Ne vous laissez pas berner par son petit 60 pages tout mouillé, ce membre de la fratrie "Court toujours" des éditions Nathan est du genre "percutant", c'est le moins qu'on puisse dire.
Quand Jessica se fait sauver la mise par Rosalie, alors qu'un homme trop entreprenant aux mains baladeuses l'importunait dans le metro, elle ne se doute pas de ce qu'elle vient de déclencher chez cette femme en apparence ordinaire: Un irrépressible et insensé besoin de la sauver...mais la sauver...de quoi?
Ce qu'on pourrait prendre pour un simple "Syndrome du sauveur", trouve des racines dans un état d'esprit plus complexe. S'il est indéniable que ce syndrome est bien là, parce que Rosalie éprouve ce besoin presque compulsif de "sauver" Jessica, qu'elle ne connait d'ailleurs pas, elle a en outre des comportements qui rentrent dans une forme de harcèlement. Et pourtant, ce n'est pas tout.
La manipulation est quelque chose d'insidieux. C'est ce qu'illustre Rosalie, qui tente de convertir Jessica à sa vision des choses. Dans son esprit, Jessica est en danger, elle a besoin d'être sauvée et à partir de ce moment, elle est prête aux manoeuvres les plus ridicules pour parvenir à retenir Jessica dans sa vie.
Besoin réel d'avoir une amie, désir inavoué de réparer ses torts face au décès dont elle est responsable, conséquence d'un esprit malade qui navigue dans une réalité alternative, forme grave de mythomanie? Difficile de savoir ce qui motive réellement Rosalie, mais une chose est sure, cette personne a besoin d'aide. C'est d'ailleurs un peu l'ironie de la fin: la sauveuse est en fait la personne en détresse. Et on l'aura lu, comment parvenir à discerner le vrai du faux avec une personne aussi habile avec le mensonge et qui croit fermement à ses propres mensonges? Néanmoins, il y a quand même une chose qui me turlupine après ma lecture: le nombre effarant de problèmes dans le cas de Rosalie. La dépendance affective, la recherche d'attention et une certaine tendance à la mythomanie ne sont pas à proprement parler des symptômes de "maladie mentale", mais la traduction d'un désordre émotif important, peut-être même un "Trouble de personnalité" quelconque. En ce sens, je trouve que c'était bien suffisant pour ce personnage. Mais on apprend, au final, que Rosalie vivait avec une forme de maladie mentale avant même le drame qui l'a fait sombrer. Ce qui explique qu'elle croit à ses propres mensonges ( surtout sa relation fictive avec Armand) et opère une forme de dissociation avec la réalité. Je trouve que c'est de surenchérir sur un état déjà problématique et ce qui est un peu navrant parce que ça donne l'impression que tout son délire est basé strictement sur cette maladie et fait perdre l'impact du drame qui a joué sur sa vie. Autrement dit: drame ou non, Rosalie est "aliénée". Je pense que ç'aurait été intéressant de rester au simple désordre relationnel et émotionnel ( ou le trouble de la personnalité que lui soupçonne) sans en plus y mêler la maladie mentale. Ça fait beaucoup.
Admirez aussi le jeu de mot du titre: 'héroïne" dans , le sens "sauveuse", "Héroïne" dans le sens "drogue" associé au mot "dépendance". Parce que la dépendance affective ( ou à tout le moins "relationnelle")est aussi au coeur du problème, je pense. Rosalie avait "besoin" de Jessica. À tout prix.
Un récit à deux voix addictif sur la santé mentale, les relations malsaines et la détresse psychologique qui fini en crescendo, qui vous laissera certainement un petit frisson désagréable dans le dos.
Pour un lectorat Jeune Adulte, 17 ans+.
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Après être venue en aide à une jeune femme harcelée dans les transports en commun Jessica est malgré elle maintenue dans une relation avec elle qu'elle attribue à l'aide qu'elle croit lui apporter.
On assiste peu à peu à la manipulation glaçante avec laquelle l'esprit malade de Rosalie met en place un piège pour éloigner Jessica de son environnement.
La professeuse documentaliste de cdicollegeguisthau
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Après être venue en aide à une jeune femme harcelée dans les transports en commun Jessica est malgré elle maintenue dans une relation avec elle qu'elle attribue à l'aide qu'elle croit lui apporter.
On assiste peu à peu à la manipulation glaçante avec laquelle l'esprit malade de Rosalie met en place un piège pour éloigner Jessica de son environnement.
La professeuse documentaliste
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Nouvelle intéressante, le sujet du harcèlement est plutôt bien traité avec des scènes quelque fois malaisantes mais qui ont pour but de marquer le sujet. A lire ou a conseiller pour les ados.
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