Une île battue par les vents en Tasmanie. Un phare. Une famille. Ca fait rêver, non ?
Mais aussi les étendues de l'Antarctique. La banquise étincelante. Les manchots.
Ah ah ! On pourrait croire que ce roman décrit une vie idyllique. Détrompez-vous ! C'est la vie commune à tous, avec ses hauts et ses bas, ses peines d'amour et ses transports au 7e ciel, ses séparations, ses deuils, ses conflits entre frères et soeurs, ses incompréhensions entre mère et fille, ses silences entre père et fils, ses espoirs de réconciliation. Et la Nature, omniprésente. Vive, sauvage, difficile, coup de fouet.
Cela commence par un exil, volontaire, celui de Mary qui choisit de retourner là où elle a toujours vécu, dans l'île de Bruny. Elle est vieille, malade, et sait qu'elle n'en a plus pour longtemps. Jamais elle ne mourra dans une maison de retraite médicalisée, jamais, quitte à se fâcher avec sa fille ainée une bonne fois pour toutes. Retour aux sources, donc. Pèlerinage aux sources de son mariage.
Cela continue par un exil, encore, celui de Tom, le fils cadet, qui n'en finit pas de penser à l'Antarctique où il était parti en mission en tant que « mécanicien diéséliste » pendant 3 saisons et qui en était revenu brisé. Il faut savoir que quand on part là-bas, les couples se font et se défont à la vitesse de l'éclair...¬
La vie actuelle et les souvenirs des uns et des autres se télescopent, avec toujours l'espoir de vivre ou d'avoir vécu un amour digne de ce nom.
A vrai dire, je me sens un peu dubitative devant ce roman. J'ai aimé la nature, j'ai aimé le courage de cette vieille dame. J'ai moins aimé les descriptions des bienfaits et des affres de l'amour. Un peu trop sirupeux à mon goût. L'auteure aime tirer sur notre corde sensible, mais avec moi, peine perdue. Même la fin, inévitable, ne m'a fait verser aucune larme. Et puis, si elle s'appesantit sur les hésitations amoureuses, d'autres aspects sont franchement négligés.
Pourtant, elle écrit bien,
Karen Viggers, même si elle accorde un peu trop d'importance aux noms d'oiseaux (les oiseaux, oui, pas les insultes). J'ai eu l'impression d'être plongée malgré moi dans une encyclopédie de la faune australienne, section ornithologique.
Terminons par une note positive, un petit extrait d'Antarctique :
« La lenteur, c'est tellement agréable. On savoure les paysages, la vue de l'horizon. C'est pour ça qu'on est tellement accro. le plaisir de la contemplation Loin de toute cette agitation. Quand on y pense là-bas, la vie d'ici n'a pas de sens ».