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EAN : 9782361399825
430 pages
Le Mot et le reste (20/10/2022)
4.37/5   39 notes
Résumé :
Eté 1987. Johanna, Franck, Vincent et Christophe se connaissent depuis toujours et forment une bande que rien ne peut séparer. Un dimanche d'août, quittant les rues de leur petit village de Province pour rejoindre la forêt, ils découvrent un endroit coupé du monde où vit un homme étrange que tout le monde surnomme "l'Indien". Au même moment en région parisienne, deux jeunes amis entament une cavale sanglante après un braquage et mettent le cap plein sud pour se fair... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Août 1987, en Haute-Corrèze. le mois d'août, leurs parents ayant tous pris leurs congés en juillet, est, sans nul doute, la promesse de bons moments à venir. Entre partie de pêche, visionnage de films, virées à vélo, soirées à la belle étoile… La bande des yeux marron, comme ils se sont surnommés, ne va pas se quitter jusqu'à la rentrée au lycée. Pour fuir les parisiens trop envahissants et la piscine et le plan d'eau bondés, Johanna, Franck, Vincent et Christophe se retrouvent dans la forêt, près de leur arbre majestueux qu'ils ont découvert l'été précédent. C'est sur le chemin du retour, s'étant un peu perdus, qu'ils découvrent, depuis une colline boisée, un étang. Tout autour, des arbres et même, sur la droite, une sorte de petite plage coincée entre l'eau et quatre énormes rochers plats. Non loin, une cabane qu'ils savent habitée par l'Indien, que le village trouve étrange et parfois inquiétant. Pourtant, lorsque celui-ci les surprend en pleine baignade, il leur propose de venir ici aussi souvent qu'ils le veulent, à condition de ne parler à personne de cet endroit. Après avoir fait connaissance avec lui et bu un verre ensemble, le rendez-vous est pris pour le lendemain, à Calicoba Beach comme ils surnommeront ce lieu paisible, un peu paradisiaque, qui sera témoin de rires, de bonheur mais aussi de drames…
Loin d'ici, en région parisienne, un braquage tourne au drame lorsqu'un convoyeur de fonds est tué. Les deux braqueurs, Jacques et Antonio, n'ont qu'une hâte : fuir à tout prix...

Trente-trois ans plus tard, Christophe, le narrateur, revient sur les lieux de son adolescence, à Calicoba Beach, et se rappelle les événements tragiques qui ont terni cet été-là et qui ont, à tout jamais, bousculé et marqué les quatre amis. Quatre amis inséparables durant cet été lumineux et suffocant, durant ces jours d'insouciance, de légèreté et d'innocence, de bonheur partagé et de joie simple… jusqu'à ce que certains adultes viennent assombrir, de par leurs mots et leurs gestes, cette innocence. En parallèle, l'on suit la cavale de deux braqueurs qui, sous leurs airs de durs à cuire, se révèlent peu à peu, notamment Jacques dont la haine de son prochain cache un lourd secret. En attendant que leurs chemins à tous se croisent, l'on se délecte des moments passés avec Johanna, Franck, Christophe et Vincent. Leurs émois, leurs chagrins, leur amitié indéfectible, leurs éclats de rire et de colère, leur rencontre avec l'Indien… Sébastien Vidal dépeint tous ces instants suspendus avec une infinie tendresse et délicatesse et donne vie et âme à ces adolescents. Sa plume, tellurique, poétique, habitée, envolée, décrit à merveille les émotions et les émois, cette nature protectrice ainsi que l'ombre et la lumière qui cohabitent en chaque homme.
Un roman envoûtant, à la fois sombre et lumineux...
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Haute Corrèze, vacances d'été, 1987. Une bande de 4 jeunes de 15 et 16 ans, amis depuis l'enfance, passent leurs vacances à s'amuser, à rouler à vélo, à jouer aux cartes, bref la belle vie, le genre de vacances et de potes dont on a toujours rêvé.

Le soleil est au rendez-vous (chanceux !) et cette petite bande bien sympathique tombe sur un lac tranquille, dans la forêt, bref, LE spot dont tous les gamins auraient rêvé d'avoir pour passer leurs vacances d'été.

Ce roman avait tout pour me plaire. Même si j'avais un peu peur de comment l'auteur allait mettre en scène cette bande de gamins. le King est un champion dans le genre (ÇA) et je n'ai pas été déçue du travail de Sébastien Vidal !

