Jours sans faim

Premier roman de Delphine de Vigan, cette oeuvre est une claque - sans doute, mon expérience de l'anorexie y est pour quelque chose. Déjà, l'auteur nous emporte par un style unique, sans chichi ni misérabilisme. Elle dit les choses, elle les analyse, presque avec froideur, sans fierté, sans pitié, sans juger : ceux dont elle a cotoyé le quotidien méritent mieux.



Elle montre le corps dans ce qu'il a de plus nu, de plus intime. Pourquoi, un jour, décide-t-on de ne plus se nourrir ? Si Laure, peu à peu, trouve une réponse à son interrogation, à ses colères, elle sait que tous n'y parviendront pas, et s'ils y parviennent, ils ne le diront sans doute pas à leurs proches. Ce qui sauve Laure, à mon avis ? Sa colère. Tant qu'elle est en colère, elle est vivante, paradoxalement. Même si elle a cherché à épuiser son corps par tous les moyens(quelle justesse dans ses descriptions), si elle se rappelle ce qui l'a mené à cet état, même si elle se rebelle, l'étincelle de vie n'a pas quitté Laure. Ses fugues, au lieu d'être des tentations de rechuter, sont l'expression de son désir de reprendre sa vie en mains (ne nous leurrons pas : la guérison est très lente, même quand le corps semble être guéri, la tentation et la douleur restent longtemps présentes).
Bien sûr, après la lecture de Rien ne s'oppose à la nuit, certaines pages prennent une autre résonnance. Déjà, elle évoque la "folie" de sa mère, leur difficulté à vivre, son sentiment de culpabilité pour avoir "abandonné" sa petite soeur. J'aimerai parler de "jeu subtil de dévoilement" puisque Delphine de Vigan s'est doublement mise à distance en utilisant un narrateur à la troisième personne et en optant pour un pseudonyme, mais ces termes sont trop littéraires par rapport à la force de ce récit.
N'hésitez pas : lisez-le.
Lien : http://le.blog.de.sharon.ove..

Un sujet difficile écrit de façon poignante, une maladie psychologique encore souvent incomprise par l'entourage. La rencontre avec le bon médecin qui permet une prise en charge efficace. La vie à l'hôpital, dans un service où se rencontrent diverses pathologies. Les amitiés si fortes, jusqu'à ce qu'on passe la porte pour retourner chez soi. Et l'après ...
Un récit fin et délicat.
Merci

Laure, 19 ans, est hospitalisée pour une longue durée. Elle souffre d'anorexie. Elle nous raconte sa souffrance, sa difficulté à avaler le moindre aliment, ses journées passées à l'hôpital. le docteur Brunel est là, il la soutient, la comprend et surtout ne la juge pas.
Delphine de Vigan nous raconte son histoire avec une extrême sincérité. le thème de l'anorexie est un sujet difficile tant le commun des mortels ne la considère pas comme une véritable maladie. L'auteur fait comprendre à ses lecteurs ce que vivent au quotidien les personnes atteintes de cette maladie. C'est un très beau récit où le lecteur ne pas rester indifférent.

J'ai lu ce roman plus ou moins autobiographique je pense pour tenter de mieux comprendre l'anorexie, sujet douloureux pour moi. Y suis-je parvenue ? Partiellement mais pas complètement tant cette maladie psychologique aux conséquences physiologiques est complexe.
Nous suivons Laure hospitalisée à l'âge de 19 ans dans un hôpital parisien. Petit bémol, la relation idyllique avec son médecin. Certes il l'a sauvée mais leur relation manque singulièrement de distance. En revanche, ce témoignage positif tout en pudeur, ne s'attarde pas trop sur les conséquences physiques ce qui pourrait être malsain d'autant que Laure avoue éprouver un sentiment de jouissance et de puissance en lisant la peur, l'effroi dans le regard des autres devant sa maigreur, ce qui paraît difficile à comprendre. Elle finit par réaliser que cette euphorie de la maîtrise et du contrôle l'entraîne en fait à sa perte, à sa destruction et qu'elle finit par ne plus rien contrôler. Elle doit accepter de manger, " se battre contre soi pour comprendre un jour qu'on se bat pour soi". Elle doit parvenir à lâcher cette maladie qui n'est pas son identité. Ainsi "on l'aimera pour ce qu'elle est et non parce qu'elle inspire la peur ou la compassion". Elle se bat, remporte une première victoire à la suite de cette hospitalisation mais bien sûr, on devine que si elle a échappé à la mort, elle n'est pas encore guérie et qu'elle devra affronter ses démons et retrouver peu à peu le goût de vivre.

Je voulais le lire depuis un moment, après avoir adoré “Les heures souterraines” et depuis le choc de “Rien ne s'oppose à la nuit” de cet auteur qui me touche énormément.
C'est l'histoire d'un combat, une jeune fille qui se bat contre une ennemie terrible: l'anorexie. Elle raconte son hospitalisation après une longue descente aux enfers, et puis les pas de fourmi vers la guérison, si on peut évoquer un tel mot dans ce cas-là.

