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EAN : 9782352841777
251 pages
Editions du Jasmin (27/02/2018)
3.17/5   3 notes
Résumé :
Breton, Eluard, Aragon, Cocteau, Picasso, Chanel, Abel Gance, Anaïs Nin, Colette, Diego Rivera, Lacan, Desnos, Van Gogh, Sartre et Beauvoir, plus tard Jim Morrison et Patti Smith... Ces noms jalonnent la trajectoire d'Antonin Artaud, comète colérique qui a irrigué l'avant-garde artistique et littéraire de l'entre-deux-guerres et irrigue encore notre époque. Par-delà le cliché de l'aliéné, du mythe du poète fou auteur d'une oeuvre monumentale, cette biographie s'atta... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Évidemment la vie d'un être humain ne se résume pas, ne peut pas se résumer, à deux cent cinquante pages, fussent-elles génialement écrites et composées. Donc le biographe a choisi ici de développer des moments significatifs qui dessinent en chapitres courts et clairs, condensés de culture et d'histoire, le portrait d'un personnage qui n'a rien de court ni de tout-à-fait clair. Joliment mis en scène, souvent raconté comme un roman, on se rapproche quelquefois des personnages au point de vivre le moment présent, ou présenté par l'auteur, avec les différents protagonistes : passer une soirée avec les surréalistes au milieu des années 20, les années folles, peut-on l'être plus qu'ils ne l'ont été ? chahuter avec eux en plein cinéma, déambuler en taxi dans Paris avec Artaud ou suivre les étapes progressives de sa clochardisation ; subir son internement et ses électrochocs en même temps que lui ; attendre sur le quai de la gare de Rodez le train pour Paris ; partager la solitude de l'homme place du Châtelet pendant qu'on lui rend hommage au théâtre Sarah-Bernard, voilà ce qu'offre l'ouvrage avec, de temps à autres, des retraits, des prises de champs, des travellings arrières pour une réflexion plus abstraite, voire même un pivotement de la caméra jusque dans la tête du biographe qui en vient, se nommant lui-même "le biographe" et parlant de lui à la troisième personne, à nous faire partager ses doutes et ses hésitations sur l'histoire qu'il raconte.
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Difficile de commenter cet essai. Inutile de le résumer. Se référer à la biographie d'Artaud détaillée dans Wikipedia. Sinon lire ce livre comme un hommage à cet être torturé.
Antonin Artaud né à Marseille à la fin du 19ème siècle n'aura pas une vie très longue : il s'éteindra à l'âge de 52 ans. D'une enfance maladive mal soignée, il émerge accroc aux drogues de l'époque ce qui le conduira en psychiatrie et pourra aussi expliquer une vie de bohême.
L'important, c'est son héritage spirituel. Il adhérera au Surréalisme avec André Breton pour mieux s'en distinguer plus tard. Il renouvellera l'art théâtral. A la recherche d'un théâtre de vérité, débarrassé des illusions du décor, il travaille à libérer l'esprit de ses entraves et cristallise toutes ses idées nouvelles dans un essai : « le théâtre et son double » qui est encore aujourd'hui étudié. Il a vraiment une volonté d'en finir avec les faux décors et ce qui est sur scène doit servir et être vraiment utilisé par les comédiens. Il rêve d'un théâtre sans séparation, d'un théâtre intégral dont il sera à la fois le théoricien, le comédien, le poète et l'alchimiste. Au moment de l'Exposition coloniale qui s'est tenue à Paris, il est séduit par l'authenticité des danses balinaises. Il voit là un « théâtre vivant, total, débarrassé des mots et de la psychologie, qui attaque dans un même mouvement l'âme et le corps, qui entraîne le spectateur dans une forme d'extase mystique ». Plus tard, au Louvre, il découvre Les Filles de Loth, une oeuvre peinte par un primitif hollandais Lucas van Leyden. Il est le spectateur d'une scène « métaphysique », dont la puissance et l'efficacité lui rappellent celles des danses balinaises. de ses observations nait le «Théâtre de la Cruauté» dont la « vision a impulsé un puissant renouvellement de la pratique théâtrale au XXe siècle, inspirant des créateurs comme Peter Brook, Antoine Vitez, Dario Fo ou Carmelo Bene ».
Hors des clichés trop faciles du poète maudit, seul face à son art, Antonin Artaud a un puissant réseau d'amis qui lui procure le gite et le couvert et plus encore quand le besoin s'en fait sentir.
Il a également ses amies de coeur – à commencer par sa mère et sa soeur toujours assez présentes, et puis beaucoup d'autres dont la célèbre Anaïs Nin.
