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Georges Vigarello a été un de mes profs les plus marquants.
"Le propre et le sale" est une analyse historico-sociale de l'hygiène depuis le moyen âge.
Ce livre pose surtout la question de l'interruption de l'utilisation des bains-douches entre le XVè siècle et le XIXè siècle.
.
Georges Vigarello fait la démonstration suivante.
En fait, au moyen âge, il y avait les bains publiques. Les gens se lavaient dans de grands baquets, à plusieurs.
.

Puis la peste noire est arrivée au XIVè siècle. Venue d'Asie, elle a fait de terribles dégâts en Europe, tuant la moitié de la population, déjà affaiblie par la famine.
Beaucoup ont pensé que la peste se transmettait par l'eau qui, en ouvrant les pores, permettait à la maladie de passer.
Les gens n'utilisèrent donc plus l'eau... et, à la Cour, les fards surabondants remplacèrent les bains. Les gens noyés de parfums, cachaient leur odeur... pestilentielle !
.
Mais les médecins, qui ont "supprimé" l'eau, la remettent au goût du jour. Au XVIIIè siècle, puis surtout au XIXè, découvrent les bienfaits du thermalisme. Sous le Premier Empire déjà, la famille impériale a coutume d'aller prendre les eaux à Bourbonne, Aix ou encore Plombières. Elle donne le ton...
.
Un livre agréable à lire, bien écrit, et bien documenté.
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J'ai appréhendé pour la première fois les travaux de Georges Vigarello par le biais de conférences en ligne, comme ce fut également le cas pour Michel Pastoureau. Enthousiasmée par ses interventions, j'avais donc l'intention depuis un moment de lire un de ses essais. le propre et le sale, un des ses ouvrages emblématiques et devenu un classique depuis sa parution en 1987, paraissait tout indiqué pour commencer, d'autant qu'une édition augmentée de nombreux documents iconographiques a été publiée assez récemment, en 2013.

Ici, Georges Vigarello nous confronte avec, non seulement, l'évolution des pratiques d'hygiène corporelles du Moyen-âge à la fin du XIXème siècle, mais aussi avec l'évolution des représentations de la propreté, et donc de ses critères. Et le message passe clairement : la propreté, c'est avant tout une question d'imaginaire, y compris lorsqu'on pratique une approche scientifique du sujet et que l'on découvre, comme au XIXème siècle, microbes, bactéries et autres monstruosités invisibles.

Le style a parfois été qualifié de pompeux ; je ne suis pas franchement d'accord. On a là un ouvrage érudit, écrit par un historien qui s'exprime particulièrement bien, et c'est tant mieux, car ce n'est pas toujours le cas. Et on ne peut pas non plus reprocher à l'auteur de multiplier les références aux sources, essentielles. Certes, il n'est pas toujours très alléchant de lire à la suite plusieurs comptes-rendus d'inventaire post-mortem, avec le nombre de chemises que possédait le défunt. Mais on imagine mal Vigarello écrire : "Il existe des sources qui attestent de ceci ou cela, mais je n'entrerai pas dans le détail et je ne les citerai donc pas, pour ne pas ennuyer mon lectorat." Bien entendu, c'est pour cette méthode qu'opterait un... voyons, qui pourrais-je nommer ? Un Michel Onfray, disais-je, qui, lui, ne s'encombre pas de scrupules pourvu qu'il parvienne à séduire un très large public. Mais ce serait légèrement contraire à la démarche d'historien de Georges Vigarello (ah ben oui, c'est facile de taper sur Onfray, je sais bien)...

En revanche, le rythme est franchement lent. On comprend bien que Vigarello ait à coeur de bien faire comprendre ce qui différencie fondamentalement les représentations du propre et du sale à travers les siècles, mais il en devient répétitif. C'est le côté un peu pénible de son essai. C'est cependant compensé par un travail assez remarquable sur un sujet passionnant et qui m'a pourtant, je l'avoue, légèrement laissée sur ma faim. J'aurais aimé savoir comment on était passé d'une société romaine où la fréquentation des bains publics est normale, à une société médiévale où l'usage de l'eau est proscrit pour la pratique hygiénique corporelle. Il me semble que les épidémies de pestes et la réputation sulfureuse des étuves n'expliquent pas tout. D'ailleurs, c'est quelque chose de récurrent : si l'on suit très bien l'évolution des pratiques et des représentations de la propreté dans la société, on comprend parfois difficilement comment les glissements se sont opérés, car notre Georges Vigarello ne l'explique pas toujours.