Un livre bref, mais intense, réaliste, poignant et tellement vrai. On ne peut pas décrire ni écrire cela sans en être passée par-là, sans y avoir laissé et puisé toute sa force. La preuve qu'on peut y arriver.
C'est un thème que je connais bien, et qui tient aussi une place très importante dans ma vie de lectrice.

Pour moi, sans doute le meilleur des romans que j'ai pu lire sur le sujet.

J'ai lu ce livre tout de suite après "Rien ne s'oppose à la nuit" dans lequel Delphine de Vigan parle avant tout de sa mère, bipolaire, et donc très peu de la période où elle a elle-même souffert d'anorexie. Cette période, elle en avait déjà parlé dans ce court roman "Jours sans faim", qui est aussi son premier roman publié. Elle a choisi d'en parler à la 3eme personne, choisissant le personnage de Laure pour raconter avant tout comment elle a pu, une fois hospitalisée, remonter la pente vertigineuse qu'elle avait dévalée et retrouver (enfin presque, je ne veux rien dévoiler) le poids requis pour être autorisée à quitter l'hôpital et rentrer chez elle. le ton est sobre, presque clinique, mais non dénué d'humour. Même si ce roman n'a pas la force de "Rien ne s'oppose à la nuit" il reste un témoignage fort sur cette terrible maladie.

Pour ceux que l'anorexie interpelle, je signale le livre de Barbara Leblanc "Anorexie, 10 ans de chaos" qui est sans doute un témoignage plus précis et aussi plus large sur ce que vivent et ressentent les anorexiques, ainsi que quelques pistes (forcément subjectives) sur les causes de la maladie et une réflexion sur les 2 grandes théories qui s'affrontent en matière de traitement : isoler l'anorexique de sa famille ou, au contraire intégrer la famille dans le processus de soin. La première méthode a très longtemps prévalu en France et la seconde, qui a la faveur de l'auteur, est peu à peu en train de montrer son efficacité.

Un autre ouvrage abordant ce thème (en dehors du livre pionnier de Valérie Valère, "Le pavillon des fous") est "Légère comme un papillon" de Michela Marzano dans lequel l'anorexie n'est qu'un aspect, finalement assez secondaire, de ce que l'auteur nous raconte de sa vie. Mais ce livre volontairement décousu et impressionniste, (surtout au regard du livre très "carré" de Barbara Leblanc) contient lui aussi des indications pour tenter de mieux comprendre cette maladie.

Encore un très beau roman de Delphine de Vigan. L'univers reste lourd, voire noir mais il est toujours question que la vie l'emporte sur la mort, sur l'auto-destruction. Certes, ce n'est pas le dernier livre paru; la chronologie de nos lectures n'est pas toujours celle de l'écriture et des parutions. Tant mieux. Ayant commencé par "No et moi", superbe, étant passé par "Les heures souterraines", moins fort, je redeviens addict de ce style De Vigan, avec "Jours sans faim".
Je vais me plonger dans le fameux "Rien ne s'oppose à la nuit".

Un bon petit roman qui est plutôt un récit.
Comment comprendre cette maladie (l'anorexie) ?
Ce petit livre aide à comprendre comment nous pouvons en venir à de telles extrémités ? et surtout nous démontre qu'avec de l'aide , un bon environnement et de la volonté nous pouvons nous en sortir

J'avais détesté Rien ne s'oppose à la nuit du même auteur, et j'espérai me réconcilier avec Delphine de Vigan à travers ce court livre ; c'est raté.
On suit Laure, anorexique. Laure veut s'effacer. Laure veut disparaitre.
Quand une main tendue apparait, celle d'un médecin, elle la saisit.
Mais est-ce aussi facile dans la réalité ?
On arpente avec elle les couloirs de l'hôpital où elle restera quelques mois.
Même si c'est un très court roman, j'ai trouvé qu'il trainait en longueur, des passages entiers pour ne rien dire et trop décalé de la réalité, trop déconnecté.
Ce livre confirme mon imperméabilité au style de l'auteur que je trouve trop lourd et indigeste. Pas pour moi, donc !

Je n'ai pas du tout apprécié ce témoignage.
Peu de temps après avoir commencé sa lecture, j'ai du abandonner... le médecin idéalisé et totalement impliqué dans la guérison de la malade m'a semblé tout à fait irréel...
Les premières lignes donnent le ton de cette implication médicale : "C'est à cause du froid qu'elle a accepté le rendez-vous. La première fois, quand il l'a appelée. Une voix inconnue, nasillarde, lui proposait de l'aide, un soir d'automne, un soir comme tous les autres : enchaîné au radiateur."
La prise en charge de cette maladie n'est pas aussi simple qu'elle apparaît dans ce roman. Je pense qu'il existe beaucoup de personnes qui vivent comme elles peuvent avec leur maladie et qui ne suscitent aucune inquiétude ou prise en charge de leur entourage, même médical, comme si leur état physique n'était le reflet que d'un caprice qui allait tôt ou tard disparaître...