Au XVIIIè siècle, les tentatives de jurisprudence différencient les violences sexuelles commises par les valets sur leurs maîtresses de celles commises par les maîtres sur leurs servantes.
Dans " La petite Roque", en 1887, Maupassant décrit le viol et le meurtre d'une enfant de 13 ans par le maire Renardet, "un gros et grand homme, rouge et lourd, fort comme un boeuf, et très aimé dans le pays bien que violent à l'excès".
Les situations dites de danger sur mineurs, relevés par les services départementaux pour les risques de violence, d'abus sexuel, ou de négligences lourdes, passent de 35.000 en 1992 à 65.000 en 1995.
Une phrase de la défense ( 1 ) vient bouleverser les atternoiements :
"Lorsqu'une femme dort paisiblement sous une tente et reçoit les agresseurs à coups de marteau ( 2 ), qui encore peut parler de consentement ?"
NDL : (1) : procès d'Aix, sur les violeurs de deux femmes touristes belges en camping dans le sud de la France, en 1974. ( Procès 1974-1978)
(2) il s'agit du marteau pour enfoncer les piquets de tente.
Le violeur devient, pour la première fois, un terrain d'études, un exemple permettant de mieux comprendre le viol.
La figure de Jacques Lantier, par exemple, avec sa longue hérédité de misère et d'alcool, ses "mâchoires trop fortes", ses cheveux trop drus, ses indices de désordre cachés sous "un visage rond et régulier", traversé par "l'instinct du rapt", comme par "la soif héréditaire du meurtre", est transformé en "bête humaine" par un Zola lecteur du médecin Cesare Lombroso.
En 1887, Cesare Lombroso donne, pour la première fois aux auteurs de viol, un nom : "les violateurs".
( pages 215-216)
L'histoire n'est plus à faire de cette anthropologie rapidement triomphante, avant d'être tout aussi rapidement critiquée.
(Page 217 )
NDL : cependant, la presse et la médecine ont eu le mérite de faire prendre conscience à la population de ce problème de société.
Révélatrice de ce changement est la réprobation unanime manifestée par les voisins contre l'accommodement financier accepté par la femme d'un comptable varois en 1871 :
"Nous lui avons dit qu'il n'était pas honorable pour elle de préférer de l'argent à l'honneur de sa fille."
Dans l'Ancien Régime, le viol en cas de guerre est cet acte systématique accompagnant jusqu'au symbole de la possession d'un territoire.
"J'affirme que les femmes sont victimes d'actes inqualifiables. Le fait nouveau est qu'elles ne l'acceptent plus."
(Cécile Goldet, sénatrice, Journal Officiel ; 1980 )
La jurisprudence des premières décennies du XIXè siècle révèle tout simplement l'assurance que la disproportion entre les organes sexuels d'un adulte et ceux d'un enfant rend impossible l'intromission du membre viril : la conviction, autrement dit, que le viol sur un enfant n'existe pas.
NDL : mais c'est horrible, c'est un recul de la justice par rapport aux siècles précédents !
Jeanne Haubillart, en 1698, est "sollicitée et violentée" par son père. Les preuves de la violence sont attestées au procès, les attendus de la sentence les confirment : la fille a été forcée "à commettre l'inceste". Le père est condamné à 9 ans de galères, mais Jeanne est également condamnée soumise à un bannissement de 5 ans, sans que la raison de cette peine soit clairement donnée.