !
Yvonne, Madame Lhermitte, a quatre-vingt ans et c'est décidé : elle va quitter sa maison pour l'EHPAD, la maison de retraite comme on disait avant… C'est le début de cette histoire : le plongeon dont le scénario est signé Séverine Vidal alors que les dessins sont de Victor L. Pinel.
Une tristesse infinie se dégage de ces premiers instants avec la visite de l'agent immobilier et du couple intéressé par l'achat des lieux. Leurs remarques font mal à Yvonne : « de beaux volumes… Mais tout à refaire ! »
Il faut se séparer de Bellouche, sa chienne fidèle, voir vider sa maison et partir avec enfants et petits-enfants pour l'EHPAD, Les Mimosas.
Là, Yvonne ne se sent pas bien, n'aime pas sa chambre mais peu à peu, se lie d'amitié avec quelques résidents dont Paul-François que tout le monde appelle P-F et avec qui elle partage à nouveau l'amour.
Alors, il y a le scrabble, les ateliers, la poterie mais pour Yvonne, ce n'est pas la vie. Elle taquine, fait des siennes, redonne le sourire à ses amis au cours d'une soirée bien arrosée, dans sa chambre. Elle qui s'occupait d'un domaine viticole, près de Libourne, avec Henri, son mari, avait gardé quelques bonnes bouteilles…
Youssef, infirmier attentionné, comprend mieux que quiconque les désirs de liberté d'Yvonne et de ses six amis, même s'il essaie de les retenir lorsqu'ils entreprennent une fameuse fugue qui se terminera par le plongeon.
Tout est remarquablement dessiné par Victor L. Pinel. Certaines planches sont d'une éloquence impressionnante qui en dit plus long que les plus beaux discours. Victor L. Pinel a bien dessiné vieilles et vieux et n'a pas hésité à les représenter nus lorsqu'il le fallait. Il a osé et c'est bien fait.
Enfin, accompagnant une histoire pleine d'enseignements, sur ce monde clos des EHPAD et des relations avec la famille, les textes de Séverine Vidal sont toujours bien choisis, percutants, terriblement tristes quand il le faut.
L'humour et la joie de vivre les dernières années d'une vie imprègnent cet album qui offre non seulement un bon moment mais une belle occasion de réfléchir au sort que nous réservons aux personnes les plus âgées.

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Avec le plongeon, j'ai découvert un splendide album tout en sensibilité avec, déjà, une couverture magnifique !
Écrire un livre sur la vieillesse, les personnes âgées en EPHAD , il fallait se lancer. Séverine Vidal a osé et peut être fière du résultat. Il faut dire que Victor L. Pinel a merveilleusement accompagné son récit par des dessins délicats et épurés. Les visages et les corps sont vraiment très expressifs et Yvonne, cette grand-mère octogénaire, est on ne peut plus actuelle et vivante.
L'histoire de cette dernière démarre avec la vente de sa maison avant d'être admise à l'EPHAD « Les mimosas ». Elle pense aux soixante années ou presque, passées dans cette maison avec son mari Henri, décédé depuis peu. « Je n'aurai plus rien ici, aucune fête, aucune chute, plus aucune nuit d'amour. Je n'ouvrirai plus les volets sur le matin frais. Je ne m'assiérai plus, un verre à la main pour contempler le soleil se coucher. Je pars. »
Mais ne nous laissons pas aller à la mélancolie car Yvonne a encore des ressources et de l'énergie ! Preuve en est lorsqu'elle intervient dans une partie de scrabble ou encore lors de sa création personnelle à l'atelier poterie. Quant à son dernier pied de nez à la monotonie de cette vie en EPHAD, un véritable soleil, on peut le considérer comme un dernier plongeon dans l'eau fraîche, mais je vous laisse le soin de le découvrir.
Néanmoins, les coups de « moins bien » sont également bien présents quand, par exemple, une visite attendue avec tout le soin apporté à se préparer, à se faire belle, se désiste au dernier moment. Plus grave, ces instants où maintenant, Yvonne s'éclipse, c'est à dire perd le fil de la réalité et qui lui font peur.
Heureusement, tout n'est pas perdu et l'amour peut être encore possible, grâce à la connivence et à la complicité de cet infirmier si compréhensif et si humain !
C'est une BD de toute beauté que j'ai eu le privilège de découvrir grâce aux Éditions Grand Angle et à Babelio. C'est une BD où le scénario et le dessin sont particulièrement complémentaires. Les expressions du visage d'Yvonne doivent correspondre à chaque sentiment exprimé dans l'action et ils sont nombreux. La mélancolie, la tristesse, la colère, l'étonnement, la moquerie, l'amour, la joie de même que la douceur ou la dureté doivent être rendus dans les dessins et Victor L. Pinel les a restitués à merveille. Quant aux couleurs, le bleu de la couverture, couleur de l'eau, plus pastel, à l'intérieur, il colle bien avec les émotions d'Yvonne.
J'ai lu et même relu une deuxième fois le plongeon, tant j'ai été séduite et émue à sa lecture. J'ai pu avoir les larmes aux yeux, quelques fois, mais j'ai aussi jubilé avec Yvonne à ses facéties, et j'ai avant tout apprécié la poésie qui règne tout au long de cet album.

