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EAN : 9782752904775
174 pages
Phébus (19/08/2010)
3.47/5   32 notes
Résumé :
À presque cinquante ans, Dominique a gardé un peu de la sauvagerie de l’enfance, et reste étrangère à sa propre vie. Employée d’un fleuriste, elle se réfugie à ses heures perdues dans un coin de campagne qu’elle a, dès son plus jeune âge, baptisé Grand Paradis.
Sa soeur, la farouche Marie, la recontacte un jour pour lui signifier qu’elle quitte définitivement leur petite station balnéaire : elle souhaite à cette occasion se débarrasser de leurs souvenirs de f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Il y a un truc sympa quand tu es lecteur et que l'un(e) de tes auteur(e)s préféré n'a pas publié depuis un temps qui te paraît trop long, ça s'appelle, la Pile À Lire.
Parce que soudain tu te dis : Je me demande s'il ne m'en reste pas à découvrir dans ce bon vieux tas de bouquins, dans le carton ou la caisse au fond du garage, ou sur l'étagère, dans la rangée du fond.
Alors tu pioches, tu fouilles et parfois, Oh miracle ! Tu trouves.
C'est ce qu'il m'est arrivé avec ce Grand Paradis.
Quel plaisir de retrouver la plume d'Angélique Villeneuve.
Quel plaisir d'y retrouver ses femmes, filles, soeurs, mères, grands-mères, voire arrières-grands-mères.
Et quel bonheur d'y retrouver également la nature, les prés, les forêts, les rivières, les plantes et les fleurs.
Il y a tout ça dans Grand paradis.
Et une fois de plus la plume de la romancière fait mouche.
Ici, elle nous entraîne dans les pas de Do.
Do, c'est Dominique Lenoir, sa soeur, Marie, vient lui demander de venir récupérer son héritage, ces souvenirs de famille qu'elle-même ne souhaite pas conserver.
Au milieu de tout ces objets de peu de valeur, elle trouve une enveloppe contenant 3 photos.
Une fillette, la même quelques années plus tard puis devenue femme.
Qui est-elle ?
Do va mener son enquête, s'interrogeant du même coup sur elle-même.
Qui mieux qu'Angélique Villeneuve peut vous dresser le portrait de ces femmes, qu'elles soient d'aujourd'hui ou d'hier ? Qui mieux qu'elle peut vous détailler chaque photo, leur donner vie en quelques mots ?
Comme je l'ai dit plus haut, il y a cet amour, ce respect pour la nature, loin des discours écolos dont on nous abreuve, Angélique ne milite pas, elle nous ouvre les yeux, plantes ou fleurs, elle nous donne leur nom, on a même l'impression de pouvoir respirer leurs parfums.
La quête de son héroïne, quant à elle nous entraîne à la Salpêtrière au temps de Charcot et de Gilles de la Tourette.
Je suis prêt à parier que comme Do, ou moi aujourd'hui, vous allez chercher sur internet ces fameuses "Nouvelles iconographies à la Salpêtrière". Et là, devant ces images, parfois choquantes, vous essaierez de comprendre, comme l'héroïne de Villeneuve, ce qu'a vécu la Léontine des photos.
Et pour ceux qui s'interrogent, comme dans la plupart des romans de cette auteure, les hommes sont ici des fantômes,  des êtres absents ou de passage...
Quant à moi, je vais faire une petite place dans ma bibliothèque, mon petit doigt m'a dit que le prochain livre d'Angélique Villeneuve est pour bientôt. Je ne vous dis même pas si j'ai hâte de le lire...

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Un grand merci au site Blog-O-Book (BoB) ainsi qu'aux éditions Phébus pour ce partenariat.

Voici un petit roman qui se lit vite et ne peut laisser indifférent. La narratrice, Dominique, s'inquiète pour sa soeur, Marie, alcoolique notoire. Cette dernière, prise d'une énième crise, entasse quelques affaires dont elle veut se débarrasser, dans une carriole. A charge pour "Do" de prendre ce qu'elle veut. C'est à ce moment là que tout commence. La narratrice va alors trouver des photos, dont celui d'une soit-disant aïeule, Léontine, atteinte de blépharospasme hystérique, maladie neurologique grave. S'ensuit alors une recherche de la part de la narratrice afin de déterminer l'étendue du mal sur les descendants de Léontine. Et si les crises de Marie s'expliquaient ainsi ? N'était-elle pas elle-même touchée par cette maladie insidieuse ? Après tout, sa soeur lui avait bien dit que son père était parti à cause d'elle, à cause de sa santé... Une véritable quête s'ensuit.

