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Pierre Glaudes (Éditeur scientifique)
EAN : 9782253193166
92 pages
Le Livre de Poche (11/08/2004)
4.02/5   22 notes
Résumé :

Des histoires brèves qui accueillent aussi bien le fantastique que l'onirisme ou la pure bouffonnerie, des histoires d'une facture impeccable qui, dans un climat d'inquiétante étrangeté, mettent en scène une humanité partagée entre la bassesse des bourgeois et l'élévation des rêveurs, des histoires qui cherchent d'abord à soumettre le lecteur à une surprise ou à un choc : tels sont bien les Co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s'attache à notre âme et la force d'aimer ?". Dans Véra, il semble que Villiers de l'Isle Adam réponde, à sa façon, au cri de Lamartine.

Un petit conte fantastique subtil, claustrophobe et étouffant. Et cruel, car c'est demander beaucoup à la passion de ne se nourrir que d'elle-même...

A lire et relire pour la beauté de la langue qui dit avec délicatesse la présence du vivant dans la matière inerte des objets. Et la force éperdue de l'amour en lutte contre le temps et la grande faucheuse.

Véra c'est aussi dire la force des objets qui empêchent certains morts de passer tout à fait de l'autre côté... Un conte funèbre et envoûtant.

Un petit mot sur la nouvelle de L'intersigne, moins connue que Véra.

Il y a des récits qui vous glacent le sang, alors qu'il ne s'y passe rien, ou peu de chose. L'Intersigne est de ceux-là.
Je relis souvent ce petit conte cruel plein de profondeur - un narrateur un peu philosophe y défend l'esprit des Lumières et un abbé très saint, la lumière de l'Esprit-.
La lande bretonne prête sa sauvagerie à cette rencontre dérangeante des Signes de la mort dans un univers cartésien et terre-à-terre.
Ces Intersignes qui comme un fil maléfique se faufilent d'un monde à l'autre et ouvrent soudain des brèches béantes sur tout ce que l'on ne comprend ni n'explique...
Lisez et frissonnez: l'Intersigne est une parfaite réussite de cruauté et d'effroi, à peu de frais et sans grands effets!
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Cette édition contient un petit échantillon des contes cruels de Villiers de L'Isle-Adam.
Elle est précédée d'une introduction très intéressante de Pierre Glaudes, professeur à l'université de Toulouse, spécialiste de littérature française du XIXe siècle qui permet au lecteur, mieux que je ne pourrais le faire ici, d'appréhender l'oeuvre.
Cruels, les contes méritent ce qualificatif :
- une prostituée qui tombe amoureuse et donc est rejetée par la société, "quelle inconduite !"
- un comte dont l'amour rend vie à son épouse mais qui la perd à nouveau quand son imagination faiblit
- un mendiant qui traverse les événements politiques sans cesser d'étre lui-même et de crier "prenez pitié d'un pauvre aveugle, s'il vous plaît" pendant que la foule acclame l'Empereur, puis la République, la Commune, le Maréchal
- etc, etc...
La satire de l'époque est forte !
Un bémol toutefois, je me croyais doué d'une bonne culture générale mais face à cet écrivain, je ne fais pas le poids et ai dû recourir sans cesse aux nombreuses notes de fin de page, ce qui non seulement me vexait mais interrompait le fil de la lecture. J'en suis toutefois le seul coupable...
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Véra et autres contes cruels rassemble six nouvelles fantastiques d'Auguste Villiers de L'Isle-Adam parues initialement en 1883.

Les amateurs d'Allan Poe et des écrits fantastiques De Maupassant y trouveront sans doute leur compte. le lecteur obtiendra dans ce livre quelques contes gothiques dont le plus marquant est sans nul doute Véra qui donne son nom au recueil. Il s'agit de l'histoire d'un jeune noble dont l'épouse décède, son l'amour pour la défunte couplé à un certain sens de l'imagination (ou du déni) vont le pousser à continuer à vivre exactement comme si elle était encore en vie… Un très bon texte. Les autres nouvelles s'enchainent sans faute de gout mais sont plus oubliables. On retrouve dans la moitié des textes une ironie marquée et dont l'effet est assez réussi. le style est soigné et l'écriture fluide.