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Il y a 30 jours déjà je recevais le plongeon dans ma boîte aux lettres. le temps passe si vite, ce n'est pas ma grand-mère qui aura bientôt 83 ans qui dira le contraire. le temps passe vite, la vie défile jusqu'à ce que peu à peu la vieillesse fasse son effet, que vivre seul devienne trop compliqué.

Quitter sa maison où on a vécu une bonne partie de sa vie, son foyer, se voir peu à peu décliner ne doit pas être évident. Que cela soit pour intégrer un EHPAD comme c'est le cas d'Yvonne dans cette BD où allez vivre chez l'un de ses enfants les choses ne sont pas évidentes. C'est un changement de vie, de rythme, d'habitude, une perte d'indépendance. Cependant malgré cela la vie continue avec ses joies et ses peines. La vieillesse est là en effet mais il y a aussi l'envie de vivre encore de nouvelle expérience, de se faire des amies, de rire, d'être aimé et d'aimer.

J'ai trouvé cette BD vraiment très touchante, j'ai été triste lors de cette lecture mais où j'ai aussi de nombreuses fois souris. Je l'ai relu le lendemain avec ma grand-mère dont la santé ces dernières semaines se détériore de plus en plus de façon inquiétante. Un moment de lecture et d'échange singulier ou ont été abordé des souvenirs passés joyeux et tristes, le présent et l'avenir. Je sais que je vais conserver cette BD toute ma vie, j'ignore cependant si je la relirai un jour attachant désormais à cette lecture l'un de ses rares moments un peu hors du temps que l'on peut avoir en compagnie de nos proches.

Merci à Babelio et à Bamboo Edition pour l'envoi de cette BD.
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PLOUF ! Plongez !... au pays de "la vieillerie" et pourquoi cela devrait rimer forcement avec maladie, nostalgie et fin de vie et compagnie? .....Séverine Vidal nous entraîne avec délicatesse et subtilité vers cet univers où son héroïne a encore toute sa tête et de l'énergie à revendre et à faire partager !! Elle doit rejoindre un EPAD après avoir vendu sa maison et doit se séparer à contre coeur de son chien...
Vaste sujet de société ..à but lucratif pour certains et casse tête chinois pour d'autres..."pourquoi parquer nos anciens? les faire sombrer irrémédiablement vers la solitude....
...Nos sociétés où nous n'avons plus l'habitude de voir et de côtoyer des morts ; où la mort est camouflée (les corbillards ont changé de couleur...) ...entre faux-semblants des familles et l'entourage, dans un monde où la dignité humaine est plus que transparente.. que de bravoure et de dévouement pour ces équipes médicales qui n'ont de cesse que de faire du mieux possible, entre carcans médicamenteux et animations obligatoires..." S'amuser, c'est tromper la mort" disait PASCAL, et justement il n'y a pas d'âge pour la gaieté, quelques petits plaisirs et des balades !..cela n'a jamais fait de mal à personne, c'est ce que compte bien faire cette" mamie" !
Séverine VIDAL traite le sujet sans tabou, avec subtilité et intelligence, cette histoire nous renvoie à nos propres questionnements pour appréhender une étape finale qui pour tous et toutes restera toujours difficile à prédire et à anticiper avec sérénité...

Et je ne peux que penser à cette réflexion de Monsieur Pierre RABHI :
" Quand je me suis amusé à refaire l'itinéraire de l'être humain dans la modernité, je me suis aperçu que notre monde avait des allures carcérales. de la maternelle à l'université, on est enfermé (on appelle cela le « bahut » d'ailleurs), ensuite on est dans des casernes, puis tout le monde travaille et vit dans des « boîtes » plus ou moins petites ; pour s'amuser, on va en boîte et on y va dans sa « caisse » ; « enfin, on rentre dans une boîte à vieux et on retrouve la dernière boîte que je vous laisse deviner !"


