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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La chronique jubilatoire de Dany Flingueuse pour Collectif Polar
Chris le narrateur a quinze ans, le bel âge, celui des projets et des premières amours. Avec ses potes il forme « la bande aux yeux marron », parce qu'il faut bien nommer ces gangs. Quatre jeunes pleins de rêves, vont se confronter, parfois douloureusement aux adultes : ceux qui expient à n'en plus finir comme René qui les accueille dans son refuge et ceux moins glorieux qui les maltraitent. Parallèlement un duo de losers va quitter la capitale pour se faire oublier en passant sous les radars. le choc de ces deux mondes va se produire dans les paysages bucoliques où nous entraine l'auteur, à la façon d'un Franck Bouysse, contemplatif un peu, efficace toujours. Quelle belle aventure entre des gens vrais, d'avant les téléphones portables où l'on pouvait encore se cacher sans être tracé ! Nous y retrouvons les émotions de notre adolescence, un peu de nostalgie du style « c'était mieux avant ! » mais beaucoup de plaisir à suivre ces quatre jeunes, promesses d'avenir, en construction, capables de prendre tous les risques au nom de l'amitié, au cours d'une traque et d'une intrigue passionnante aux personnages fouillés et attachants, qui appâtent de notre empathie. Un tableau du monde rural des années 80.
J'ai beaucoup aimé ces 360 pages de fraîcheur et d'espoir malgré ce monde de brutes dont il est en définitive question.
Lu en version numérique 13.99 €
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J'appréhendais un peu de retrouver Sébastien Vidal après le coup de coeur que j'avais eu en début d'année dernière pour son précédent roman Ça restera comme une lumière, déjà paru aux éditions le mot et le reste. Derrière cette appréhension, il y avait l'espoir, l'envie, et je dois dire une certaine excitation à l'idée de me laisser embarquer par un roman qui serait peut-être au moins aussi bon que le précédent. Je n'ai pas été déçu.

Sous la chaleur de l'été de 1987, l'année où l'humanité dépasse les 5 milliards d'individus et où l'ONU publie pour la première fois un rapport qui aborde la question du développement durable, baptisé "Our Common Future", deux braqueurs amateurs sont en cavale après avoir tué l'un des convoyeurs. Alors que les forces de l'ordre sont à leur poursuite, ils s'enfoncent au coeur de la France pour essayer de disparaître tout en semant derrière eux les cadavres, dans une descente aux enfers que rien ne semble pouvoir arrêter. La presse les surnommera rapidement Les Tueurs au losange, référence aux véhicules qu'ils utilisent dans leur cavale.

En Corrèze, Vincent, Johanna, Franck et Christophe sont une bande de copains qui ont grandi ensemble et sont inséparables. Alors qu'ils explorent les forêts environnantes, ils arrivent sur le territoire de celui que le village appelle l'Indien et qui vit reclus dans sa cabane depuis des années. Alors que René s'avère beaucoup plus sympathique que la légende d'ermite qu'il s'est forgé et que son étang devient le point de rafraîchissement de la petite bande, les quatre adolescents vont être confrontés à des drames qui viendront sonner la fin de l'innocence. D'autant plus que les Tueurs au losange ont été aperçus non loin de là...

Quel plaisir que de retrouver la plume de Sébastien Vidal, quel bonheur que d'être littéralement happé par ce roman au point de repousser encore et encore le moment d'aller se coucher. Une fois encore, l'auteur vise juste avec ses personnages qui portent tous en eux l'ombre et la lumière, dans des proportions variables. J'ai retrouvé le même plaisir de lecture que lorsque je me plonge dans un David Joy, aussi je ne peux que vous inciter à réclamer ce titre à vos libraires pour vivre à votre tour cette formidable aventure.

📖 Où reposent nos ombres de Sébastien Vidal a paru le 20 octobre 2022 aux éditions le mot et le reste. 360 pages, 21€.

