Céline et son conjoint sont déterminés à affranchir leurs enfants des stéréotypes liés au genre. Pourquoi Marcus, leur fils aîné de 5 ans, ne porterait-ils pas de robes?
Pourquoi ne pas se libérer des contraintes réductrices imposées par les conventions, qui divisent l'humanité en deux catégories distinctes?
Le couple décide donc de ne divulguer à personne le sexe de leur deuxième enfant. Ainsi, ce bébé ne sera ni fille, ni garçon ; il sera les deux.
Maria, la mère de Céline, accepte patiemment les lubies de sa fille concernant l'éducation des enfants.
Son profond amour pour Marcus, et ensuite pour «le bébé», est sa raison de vivre.
On perçoit pourtant bien le désarroi de cette grand-mère face à un parti-pris qu'elle ne partage ni ne comprend, qui la met mal à l'aise.
Très affectée d'être exclue du secret, c'est cependant avec tolérance qu'elle s'incline. L'étrangeté de la situation ne constitue pas un obstacle à son amour.
Toute sa vie en est néanmoins bouleversée : son conjoint désapprouve cette nouvelle extravagance et la quitte, elle perd son emploi, se heurte à la désapprobation du voisinage, et surtout, sa fille et son gendre, inflexibles, la tiennent à l'écart, éloignée des enfants qui sont le centre de son univers.
La voilà rejetée, isolée, abandonnée, elle qui est pourtant la seule à avoir fait preuve d'ouverture d'esprit.
Je regrette un peu qu'
Angélique Villeneuve se contente ici de décrire. Elle se limite à montrer timidement que
Maria a le coeur grand, que son compagnon est passablement borné, que sa patronne et ses voisins sont conditionnés, et que sa fille et son gendre, dans leur volonté de se libérer d'une sujétion, se montrent excessifs et butés.
J'aurais préféré qu'elle prenne un peu plus fait et cause pour son héroïne.
Car, même si la question soulevée par les parents est pertinente, leur position est pour le moins extrême. le sexe d'une personne fait partie intégrante de son identité, il ne résulte pas d'un diktat sociétal. C'est une différence qu'il convient de respecter et non pas de gommer. Naître fille ou garçon n'est pas le problème. le problème résulte en fait des inégalités et des interdits que la plupart des civilisations ont attachés au genre des individus.
Ce roman n'en reste pas moins éclairé par l'infinie tendresse de
Maria et sa complicité avec Marcus, par le vol et le pépiement des oiseaux, par les jolies couleurs que la vie revêt parfois.