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EAN : 9782742712670
260 pages
Actes Sud (04/06/1999)
3.7/5   45 notes
Résumé :
Je ne sais pas comment il se dégage, ni comment je me retrouve devant lui avec une arme, la sienne, à la main. Je ne sais pas comment je tire immédiatement, visant en pleine poitrine. Il est touché (la chemise qui éclate, le sang). Je ne le vois pas s'écrouler (c'est toujours pareil), car il y ale gémissement de Rose, derrière. Rose, marchant vers la fenêtre comme une somnambule, et chaque pas est un enfer, vers la grande baie vitrée, trouée de balles. Presque arriv... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Au coeur des fameux Passages parisiens, ce polar post-soixante-huitard de Jean-François Vilar, amoureux fou de la capitale, passionné d'histoire et ancien activiste de l'ultra gauche, est une mine à souvenirs. L'art moderne et particulièrement les oeuvres de Marcel Duchamp fournissent la trame originale en diable de l'enquête de Victor Blainville, photographe et journaliste free-lance, double parfait de l'auteur.
La question qui émerge de cette histoire bien menée, est la suivante : comment de jeunes gauchistes peuvent-ils appréhender désormais leur rapport au pouvoir alors que la France est passée à gauche depuis l'élection de François Mitterrand (nous sommes en 1982) ? Leur militantisme a pris un coup dans l'aile et leurs aînés, à l'image de Victor Blainville, sont rentrés dans le rang, usés par les luttes et désabusés par le résultat.
Dans ce contexte, le recours aux symboles est la solution retenue par un groupe de jeunes, purs de toute compromission, mais manipulés par une pasionaria délirante et cynique.
Blainville est entraîné, à son corps défendant, dans cette aventure risquée, susceptible de conduire aux pires extrémités.
Vilar réussit à exorciser ses vieux démons tout en rendant un bel hommage à cette ville qu'il chérit tant et dont il connaît le moindre recoin. Ce roman épatant, et parfois douloureux, était le point de départ de la saga Blainville. Un coup d'essai qui annonçait une suite brillante, comme l'ont confirmé "Passage des singes" ou "Les exagérés". Trop méconnu, Vilar, qui est décédé en 2014, mérite amplement une redécouverte.
A bon entendeur...
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Sans cesse galvaudé, le mot surréaliste prend tout son sens à la lecture de C'est toujours les autres qui meurent, premier et exceptionnel roman de Jean-François Vilar mettant en scène son futur héros récurrent, le photographe et ancien activiste trotskyste Victor Blainville.

C'est autour de Marcel Duchamp que se noue l'intrigue de ce livre qui voit Blainville, au gré d'une de ses pérégrination dans les passages couverts de Paris, se trouver face à la reconstitution macabre d'une oeuvre de l'artiste (né à Blainville-Crevon…), Étant donnés, représentant un corps de femme nue étendu sur un lit de brindilles et de feuilles mortes et tenant dans main gauche un bec Auer. le photographe, bien vite, va s'apercevoir qu'il n'y a pas de hasard à cette rencontre et qu'elle a un lien avec le rendez-vous qu'il devait avoir avec un ancien compagnon de route. Plus encore, qu'il était surveillé depuis des mois. Nonchalant, mais curieux et amoureux de la mystérieuse Rose qui semble tout connaître de lui, intrigué par le policier Villon qui semble en savoir autant que Rose à son propos, Blainville se lance dans une enquête qui l'entraîne au coeur de l'oeuvre de Duchamp.

Cet étonnant roman tire donc le lecteur avec Blainville dans une atmosphère qui mêle morbidité, érotisme trouble, humour et illusions politiques plus ou moins perdues. Et, même, tout ne semble être qu'illusion, léger décalage avec la réalité, dans C'est toujours les autres qui meurent. de la scène d'ouverture où Victor ne sait s'il se trouve face à un cadavre ou à un mannequin à l'une des dernières où il en viendra à se demander s'il a bien assisté à une exécution et à la fin du roman, violente et volontairement confuse, rien n'apparaît comme certain ou comme totalement réel. Illusions d'optiques, illusions politiques qui prennent place dans ce mois de juin 1981 où la gauche arrive au pouvoir et où les révolutionnaires gauchistes ont fait leur temps ; s'il en est un qui peut s'y frotter, c'est bien le photographe qu'est Blainville.
On suit donc à l'aveuglette Victor dans ce roman érudit qui voit se matérialiser le monde de Duchamp au travers des noms (Blainville, donc, Rose, bien entendu, mais aussi Villon le flic étonnamment proche de Blainville qui porte le nom du frère de Duchamp) et des lieux comme des reconstitutions des oeuvres de l'artiste qui parsèment le livre de manière plus ou moins visible, en faisant à certains égard un intelligent roman à clef. En tirera-t-on une quelconque résolution ? Une quelconque vérité ? Sans doute pas et peu importe, comme le rappelle Blainville lui-même qui se laisse porter par les événements et fait moins figure d'enquêteur que de témoin pas forcément fiable : « Ce qu'elle dit est vrai. Ou faux. Je m'en fous un peu ».