🔗 Service de presse adressé par l'éditeur.
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Ce roman me faisait de l'oeil depuis sa sortie, et j'ai eu l'heureuse surprise de le gagner avec la #MasseCritique de #Babelio. Merci mille fois! Ce n'est pas un coup de bambou mais un coup de massue que j'ai pris.

Deux histoires, l'une en Haute-Corrèze et l'autre en région parisienne.

Août 1987, quatre jeunes adolescents de 15 ans se connaissent depuis la maternelle et se retrouve en ce bel été au bord d'un étang isolé qu'ils appelleront "Calicoba Beach", ils y feront une rencontre étrange. Cette partie du roman m'a rappelé "Trois" de Valérie Perrin. Nous sommes en Haute-Corrèze. Une petite bourgade où tout le monde se connait et certains trop bien, tout n'est pas que rose!

Août 1987 en région parisienne, deux hommes, un vol à main armée qui tourne mal, un convoyeur tué. Une fuite s'en suit. La course poursuite part en vrille et plus ils descendent dans le sud de la France, plus l'acharnement à tuer en chemin prend de l'ampleur. Quelle a été la vie de ces deux hommes avant?!...

Lien : https://passionlectureannick..
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Parce que ce roman m'a touchée, j'ai envie de vous en parler et peut-être de vous convaincre de le lire.
Parlons tout d'abord du style et je n'exagèrerai pas en vous disant que dès qu'on tourne les premières pages nous revient en mémoire un autre auteur au style assez proche et un roman, pas n'importe lequel, un roman primé au Goncourt, Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu.
Sébastien Vidal démontre avec Où reposent nos ombres qu'il a ce talent très rare, celui qui vous ramène très loin en arrière, celui qui vous raconte une histoire merveilleusement belle mais terriblement triste, celui qui vous fait rêver, imaginer les couleurs, les sons, les températures, la caresse du soleil et la fraîcheur de l'eau d'un étang avant de vous poignarder en revenant dans la réalité.
Cette réalité des petites bourgades de la campagne de cette France qui est trop loin de la capitale, trop loin de la mer, nichée dans des lieux auxquels personne ne s'intéresse en dehors de ceux qui y vivent. Une bourgade avec ses commerçants qui vivotent déjà, les problèmes d'alcool.
Cette réalité aussi des cités bien plus au Nord, des petits malfrats voulant devenir grands. Deux petits délinquants tentent de braquer un transport de fond et tout bascule. Les victimes parsèment leur route qui les conduira tout droit dans un petit village de Corrèze…
Qu'elle soit dans la famille ou engendrée dans la délinquance, la violence n'épargne personne, pas même quatre gamins qui essaient de profiter de leurs derniers moments d'insouciance avant d'entrer au lycée en septembre. Des gamins qui découvrent l'amour mais qui ne rêvent encore que de fabuleuses parties de pêche dans « leur » paradis secret sur les terres d'un « marginal » qui veille sur eux depuis sa cabane. Vince, Franckie, Chris et Jo sont quatre copains de toujours. Ils savent que leur séparation approche. Chris découvre qu'il en pince pour Jo tandis que Vince fuit son père violent.
C'est un drame finalement devenu habituel que nous livre Sébastien, de la violence gratuite, une police inexistante ou inefficace ou les deux, une histoire saupoudrée de clins d'oeil à la littérature noire qu'il affectionne avec une bande son que seuls les plus de cinquante ans connaîtront par coeur avec par-dessus tout une écriture magnifique qui ne laissera personne indifférent. C'est beau.
A lire absolument et c'est chez le Mot et le Reste.


