« Aucun train de mesures n’est mis en place pour contrecarrer les traditions et réaliser au plus vite l’égalité désormais admise en principe. Au contraire, chaque avancée doit être arrachée sur les bancs du Parlement, après avoir été longuement contestée dans la presse, souvent aux mains des mêmes élites masculines réfractaires au moindre recul de leur pouvoir. Mais c’est aussi que, plus largement, les hommes bousculés par l’intrusion des femmes dans ‘leurs’ domaines ont développé une multitude de stratégies à la fois très concrètes et très symboliques pour maintenir l’entre-soi masculin. Stratégies au sein desquelles la question du langage occupe une place de choix. » (p. 82 & 83)
"Women rights are human rights", que la France traduit virilement par "Les droits des femmes sont des droits de l'homme".
On veut bien que "l'homme préhistorique" ait une femme, comme le montrent tant d'illustrations pour enfants ou adultes depuis deux siècles, mais pas qu'il soit une femme.
On voit que les dictionnaires ne servent pas seulement à définir, à indiquer l'orthographe et à préciser des emplois grammaticaux. Leurs auteurs s'occupent aussi de donner des idées.
On sait [...] que l'Université de Paris s'est d'emblée organisée pour que seuls les hommes chrétiens en tirent avantage : l'accès aux diplômes fut fermé aux femmes et aux juifs, et donc également l'accès aux métiers supérieurs qui se virent ainsi verrouillés. (27-28)
Le français a [...], d'un côté, valorisé les hommes avec le mot homme, et, de l'autre, rabaissé les femmes avec le mot femme. (20)
Les hommes bousculés par l'intrusion des femmes dans "leurs" domaines ont développé une multitude de stratégies à la fois très concrètes et très symboliques pour maintenir l'entre-soi masculin.
En s'appropriant le terme homo, les hommes en ont expulsé les femmes, conservant pour eux seuls l'ensemble de ses connotations. Les femmes, elles, sont des sous-hommes (des "mâles imparfaits", disait Aristote), des créatures au service des hommes, voire des biens meubles, même si elles ont la capacité des les faire tourner en bourrique (en contexte comique ou satirique) ou, pire, de les "perdre" (en contexte religieux).
« Attachement que tant que Français·es ont l’air de partager, de même qu’elles et ils continuent de ne pas s’offusquer de l’usage du mot homme lorsqu’il question de l’espèce humaine. » (p. 14)
« L’Université de Paris s’est d’emblée organisée pour que seuls les hommes chrétiens en tirent avantage : l’accès aux diplômes fut fermé aux femmes et aux juifs, et de là également l’accès aux métiers supérieurs qui se virent ainsi verrouillés. » (p. 27 & 28)