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Critique de Laureneb


Un titre construit sur un contraste, une opposition, qui organise la vie et la fonction des soldats. La servitude d'abord, c'est la privation de liberté, la dépendance à une autorité supérieure. le soldat est donc un être privé de raison propre, qui obéit sans discuter, qu'il s'agisse de tuer ou d'être tué. Les personnages des différents récits sont donc de simples soldats ou de petits officiers, ils exécutent ce qu'on leur commande. Vigny emploie plusieurs fois l'expression : "obéissance passive" - titre d'ailleurs d'un très beau poème des Châtiments où Hugo oppose "les soldats de l'An deux" et ceux de la "Grande Armée", ceux De Vigny, à leurs fils, ceux qui n'ont pas protesté voire ont participé au coup d'état de "Napoléon le Petit".
Et cette autorité supérieure à laquelle ces soldats sont dévoués en ce début du XIXème siècle n'est autre que le génie de la guerre lui-même, le général ultime, Napoléon Ier. Il figure en arrière-plan, personnage secondaire des différentes histoires, une ombre qui passe qui transforme la destinée des uns et dévore les autres.
Mais c'est aussi la "grandeur" des militaires qui est annoncée par ce titre. Et la grandeur, c'est l'honneur et l'esprit d'abnégation, c'est-à-dire de sacrifice. Nul héroïsme chevaleresque, pas d'exploit individuel ; non, les personnages décrits ici plaisent et émeuvent d'abord par leur sens du devoir qui leur fait accomplir de grandes actions sans qu'ils s'en vantent ou cherchent à en tirer gloire, et même, surtout, sans qu'ils s'en rendent compte eux-mêmes. Ceux sont des martyrs non reconnus, qui ont leurs épreuves et leur Passion, des soldats blanchis sous le harnais par rapport aux jeunes officiers plus savants de théorie, plus soucieux du soin de leur uniforme, que des réalités du champ de bataille. C'est un hommage aux soldats inconnus, mais surtout aux grands coeurs et aux belles âmes.
Quelques mots sur la conclusion que j'ai beaucoup appréciée : en historien et en visionnaire, Vigny prévoit que la déshumanisation et la dépersonnalisation des soldats va se poursuivre, lorsque "la mécanique" détruira les formes de la guerre idéalisée par les jeunes gens n'ayant jamais connu le front.
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