Comment ne pas être touché-e par cette histoire?
Nina et son grand-frère Etienne vivent avec leur mère depuis que leur père les a abandonné du jour au lendemain. Oui mais voilà, celle qui devrait maintenir la famille à flots sombre dans une profonde dépression et n'assume plus ses responsabilités... Les 2 jeunes enfants se retrouvent donc à devoir s'auto-gérer et à cacher aux yeux de tous cette situation familiale difficile.
C'est très dur car c'est à travers le récit de la petite Nina que nous découvrons cette histoire, cette situation inversée ou ce sont les enfants qui doivent s'occuper des adultes. Tout au long de ma lecture je me disais "mais comment est-ce possible que personne ne se rende compte de la situation?". J'avais tellement envie de les aider!
C'est donc l'histoire d'un drame familial comme il y en a tant d'autres, l'histoire d'un drame qui se cache au sein d'un foyer et dont rien de filtre à l'extérieur. L'histoire de vies que l'on dissimule au regard des autres.
C'est donc une lecture très forte en émotions, mais un poil trop triste pour moi, j'aurais aimé pouvoir "respirer" à certains moments de ma lecture : la boule qui s'est installée dans mon ventre des les premières pages ne m'a pas quittée une seconde.
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C'est l'histoire d'une séparation, tout à fait banale.
La particularité est que l'histoire est racontée par un des enfants - la fille. C'est juste ce que voit l'enfant. On ne parle pas de procédures ou des avocats, puisque les enfants n'y participent pas, sauf sur les conséquences.
On parle de l'effondrement des parents, des deux. le père arrive à s'en sortir, avec quelques séquelles. La mère, moins.
Les enfants souffrent aussi, chacun à sa manière. le garçon devient rebelle et fini dans un internat. La fille intériorise, lucide, intériorise sa souffrance. Elle comprends tout ce qui se passe et devient la personne avec plus de maturité que sa mère. Une enfance qu'elle n'a pas eu.
On parle d'une décision de justice qui a retiré au père le droit de visite. Il est évident que le père a été fautif mais je pense que la justice aurait pu décider autre chose. Ceci a rajouté encore de la souffrance à tout le monde et il semble que ça a pu être la raison de la dégringolade du père qui, vraisemblablement aimait ses enfants. Cette décision de justice a définitivement éloigné le père de leurs enfants.
Ah, le manque d'argent pour les besoins de base, le regard des copains à l'école, ...
Les enfants ne sortent pas indemnes.
L'histoire est tout à fait banale, mais c'est une gifle. Une gifle, plus ou moins forte, que les couples divorcés méritent tous, s'ils ne font pas très attention aux enfants et s'ils mettent leurs sentiments négatifs devant tout le reste.
Ça pointe du doigt les décisions de justice insensées, pas rares, qui ne tiennent pas vraiment compte des conséquences sur les enfants. Je parle la suppression du droit de visite du père racontée dans le livre.
Cette histoire est, bien sûr, une fiction mais, vue la profession de l'auteur, j'imagine que son expérience professionnelle l'a beaucoup aidé dans l'écriture. Ce qui fait que ce livre est bien plus qu'un roman.
Et je remercie Babelio et Eyrolles pour l'opportunité de lire ce livre déjà à sa sortie.
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Nina, treize ans, vit avec sa mère divorcée (et dépressive) et son frère ainé, Etienne. Ce dernier, trop en colère contre leur père, depuis sa trahison six ans plus tôt, refuse catégoriquement de passer ses vacances auprès de lui et de sa nouvelle compagne, en compagnie de sa soeur. Pendant l'hospitalisation inévitable de sa mère psychologiquement malade, Nina va séjourner chez ce père qu'elle n'a pas vu depuis bien longtemps, découvrir Thérèse sa belle-mère et Léa, la plus jeune fille (dix-huit ans) de celle-ci …
Entre un géniteur laxiste qui a perdu son droit de visite peu après la séparation et une mère fragilisée (qui ne met plus les pieds dehors) il est bien difficile de grandir à l'aise dans ses baskets et de développer des relations affectives dignes de ce nom ! Etienne le révolté (seize ans) se dirige allègrement vers la mauvaise pente …
Un roman très douloureux qui décortique à merveille une souffrance profonde, où se mêlent ressentiment et honte. Et surtout, omniprésent dans le récit, ce mépris (voire dégoût) à peine voilé par notre jeune héroïne pour ce père inconsistant … Cette pitié agacée pour cette mère par trop vulnérable, autant de sentiments qu'on ne devrait raisonnablement pas avoir à éprouver à l'adolescence pour ses propres parents …
Je tiens à remercier vivement Babelio et les Éditions Eyrolles pour l'envoi de son ouvrage, en avant-première et la très sympathique rencontre avec l'auteure !
