Citations sur Nouvelles contemporaines : Regards sur le monde (21)
Au début, je demandais aux élèves de raconter leurs vacances. Je me souviens d'une réponse qui m'a fait regretter cette habitude. J'interroge une fille de cinqiuième, arrivée depuis deux ans en France. Elle répond : " En juillet, j'ai préparé mon cartable..." "Et après?" Elle baisse les yeux et murmure : "Après, j'ai attendu."
Quand vous avez avec les gens des entretiens bâclés à toute vitesse dans des salles bondées , vous empêchez toute discussion libre et franche.
P26-27
Dans les histoire que je raconte à ma fille , je vois bien qu'elle est à l'affût de ce qui se rapproche de sa vie , sans en gommer les difficultés et les épreuves. Au sein de ce royaume qui ne manque de rien , au bord du torrent majestueux , il y a souvent quelqu'un qui pleure. La seule règle qu'elle me donne , c'est de laisser une échappée , un espoir , un trait de lumière.
P27
« Pour connaître les goûts de Cindy Kpop, il fallait être son ami. Hélas, il n’était que son père. » (p. 82)
De quelle honte parle-t-il ? Celle de s’abaisser à recevoir ? La générosité est-elle le privilège des riches ? Qui a le droit de donner ? Je reste dans mon coin à me poser ces questions, frappé des leçons inattendues qu’offre le quotidien.
Deux jours plus tard, en écrivant ces mots aujourd’hui, c’est une autre dimension qui m’apparaît soudainement : le don n’est pas un geste du cœur, c’est l’affirmation d’une dignité.
Scène de comptoir - Timothée de Fontbelle
Dans ces deux ou trois heures d'un matin mouillé de septembre, toute la vie est déjà là: quitter les siens, en rencontrer d'autres, grandir, franchir des caps, faire des pas dans l'inconnu, créer tout seul du familier à partir de ce qui ne l'était pas, accepter la loi, se résoudre à ne pas tout choisir, partir seul... Oui, en vidant devant moi, comme un écolier sur le pupitre, cette trousse mystérieuse de la rentrée des classes, je réalise qu'on y retrouve en condensé toute l'aventure humaine. Il n'y a rien de jauni dans ces clichés de la rentrée, rien de nostalgique, il y a seulement le saut périlleux de l'existence.
"J'ai attendu", Timothée de Fombelle
L'été durait une vie entière. Je me souviens que lorsque je quittais la ville pour partir en grandes vacances, je laissais derrière moi toute notion du temps. L'année scolaire s'était refermée. L'été devenait une sorte d'archipel sans début et sans fin. Je ne planifiais rien. Il suffisait de s'écrouler le soir avec le soleil, et de repartir le matin, à l'aventure. (p. 28, Un peu de lenteur, Timothée de Fombelle)
Non, une maison heureuse, c'était une équation magique, une combinaison subtile et pourtant ordinaire qui composait avec la beauté des choses, l'humour, l'amour, la nostalgie des choses, un trait de désordre, la patine du temps qu'on ne voit pas passer. Comme chez les gens, dans un groupe un peu triste il suffit d'ajouter une personne et tout d'un coup il y a de l'énergie partout. Peut-être bien que chez les objets, c'était pareil. Qui sait.
"La fille du déménageur", Caroline Vermalle
Tu parles qu'ils s'en foutent, les trains, du temps qu'il fait. Ils partent, ils s'occupent pas du reste. Que t'aies la nausée, qu'il pleuve, que ta mère chiale sur le quai, ils partent, c'est tout. ("Le dernier tour" de Caroline Vermalle)
« Le don n’est pas un geste du cœur, c’est l’affirmation d’une dignité. » (p. 32)