Sa bande était réaliste, sympathique et j'ai pris un plaisir fou à me replonger dans les années 87, que je connais bien, puisque j'étais jeune aussi, à cette époque (plus jeune que les gamins du roman). Nos quatre ados vont faire une rencontre qui va être importante, dans leur vie… Ce sera un beau deal, de beaux échanges.

L'écriture est belle, poétique, brillante, sans pour autant que l'auteur en fasse des caisses ou surjoue avec les émotions, les émois et les emmerdes qui peuvent arriver, dans la vie d'ados, dont certains parents sont… des enfoirés de première !

Dans ce roman rural, il y aura une alternance de chapitres : la bande de jeunes et les deux braqueurs en cavale. On se doute qu'à un moment donné, les deux récits vont se télescoper et passé la moitié du récit, je croisais les doigts pour que les deux histoires restent en parallèle et que jamais elles ne se croisent…

Entre nous, on se serait bien passé du récit des deux braqueurs en cavale, qui sèment des morts sur leur passage et dont l'un des deux pète un câble, prenant plaisir à tuer. Si au début, leur cavale ne manquait pas de rythme, à la fin, elle a fini par me lasser et je n'attendais qu'une seule chose : que quelqu'un leur fasse la peau, flic, voyou ou simple quidam.

Pour moi, dans ce roman magnifique, l'histoire avec les ados se suffisait à elle-même, fallait pas aller chercher autre chose, car ces récits de cavale, ça a tiré le roman vers le bas et sans cela, c'était le coup de coeur.

Toute leur violence a fini par me lasser, par me débecter et le final, bien qu'inattendu, m'a tué, à cause d'un geste irréparable qui a été commis par l'auteur (au travers d'un des personnages), donnant lieu à une perte (non, pas celle d'un chien ou d'un chat)… Argh, là, il n'aurait pas dû… Nous ne saurons jamais ce qu'en a pensé l'instigatrice de ce bon plan, devant le chaos qui en a résulté.

Si je devais me positionner par rapport au récit des gamins, c'est un coup de coeur véritable, une tornade d'émotions. Pour le récit des braqueurs, à partir d'un moment, cela devient redondant, et j'ai bien eu envie de zapper leurs chapitres (ce que je n'ai pas fait, mais j'étais à ça).

Un très bon roman rural, noir, malgré les vacances, le soleil, les copains, un spot génial pour passer du bon temps… Des vacances qui les marqueront à jamais et qui signifiera la fin de l'insouciance, de l'innocente, de la belle vie.

Bien que nous soyons dans un village, loin de l'agitation des grandes villes, dans ces jolies maisons, il peut aussi se passer des horreurs et l'on n'imagine pas la facilité avec laquelle les crimes peuvent s'y commettre, en toute impunité, les voisins restant des témoins silencieux.

Un très bon roman qui parle du Mal qui rôde partout, parfois plus proche qu'on le pense et que les attaques peuvent venir d'une personne de confiance (et non pas d'un étranger)… Une très belle lecture, remplie d'émotions, belles et douloureuses. Une bande de copains qui va rester longtemps dans ma tête.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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J'appréhendais un peu de retrouver Sébastien Vidal après le coup de coeur que j'avais eu en début d'année dernière pour son précédent roman Ça restera comme une lumière, déjà paru aux éditions le mot et le reste. Derrière cette appréhension, il y avait l'espoir, l'envie, et je dois dire une certaine excitation à l'idée de me laisser embarquer par un roman qui serait peut-être au moins aussi bon que le précédent. Je n'ai pas été déçu.

Sous la chaleur de l'été de 1987, l'année où l'humanité dépasse les 5 milliards d'individus et où l'ONU publie pour la première fois un rapport qui aborde la question du développement durable, baptisé "Our Common Future", deux braqueurs amateurs sont en cavale après avoir tué l'un des convoyeurs. Alors que les forces de l'ordre sont à leur poursuite, ils s'enfoncent au coeur de la France pour essayer de disparaître tout en semant derrière eux les cadavres, dans une descente aux enfers que rien ne semble pouvoir arrêter. La presse les surnommera rapidement Les Tueurs au losange, référence aux véhicules qu'ils utilisent dans leur cavale.

