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Citations sur Le jour d'après (35)

La vie va se rétrécir. On nous recommandera de rester le plus longtemps possible à la maison. Par sécurité - pour rester en bonne santé - et pour éviter de respirer par les yeux les gouttelettes sournoises qui se promènent au feu rouge, sauf à porter, en complément du masque, le loup de Zorro. Le danger, chez soi, sera la déprime. Alors, on se sentira finalement soulagé d'avoir sous la main, auprès de soi, à portée de chagrin, une présence, une console de consolation.

L'épadhisation de la vie nous donnera accès à un tiers accompagnant, un auxiliaire de vie digitale. Les gens de chez Google ont un cœur numérique gros comme la planète. Ils ont prévu jusqu'à l’éventail de nos ultimes passe-temps. On aura le choix entre caresser le siamois qui miaule et promener la souris qui clique.
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Alors qu'il était tout jeune, Brigitte a appris à Emmanuel l'art déclamatoire. On le sait par les anciennes chroniques. On l'imagine sous les tréteaux, à relever la tête, depuis son petit tabouret, avec une lampe de poche tamisée, dans la trappe du souffleur, au théâtre d'Amiens. Elle le regardait de bas en haut, elle le portait ; parfois, elle lui glissait le mot manquant. Les planches de la scène, sous le pas virevoltant du jeune acteur, craquaient, le public aussi.
(…)
A cette époque où tout semblait facile, personne, dans son entourage, n'aurait pu concevoir que ce comédien d'herbe tendre se trouvât un jour, sur d'autres planches avec, cette fois-ci, des craquements sinistres, obligé d'improviser les commandements de Créon, et de prononcer, devant un public en détresse, les paroles de la raison d’État pour claustrer la ville de Thèbes : Antigone interdite de visite au cimetière, Polynice qui meurt seul devant ses poissons rouges, Aucassin et Nicolette courant après un passeport vaccinal et le plaisantin du Cuvier, enfermé dans sa pièce, qui cuve seul, devenu hydroalcoolique, accusé de « farces complotistes » par les hautes consciences de la radio d’état...

On a changé de théâtre, de répertoire. On a pris soin de masquer le public pour qu'il ne siffle plus. Et on l'a assigné au numérique pour qu'il n'y ait plus d'attroupement. La pièce finit mal. Emmanuel Macron est comme Giscard, dont on a dit qu'il ne savait pas que « l'histoire était tragique ».
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Emmanuel Macron revient à sa fameuse proclamation de Marseille : « II n'y a pas de culture française. » II n'a pas le goût de la France. Ce pays est trop vieux pour lui. Pas assez digital, pas assez mobile, trop classique, trop provincial, trop couturé. Il veut le refaire, le réformer, il y tient, ce sera aux forceps. C’est son reset à lui et son cancel intime. Il est d'un autre monde, le monde à venir, le monde numérique.
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En octobre 2019, personne ne parlait de l'épidémie, personne ne la pressentait - pas même les Chinois. Or, la Commission européenne, anticipant le drame à venir, publia, en accord avec l'OMS, son plan pour une vaccinadon obligatoire et universelle.

En fait, la France - le bon élève de l'Union - anticipa le mouvement, par un excès de zèle et en appliquant à la lettre et dans la précipitadon les instructions de Bruxelles. Sur la base d'une recommandation du Conseil, la Commission européenne avait défini une feuille de route, pour créer un « passeport commun de vaccination » qui serait porté par tous les citoyens de l'Union.

Il ne manquait pas un bouton de guêtre à cette opéradon hautement symbolique : qui dit passeport dit souveraineté. Qui dit passeport européen dit souveraineté européenne. L'affaire semblait giboyeuse.

(…)

Ce qui étonne, dans tout cet arsenal de décisions et dans la précision du dispositif et de la marche à suivre, c'est bien sûr la chronologie. En effet, l'idée d'imposer un « passeport vaccinal » fait suite à un Global Vaccination Summit qui a eu lieu à Bruxelles, le 12 septembre 2019. Ce sommet réunissait la Commission européenne et l'Organisation mondiale de la santé. En d'autres termes, c'est six mois avant les premiers bulletins d'information sur l'épidémie de Covid-19 que les autorités bruxelloises décidèrent de promouvoir la vaccination générale. A l'époque, aucune institution ne pouvait imaginer le mouvement tellurique à venir.
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La Maison de la Radio, gardienne des Tables de la Loi, tourne sur elle-même et fait les cent pas, elle monte la garde et fait respecter la loi des suspects. Le jeudi 21 janvier, France Culture s'est interrogée, à l'occasion des trente ans du peut éléphant en costume vert : « Babar est la bonhomie incarnée... Mais, derrière l'éléphant tiré à quatre épingles, faut-il lire une apologie du colonialisme ? » Nous y sommes.

