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Critique de CoquelicoteAzimutee


Je continue à acheter une bonne partie des parutions para-austeniennes de Milady, même si plusieurs ont été décevantes voire carrément insoutenables (Cher Mr Darcy n'était pas extraordinaire et je n'ai pas du tout aimé les Elizabeth Aston). Il y a quelques temps j'avais donc acheté les deux romans de Laura Viera Rigler, Confessions d'une fan de Jane Austen et Tribulations d'une fan de Jane Austen. J'ai hésité par lequel commencer, et finalement je me suis décidé pour celui où une jeune femme du XXIème siècle est transportée dans le corps d'une femme vivant au XIXè.

Courtney se réveille un matin dans un lit qui n'est pas le sien, à une époque qui n'est pas la sienne, et même dans un corps qui ne ressemble pas au sien. D'abord persuadée qu'elle rêve, elle va bientôt se rendre compte qu'il n'en est rien et qu'elle vit à présent la vie d'une certaine Jane Mansfield, en 1813. Les deux jeunes femmes semblent avoir en commun leurs problèmes avec les hommes : Frank et Wes pour Courtney, Mr Edgeworth et James pour Jane. Existe-t-il un moyen pour Courtney de retrouver son XXIème siècle ?

Le roman commence alors que Courtney se réveille dans le corps de Jane. On ne la voit pas dans notre présent autrement qu'à travers certains souvenirs qu'elle nous raconte, à commencer par la trahison de son fiancé Frank qui l'a trompée avec la femme chargée de faire leur gâteau de mariage, trahison doublée par le silence que Wes, le meilleur ami de Courtney, a gardé pour couvrir Frank. le fait que sa vie normale ne soit pas au beau fixe n'empêche par Courtney de sérieusement baliser à son réveil dans le corps d'une autre. On lui parle d'une « chute à cheval » qui l'a fait dormir plusieurs jours, et pour s'assurer du retour de sa bonne santé, un « médecin » crasseux au possible ne trouve pas mieux que de lui faire une petite saignée, à laquelle elle doit consentir sous peine d'être envoyée à l'asile par Mrs Mansfield, plus démon que mère. Ça commence donc très fort... Et généralement, ça m'a bien fait rire. Il y a des passages assez triviaux, car Courtney s'aperçoit avec une certaine horreur que Jane Austen, dont elle ne cesse de relire les romans, a tu de nombreuses choses sur son époque : le manque d'hygiène, l'exploitation des domestiques, l'inconfort des vêtements... Auxquels il faut ajouter les joyeusetés sociales de rigueur, et notamment le statut de vieille fille pour une femme de trente ans non célibataire et son état quasiment sous tutelle. La messe dominicale est une épreuve toute particulière : impossible de bouger (et donc d'examiner les autres paroissiens), sermon abrutissant et moralisateur, et surtout auditoire qui se lâche allègrement. Vive les odeurs. Je le confesse de nouveau, j'ai ri plusieurs fois de bon coeur devant les comparaisons que fait Courtney (par exemple, elle comprend mieux pourquoi Mary Crawford est horrifée qu'Edmund Bertram veuille entrer dans l'Église !).

Les références aux romans de Jane Austen sont très nombreuses, on voit que l'auteure connaît le canon par coeur, et elle ne se prive pas de se faire plaisir et de nous faire rire en tordant le cou aux convenances et en faisant agir son héroïne de façon pour le moins étonnante parfois ! C'est une lecture faite pour nous détendre et qui ne prétend pas écrire du Jane Austen. C'est écrit pour ses fans, ce qui est tout différent. de ce point de vue, je trouve que c'est plutôt réussi, car on peut se retrouver dans certaines pensées ou mésaventures de Courtney, et les réflexions sur nos limites en tant que fan, quoique seulement effleurées, sont intéressantes.

Personnellement, je ne me suis pas vraiment attachée à Courtney mais je l'ai bien aimée, ce n'est pas une héroïne insupportable. Les autres personnages m'ont laissée assez indifférente en revanche, exception faite de Mr Mansfield. Je regrette de ne pas l'avoir vu davantage. Son passe-temps très particulier me l'a rendu immédiatement sympathique (et un peu comme pour Mr Bennet, on le plaint d'avoir une telle femme et donc on l'apprécie). Quant aux divers mâles de l'histoire, je n'ai pas été plus embarquée que ça. Un peu indifférente. J'ai rapidement vu où l'auteure voulait en venir, mais je dois dire que la fin, si je l'ai bien comprise, tout en étant conforme à mon idée, est surprenante dans le tour qu'elle prend. Il faudra que je papote avec des copines qui l'ont lu parce que je ne suis pas sûre d'avoir saisi ce qu'il faut !

Ce livre est le pendant de Tribulations d'une fan de Jane Austen, où l'on suit Jane dans le corps de Courtney. Je suis curieuse de le lire pour terminer de remettre l'histoire en ordre, parce qu'il manque quelques bouts. L'auteure a joué finement son coup en ne donnant pas toutes les réponses et en nous intriguant suffisamment sur le personnage de Jane pour qu'on veuille avoir sa version des choses. Confessions étant raconté par Courtney à la première personne, j'imagine que Tribulations en fera de même avec Jane.

Ça n'a rien d'extraordinaire, il faut se l'avouer. Les explications sont plutôt faciles, les péripéties aussi, mais ça se lit facilement, ça ne m'a pas ennuyée, et ça change des dernières austeneries que j'ai lues. Certains passages m'ont moins plu (notamment celui à Londres). Je pense lire Tribulations bientôt, en espérant y trouver la même détente, mais sans grandes attentes. Je pense qu'ensuite je repartirai sur une austenerie plus proche des romans originaux, maintenant que j'ai vraiment lu toutes les oeuvres de fiction de Jane Austen.
Lien : http://sans-grand-interet.co..
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