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Critique de Turin


Turin
08 septembre 2015
Bonjour à tous,

Je me suis récemment attelé à la lecture de « La Dernière Terre, l'Enfant Merehdian », de Magali Villeneuve, et ce, avec peu d'enthousiasme, il faut bien le reconnaître. Disons que le lectorat, féminin en majeure partie, me laissait grandement perplexe. Désolé mesdemoiselles, mesdames, ne voyez nullement en mes propos une quelconque forme de misogynie ou de machisme.
La quatrième de couverture ne m'a pas laissé en reste…dans le mauvais sens du terme. «…, Cahir, jeune homme frêle, maladif, aux moeurs et aux allures bien éloignées des codes stricts qui font loi autour de lui, subsiste envers et contre la réprobation générale… ». Voilà, ça empeste le livre pour adolescents (et surtout adolescentes). Après tout, ma réaction résulte peut-être tout simplement de l'approche de mes 28 ans… Ou pas.
Tout ceci à un parfum d'énième récit sur le parcours initiatique d'un gamin en qui personne ne croit : le mal aimé de service, le vilain petit canard, le mouton noir, la brebis galeuse,… En même temps, à part ce genre de truc, et le fameux : « C'est l'Elu, la prophétie disait vraie ! », je me demande où est l'originalité revendiquée par plusieurs lecteurs(trices). Quoi qu'il en soit, de nos jours, faire quelque chose d'original est impossible, tant il y a déjà eu de choses avant (et ceci est valable dans bien d'autres domaines).
Ce que je reproche à ce livre ? Un peu près tout ce que je reproche aux livres de fantasy (sauf à de rares exceptions légendaires). le livre est un ramassis de problèmes d'ados (et oui ! encore un beau ciblage du lectorat !), mais, bien sûr, transposé dans un monde inventé de toute pièce par l'auteur…C'est à ce moment que j'éclate de rire. En effet, en parlant du monde, j'ai pu voir bon nombre de cartes dans des livres de fantasy et je dois bien dire qu'il s'agit de la pire de toutes. Elle est absolument infâme, pour ne pas dire inutile. En effet, ce torchon servant de carte contient seulement une vingtaine de noms. Pourquoi tant de haine ?
Rien que le nom de la chose sent le vu et revu : « Les Cinq Territoires ». Pourquoi toujours mettre un chiffre (ou un nombre) allié à un mot du genre : royaume, principauté, territoire ? Sérieusement, et je suis bien placé pour le savoir, ce n'est guère compliqué d'inventer des noms, où alors il faut arrêter d'écrire de la fantasy. Sinon, où se situent vraiment ces Cinq Territoires ? Où est le reste du monde ? Ce n'est tout de même pas que ça ? Si la réponse est OUI, c'est vraiment se foutre de la gueule du monde.
Sincèrement, j'ai lu plusieurs commentaires et la grande majorité d'entre eux relève du paroxysme des aberrations. Franchement, comment certains, certaines, peuvent affirmer sans aucune honte que ce monde possède une grande richesse ? Personnellement, je n'ai jamais rien vu d'aussi pauvre, à part peut-être un clodo vivant dans la rue depuis une bonne décennie. Voyez par vous-même, la carte et le glossaire sont des preuves irréfutables de ce que j'avance. Lectrices (et peut-être lecteurs) de la Dernière Terre, soyez sérieux juste cinq petites minutes. Vous n'avez jamais lu le Hobbit, le Seigneur des Anneaux, le Silmarillon ? Là, sans aucune contestation, on peut parler d'un monde RICHE. Ce qui n'est pas du tout le cas de la Dernière Terre, ni dans quasiment aucun livre d'ailleurs, et surtout pas dans ceux provenant d'auteurs français.
Exemple : Pages 12/13 : « Traduction de la berceuse merehdiane » « Sasn'mereihde ni nölsteen ».
Là encore, tous les auteurs fonctionnent sur un model identique. Parler de manière fugace de certaines choses sans approfondir réellement, voire même pas du tout. L'exemple ci-dessus en est une preuve concrète. D'où sort cette berceuse merehdiane ? Par qui a-t-elle été écrite ? A quelle époque ?....Aucune réponse. L'auteur essaye tout de même d'enrichir la chose en ajoutant le mot « traduction », puis, ajoute une phrase dans une langue inventée. Bien qu'au final il n'y ait pas grand-chose autour de cette pseudo langue. Mouais…bon, rien d'étonnant.
Depuis des années maintenant, et encore plus depuis le début des années 2000, les auteurs ont bien comprit une chose : la fantasy est devenu (malheureusement pour les puristes) un phénomène de mode et les textes qui en résultent sont dans 95% (voire plus) des cas, parfaitement pitoyables. En effet, tous ces auteurs se contentent de créer une histoire… et c'est tout. Pourquoi donc s'emmerder la vie à faire comme le Saint Patron du genre, J.R.R. Tolkien ? ->La perfection. Je rappel juste que l'écriture du Seigneur des Anneaux s'est étalée sur 12 ans, et celle du Silmarillon, sur une cinquantaine d'années, pour être finalement publié à titre posthume. Dans les écrits de Tolkien tout est lié et forme une cosmogonie parfaite. Qui peut-en dire autant ? Personne ! Même le Trône de Fer (qui pourtant compte sûrement plus de personnages que chez Tolkien) ne peut en dire autant. (D'ailleurs, même si je ne suis pas du tout un fan du Trône de Fer, je respecte la manière d'écrire de G.R.R. Martin (sauf parfois le langage ordurier des ses personnages), car il est selon moi, un des rares, peut-être même le seul auteur actuels qui sorte du lot parmi tous les affreux qui sévices…).
Voilà pourquoi, depuis Tolkien, les auteurs se contentent de créer une histoire, des personnages et, éventuellement une carte (souvent dérisoire). Cette facilité me dégoute profondément et je suis vraiment inquiet pour l'avenir de ce genre littéraire…A moins que quelqu'un trouve le courage de lui redonner ses lettres de noblesse…
Autre point important : L'auteur passe un temps fou à détailler tout et n'importe quoi, et ce, à outrance. Et plus particulièrement les moindres faits et gestes des personnages. Exemple, page 49 : « -Je ne t'ai pas félicité pour la démonstration de ce matin, dit Ghent.
L'abaissement des sourcils de Chair trahit une fugace incompréhension, remplacée par un faible sourire, vierge de toute vanité. Quelques fois, la fraîcheur de ses mimiques évoquait celle d'un enfant.
-Ton père est meilleur instructeur que l'homme Laenden. ».