En Corrèze, Vincent, Johanna, Franck et Christophe sont une bande de copains qui ont grandi ensemble et sont inséparables. Alors qu'ils explorent les forêts environnantes, ils arrivent sur le territoire de celui que le village appelle l'Indien et qui vit reclus dans sa cabane depuis des années. Alors que René s'avère beaucoup plus sympathique que la légende d'ermite qu'il s'est forgé et que son étang devient le point de rafraîchissement de la petite bande, les quatre adolescents vont être confrontés à des drames qui viendront sonner la fin de l'innocence. D'autant plus que les Tueurs au losange ont été aperçus non loin de là...

Quel plaisir que de retrouver la plume de Sébastien Vidal, quel bonheur que d'être littéralement happé par ce roman au point de repousser encore et encore le moment d'aller se coucher. Une fois encore, l'auteur vise juste avec ses personnages qui portent tous en eux l'ombre et la lumière, dans des proportions variables. J'ai retrouvé le même plaisir de lecture que lorsque je me plonge dans un David Joy, aussi je ne peux que vous inciter à réclamer ce titre à vos libraires pour vivre à votre tour cette formidable aventure.

📖 Où reposent nos ombres de Sébastien Vidal a paru le 20 octobre 2022 aux éditions le mot et le reste. 360 pages, 21€.

🔗 Service de presse adressé par l'éditeur.
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« Il y a en nous, un lieu où nous pleurons pour les autres. » Jim Harrison
« Comme l'a dit Victor Hugo, rien n'est plus puissant qu'une idée dont l'heure est venue. »
La Canopée littéraire !
« Ici, presque toujours, novembre arrive en octobre. »L'incipit donne le ton. La Haute Corrèze élève ses entrelacs, ses bruissements de feuilles, l'essence des pins, les crissements des pas dans les forêts automnales. On ressent d'emblée l'atmosphère de ce récit réussi et dont on ne lâche rien.
Dans ce livre, deux histoires résolument différentes, qui vont s'assembler subrepticement. Dans l'éveil et la capacité hors norme de Sébastien Vidal. C'est ici, le piédestal de ce récit.
La première, celle d'un groupe d'amis depuis leur plus tendre enfance, jeunes adolescents devenus dans cette Corrèze emblématique et magnétique, Johanna, Franck, Vincent et Christophe le narrateur. En plein été, celui de 1987 dans l'orée d'un changement de cap, celui du lycée. Il fait beau. Dans cette chaleur d'insouciance. L'heure est aux confidences, aux craintes des séparations proches. Ils profitent des langueurs estivales. Déambulent en pleine nature, font du vélo et savent l'heure de l'escompte hyperbolique du futur. On ressent les ferveurs d'une camaraderie liante et vénérable.
Un jour certain, dans un de leurs périples, ils s'égarent à la nuit tombée en gravissant une colline. Un lieu édénique s'élève en apogée. « L'eau qui somnolait reflétait la silhouette des arbres, et au milieu le bleu du ciel se confondait avec la couleur plus sombre des flots, donnant à l'ensemble un ton délicat et fragile, qui pouvait frémir à la moindre brise. Nous dévorions le site des yeux. »
Ils sont ici, dans cet espace vierge, un entre-monde où ils imaginent déjà un antre tenu secret, rien que pour eux. Mais ce lieu n'est pas inhabité. Ici, vit l'Indien, dans une cabane en bois à flanc de rocher. Un homme connu du village, comme marginal, solitaire, reclus à La Thoreau David. Il va leur proposer un marché. Venir se baigner autant de fois qu'ils le veulent au Puy perdu dans l'étang, à condition de ne rien dire aux autres. Comme un privilège, une invitation au silence, au secret et à la force intrinsèque d'un lieu magnétique et salvateur. Mais peut-être aussi L'Indien a t-il besoin de la jeunesse autour de lui, un moyen exutoire de compenser les douleurs de sa vie.
« Je tournais la tête vers les rochers plats pour effacer une larme récalcitrante et je le vis, l'Indien. Il était là, assis sur un des quatre monolithes couchés. Un naufragé. »
« La bande aux yeux marron » va se lier avec l'Indien. Apprendre de lui, de sa sagesse et de ses secrets, de sa maturité et de ses passions littéraires. On ressent un homme qui fédère ce récit. On l'aime et on désire connaître le son de sa voix, un peu à l'instar de Kakuro Ozu dans l'Élégance du hérisson.
Dans l'autre versant, deux amis et collègues vont braquer des convoyeurs de fonds. Adrénaline fois mille, un tsunami qui enfle. Crescendo, entre les meurtres et la fuite, ils se parlent, se devinent liés par l'irrévocable. On ressent un fragment sociétal, finement politique et engagé. Ils doutent, mais ne peuvent revenir dans le passé. Ils regrettent ce temps de labeur et de sueur et d'exploitation. Mais c'est trop tard pour « Les Tueurs au losange. » de fil en aiguille, ils arrivent en Corrèze. Que va-t-il se passer ?
Comment ces deux récits vont s'entrecroiser ?
Ce roman est la coexistence de l'ombre et de la lumière. Profondément humain, il a cette obsession cardinale d'élever la beauté des rencontres, les fiançailles des coeurs, les apprentissages de la vie et les initiations adolescentes. Les sonorités des gravités sont des chants d'oiseaux. Ce tissage fascinant est de haute voltige, tant il donne la parole aux cheminements intérieurs, au chaos fait homme aussi, parfois. Les liens sont des rais de lumière en pleine clairière. « Où reposent nos ombres » est une fresque sombre et merveilleuse. Publié par les majeures éditions le Mot et le Reste.
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Eté 1987, dans cette terre de futurs présidents de l'Hexagone, quatre adolescents unis depuis l'enfance, forment un groupe indestructible. Pourtant ils savent qu'à la rentrée prochaine, ils seront séparés par le lycée alors chaque journée se vit à fond : la pêche, les jeux, les discussions interminables et surtout les balades en dehors du village pour tenter d'apprivoiser cette nature qui s'offre à eux. Lors de l'une de celles-ci, ils découvrent un endroit paradisiaque seulement peuplé par un indien.
En région parisienne, deux petites frappes veulent passer à la vitesse supérieure et s'en prennent violemment à des convoyeurs de fonds, s'en suit une cavale en forme de road trip meurtrier.
Lumière et ombre se partagent ces deux récits mais ce serait vraiment trop simple de s'arrêter à ce seul constat…