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Chris le narrateur a quinze ans, le bel âge, celui des projets et des premières amours. Avec ses potes il forme « la bande aux yeux marron », parce qu'il faut bien nommer ces gangs. Quatre jeunes pleins de rêves, vont se confronter, parfois douloureusement aux adultes : ceux qui expient à n'en plus finir comme René qui les accueille dans son refuge et ceux moins glorieux qui les maltraitent. Parallèlement un duo de losers va quitter la capitale pour se faire oublier en passant sous les radars. le choc de ces deux mondes va se produire dans les paysages bucoliques où nous entraine l'auteur, à la façon d'un Franck Bouysse, contemplatif un peu, efficace toujours. Quelle belle aventure entre des gens vrais, d'avant les téléphones portables où l'on pouvait encore se cacher sans être tracé ! Nous y retrouvons les émotions de notre adolescence, un peu de nostalgie du style « c'était mieux avant ! » mais beaucoup de plaisir à suivre ces quatre jeunes, promesses d'avenir, en construction, capables de prendre tous les risques au nom de l'amitié, au cours d'une traque et d'une intrigue passionnante aux personnages fouillés et attachants, qui appâtent de notre empathie. Un tableau du monde rural des années 80.
J'ai beaucoup aimé ces 360 pages de fraîcheur et d'espoir malgré ce monde de brutes dont il est en définitive question.

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« Il y a en nous, un lieu où nous pleurons pour les autres. » Jim Harrison
« Comme l'a dit Victor Hugo, rien n'est plus puissant qu'une idée dont l'heure est venue. »
La Canopée littéraire !
« Ici, presque toujours, novembre arrive en octobre. »L'incipit donne le ton. La Haute Corrèze élève ses entrelacs, ses bruissements de feuilles, l'essence des pins, les crissements des pas dans les forêts automnales. On ressent d'emblée l'atmosphère de ce récit réussi et dont on ne lâche rien.
Dans ce livre, deux histoires résolument différentes, qui vont s'assembler subrepticement. Dans l'éveil et la capacité hors norme de Sébastien Vidal. C'est ici, le piédestal de ce récit.
La première, celle d'un groupe d'amis depuis leur plus tendre enfance, jeunes adolescents devenus dans cette Corrèze emblématique et magnétique, Johanna, Franck, Vincent et Christophe le narrateur. En plein été, celui de 1987 dans l'orée d'un changement de cap, celui du lycée. Il fait beau. Dans cette chaleur d'insouciance. L'heure est aux confidences, aux craintes des séparations proches. Ils profitent des langueurs estivales. Déambulent en pleine nature, font du vélo et savent l'heure de l'escompte hyperbolique du futur. On ressent les ferveurs d'une camaraderie liante et vénérable.
Un jour certain, dans un de leurs périples, ils s'égarent à la nuit tombée en gravissant une colline. Un lieu édénique s'élève en apogée. « L'eau qui somnolait reflétait la silhouette des arbres, et au milieu le bleu du ciel se confondait avec la couleur plus sombre des flots, donnant à l'ensemble un ton délicat et fragile, qui pouvait frémir à la moindre brise. Nous dévorions le site des yeux. »
Ils sont ici, dans cet espace vierge, un entre-monde où ils imaginent déjà un antre tenu secret, rien que pour eux. Mais ce lieu n'est pas inhabité. Ici, vit l'Indien, dans une cabane en bois à flanc de rocher. Un homme connu du village, comme marginal, solitaire, reclus à La Thoreau David. Il va leur proposer un marché. Venir se baigner autant de fois qu'ils le veulent au Puy perdu dans l'étang, à condition de ne rien dire aux autres. Comme un privilège, une invitation au silence, au secret et à la force intrinsèque d'un lieu magnétique et salvateur. Mais peut-être aussi L'Indien a t-il besoin de la jeunesse autour de lui, un moyen exutoire de compenser les douleurs de sa vie.
« Je tournais la tête vers les rochers plats pour effacer une larme récalcitrante et je le vis, l'Indien. Il était là, assis sur un des quatre monolithes couchés. Un naufragé. »
« La bande aux yeux marron » va se lier avec l'Indien. Apprendre de lui, de sa sagesse et de ses secrets, de sa maturité et de ses passions littéraires. On ressent un homme qui fédère ce récit. On l'aime et on désire connaître le son de sa voix, un peu à l'instar de Kakuro Ozu dans l'Élégance du hérisson.
Dans l'autre versant, deux amis et collègues vont braquer des convoyeurs de fonds. Adrénaline fois mille, un tsunami qui enfle. Crescendo, entre les meurtres et la fuite, ils se parlent, se devinent liés par l'irrévocable. On ressent un fragment sociétal, finement politique et engagé. Ils doutent, mais ne peuvent revenir dans le passé. Ils regrettent ce temps de labeur et de sueur et d'exploitation. Mais c'est trop tard pour « Les Tueurs au losange. » de fil en aiguille, ils arrivent en Corrèze. Que va-t-il se passer ?
Comment ces deux récits vont s'entrecroiser ?
Ce roman est la coexistence de l'ombre et de la lumière. Profondément humain, il a cette obsession cardinale d'élever la beauté des rencontres, les fiançailles des coeurs, les apprentissages de la vie et les initiations adolescentes. Les sonorités des gravités sont des chants d'oiseaux. Ce tissage fascinant est de haute voltige, tant il donne la parole aux cheminements intérieurs, au chaos fait homme aussi, parfois. Les liens sont des rais de lumière en pleine clairière. « Où reposent nos ombres » est une fresque sombre et merveilleuse. Publié par les majeures éditions le Mot et le Reste.
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J'ai été totalement happé par ce roman que j'ai lu en trois jours !