Je n'ai rien contre les détails, mais là, c'est trop ! le moindre pet est décortiqué de haut en bas et de long en large. Autre exemple, toujours page 49 : « Cahir se retourna pour soulever le loquet. Il gratifia la stridence des gons d'un froncement de nez. »… Non mais sérieusement… Ca me rappel un extrait d'un bouquin de Marc Levi, lu par un acteur dans une émission de télé. Ce passage racontait, avec une pléthore de détails, l'histoire trépidante et rocambolesque d'un personnage en train de préparer un café…le tout sur une trentaine de lignes…
Quoi d'autre ? Ah oui ! Pourquoi les auteurs ne se donnent plus la peine d'inclure une table des matières ? Est-ce vraiment de la paresse ? Ou peut-être, pour faire comme tout le monde et ainsi suivre, et faire perdurer ces abominables effets de mode…

Quelques exemples me laissant sceptique :
-Page 15 : « électrisait les échines ». Rapport à l'électricité. Pas d'électricité dans ce monde ? Donc, anachronisme…
-Page 42 « singea la moue sévère… ». -> A savoir que « singer » vient de « singe » : pas sûr qu'il y ait des singes dans le « monde » inventé par l'auteur. Donc, incohérence.
-Page 43 : « fusilla du regarde ». Pas de fusil dans ce monde là ? Donc…Donc, anachronisme !
-Le chapitre « La fille de Tihl », où j'ai pu assister, complètement impuissant, à 7/8 pages de dialogues et de descriptions sur une histoire d'achat de tissu….
-Page 68 : « Maroquinerie » : A savoir que « Maroquin » : nom masculin, vient de Maroc. (Peau de chèvre tannée au moyen de produits végétaux,…..). Encore une fois, y-a-t-il un quelconque rapport avec le Maroc dans ce livre ? Je ne crois pas…
-Page 71 : « dit-elle en griffonnant une note rapide sur le calepin… ». Est-ce que les stylos à bille existent, ou est-ce que le personnage se balade en permanence avec une plume et un encrier ? Ou un crayon de papier peut-être ?
-Page 78 ; « impérieux ». La notion d' « empire » existe-t-elle dans ce monde ?
Il est 01h06 du matin et, il y a quelques minutes, j'ai enfin pu refermer ce livre définitivement… A la page 114. Pourtant cela faisait plus de deux mois que je n'y avais pas touché et je pensais (ou pas) pouvoir reprendre la lecture. Au final, je n'ai pas supporté plus de quatre pages.
Bref, je ne recommande ce livre à personne (ou peut-être juste à mon pire ennemi, et encore). En effet, l'auteur ferait bien d'arrêter de passer son temps à créer des objets dérivés (mugs, set de tables, oreillers, et j'en passe) et de se concentrer sur un travail littéraire bien plus sérieux et moins puéril, mais surtout, de créer un monde complet et vraiment riche. Voilà enfin une décision qui serait bien utile pour l'avenir de la fantasy…
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