Pour finir, j'ajouterai qu'un glossaire recensant des mots ou expressions comme "humeurs" ou "lois somptuaires" n'aurait pas été inutile. C'est un détail, mais qui pourrait faciliter la lecture de cet essai dont, je le répète, le sujet est passionnant et pour lequel un travail extrêmement intelligent et minutieux a été effectué.
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Personnellement j'ai adoré. J'aime les livres d'histoire, surtout celle de la vie quotidienne. Bon le résumé du livre tout le monde y a accès.

Quand je lis ces livres où franchement le confort est loin du nôtre. J'imagine Bach par exemple, ou un autre personnage qui a fait des choses extraordinnaires, avec des poux sur la tête et des chandelles pour y voir clair. Bach écrivait ainsi des merveilles.
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Un peu de déception, en ce qui me concerne , pour cet ouvrage de Vigarello.
J'attendais un livre très précis quant à l'évolution de nos us et coutumes en terme sanitaire. J'imaginais des anecdotes, un peu d'humour . . . Un peu le style de Beaucarnot lorsqu'il nous parle de nos ancêtres.
Rien de tout cela ici. Si le livre reste, certes, fort intéressant et très instructif, le style est extrêmement lourd, pompeux ( voire pompant). du coup, il semble assez indigeste et, bien qu' on ait envie d' en achever la lecture, celle-ci se révèle ardue et fort fastidieuse.
Pourtant, c'est amusant, ce me semble, d'en apprendre un peu plus sur nos pratiques ancestrales, se rendre compte que l'usage des douches date d'à peine un siècle, que l'avènement de cet usage se situe à l'armée . . Plein de détails instructifs malheureusement raconté dans un style qui handicape la qualité de l'ouvrage.
Dommage.
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Un livre très bien fait, accessible à tous, excellemment documenté et mené. Seul défaut de l'écriture de l'auteur, une tendance à revenir sur ses pas et donc à se répéter, mais c'est commun à de nombreux chercheurs. Une lecture enrichissante.

Pour un résumé studieux et une légère mise en perspective :

Georges Vigarello interroge et bouscule les conceptions communes sur la propreté des siècles passés, ou plutôt leur saleté. Il s'attaque ainsi à des préjugés répandus par les représentations erronées d'âges sombres comportant tous les vices, mais aussi selon ses propres dires, colportés par « une tradition historiographique [qui] tente depuis longtemps [d']assurer [l'erreur d'assimiler la pratique du bain et des étuves à une pratique de propreté, et de faire de sa disparition un recul de l'hygiène] ». Il entend donc corriger des fautes d'interprétation qui servent et sont servies par des a priori culturels profondément ancrés dans les mentalités.

En effet, tout son ouvrage est sous-tendu par l'idée que la propreté, quand bien même elle serait mise en oeuvre par des procédés différents de nos ablutions modernes, n'est pas absente de ces sociétés du Moyen Âge et De La Renaissance. Pour ce faire il étudie les pratiques de l'hygiène à la lumière de la conception du corps, dont les attributs de force et de malléabilité, de public et d'intimité, sont très variables selon les époques. Il étudie également les pratiques de l'hygiène en regard de la perception de l'eau, qui passe d'un terrain de jeux à celui du mélange des fluides et des humeurs, avant d'être celui de la purification, longtemps attribuée à l'air, et notamment à l'air chaud. Il étudie, en outre, l'aspect social de la propreté, qui n'est un terme que tardivement intégré au vocabulaire ordinaire.
Il s'attache ainsi à démontrer que la toilette et l'exigence de propreté se sont déplacés sur le terrain des sensibilités, passant progressivement d'une exigence visuelle et olfactive à un ressenti personnel de la peau ; il démontre combien les normes et les codes sociaux se sont intériorisés avec le temps.