Août 1987, en Corrèze, Christophe et ses amis Johanna, Franck et Vincent forment la bande des yeux marrons. Amis depuis la maternelle, ces adolescents en passe d'entrer au lycée passent leur dernier été d'insouciance, prêts à en profiter à fond ! Ils découvrent un lac "sauvage", qu'ils nommeront Calicoba Beach, petit coin de paradis où il rencontreront René, un ermite dont la bienveillance n'a d'égale que la noirceur des rumeurs qui courent sur lui dans le village. Si tout s'annonce à merveille, cet été mettra en lumière la violence du monde de certains adultes, et les adolescents devront y faire face coute que coute.

Parallèlement, Antonio et Jacques, deux jeunes braqueurs de banlieue parisienne, prennent la fuite à travers la France après avoir abattu un convoyeur de fond lors d'un casse qui a mal tourné. Leur cavalcade sanglante les mettra finalement sur la route des 4 jeunes adolescents...

J'ai adoré ce livre qui m'a tenu en haleine jusqu'à la dernière ligne de la dernière page ! Les mots décrivant la fin de la période de l'adolescence sont particulièrement justes et m'ont également replongé une quinzaine d'années en arrière. L'intrigue est bien menée de bout en bout, et la rencontre tant attendue figure en clair-obscure tout le long.

Seules petites critiques : l'auteur a peut être voulu évoquer trop de choses (la fin de l'adolescence, la noirceur de nos âmes, les secrets d'adultes, la pression sociale, l'inceste...), et donc certains thèmes passionnants sont simplement survolés, et les passages relatifs à la fuite des braqueurs évoque quasiment toutes les pages l'allumage d'une cigarette et la forme de la fumée. Si l'effet de style pouvait être sympa, sa répétition au moins une cinquantaine de fois durant le livre devient lassante.

En bref, un livre que je recommanderai chaleureusement à tous les amoureux de lecture, que ce soit en tant que polar, ou en tant que roman évoquant la fin de l'âge insouciant !
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Découverte totale de cet auteur. Et quelle découverte !
Je l'ai fini hier soir mais pour tout vous dire, j'aurais pu le finir la veille. Je n'ai simplement pas voulu. de peur que la magie s'arrête. de peur de découvrir la fin.
Oui, volontairement, je me suis gardé 50 pages pour la soirée du lendemain.

