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Critique de jvermeer


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« Tu seras peintre mon enfant, ou jamais il n'en sera », dit à sa fille Elisabeth, le portraitiste Louis Vigée en se rendant compte de sa sensibilité artistique.

Née en 1755, Elisabeth Vigée le Brun, femme-peintre exceptionnelle est considérée comme une des plus grandes portraitistes du 18ème siècle.
À 23 ans seulement, son talent lui permet de devenir le peintre officiel de la reine de France Marie-Antoinette dont elle fait de nombreux portraits. En 1783, grâce à l'intervention de la reine, l'Académie royale de peinture la reçoit avec une peinture d'histoire, une allégorie, « La Paix ramenant l'Abondance » ce qui confirme son appartenance officielle à l'élite artistique française avec, le même jour, la réception d'une autre femme, Adélaïde Labille-Guiard.

Les vents mauvais de la révolution de 1789 vont obliger Elisabeth à s'exiler. Voyageant à travers toute l'Europe en plein bouleversement, de cour en cour, célèbre, elle ne va pas cesser de peindre les grands de cette époque. Revenue en France en 1802, elle continue à peindre jusqu'à son décès en 1842.

L'artiste a été témoin et actrice d'un monde qui a sombré à la révolution, puis d'un monde nouveau passant par l'Empire, la Restauration, et la monarchie de Louis-Philippe.
Le dernier portrait d'Elisabeth Vigée-Lebrun pourrait être ses « Souvenirs » écrits à 74 ans, durant les douze dernières années de sa vie, ultimes mémoires ou autobiographie. Elle sera publiée de son vivant. Nous retrouvons dans ses lignes la fraîcheur des coloris de sa palette et la grâce du regard qu'elle portait sur ses modèles.

En 2016 au Grand Palais à Paris, la première rétrospective en France de l'artiste se voulait un hommage à cette portraitiste virtuose.
Je montre quelques extraits de ses mémoires et cite des oeuvres dont les commentaires ont été écrits par l'artiste elle-même. Pour la plupart, celles-ci ont été peintes avant son arrivée à Rome âgée de 34 ans, à la toute fin de l'année 1789, en pleine révolution française.
Laissons la place aux souvenirs :

Je considère la toile « Autoportrait au chapeau de paille », de 1782, comme la plus lumineuse et la plus belle de l'artiste. Elle se raconte :
« Je trouvai chez un particulier le fameux « Chapeau de paille », chef-d'oeuvre de Rubens. Cet admirable tableau représente une femme de Rubens ; son grand effet réside dans les deux différentes lumières que donnent le simple jour et la lueur du soleil. Ce tableau me ravit et m'inspira au point que je fis mon portrait en cherchant le même effet. Je me peignis portant sur la tête un chapeau de paille, une plume, une guirlande de fleurs des champs, et tenant ma palette à la main. le portrait ajouta beaucoup à ma réputation. »

La même année, le superbe tableau de la « Duchesse de Polignac » est peint. La technique de l'ombre portée sur des visages aux regards voilés est fort ressemblante à son « Autoportrait au chapeau de paille » :
Durant la révolution, la duchesse de Polignac, confidente de la reine, était détestée. « Il n'est point de calomnie, point d'horreurs, que l'envie et la haine n'aient inventées contre la duchesse de Polignac. Ce monstre je l'ai connu : c'était la plus belle, la plus douce, la plus aimable femme qu'on pût voir. »

« Marie-Antoinette en chemise ou en gaulle », 1783 : « J'ai fait à diverses époques plusieurs portraits de la Reine. Un entre autres la représente coiffée d'un chapeau de paille et habillée d'une robe de mousseline blanche dont les manches sont plissées en travers, mais assez ajustées : Au salon, les méchants ne manquèrent pas de dire que la reine s'était fait peindre en chemise ; déjà la calomnie commençait à s'exercer sur elle.

L'un des plus beaux autoportraits d'Élisabeth : « L'artiste exécutant un portrait de la reine Marie-Antoinette », 1790 : « Aussitôt après mon arrivée à Rome, je fis mon portrait pour la galerie de Florence. Je me peignis la palette à la main, devant une toile sur laquelle je trace la reine avec du crayon blanc. » le tableau figure sur la couverture du livre.

Dans ses « Souvenirs », Elisabeth Vigée le Brun écrivit quelques beaux conseils pouvant être utiles aux femmes se destinant à la peinture du portrait :
« Les ombres doivent être vigoureuses et transparentes à la fois, c'est-à-dire point empâtées, mais d'un ton mûr, accompagné de touches fermes et sanguines dans les cavités, telles que l'orbite de l'oeil, l'enfoncement des narines, et dans les parties ombrées et internes de l'oreille, etc. Les couleurs des joues, si elles sont naturelles, doivent tenir de la pêche dans la partie fuyante, et de la rose dorée dans la saillante, et se perdre insensiblement, avec les lumières occasionnées par la saillie des os, où les lumières doivent toujours être. »

La magnifique portraitiste s'éteindra âgée de 87 ans :
« J'espère terminer doucement une vie errante mais calme, laborieuse mais honorable. »

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