Je disais que ce livre ne pouvait pas laisser indifférent le lecteur. En effet, l'écriture, claire, simple, est cependant mimétique de cette recherche. Dominique ressasse les choses. On entre dans ses pensées, on devient quasiment le personnage qui ne peut se calmer tant qu'elle ne saura pas. L'histoire est ponctuée, comme la vie de la protagoniste principale, par Grand Paradis, ce lieu de son enfance qui, seul, l'apaise. le lecteur ne peut qu'être actif. Tous ses sens sont en éveil et il ne pourra se reposer qu'en refermant ce roman. Se reposer ? Pas si sûr finalement...
Lien : http://promenades-culture.fo..
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Court roman que l'on a l'impression de boire tant le style de l'auteur se révèle doux et fluide, "Grand Paradis" doit son titre à un coin de campagne perdue dans lequel, enfant, la petite Dominique Lenoir venait se ressourcer et offrir au soleil quelques uns de ses rares sourires. Car Dominique souriait peu : secrète, déterminée, plus grave qu'on ne l'est à cet âge, elle était déjà de ceux dont on dit qu'ils pensent trop. Son père avait quitté sa mère un jour, abandonnant dans la foulée leurs deux filles, Marie, l'aînée, et Dominique, la cadette, aussi différentes l'une de l'autre que le jour l'est de la nuit. Sur sa fuite, il ne laissait aucune indication : ni le motif, ni le lieu d'exil ou de refuge - rien que l'incertitude qui, nul ne l'ignore, est le pire que puisse connaître la personne abandonnée.

Beaucoup d'années plus tard, à l'issue d'une dispute avec Marie, devenue une espèce d'épave alcoolique, Dominique récupère livres et lettres ayant appartenu à leur mère. Dans le tas, bonne dernière, une enveloppe plus vieillie que les autres et recelant trois photographies, tout aussi vieilles puisqu'elles datent du XIXème siècle. Les trois portraits représentent la même personne à des âges différents, une certaine Léontine L. - tel est le nom noté, semble-t-il par la mère de Dominique, sur le rabat de l'enveloppe. Dominique n'hésite pas : cette Léontine L., affligée dans sa jeunesse d'un blépharospasme hystérique - un oeil était complètement clos, sans contraction apparente, tandis que l'autre restait ouvert - c'est son arrière-grand-mère.

Emue par l'affection tragique dont souffrait son aïeule, Dominique entreprend un travail de mémoire en se rendant à La Salpêtrière où Charcot, pour qui le cliché fut pris par Albert Londe, examina jadis Léontine. Elle fouille dans les archives conservées à la bibliothèque du lieu et retisse ainsi les fils de l'histoire familiale. Mais, ce faisant, des images depuis longtemps oubliées, ou plutôt mises sous le boisseau par le cerveau, vont refaire surface et lui révéler la raison pour laquelle son père partit ainsi, un jour, sans prévenir personne, sans laisser une seule lettre ...

Un roman poignant, non dépourvu d'originalité, surtout si on le compare à la littérature commerciale française actuelle. La chute étonne et ne déçoit pas. Angélique Villeneuve : un nom à retenir dans le paysage littéraire français. ;o)
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Ce roman est un dialogue intérieur, celui de Dominique, elle vient de tomber sur une enveloppe contenant une photo, celle de Léontine, son arrière-grand-mère. Dominique va partir sur les traces de cette aïeule, de ses secrets et aussi de ses propres souvenirs.
Je vous offre juste la trame de l'histoire, car le roman est porté par l'écriture d'Angélique Villeneuve, une écriture sans fioriture, à l'os, très belle par ailleurs, ainsi que de très beaux portraits de femmes. C'est un réel plaisir de retrouver cet auteur dans son premier roman.
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Voilà une auteure que je découvre avec ce court roman, toute en finesse et fragilité.
Dominique est en quête, d'identité, ou de son passé, de ses origines et de son héritage génétique. Sans doute un peu de tout, un besoin de comprendre ses origines surtout que le père fut absent, disparu, rien que des lettres revenues sans réponses.

Marie, la soeur de Dominique, vient un jour lui demander de récupérer les objets de sa mère dans une carriole. Dominique, trouve au fond de cette dernière, une étrange enveloppe notée Léontine à l'encre bleue. Elle la prend sachant pertinemment qu'elle ne lui appartient pas et ne dit rien non plus à sa soeur.
Dans cette enveloppe s'y trouve trois photos de Léontine, depuis, Dominique s'identifie à cette enfant fragile et n'a de cesse de remonter le temps pour savoir qui se cache derrière cette étrange fillette qui lui ressemble. du moins, elle le pense, croyant que cette enveloppe appartenait à sa mère ou son père.

C'est à la bibliothèque de la salpêtrière qu'elle va découvrir que Léontine était atteinte d'une maladie, en se demandant si elle-même ne serait pas atteinte tout autant que sa soeur.

Dominique nous conte au fil de sa quête, son enfance, l'absence de ce père que sa mère n'a eu de cesse d'attendre, d'espérer en lui écrivant des lettres qui reviennent toutes. Elle nous décrit cette fille qui parcourt les chemins, se perd dans les herbes folles et s'abandonne sur une grande pierre plate cet endroit qui est son paradis et qu'elle a nommé "Grand paradis". Dominique a toujours été "spéciale" et c'est donc légitime qu'elle s'inquiète si les gènes de Léontine ne seraient pas présents d'une façon ou d'une autre.