Sortons un peu des boîtes ! essayons de penser autrement...
















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Des décennies qu'Yvonne Lhermitte habite la même maison. Elle y a vécu de nombreux moments inoubliables, fêté de nombreux anniversaires. Mais aujourd'hui, maintenant que son mari, Henri, n'est plus là depuis quelques mois, elle ne sent plus capable de rester là, seule, sachant que plus rien ne l'attend. À 80 ans, elle décide alors de vendre sa maison et de s'installer dans un EHPAD. C'est, évidemment, le coeur serré et les larmes aux yeux qu'elle referme, pour la dernière fois, la porte de sa maison. Accompagnée de ses enfants et petits-enfants, elle part s'installer aux Mimosas, où la directrice l'accueille et lui fait découvrir son nouveau lieu de résidence mais aussi ses futurs compagnons. D'emblée, rien ne lui plaît ici, ni la directrice trop bavarde, ni sa chambre monacale. Mais, Yvonne n'a d'autre choix que de s'adapter si elle veut continuer à vivre, tout simplement...

Quel bouleversement pour Yvonne de quitter toute la vie qu'elle s'est construite dans sa maison, son mari à ses côtés depuis tant d'années. Mais maintenant qu'elle est seule, qu'aucun rire ne résonnera, qu'aucune larme ne sera versée, qu'aucune fête ne sera célébrée, elle sait que l'EHPAD est la seule solution. Et c'est aux Mimosas que sa vie va continuer, et certainement se finir. En compagnie, notamment de PF, de Thérèse ou encore d'Angelina Jolie, elle va vivre des moments inoubliables... avant le plongeon ! Séverine Vidal nous offre un album touchant et intimiste au coeur duquel elle dépeint les bouleversements que doit affronter et surmonter Yvonne maintenant qu'elle est seule. de par sa fougue, son humour, son entrain, Yvonne est un personnage vraiment attachant et permet d'avoir un autre regard sur les personnes du 3ième, voire 4ième âge, mais aussi sur les EHPAD. L'auteure dépeint aussi bien les relations entre les résidents, les moments collectifs comme les ateliers ou les repas, les moments de solitude mais aussi, inévitablement, les moments de déchéance. de par les témoignages récoltés et les échanges, cet album fait montre d'une profonde sincérité et d'une tendre humanité. Graphiquement, le trait réaliste tout en finesse et les couleurs douces de Víctor L. Pinel apportent eux aussi tendresse et bienveillance.
Un album émouvant...
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Fait partie de la sélection du Prix des Lecteurs du Val de Sully. section Bande dessinée.

Yvonne a 80 ans et elle a décidé de partir à l'EHPAD. Elle se sépare de sa chienne et vend sa maison. (Dit comme ça, ça a l'air facile)
Résignée, elle quitte le lieu où elle a connu tous ses bonheurs.
A la résidence, elle fait connaissance avec quelques joyeux drilles dont P.F.
Elle essaie de s'installer mais le moral ne suit pas. Peu à peu, elle plonge…
Ses nouveaux amis vont-ils lui permettre de surmonter l'épreuve ?…

Une bande dessinée toute en nuances et pourtant pleine de duretés.
L'auteure nous montre la vie en EHPAD sous tous ses côtés.
Elle y aborde
- la difficulté à s'intégrer dans un milieu où se côtoie des personnes en grande détresse et des personnes qui, malgré tout, montre encore beaucoup de vitalité et de joie de vivre.
- Les relations intimes entre personnes âgées.
- Les difficultés internes de l'établissement
- Rend hommage à la disponibilité du personnel par le personnage de Youssef, infirmier.

Même si c'est Yvonne l'héroïne tous les personnages sont très attachants. Et malgré des situations bien difficiles, j'ai eu quelques éclats de rire.
Les dessins, très beaux, montrent bien les états d'âme des personnages.

Une bande dessinée pleine d'émotions et de vérité sur cette tranche de vie que je vous recommande.
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À bientôt 81 ans, Yvonne vient de vendre sa maison pour s'installer dans un ehpad. Elle laisse derrière elle toute sa vie de femme indépendante, tous ses souvenirs. L'adaptation dans sa nouvelle vie n'est pas simple. En plus de toutes ses habitudes à changer, elle doit également apprendre à vivre avec de nouvelles règles de vie, composer avec ses voisins. Certains n'ont pas toute leur tête, d'autres ont un corps qui ne suit plus. Consciente que l'ehpad sera sa dernière destination, dans l'attente des prochaines visites de sa famille, et notamment de son petit Tom, Yvonne refuse de perdre face à cette vieillesse pourtant inéluctable. Ne respectant pas toujours le règlement, elle veut encore connaître les petits bonheurs de la vie quotidienne.