Sébastien Vidal est un de ces auteurs trop peu vu à mon goût (ou peut-être est-ce moi qui ne regarde pas où il faut 🤔).
Il a un style singulier et une écriture riche. À la limite de la poésie. L'immersion n'en est que plus forte.

J'ai adoré cette bande d'ado. Les accompagner, leur tenir la main. Et puis pleurer doucement de révolte. J'ai tellement aimé l'Indien, si discret et mystérieux mais tellement empli de bonté.
J'ai eu un peu plus de mal à m'attacher au duo au losange. Il aura fallu atteindre une bonne moitié du bouquin pour que je leur accorde de l'empathie.

C'est une de mes meilleures lectures depuis le début de l'année.
Je ne peux que vous conseiller de partir vous aussi à la découverte de cet auteur si vous ne le connaissez pas. Allez-y les yeux fermés. Là où reposent nos ombres.
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Eté 1987, dans cette terre de futurs présidents de l'Hexagone, quatre adolescents unis depuis l'enfance, forment un groupe indestructible. Pourtant ils savent qu'à la rentrée prochaine, ils seront séparés par le lycée alors chaque journée se vit à fond : la pêche, les jeux, les discussions interminables et surtout les balades en dehors du village pour tenter d'apprivoiser cette nature qui s'offre à eux. Lors de l'une de celles-ci, ils découvrent un endroit paradisiaque seulement peuplé par un indien.
En région parisienne, deux petites frappes veulent passer à la vitesse supérieure et s'en prennent violemment à des convoyeurs de fonds, s'en suit une cavale en forme de road trip meurtrier.
Lumière et ombre se partagent ces deux récits mais ce serait vraiment trop simple de s'arrêter à ce seul constat…

87, j'avais à peu près l'âge des adolescents et c'est un régal de lire ce roman ponctué de références de cette époque : voitures, musiques, fringues, bouffes, livres, bref la totale et sans avoir regardé l'année de naissance de l'auteur, on ressent bien le vécu de l'écrivain. Un gros plus pour les gens de ma génération mais cela ne veut évidemment pas dire que les autres en sont exclus. Un véritable instantané de cette partie du XXème siècle. Plus citadin pour ma part que les quatre corréziens qui profitent véritablement de la campagne environnante pour se créer un cocon en dehors du temps, un écrin de verdure où veille l'Indien, un personnage à part, exilé en ce lieu, arrivé sur le tare dans cette commune où des ragots circulent sur lui, un taiseux malmené par la vie mais qui connaît les recettes d'un bonheur simple et sait vous faire chavirer. Un mec comme on a envie de croiser au moins une fois dans sa vie, de ceux qui vous ouvrent l'horizon sans esbroufe, il en a vu beaucoup mais il a su rester humble dans son coin aux allures de jardin d'Eden.

Cette nature, omni présente et décrite de manière magistrale par l'auteur, son chez lui qu'il doit arpenter de longs en larges. Chose rare, j'ai plusieurs fois posé le bouquin pour respirer cette campagne, me remémorant mes escapades trop courtes de traileur accroché à son Nord trop urbanisé. On en prend plein les yeux à la manière d'un Pete Fromm ou d'un Gabriel Tallent. Sébastien Vidal aime ces endroits c'est indubitable.

Jusqu'ici ce livre a des airs de feel good rural me direz-vous. Sauf que même au jardin d'Eden, il existe des pommes pourries dixit Eve. Nos ados ont au moins un point commun avec les deux malfrats : la violence, engendrée par la famille pour certains, créée par l'environnement pour d'autres, de celle qu'on tait car trop lourde et honteuse à exprimer. Alors on veut la fuir et rejeter un avenir déterminé, cette part d'ombre, insensible à toute lumière, qui vous ronge collé à votre bitume parisien ou qui défie l'innocence juvénile.
Malgré la découverte des premiers émois, l'insouciance se pare souvent d'un voile et il faut le recul d'un narrateur plus vieux d'une trentaine d'années pour évoquer la situation.