Remarquable d'érudition et d'intelligence, porté par une écriture d'autant plus efficace qu'elle semble couler de source alors que chaque phrase, pour ne pas dire chaque mot, à son importance, C'est toujours les autres qui meurent est un roman simplement vivifiant.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Paris, 1981, peu après l'élection de François Mitterrand. le narrateur, Vic-tor Blainville, gauchiste repenti, photographe et occasionnellement journa-liste, aime photographier les passages parisiens. Un jour, il découvre, pas-sage du Caire ce qu'il prend d'abord pour un mannequin, dans la position de la dernière oeuvre de Marcel Duchamp Étant donnés… En regardant mieux, il se rend compte qu'il s'agit d'une femme morte. Inquiet, il s'éloigne : il est là en effet à l'invitation d'un ancien camarade de lutte qu'il n'a pratiquement plus vu depuis les barricades de mai 68 ; mais il semble bien qu'il s'agisse d'un piège. Poussé par la curiosité, il revient pourtant sur ses pas et joue le rôle parfait du reporter dans la cohue qui a succédé à la découverte du corps.
Il décide donc de se mettre à la recherche de Francis et de se documenter de la manière la plus précise possible sur Marcel Duchamp, célèbre dadaïste, surréaliste et précurseur du Happening.
Il s'agit d'une fiction policière bien sûr, on pourrait sans doute dire un ro-man noir. Tout y est : le décor – les abords du canal Saint-Martin où vit le narrateur, le quartier des Halles fraîchement rénové mais où règne encore le monde des prostituées et des souteneurs –, le héros – journaliste gauchisant, empreint de préjugés de classe, détective à l'occasion pour se tirer d'un mauvais pas –, les « actes » commis qui, sans être des crimes au sens propre du terme, relèvent d'un univers assez sordide.
Pourtant l'intérêt principal du roman réside dans son ancrage tout particulier dans l'univers de Marcel Duchamp, dont on se rend compte peu à peu qu'il inspire tous les événements voulus par Rose, la jeune femme qui très vite se met à manipuler le narrateur, à son corps défendant.
A retenir également l'épisode dans le musée d'art moderne au Centre Georges Pompidou.
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Jean-François Vilar est quelqu'un à part dans le roman policier français.
En effet ses livres oscillent entre poésie, art, histoire, humour décalé et intrigue policière.
Dans celui-ci on peut dire que c'est Marcel Duchamp le héros !
Une femme est retrouvée morte dans un passage couvert de Paris, entourée d'une mise en scène qui rappelle "Etant données", la dernière oeuvre de Duchamp.
Victor Blainville, journaliste ex-soixante-huitard-trotskiste, doit couvrir à la fois les événements politiques (on est en juin 1981) et ce meurtre ;
Malgré lui il sera entraîné sur les pas de Duchamp et à l'intérieur même de son oeuvre dans tout Paris.

Vilar renouvelle ainsi, après Léo Malet, le regard du polar français sur la capitale dans des polars d'ambiance très originaux.
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Mon roman préféré de Vilar, auteur de polars érudits, où l'art et la politique sont toujours présents. Aujourd'hui, 22/12/2014, J.F. Vilar vient de décéder. Pensées...
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Projet assurément préférable à celui, longtemps caressé, qui consistait à combler le canal pour en faire un axe routier. Mais comment peut-on être bête au point de vouloir faire d'un endroit dont toute l'histoire est marqué par le travail, le désespoir, les amours sans issue, les révoltes assassinées et la mort, le cadre d'une déambulation pour petits week-endroit heureux ?
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Ce qu’elle dit est vrai. Ou faux. Je m’en fous un peu.
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Video de Jean-François Vilar (1) Voir plusAjouter une vidéo

La barricade
indicatif et générique - à 0'35 : archive mai 68 - à 2'28 : définition de la barricade et présentation de l'émission par Blandine MASSON
- à 3'30 : Jean François VILAR, écrivain, explique la symbolique de la barricade de mai 68 et comment elle a été vécue (1'30) - à 5'11 : archive mai 68
- à 5'50 : Jean Claude GARCIAS, qui commence et fait la barricade (0'30) - à 6'22 : archive...
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