Ainsi la « science de la culture » mise en oeuvre dans le propre et le sale tient de la prise en compte de tous les pans de l'époque permettant d'éclairer les pratiques de la propreté : c'est la culture au sens large telle que voulant définir une société entière, dans ses aspects les plus organiques comme les plus intimes, qui est ici utilisée comme outil d'interprétation. Les lois et règlements édictés ; les témoignages privés de voyageurs, nobles, moines, prédicateurs ; les restructurations architecturales urbaines ; les procès ; les publications de presse généraliste ou spécialisée sont autant d'éléments qui permettent à la culture de s'auto-éclairer, dans un retour sur elle-même.

SUR LES SOURCES

Les sources auxquelles Vigarello fait appel permettent une visualisation technique et concrète des mécanismes et habitudes passées. Parmi elles, on trouve des sources officielles. Mais on trouve en grande majorité des préceptes de santé et de bonnes moeurs, et, plus tard, des extraits de l'encyclopédie, des Hygiènes des familles et populaires (p. 210 par ex.).

Vigarello use également de l'histoire matérielle en étudiant les listes des « riches inventaires du Moyen Âge », et très fréquemment, des éléments d'architecture, d'aménagement urbain et de plomberie viennent renseigner son propos.

Les sources de l'auteur rendent cependant principalement compte des perceptions des élites, ce qu'il prend régulièrement la peine de rappeler. Ainsi, les témoignages privés sur lesquels il s'appuie sont souvent ceux de la noblesse ou a minima d'une population éduquée. de même, les sources issues de la culture artistique (peinture et littérature) éclairent les milieux dont ils sont issus, souvent nobles ou bourgeois. Il en va de même pour les anecdotes historiques. Cela ne signifie pas que l'angle de recherche adopté est vicié, mais le ressenti de la masse par rapport aux exigences de propreté est rendu par le biais des sources légales, ou organisationnelles d'une part, et par le spectre potentiellement déformant de la population « haute » d'autre part. L'étonnement d'une part de la population quant aux us d'un autre groupe social est tout aussi instructif sur les moeurs de l'époque.

Les sources les plus directes sur le ressenti populaire sont finalement la presse, et quelques témoignages d'enfance. La presse généraliste et spécialisée donne des éléments sur ce qui se faisait en venant proscrire et prescrire, en réaction aux usages. Les témoignages d'enfance, comme celui de Dürer (p. 40) donne une idée en l'occurrence, de la vermine qui pouvait accompagner la population partout.

SUR LA RELATIVITE CULTURELLE

Vigarello prend des précautions d'interprétation lorsque les sources sont trop peu nombreuses et peu fiables pour en tirer des conclusions, comme sur la question, fin XVIe, de la régularité du lavage du linge. Les conjectures sont présentées comme telles, les sources ne sont pas sur-interprétées.
Cela participe de son effort constant qui consiste à insister sur la relativité culturelle. S'il corrige notre vision de l'absence supposée de propreté médiévale, il prend soin de nous montrer, à l'opposé, les encouragements alarmistes des hygiénistes à tout récurer avec soin, qui ont conduit à nos habitudes d'hygiène d'aujourd'hui, où l'on lave tout à grande eau même sans saleté visible. Les préceptes d'hygiènes apparus alors ne sont pas stricto sensu nécessaires, mais le mal est fait, car l'imaginaire des populations s'est déjà peuplé de petits « monstres » : c'est cet imaginaire collectif que Vigarello pointe du doigt comme source, encore aujourd'hui, de nos pratiques de propreté, comme en témoigne aussi (c'est mon ajout, mais cette citation en rappelle d'autres de Vigarello) Pagnol :

« Il faut dire qu'à cette époque, les microbes étaient tout neufs, puisque le grand Pasteur venait à peine de les inventer, et [ma mère] les imaginait comme de très petits tigres, prêts à nous dévorer par l'intérieur. »