Dans cette bande dessinée, on nous parle bien évidemment de la vieillesse, des dérèglements du corps et de la tête. Mais ce n'est pas que ça, c'est d'abord profondément humain puisqu'il y est surtout question de complicité et de tendresse, mais aussi de difficultés d'adaptation face à un grand changement de vie, d'acceptation de soi, d'écoute, de présence et de solidarité.

C'est un livre qui nous permet de ne pas oublier que chaque personne âgée est une personne à part entière, avec un passé bien rempli, des doutes et des peurs, avec sa sensibilité propre, ses envies et ses besoins. Il n'est pourtant en rien apitoyant. Au contraire même, ce livre est aussi attendrissant qu'il déborde d'humour.

Grâce aux graphismes élégants, sans fioritures, aux traits pas toujours francs, parfois hésitants, l'imperfection des visages et des corps, ainsi que leurs expressions et postures, sont remarquablement bien dépeints. Les personnages paraissent dans toute leur beauté, intérieure autant qu'extérieure. Nous sont présentés des visages et des corps sur lesquels le temps est passé. Et pourtant, ils sont beaux, touchants.

"Le plongeon" est une très belle bande dessinée, à la fois pleine de pudeur, de douceur et d'humour. C'est une histoire toute simple, avec un léger grain de folie tout de même, pétillante de vie malgré les thèmes évoqués, avec des personnages attendrissants qu'on a tous envie de serrer dans nos bras au fil des pages.

J'y relève tout de même un léger décalage (ou peut-être pas si léger d'ailleurs) entre le fonctionnement d'un ehpad dans la vie réelle et celui de cet ouvrage (grande disponibilité du personnel en sous-effectif ou encore résidents très autonomes par exemple), dont je ne tiens pas rigueur, l'accent étant mis (volontairement je pense) sur les ressentis de chacun des protagonistes, leurs manières d'accepter l'inéluctable, leurs relations aux autres.

Un joli et tendre moment de lecture, drôle aussi, empli de belles émotions, tout en sensibilité et humanité.
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Une nouvelle BD ou roman graphique. A vrai dire, je ne connais pas très bien les critères de chacune de ces catégories...
Mon retour est plus mitigé, que celui sur celles du printemps (La bibliomule..., Jours de sable et Ne m'oublie pas).

Pourtant le thème me parlait et j'ai beaucoup aimé le début, ces quelques pages qui nous montre les derniers jours d'Yvonne dans sa maison, avec son chien. J'ai bien ressenti son déchirement à quitter sa maison, à laquelle tant de souvenirs la relient, sa tristesse à se séparer de son chien, même si je n'ai pas aimé la solution choisie, l'ambivalence de ses sentiments à l'égard du jeune couple qui prend possession de la maison et envisage de tout y changer.

J'ai beaucoup moins aimé la suite, la vie en Ehpad. Je ne l'ai pas trouvée très conforme à ce que l'on entend et aux problèmes de ce secteur. Peut-être est-ce ma vision qui est faussée, j'avoue que mon expérience personnelle de ces établissements s'est arrêtée à la mort de ma grand-mère il y a quelques années, et je me félicite que les autres personnes âgées de ma famille n'aient pas eu le besoin d'y aller.
Ce qui m'a paru peu crédible par exemple :
la disponibilité importante du personnel
l'age moyen et la bonne santé des pensionnaires
le fait que les réunions dans les chambres soient interdites

En dehors de cela, j'ai apprécié de continuer à ressentir les sentiments d'Yvonne, sa difficulté à s'adapter à cette vie réglée et en communauté, à perdre son indépendance, sa tristesse à voir son futur se réduire. J'ai aimé qu'elle fasse une rencontre importante pour elle, et qui montre que tout n'est pas fini.

A mon avis un album plus représentatif des sentiments éprouvés par les pensionnaires, et en cela appréciable, que des conditions réelles de vie en Ehpad, Mais je peux me tromper et les critiques très positives sont nombreuses.
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Une couverture intrigante et attractive. Et c'est le grand plongeon pour Yvonne qui part pour l'EHPAD, malgré un jeu de jambes encore très honorable. Une case du jeu de l'oie qu'on ferait tout pour éviter, quitte à faire quadruple ventouse comme bernique sur rocher.


EHPAD, 5 lettres qui font frémir, exploser le tensiomètre, avec des flashs de couverture marron-moche tirée à 4 épingles et de fenêtres calfeutrées ( pur cauchemar pour ceux qui dorment la fenêtre ouverte toute l'année !).