Il part à l'étranger au Mexique d'abord puis en Irlande. Au Mexique, il propose une pensée politique originale qui annonce, sous certains aspects, l'altermondialisme. J'ai aimé ce côté de sa personnalité si moderne. L'aventure irlandaise, me semble-t-il, s'est soldée par un échec. Il finit en H.P. Neuf années d'enfermement psychiatriques bourré d'électrochocs qui le fragilisent.
Si la partie que l'auteur a consacrée à son enfermement psychiatrique m'a fortement peinée, j'ai apprécié que Laurent Vignat ait bien détaillé la profonde influence que cet homme a eu sur le théâtre, notamment le théâtre américain.
L'écriture est très agréable, facile à lire et les citations sont nombreuses. Les nombreux ouvrages qui émaillent la bibliographie sélective en fin de recueil sont bien utiles pour continuer à creuser la vie de ce « visionnaire hurlant ».
Je remercie les éditions du Jasmin pour l'envoi de cet essai à la demande de Babelio. J'aurais aimé l'avoir en 1970 lors de ma préparation de licence de lettres modernes, mais Laurent Vignat venait juste de naître.
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Points positifs : l'objet (beau livre, format agréable, couverture chiadée), la somme de connaissances recueillie sur le sujet ô combien passionnant qu'est Artaud.
Points négatifs : les apostrophes récurrentes au lecteur m'ont profondément agacée. Je n'aime pas être prise à parti de cette façon, sans arrêt, je ne suis pas complice de cette autobiographie, j'attends juste des informations sur un auteur que j'aime. Bref, ce parti-pris facile et omniprésent a gâché ma lecture et j'en suis la première déçue.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Mais, au Mexique, il propose une pensée politique originale qui annonce, sous certains aspects, l’altermondialisme. Exprimée dans la conférence L’Homme contre le destin, donnée à l’université de Mexico, cette pensée rejette l’esprit européen à cause de son rationalisme qui se traduit par la séparation des sciences. Si sophistiquées, ces dernières ne communiquent plus entre elles et empêchent une vision synthétique de l’homme et de la nature : « Regarder la vie dans un microscope, c’est regarder un paysage par le petit bout de la réalité. » Cette approche analytique, héritée d’Aristote, de Descartes, de Kant, de Hegel et de Marx, conduit à une idolâtrie : on croit qu’on maîtrise le monde et les hommes en les séparant, en les disséquant ; on s’enivre d’une technicité prométhéenne qui donne l’illusion d’avoir vaincu l’imprévisibilité de la vie. Mathématisation des sociétés ; contrôle social des individus par la statistique ; financiarisation de l’économie ; standardisation des comportements ; acculturation des ethnies (aujourd’hui, au Chiapas, les Indiens boivent plus de Coca-Cola que d’eau) ; épuisement de la biodiversité : autant de symptômes de cette pensée rationaliste et séparatrice encore tristement à l’œuvre aujourd’hui. Artaud invite donc à un retour au dynamisme intrinsèque de la pensée humaine, qui est d’abord englobant.
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Arrivé six mois plus tôt, en janvier, il a d’abord connu une vie de conférencier à Mexico. Auréolé de son passé de surréaliste, il attire à lui tout l’intelligentsia mexicaine, fortement impliquée dans la révolution socialiste que met en place le président de la République, le général Cardenas. Il fait, entre autres, la connaissance du peintre Diego Rivera, connu pour ses murales, peintures de grandes dimensions vantant les idéaux révolutionnaires et défendant les paysans opprimés par les grands propriétaires. Toutefois, Antonin refroidit vite les enthousiasmes politiques de ses auditeurs par sa condamnation du marxisme. Importation européenne, le marxisme est une idéologie plaquée sur la culture indienne. Cette idéologie l’étouffe, comme l’a étouffé le catholicisme conquérant du XVIe siècle. Prônant une révolution matérialiste, « l’évangile de Karl Marx » cherche seulement à inverser les conditions économiques d’une société (collectivisme, planification…), sans se soucier de l’homme, sans se soucier du « monde intérieur de la pensée ». Ce rejet du marxisme, souvenons-nous en, avait été la principale cause de son exclusion du surréalisme en 1924. De ce point de vue, la position d’Artaud n’a pas bougé.
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"Là où d'autres proposent des oeuvres je ne prétends pas
autre chose que de montrer mon esprit.
La vie est de brûler les questions.
Je ne conçois pas d'oeuvre comme détachée de la vie."
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