Ainsi Vigarello parvient-il à son objectif de retracer un « itinéraire » de l'histoire de la propreté, le long duquel s'accumulent des contraintes tandis qu'en disparaissent d'autres, et le long duquel, surtout, s'affinent progressivement les sensibilités, et la perception du corps, toujours trouble, qui est au coeur de cette étude.
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Bien documenté, cet ouvrage a selon moi, les défauts de ces qualités; On part d'une oeuvre littéraire, d'un portait, d'un fait historique pour tisser une broderie sans fin alors que les mêmes choses pourraient être dites en beaucoup moins de mots et dès lors, le tout serait plus percutant.
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Édifiant de voir comme nos propres meurs paraitront étranges à nos descendants ! Facile à lire, instructif sans être ennuyeux ou pompeux, c'est un très bon ouvrage d'ethnologie historique.
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Un livre d'historien qui se lit facilement grâce à une écriture fluide. Surtout, c'est son sujet qui interpelle : qu'est-ce qu'être propre ? Comment les pratiques de l'hygiène ont-elles évoluées ? On y découvre la crainte de l'eau au Moyen-Âge quand on pense qu'elle transmet les maladies, l'importance des poudres, des parfums ou du linge propre pour effacer les odeurs et la poussière. Cela nous fait réfléchir sur nos propres comportements !
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Le propre et le sale laisse supposer une vision large des perceptions que pouvaient avoir nos ancêtres, au moins sur une période, de ce qu'ils se représentaient comme propre ou sale, et de ce qui caractérisait pour eux chacun des états.
Le sous-titre précise « L'hygiène du corps depuis le moyen âge » Mais en fait ce que décrit G.Vigarello c'est seulement le rôle de l'eau dans l'hygiène du corps aux XVIème et XVIIème siècle puis au XVIIIème où celle-ci rentre en grâce.
Pour faire simple l'eau est d'abord perçue comme un danger, en ramollissant le corps et en dégageant les pores, elle laisse porte ouverte aux maladies. L'hygiène consiste donc à se nettoyer avec du linge et à cacher les odeurs avec les parfums. Pour illustrer ces faits l'auteur nous inflige d'interminables décomptes du nombre de chemises dans les inventaires de successions. Il eût été plus intéressant d'expliquer comment l'eau omniprésente dans l'hygiène des romains était exclue quelques siècles plus tard.
Si les bains publics existaient au moyen âge ils relevaient du divertissement voire de la gaudriole et de la prostitution. Cette première partie est assez pénible à digérer par sa redondance et le style lourd de l'auteur. Au XVIIIème l'eau revient en grâce pour ses vertus tonifiantes qui maintenant renforcent le corps et la circulation du sang. L'apparition des cabinets de toilette nous vaut encore un inventaire, celui des lieux d'hygiène dans les habitats. Parallèlement les parfums commencent à ne plus être en odeur de sainteté car enivrants et entêtants ils peuvent présenter un danger.
Ouvrage intéressant mais décevant sur sa forme et par un sujet traité de façon assez étroite.
Le plus passionnant aurait été de montrer que les moeurs sont influencées par la science de l'époque, que les comportements précédents sont balayés par les avancées scientifiques et que chaque siècle est victime de son scientisme.
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Je reconnais à Georges Vigarello le mérite d'avoir étudié, de manière rigoureuse et scientifique, un sujet aussi général et diffus que l'hygiène. Il s'est intéressé à l'intimité de nos ancêtres, ce qui me paraît de loin plus intéressant que les conflits de pouvoir. Autant dire que mes attentes étaient grandes.
Je n'ai pas été déçue, le sujet a été bien traité, j'ai beaucoup appris, mais j'avoue avoir parfois eu besoin de beaucoup de concentration pour suivre le langage relativement savant de l'auteur. Soit, ce n'est pas un roman, le fruit de la recherche scientifique se mérite.
A vrai dire, je m'intéresse particulièrement à l'histoire intime des humbles, des pauvres. J'imagine bien que les sources manquent pour aborder ces couches sociales-là, et, avant le XIXe siècle, rien n'a étanché ma curiosité. N'y aurait-il pas eu moyen de s'appuyer sur la culture populaire, les chansons, les récits, pour donner une idée du rapport du peuple avec l'eau ? A la campagne, vraiment, personne ne se baignait jamais dans les rivières, même en été ?
Mon autre petite déception concerne la définition du sujet. Ni le titre, ni la quatrième de couverture, ni même l'introduction ne circonscrivent l'objet d'étude. Au fil de la lecture, j'en ai conclu qu'on ne s'intéresserait qu'à l'Occident, et même pratiquement qu'à la France, et encore, surtout à Paris. Les pratiques hygiéniques devaient être bien différentes ailleurs : s'agissait-il d'éviter toute comparaison, de peur de heurter les Français ?
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