87, j'avais à peu près l'âge des adolescents et c'est un régal de lire ce roman ponctué de références de cette époque : voitures, musiques, fringues, bouffes, livres, bref la totale et sans avoir regardé l'année de naissance de l'auteur, on ressent bien le vécu de l'écrivain. Un gros plus pour les gens de ma génération mais cela ne veut évidemment pas dire que les autres en sont exclus. Un véritable instantané de cette partie du XXème siècle. Plus citadin pour ma part que les quatre corréziens qui profitent véritablement de la campagne environnante pour se créer un cocon en dehors du temps, un écrin de verdure où veille l'Indien, un personnage à part, exilé en ce lieu, arrivé sur le tare dans cette commune où des ragots circulent sur lui, un taiseux malmené par la vie mais qui connaît les recettes d'un bonheur simple et sait vous faire chavirer. Un mec comme on a envie de croiser au moins une fois dans sa vie, de ceux qui vous ouvrent l'horizon sans esbroufe, il en a vu beaucoup mais il a su rester humble dans son coin aux allures de jardin d'Eden.

Cette nature, omni présente et décrite de manière magistrale par l'auteur, son chez lui qu'il doit arpenter de longs en larges. Chose rare, j'ai plusieurs fois posé le bouquin pour respirer cette campagne, me remémorant mes escapades trop courtes de traileur accroché à son Nord trop urbanisé. On en prend plein les yeux à la manière d'un Pete Fromm ou d'un Gabriel Tallent. Sébastien Vidal aime ces endroits c'est indubitable.

Jusqu'ici ce livre a des airs de feel good rural me direz-vous. Sauf que même au jardin d'Eden, il existe des pommes pourries dixit Eve. Nos ados ont au moins un point commun avec les deux malfrats : la violence, engendrée par la famille pour certains, créée par l'environnement pour d'autres, de celle qu'on tait car trop lourde et honteuse à exprimer. Alors on veut la fuir et rejeter un avenir déterminé, cette part d'ombre, insensible à toute lumière, qui vous ronge collé à votre bitume parisien ou qui défie l'innocence juvénile.
Malgré la découverte des premiers émois, l'insouciance se pare souvent d'un voile et il faut le recul d'un narrateur plus vieux d'une trentaine d'années pour évoquer la situation.

