Tanguy Viel veut nous écrire un roman américain, un roman qui comprendrait tous les clichés habituels du genre : le héros fatigué et alcoolique, la vieille Dodge encore vaillante, la serveuse de bar aguichante, les soirées barbecue et – clé de tous les rouages du « roman américain » – les infidélités d'un couple installé dans la cinquantaine.
Oui, mais à trop dévoiler ses intentions, à nous prévenir toutes les deux pages que, là, il ne sait pas s'il va nous en raconter plus sur l'un des personnages ou s'il va nous offrir un nouveau cliché à picorer comme du pop-corn, il tue son propre roman. Comment nous intéresser à un livre dont il démonte en permanence la mécanique ? Quand il a soulevé trente ou quarante fois le capot de sa belle oeuvre pour nous montrer comment il en a trafiqué le moteur, on craque.
Alors les mésaventures de Dwayne Koster n'ont plus aucun intérêt pour nous. Dommage, car il y a, par instant, une écriture qui ne demanderait pas mieux que de s'installer dans sa beauté et son originalité.