J'ai trouvé dans ce recueil ce que j'étais venu y chercher… mais pas beaucoup plus. J'aurais aimé ressentir le grand plaisir et l'exaltante fascination qui m'imprégnaient lorsque je lisais le Cauchemar d'Innsmouth et autres nouvelles de Lovecraft en janvier mais ce ne fut pas le cas.
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La lecture des quatre premières nouvelles (sur six...) ne m'a guère emballé. Comme parfois les textes de cette époque, c'est verbeux, poseur, rempli de clés dont plus personne n'a que faire, et avec cette manie un peu vaine du mot étrange, peu usité, inhabituel... Mais le principal problème, je m'en suis rendu compte plus tard, c'est peut-être l'accumulation de notes, dans cette édition, qui hache la lecture et un style qui coulerait peut-être mieux sans cela. Il me semble d'ailleurs que c'est le cas avec l'autre petit volume de contes cruels que j'ai à ma disposition et que je suis en train de lire petit à petit, texte à texte.
C'est ainsi que dans ce livre j'ai fini par être un peu plus sensible à quelques passages plus réussis et surtout juste de la cinquième nouvelle, "Le désir d'être un homme". Ainsi : "De rares feuilles jaunies, poussiéreuses et bruissantes, filaient dans les rafales, heurtant les pierres, rasant l'asphalte, puis, semblances de chauves-souris, disparaissaient dans l'ombre, éveillant ainsi l'idée de jours banals à jamais vécus."
"Fleurs de ténèbres", dernière miniature en clair-obscur, mi-espièglerie, mi-poème en prose, a aussi son charme.
Lien : https://www.bookcrossing.com..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Ô miserable! Grommelait-il, quelles insomnies vengeresses je vais goûter au milieu des fantômes de mes victimes ! Je sens sourdre en moi l'âme des Néron, brûlant Rome par exaltation d'artiste ! des Érostrate, brûlant le temple d'Éphèse par amour de la gloire !... des Rostopchine, brûlant Moscou par patriotisme ! des Alexandre, brûlant Persépolis par galanterie pour sa Thaïs immortelle ! ... Moi, je bruûle par DEVOIR, n'ayant pas d'autre moyen d'existence !
- j'incendie parce que je me dois à moi-même !... Je m'acquitte ! Quel Homme je vais être ! Comme je vais vivre ! Oui, je vais savoir, enfin, ce qu'on éprouve quand on est bourrelé. - Quelles nuits, magnifiques d'horreur, je vais délicieusement passer !... Ah, je respire ! je renais !... j'existe ! ... Quand je pense que j'ai été comédien ! ...
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Là, sur le piano, qui donc avait tourné la page finale de la mélodie d’autrefois ? Quoi ! la veilleuse sacrée s’était allumée dans le reliquaire ! Oui, sa flamme dorée éclairait mystiquement le visage, aux yeux fermés, de la Madone ! Et ces fleurs orientales, nouvellement cueillies, qui s’épanouissaient là, dans les vieux vases de Saxe, quelle main venait de les y placer ? La chambre semblait joyeuse et douée de vie, d’une façon plus significative et plus intense que d’habitude. Mais rien ne pouvait surprendre le comte ! Cela lui semblait tellement normal qu’il ne fit même pas attention que l’heure sonnait à cette pendule arrêtée depuis une année.
Ce soir-là, cependant on eût dit que, du fond des ténèbres, la comtesse Véra s’efforçait adorablement de revenir dans cette chambre tout embaumée d’elle. Elle y avait laissé tant de sa personne ! Tout ce qui avait constitué son existence l’y attirait. Son charme y flottait ; les longues violences faites par la volonté passionnée de son époux y devaient avoir desserré les vagues liens de l’Invisible autour d’elle !…
Elle y était nécessitée. Tout ce qu’elle aimait, c’était là.
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— Raymond, dit tranquillement le comte, ce soir, nous sommes accablés de fatigue, la comtesse et moi ; tu serviras le souper vers dix heures. — À propos, nous avons résolu de nous isoler davantage, ici, dès demain. Aucun de mes serviteurs, hors toi, ne doit passer la nuit dans l’hôtel. Tu leur remettras les gages de trois années, et qu’ils se retirent. — Puis, tu fermeras la barre du portail ; tu allumeras les flambeaux en bas, dans la salle à manger ; tu nous suffiras. — Nous ne recevrons personne à l’avenir.

Le vieillard tremblait et le regardait attentivement.

Le comte alluma un cigare et descendit aux jardins.

Le serviteur pensa d’abord que la douleur trop lourde, trop désespérée, avait égaré l’esprit de son maître. Il le connaissait depuis l’enfance ; il comprit, à l’instant, que le heurt d’un réveil trop soudain pouvait être fatal à ce somnambule. Son devoir, d’abord, était le respect d’un tel secret.

Il baissa la tête. Une complicité dévouée à ce religieux rêve ? Obéir ?… Continuer de les servir sans tenir compte de la Mort ? — Quelle étrange idée !… Tiendrait-elle une nuit ?… Demain, demain, hélas !… Ah ! qui savait ?… Peut-être !… — Projet sacré, après tout ! — De quel droit réfléchissait-il ?…

Il sortit de la chambre, exécuta les ordres à la lettre et, le soir même, l’insolite existence commença.
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Un soleil d'été brisait ses longues flèches d'or sur les toits et les dômes de la vieille capitale. Des myriades de vitres se renvoyaient des éblouissements : le peuple, baigné d'une poudreuse lumière, encombrait les rues pour voir l'armée.
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En haut, la douce porte tourna sur le tapis ; il souleva la tenture.

Tous les objets étaient à la place où la comtesse les avait laissés la veille. La Mort, subite, avait foudroyé. La nuit dernière, sa bien-aimée s’était évanouie en des joies si profondes, s’était perdue en de si exquises étreintes, que son cœur, brisé de délices, avait défailli : ses lèvres s’étaient brusquement mouillées d’une pourpre mortelle. À peine avait-elle eu le temps de donner à son époux un baiser d’adieu, en souriant, sans une parole : puis ses longs cils, comme des voiles de deuil, s’étaient abaissés sur la belle nuit de ses yeux.

La journée sans nom était passée.
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Vidéo de Auguste de  Villiers de l'Isle-Adam
Auguste VILLIERS DE L'ISLE ADAM – Relecture (France Culture, 1981) L'émission "Relecture", par Hubert Juin, diffusée le 1er mai 1981 sur France Culture. Présences : Patrick Besnier, Pierre Citron et Jean Claude Renault. Lecture : Jean Topart, Manuel Denis, Catherine Sellers.
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