Monsieur Vidal, je vous ai maudit pendant 300 pages en me disant ce n'est pas possible, il ne va pas décrire une fin aussi prévisible, mettre tant d'intensité dans les descriptions, tant d'empathie envers cette jeunesse que la majorité d'entre nous a vécu, tant de poil à gratter avec ces voyous en rébellion envers cette société qui les a laissés sur le côté. Dans vos remerciements, vous exprimez d'ailleurs vos incertitudes et votre labeur pour arriver comme par « magie » à cette conclusion qui est tout sauf prévisible. Vous m'avez « chopé » et j'adore ça. Rien que pour cela et votre écriture, un grand merci.

Cerise sur le gâteau et sans en dire plus, je pense que vous vous êtes mis dans la peau d'un écrivain français, auteur de roman policier, disparu bien trop vite, au travers de Christophe, narrateur et un des quatre adolescents. Ecrivain qui est une référence pour moi

En conclusion, je souhaite remercier Virginie qui m'a permis cette magnifique découverte, Guini, tu as vu juste ;-) et vous dire que cet ouvrage fait partie de ceux qui me marquent durablement autant par le récit que par l'humain qu'il véhicule sous la houlette de son auteur, sensible jusqu'au point final.
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critiques presse (1)
Actualitte
21 décembre 2023
Tout dans ce roman, le vocabulaire, les caractères, les milieux respectifs, annoncent un dénouement violent inévitable que l’auteur, avec virtuosité, déclenche quasi à la dernière page pour surprendre tout un chacun : les bons ne sont pas que bons, les mauvais ne sont pas que mauvais.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
C'est une chose que j'avais remarquée très jeune. Quel que soit le sujet, il y avait toujours quelqu'un pour se prononcer avec un aplomb qui forçait le respect. Tous les mystères du monde trouvaient leur résolution dans le bourg. Nous avions une équipe de savants qui se cachaient sous des déguisements de paysan, de maçon, de boulanger, d'employé aux salaisons ou à la scierie, à la maison de retraite, même à la mairie ou la gendarmerie. C'était souvent un banal client de troquet qui détenait la solution, accoudé au comptoir en formica, il lisait dans le blanc limé ou interprétait la forme des glaçons qui flottaient dans son Ricard. On sous-estime trop le pouvoir de divination des piliers de bar, des beaufs en survêt, des mégères à bigoudis parfumées à l'eau bénite, ce sont des puits de science qui nous font l'honneur de nous instruire.
Notre village était comme tous les autres, il recelait sa poignée de prix Nobel en puissance, de beaux parleurs qui compensaient leur manque d'instruction ou d'intelligence – voire les deux – par une faconde et une conviction qui laissaient sans voix.
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J'avais l'impression de sentir battre le cœur du Puy perdu, je crois que nous le sentions tous. La quiétude, c'est le mot qui convient pour décrire ce moment détaché du monde. C'est à cet instant que je compris qu'il n'y avait pas que la géographie terrestre, qu'il existait aussi un territoire mental, bien plus étendu, peut-être infini. Et un autre territoire constitué de sentiments, ceux que nous vivions à ce moment-là ; ça, ça existait vraiment, mon cœur en battait d'une façon étrange, plus forte mais plus lente. Enfin, j'avais découvert, par extension, grâce à un formidable instant de clairvoyance, un territoire des souvenirs, qui vient à nous plus que nous allons à lui.
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Nous partagions beaucoup de choses de valeur, des secrets, des pans entiers de nos premières années, des rêves et des soucis, mais je me demande si ce que nous partagions de plus précieux n'était pas le silence. Être juste là, ensemble. Savoir que les autres sont à côté, qu'ils respirent le même air, sont effleurés par la même brise sous un soleil commun, et qu'ils sont justement à cet endroit parce qu'on s'y trouve, et ne rien dire de plus.
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Le ciel se consumait sur notre gauche, des chapelets de petits nuages se suivaient en une procession lente, le chant des oiseaux prenait de l'ampleur pour accompagner la chute du soleil. Les insectes bourdonnaient avec audace, des nuées de moucherons stationnaient à un mètre au-dessus du bitume et nous aimions les traverser en fermant les yeux et la bouche. Comme chaque soir d'été, le monde refluait dans sa tiédeur, la tonitruance se mettait en veilleuse pour nous laisser savourer les sons du crépuscule qui s'annonçait, ces bruits de rien qui donnaient à eux seuls l'envie de revivre une autre journée sur terre.
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Au bout du compte, nos souvenirs de gamins sont les choses les plus importantes que nous possédons – je n'ai pas dit « les plus belles ». Qu'ils soient heureux ou non, nous nous construisons avec, même si pour certains, cela s'apparente plus à un besoin de se construire sans.
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