Une belle histoire, sensible, qui nous amène à réfléchir sur nos liens familiaux, sans doute trouve-t-on des réponses dans nos ancêtres, notre passé.

Très belle plume, un style délicat j'ai beaucoup apprécié cette première rencontre avec Angélique Villeneuve.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
[...] ... [La troisième photo] était vraiment différente des autres. Plus grande. Le papier, lui non plus, n'était pas le même : ni cartonné, ni glacé. On aurait dit la page frottée d'un vieux livre, lisse et usée. Le portrait en lui-même, deux fois plus haut, deux fois plus large que celui de la Petite Moi, s'étalait au beau milieu de la page. De mes doigts écartés, Dieu sait pourquoi j'ai commencé à mesurer l'ensemble. Quinze centimètres sur vingt-trois. A peu près.

Coupée sous les seins par le cadrage serré, Léontine, c'était écrit et même imprimé en toutes lettres, Léontine L., me faisait face sans me regarder tout à fait. C'était une jeune adulte à présent. Ses cheveux, un peu plus foncés, un peu moins bouclés, étaient retenus en un chignon serré dont seule une mèche vrillait au-dessus de l'oreille. J'ai reconnu la bouche, petite, bien dessinée, qui avait gagné en maturité ce qu'elle avait perdu en stupeur. Léontine L. portait une veste noire, à moins qu'il ne se soit agi d'une robe d'hiver, austère, boutonnée jusqu'au cou et dont on ne distinguait plus ni les plis ni les ombres, avalés par le papier.

Léontine me regardait, mais ne me regardait pas. J'ai pensé à ma grand-mère Marthe qui, presque jamais, ne m'a regardée en face. ... [...]
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Et survint ma première vision.

Elle entre dans la boutique, je n'ai pas la moindre idée de comment peut se présenter un studio de photographie à l'époque, mais elle entre, avec un adulte sans doute, sa mère ou son père, ou peut-être les deux, pourquoi pas, ses frères, ses sœurs, jamais il ne m'était venu à l'esprit qu'il puisse y avoir d'autres enfants dans la famille, mais maintenant, 72, rue des Fonderies, j'imagine des ribambelles de Lenoir se pressant, bousculant la toute petite fille en bottines, allons viens, la tirant par le bras, dépêche-toi, la soulevant de terre, ne touche pas ta robe avec tes mains sales, tu feras bien ce que le monsieur te dira, tu souriras et tu ne bougeras pas, tu vas tenir cette fleur-là, cet œillet rose, c'est une belle chose que cette fleur, tu aimes les fleurs, hein, serre-la contre toi comme on te le demande, ne prends pas cet air ahuri, Léontine, regarde ta mère, regarde le monsieur, n'aie pas peur, Léontine, je te dis d'arrêter d'avoir peur, toujours cette inquiétude, derrière toi, tapie, ah, tais-toi Léontine, tu me fatigues avec ta peur, avec ta souffrance.

J'aurais voulu en rester là.
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[...] ... "Le premier juillet 1887, à la suite d'un refroidissement, [Léontine] fut prise d'un mal de gorge et commença à ressentir de la raideur dans le cou. Le lendemain matin, elle était devenue aphone. [...] Le médecin de sa famille l'envoya consulter à La Salpêtrière, et elle entra dans le service de Monsieur le Professeur Charcot au mois de septembre 1887. [...] On remarqua alors que l'on pouvait, par la pression sur les globes oculaires, la mettre dans l'état désigné sous le nom de "petit hypnotisme." Dans cet état, on pouvait, par suggestion, [...] la faire parler à haute voix ; mais l'aphonie revenait au bout de quelques heures."

Je presse de mes pouces mes yeux dans leurs orbites, jusqu'au rouge. Ca ne m'hypnotise pas. Ca me fait mal. Ca aide à monter l'idée stupide des larmes. ... [...]
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Jamais je n'avais essayé d'imaginer un métier à Léontine. Couturière ? Jamais de la vie. Ni couturière, ni princesse, ni danseuse, ni quoi que ce soit. Pas de métier. Elle était mon arrière-grand-mère et je n'avais pas pensé plus loin. Son emploi était de m'attendre, depuis des années, cachée sans bouger dans une enveloppe. Les ancêtres n'ont pas de chair, pas de sentiments. Ils n'ont pas de vie. Ni aujourd'hui, puisqu'ils sont morts, ni même jamais. C'est ce que j'avais cru.
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Et puis, il aurait existé une explication à l’écart, que je sentais réel, entre les autres et moi. J’étais différente, c’était une chose indiscutable. Sans doute, tous les enfants, à un moment de leur vie, se croient seuls de leur espèce. Pour moi, le moment c’était bien longuement étiré.
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