François Vigouroux est romancier et psychanalyste. Il raconte ici 15 surprenantes histoires de maisons: la maison qui brûle, la maison des soeurs qui se battent, l'hôpital bunker, la maison donjon…
Mais toutes ces histoires ont une chute identique: leur secret tient dans l'enfance du propriétaire dont elle est l'exact reflet. Maison ostentatoire qui affiche la réussite mais qui restera un chantier permanent faute d'avoir reçu autrefois un regard approbateur. Maison inhabitée pour ne pas déroger aux injonctions maternelles. Maison impossible à reconstruire à l'image d'une enfance saccagée…
Réduites à un résumé lapidaire, ces histoires peuvent paraître ridiculement simplistes. Mais l'écriture de Vigouroux les magnifie et les transforme en contes cruels sur le modèle avoué de « La maison Usher » dont la chute a été contée par Edgar Poe.
J'ai pourtant regretté que ces histoires, à de rares exceptions, soient centrées sur un unique propriétaire. D'autant plus qu'il s'agit toujours d'une maison, jamais d'un F2 ou d'un studio, et qu'une maison est le plus souvent le projet d'un couple. J'aurais aimé lire un récit plus complexe où se seraient entrechoqués deux désirs de réparation difficilement compatibles.
Il est vrai que, pour Vigouroux, s'il y a divergence il y a vie. Il termine ainsi le récit d'une lente dislocation familiale qui voit des frères et soeurs quitter un à un le giron familial : «Naturellement ils regrettaient le passé et se plaignaient de ce que la maison fût morte, sans comprendre que c'était au contraire une maison vivante: on pouvait la quitter.»
Impossible, donc, de lire ce court recueil sans se sentir concerné et même remué. Quitte à entreprendre un nouveau confinement, autant faire connaissance avec l'enfant que nous fûmes et que nous squattons en toute inconscience.
Je le dis d'emblée, j'ai beaucoup aimé ce livre. D'abord parce que j'ai toujours personnellement eu un attachement particulier avec la maison, avec mes maisons... pour moi tout s'enracine là et tout nous ramène là...
Maison territoire, maison refuge, niche, rempart, terrier, ….maison en paille, en bois, en pierre des trois petits cochons...
Amour, espoir, attachement, souvenir y sont cristallisés : « mon chez moi », « mon nid », « la porte de ma maison est grande ouverte » ...
Maison reposante, ressourçante, étouffante, protectrice, maison prison, ...
Maison mise en scène, maison de rêve, maison qui vous ressemble, …
La maison fait partie de notre squelette, la quitter est toujours un deuil d'une part de soi, un renoncement, en intégrer une nouvelle toujours un espoir, un à-venir....
Ses pièces sont nos espaces, nos labyrinthes, les lieux de nos peurs et de nos joies, ...maison creuset de notre histoire présente et future.... jusqu'à notre "dernière demeure"...
Ses coins et recoins ont toujours peuplé mes rêves... maisons, vous êtes nos demeures intérieures....
La maison nous hante toujours, peur d'en être exclue, bonheurs à jamais enfuis, espoirs et désespoirs.
Avoir un toit !
Ce livre est une clé de libération intérieure pour ceux qui souffrent inconsciemment du passé, du mal qu'on nous a fait... il s'est passé dans ma maison d'enfance de la maltraitance, de l'inceste, et adulte j'ai déménagé des tonnes de fois car je ne me sentais bien nulle part, j'ai commencé à faire des rêves de ma maison d'enfance où je me sentais prisonnière et j'appelais à l'aide, j'ai alors compris que mon âme m'indiquait qu'il fallait que je déménage de cette famille, de leur méchanceté, j'ai coupé les ponts avec mes parents, et depuis que j'ai quitté "la maison des méchants" je vais beaucoup mieux dans ma vie et je ne ressens plus le besoin de fuir à l'autre bout du monde... MERCI François Vigouroux pour cette aide précieuse
Lecture parallèle à la construction de notre propre maison. C'est frissonnant, surprenant, beau et étrange à la fois.
Je recommande.
Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?