L'anthropologue Gilles Boëtsch a assuré qu'il était important de dire que les livres d'enfants « ne sont plus forcément pour les enfants d'aujourd'hui». L’épuration commence.

La cancellisation et la réinitialisation ressortissent à la même entreprise de rupture du lien qui existe entre les morts et les vivants, ce lien est l'autre nom de la culture.

(…)

Nous vivons désormais sous un régime de dictature hygiéniste. La fermeture des librairies, dans un pays né d'un acte littéraire - La Chanson de Roland -, donne un sens littéral au mot « dictature ». On nous dicte ce qu'on doit penser. On se méfie de la littérature et de l'écriture. On ne veut plus que les gens lisent, on ne veut plus que les gens pensent, on ne veut plus d'artistes. On veut des ventres sur pattes. On veut des gens malléables, masquables à souhait, connectés et traçables à chaque seconde. Orwell avait prédit ce qui nous arrive …

(…)

Tout est lié : l'émergence d'un nouveau vocabulaire pandémical, la remise à zéro du reset, le nettoyage du cancel, le traçage humain et puis, bien sûr, le retour en force de la censure.
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Le nouvel emblème de l'Art mondial est donc un poing noir tendu. Il s'agit de dénoncer paisiblement le passé colonial, le racisme systémique et les violences policières. Il y a donc deux sortes d'artistes, les artistes racisés et les non racisés.

A son tour, la plateforme Disney+ a balayé devant la porte du vieux Walt. L'accusation vise les Aristochats, à cause d'un chat siamois qui est représenté avec les yeux bridés, ainsi que Peter Pan et ses « Peaux-Rouges » ou encore Dumbo dont les corbeaux sont une caricature des Afro-Américains. Toutes ces œuvres sont désormais inaccessibles depuis les profils « enfants » en raison de ces clichés jugés racistes.
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La vraie conspiration n'est peut-être pas là où on la cherche. Bernanos eut, en ce sens, une parole prophérique sur nos décrépitudes : « On ne comprend absolument rien à la civilisadon moderne si l'on n'admet pas qu'elle est d'abord une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure 1. » Cette conspiration-là, celle de l'esprit mécanicien contre l'intériorité humaine, on n'en parle jamais. Pourtant, elle a ses adeptes qui tirent sur le soufflet de la forge pour rougir les lames. Et elle offre une clé de compréhension à bien des malheurs du monde.

l. Georges Bemanos, La France contre les robots, 1947.
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L'industrie de la Tech a fait allégeance à la gauche woke en forçant notamment ses employés à organiser des séminaires d'« inclusivité ». En juin 2020, la romancière britannique J.K. Rowling a été stigmatisée sur les réseaux sociaux et traitée de Terf- Trans-exclusionary radical feminist -, c’est-à-dire de féministe anti-trans, pour avoir affirmé sur Twitter que la différence des sexes était une réalité biologique.

(…)

Le mot dé, c'est le mot « inclusion ». Il faut « inclure », c'est-à-dire céder la place aux minorités : à la tribune du Congrès américain, Emanuel Cleaver, un pasteur méthodiste, représentant du Missouri, chargé de prononcer le sermon inaugural de la nouvelle Chambre des représentants, a terminé, sans rire, par ces mots : « Amen and... Awomen. » Ainsi avait-il entrepris de féminiser la formule de foi hébraïque « Ainsi soit-il ». Il voulait ainsi donner un signe d'inclusion.
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Autant le dire franchement : ce livre n'est pas à mettre entre toutes les mains. J'ai choisi mes lecteurs. Je n'écris pas pour ceux qui sont dans la bonaise, pour ceux qui ont tout accepté, et dont les ressources de patience sont a peine entamées.

Ceux-là, bien souvent, se sont laissé gâter la truffe ; le maternage les a reconformés. Ils ont du mal à sortir de leur nouvel état. Confits, confinés. J'en ai même rencontré qui se demandaient ce qu'ils allaient devenir après la levée d'écrou si, un jour, par extraordinaire, on en venait à nous obliger à sortir sans attestation à la main. La peur du vertige... le syndrome de Stockholm.
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Michel Rocard disait avec drôlerie, en forme de recommandation prudente : « Toujours préférer l'hypothèse de la connerie à celle du complot. La connerie est courante. Le complot exige un esprit rare. » Fermez le ban.

Le discours complotiste prospère sur la fuite du réel - il s'autonourrit - mais il s'alimente aussi aux billevesées du « mentir-vrai » des cercles officiels qui entretiennent avec la vérité une relation intermittente et trouble.
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