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L'éducateur ne se doute pas que dans la cuisine, à un mètre à peine de la scène où nous nous attachons à ne commettre aucun faux pas, les placards sont vides, le contenu du frigo largement insuffisant pour une famille de trois personnes. il n'a pas compris que maman s'est costumée pour lui et que le jus d'orange que nous lui offrons est un luxe. Nous cachons notre pauvreté, un secret bien gardé, une solidarité sans faille qui nous maintien dans notre malheur car elle nous fait honte.
p.174
Je n'entends plus rien, pourtant Papa n'a pas éteint la lumière. Ma natte pend dans le vide lorsque je me penche côté échelle, mais Papa ne me voit pas.
Il est installé sur la banquette en fleurs et n'a pas encore replié la table. Il tient dans la main un verre de vin, la bouteille est posée face à lui. Il boit une petite georgée puis reste ainsi, les yeux dans le vide.
D'ici,i je remarque qu'il a moins de cheveux sur la tête, la peau de crâne semble rose et brillante comme celle d'un bébé.
Papa se ressert un deuxième verre, ses gestes sont très lents. Je ne devrais pas l'observer sans qu'il le sache, je ne peux pas m'en empêcher.
Sa chemise est froissée,.il porte celle d'hier, maman n'aurait jamais permis cela car elle repasse très bien et tout est propre chez nous. Le travail de maman, c'est de s'occuper de notre famille à la maison. Les mères de mes camarades ont un métier.
Papa traîne pour terminer son verre,.j'ai peur qu'il en prenne un troisième, ce serait trop. Je reste à mon poste de surveillante, comme les maîtres-nageurs avec leurs lunettes de soleil sur des chaises à échelle.
Ils ont l'oeil sur tout. Soudain il soupire, et ce n'est plus mon papa, mais un petit garçon seul et perdu.
Je voudrais lui envoyer mes meilleures pensées, sincère affection, félicitations pour cet heureux événement, happy birthday toutes ces phrases merveilleuses écrites sur les cartes de voeux aux caisses du supermarché. J'adore tourner le présentoir et les lire chacune leur tour, rêvant que l'on m'en envoie une un jour.
Peu avant la fin du rendez-vous, l'éducateur annonce qu'il va "quitter l'institution", un de ses collègues prendra le relais. Maman se désole mais nous pensons secrètement que le simulacre ne sera que plus simple à répéter. Il nous serre la main et m'abandonne à mon sort, rassuré de "cette bonne alliance de travail", aussi aveugle que sourd. Il a emporté la gaité que nous avions réussi à installer avec notre petit théâtre, à laquelle j'aurais voulu croire.
(p. 210)
... On entend le ronflement gras et chaud du car, puis son démarrage. La grappe de parents s'anime comme une seule et même foule, les bras et les mains s'agitent pour dire au revoir de part et d'autre de la vitre, surtout à l'extérieur où quelques visages de mères se crispent. Ce sont les derniers adieux, ma voisine lance quelques baisers discrets au loin, on ne voit pas qui l'a accompagnée. Alors, moi aussi, je lève la main pour dire au revoir, une fois, deux fois. Puis notre véhicule tourne le coin de la rue, le voyage en Espagne commence. Nous sommes enfin tous à égalité, sans nos parents.
Maman est en couchée. Elle a le bras dans le plâtre, quelque chose se pince en moi. Je me glisse precautionnement contre sa taille.Cette chemise de nuit ne lui appartient pas, heureusement l'odeur de sa peau dans le cou est restée la même.
Entretien avec Marinca Villanova à l'occasion de la parution de son roman 'La Vie dissimulée' aux éditions Eyrolles. Découvrez les 5 mots choisis par l'autrice pour évoquer ce livre.
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