Et pourtant, demandez aux éléphants, chez eux c'est bien la matriarche qui régente sa troupe au petit trot et à coups de trompe bien sentis. Forcément, elle connaît tous les coins à champignons depuis le temps. Et les baleines, pareil, les vieux sont intarissables dans le répertoire chants de marins, c'est eux qui mettent l'ambiance. Sous d'autres cieux plus étoilés, l'arbre à palabres connaît également une prédilection notoire pour les cuirs tannés.
Mais non, chez nous, l'iPAD n'aime pas la tremblote, direction l'EHPAD , allez ça dégage.

Établissement (in)Hospitalier Pour Adultes Décatis, les affinités et inimitiés y font leurs choux gras comme partout ailleurs mais y sont amplifiés par la cohabitation forcée, l'étrécissement des lieux et des interlocuteurs. La Bd de Séverine Vidal et Victor Pinel le montre bien , adouci par le coup de foudre d'Yvonne pour Paul, ça s'est vu et j'y ai cru.

On admire les animateurs qui soufflent sur la petite braise pour dérider quelques boyaux et faire grésiller les neurones désoeuvrés. On se fige par contre devant les détestables infantilisations qui rabotent uniformément puits de culture, crêtes rebelles, absences en tous genres. Et pilonnent toute une vie à la mèche à béton de 8, avec la nonchalance écoeurante d'une jeunesse condescendante.

Un dessin qui met le paquet sur les expressions des visages, autant dire qu'on en profite par les temps qui courent.

En écho à la couverture, il m'a quand même manqué quelques tunnels de rêverie antique, des plongées dans l'imaginaire d'Yvonne, des échappées de peloton sous le soleil des enfances disparues, des chiens bondissants, toujours là, bien sûr, sous les paupières. Un peu plus d‘imaginaire pour échapper au rase motte de la charentaise.

Et puis cette pensée persistante à chaque page, une envie irrésistible de mort esquimau, laissez nous crever sur la glace quand on sera trop vieux pour mâcher la peau de phoque ; avec la pensée magique que le vieux morse va se réincarner tout prochainement dans un dodu bébé aux yeux plissés et se riant de la glace, les fesses au frais à tout jamais.

Merci à Babelio et aux éditions Grand Angle pour cette bd sur un thème qui mérite d'être sorti des abysses et discuté avec plus d'empressement sur la place publique.

Car comment se contenter de la formule actuelle de ces ghettos pour vieux quand tout un chacun a connu son pépé François bricolant à 94 ans son éolienne de jardin devant la mer, son potager mirifique, son merveilleux foutoir, ses éternels yeux bleus , ou sa mémé Jeannette revenant de la crevette à vélo, moulinant de ses 92 printemps dans la côte ?
Qui les a connus, jamais n'enviera le mol oreiller beige ni l'écran blafard et tonitruant donnant d'obscures nouvelles de lointaines contrées dépourvues même de rivage.
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Yvonne, depuis le décès de son Henri, erre comme une âme en peine dans une vie qui n'est plus la sienne, plus celle qu'elle chérissait.
A près de 81 printemps, deux choix s'imposèrent à elle.
Un saut à l'élastique sans élastique ou l'EHPAD.
Dans les deux cas, la chute assurée, le moral fracassé.
Pouf, pouf, ce se-ra l'EH-PAD.

Qu'elle est touchante cette Yvonne en femme semblant arrivée au bout de l'aventure en en ayant pleinement conscience tout en conservant ce petit brin de fantaisie jubilatoire et finalement salvateur.

Difficile de se projeter dans ce nouvel environnement, surtout à la vue d'innombrables zombies aussi fougueux qu'un paresseux sous Tranxen.

Mais si EHPAD rime avec parenthèse enchantée (et là de vous demander un zeste d'indulgence), ça n'est pas pour rien.
Car s'il n'est pas l'ultime Relais & Châteaux de rêve, il n' en demeure pas moins l'endroit susceptible de faire de formidables rencontres et pourquoi pas de celles à même de soulager le coeur et l'âme.

Le Plongeon interroge sur la fin de vie sans dégueuler outrageusement dans le pathos outrancier.
Porté par une Yvonne touchante en diable, il nous ramène à nos propres (futurs et lointains, je croise les douze doigts) maux tout en interpellant sur une société peu encline à choyer ses anciens.

Le graphisme est aussi sobre et joli que le propos.
La voix off d'une poésie et d'une justesse confondante.

Un très beau moment d'émotion pure.
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