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Citations sur L'Académie contre la langue française (8)

Au vrai, le ridicule est une notion très subjective, qui dépend du degré d’acceptation ou de condamnation de la société – ou des autorités qui s’expriment en son nom. Les mots jugés risibles par l’Académie sont bel et bien employés dans d’autres pays francophones, ou l’ont été en France à d’autres époques. Et il est aisé de voir pourquoi elle voudrait qu’on en rie : ils désignent des positions de pouvoir dans lesquelles les femmes doivent continuer à se sentir illégitimes, ce que la Compagnie se garde bien d’expliciter. En se contentant de les frapper de ridicule et en s’en moquant lourdement, elle fait sentir aux femmes qu’elles risquent des moqueries si elles les utilisent ; et elle fait savoir aux hommes qu’ils peuvent se moquer de celles qui en usent.
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«À la différence du genre non marqué, le genre marqué, appliqué aux êtres animés, institue entre les sexes une ségrégation», stipule l’Académie. Traduisons : les êtres désignés par des noms féminins sont dévalorisés. Ce serait donc le cas de l’immense majorité des femmes : actrices, boulangères, commerçantes, institutrices, paysannes… dont les académiciens n’ont que faire. Ce sont les autres qui les dérangent : celles qui bousculent l’ordre traditionnel en parvenant aux postes prestigieux qui étaient autrefois le monopole des hommes. Pour elles, ils préconisent une véritable anomalie : à poste prestigieux, port obligatoire du nom masculin ! «On devrait recommander que, dans tous les cas non consacrés par l’usage, les termes du genre dit féminin – en français, genre discriminatoire au premier chef – soient évités ; et que, chaque fois que le choix reste ouvert, on préfère pour les dénominations professionnelles le genre non marqué.»
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L’Académie, cependant, n’a jamais constitué, pour ses membres comme pour les hommes qui aspiraient à y entrer, qu’un levier permettant de s’élever au-dessus du commun des auteurs : un outil de distinction sociale et intellectuelle. Avec la complicité du pouvoir, évidemment, qui aurait fermé la boutique depuis longtemps si elle n’avait servi de miroir aux alouettes aux lettrés en mal de légitimation (et de moyen commode pour remercier des fidèles ou caser des parents). Quant aux véritables linguistes, longtemps considérés comme des empêcheurs de légiférer en rond, ils ont été soigneusement écartés de la Compagnie.
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Tous ces exemples montrent à quel point, même si elle a reçu des renforts d’électrons livres parfois plus virulents et excessifs qu’elle, l’Académie française a travaillé à faire du masculin le genre grammatical devant lequel l’autre devait soit montrer sa soumission, soit disparaître purement et simplement. Elle a donc activement secondé, sur le terrain linguistique, l’entreprise menée sur le terrain philosophique et scientifique pour faire de « l’homme » (au singulier) le représentant de l’espèce humaine.
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Le présent ouvrage retrace pour partie l’histoire de cette guerre picrocholine, qui n’est d’ailleurs pas tout à fait terminée, en incitant les lecteurs et lectrices à prendre du recul pour en comprendre les origines lointaines. Il donne à voir l’énergie, la violence, la mauvaise foi et le sexisme qui ont été mis au service de ce combat. Il donne à voir, surtout, l’incompétence d’une institution qui se proclame « gardienne » de la langue française, mais dont aucun membre ne maîtrise le b-a, ba de la linguistique, et qui ne réalise même plus elle-même l’inutile Dictionnaire de l’Académie qui est officiellement sa raison d’être.
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En réalité, la lutte pour une langue exprimant l’égale légitimité des femmes et des hommes à exercer tous les métiers est, depuis les années 1980, l’un des signes les plus patents d’une meilleure compréhension des mécanismes de la domination
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L'absence totale de femmes dans l'Académie française jusqu'en 1980 a longtemps paru l'une des marques les plus patentes de son conservatisme. Et la modération avez laquelle elle en accueille depuis montre que l'égalité des sexes n'est toujours pas à son programme. La volonté de rester entre hommes ou de limiter les dégâts pourrait bien, cependant, n'être que l'arbre qui cache la forêt: "donner des règles sûres à la langue française" a pour beaucoup consisté à la masculiniser.
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L’idée qu’ils pourraient jouer un autre rôle que celui du Père Fouettard ou du vieillard dépassé par les évènements ne leur traverse apparemment jamais l’esprit.
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