Monsieur Vidal, je vous ai maudit pendant 300 pages en me disant ce n'est pas possible, il ne va pas décrire une fin aussi prévisible, mettre tant d'intensité dans les descriptions, tant d'empathie envers cette jeunesse que la majorité d'entre nous a vécu, tant de poil à gratter avec ces voyous en rébellion envers cette société qui les a laissés sur le côté. Dans vos remerciements, vous exprimez d'ailleurs vos incertitudes et votre labeur pour arriver comme par « magie » à cette conclusion qui est tout sauf prévisible. Vous m'avez « chopé » et j'adore ça. Rien que pour cela et votre écriture, un grand merci.

Cerise sur le gâteau et sans en dire plus, je pense que vous vous êtes mis dans la peau d'un écrivain français, auteur de roman policier, disparu bien trop vite, au travers de Christophe, narrateur et un des quatre adolescents. Ecrivain qui est une référence pour moi

En conclusion, je souhaite remercier Virginie qui m'a permis cette magnifique découverte, Guini, tu as vu juste ;-) et vous dire que cet ouvrage fait partie de ceux qui me marquent durablement autant par le récit que par l'humain qu'il véhicule sous la houlette de son auteur, sensible jusqu'au point final.
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Un village de Haute Corrèze, été 1987. Johanna, Franck, Vincent et Christophe forment un quatuor inséparable et passent leurs vacances à faire du vélo, à jouer aux cartes, à s'amuser. Ils ont quinze ou seize ans et tout l'été pour profiter de leur amitié avant l'entrée en seconde. Lors d'un de ses périples, la bande découvre un lieu extraordinaire, l'endroit idéal où se retrouver : un lac peu fréquenté et à l'écart du village, auprès duquel vit un vieil ermite, qui les autorise à se baigner à condition qu'ils gardent le lieu secret. Les quatre ados font ainsi connaissance avec celui qu'on surnomme l'Indien. Au même moment, en Région parisienne, deux hommes fuient la police après avoir braqué une banque et tué un guichetier, et se dirigent vers le Sud, semant la mort sur leur passage...

1987. Bono chante I still haven't found what I'm looking for sur les guitares cristallines de The Edge, Cindy Lauper susurre True Colors et Gold sort son single Calicoba – c'est ainsi que les quatre amis vont baptiser cet endroit où ils se retrouvent. Calicoba Beach. A cette époque préhistorique, pas de téléphone portable, on partage les écouteurs d'un walkman pour entendre sa chanson préférée, et on s'amuse comme on peut et plutôt bien dans la touffeur des après-midi d'été. Autant dire que l'on parle là d'un temps que les moins de vingt ans, etc, qui a fait ma propre jeunesse. Rien d'étonnant donc à ce que les aventures de la bande m'aient plu. le contraste est d'autant plus rude avec la cavale des deux tueurs. Si Antonio a encore quelques scrupules, Jacques n'a aucun état d'âme lorsqu'il s'agit d'éliminer tout témoin gênant susceptible de mettre la police sur leurs traces, semblant même y prendre peu-à-peu du plaisir. Il y a chez cet homme une sauvagerie telle qu'on ne peut éprouver que du dégoût, et s'effarer de la spirale de violence dans laquelle les deux hommes s'engluent.

Armes, balles et tueries d'un côté, soleil, vacances et insouciance de l'autre. J'ai été tentée de lire en diagonale les méfaits de Jacques et D Antonio, et de ne m'attacher qu'au soleil et à la jeunesse, de peur qu'à un virage de l'histoire, la route des deux brutes ne croise celle des quatre ados. Evidemment, les deux histoires finiront par se rejoindre. Mais dans un dénouement parfaitement orchestré, dans lesquels tous les personnages, y compris les secondaires, ceux qu'on n'attendait pas au tournant, ont leur rôle à jouer.
Lien : http://usine-a-paroles.fr/le..
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