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Valérie Villieu (Autre)Antoine Houcke (Autre)
EAN : 9782849533253
128 pages
La Boîte à Bulles (27/05/2020)
4.37/5   38 notes
Résumé :
J'ai mis en route l'enregistreur et Wally a parlé durant des heures, comme si une digue s'était rompue et que les mots pouvaient enfin remonter le cours de son histoire. L'histoire d'une famille juive polonaise venue s'installer en banlieue parisienne en 1926, qui s'est trouvée emportée par les tourments du milieu du XXe siècle.

Wally s'est rappelé ces années où elle a dû se cacher avec ses sœurs dans un village proche de Grenoble. Une vie de faim, d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Avec Deux hivers un été, La Boîte à Bulles a édité un album magnifiquement émouvant, terriblement vrai, absolument nécessaire pour ne jamais oublier toutes ces vies emportées par la barbarie nazie avec la complicité de l'État français, le gouvernement de Vichy.
Aux vies emportées dans de terribles souffrances, s'ajoutent la peur, les nuits sans sommeil, la faim, la fuite, les ruptures familiales, tout ce qu'ont enduré celles et ceux qui ont réussi à échapper aux rafles, aux dénonciations, aux arrestations.
Dans son émouvante préface, Annette Wievorka, historienne et directrice de recherche au CNRS, rappelle ce que vécurent ces familles venues des pays de l'Est pour s'installer en France. Juifs pratiquants ou non, ces gens se sont intégrés en travaillant dur et n'ont pas compris ce qui leur arrivait lorsque la persécution a commencé.
Wally Danzig a vraiment raconté pour la première fois son histoire et celle de sa famille à Valérie Villieu qui a su mettre en forme des textes remarquables.
De son côté, Antoine Hourcke a consacré six années de travail pour dessiner, mettre en images une histoire qui traverse les plus terribles événements du XXe siècle. du plus sombre au plus gai, des camps d'internement de Drancy aux vues de Belledonne, à Corenc, près de Grenoble, le résultat est varié, très impressionnant.
Avec beaucoup de simplicité, Wally présente Herman Danzig, son père, austro-hongrois, touriste à Paris, pris au piège au moment où l'Allemagne déclare la guerre à la France, le 3 août 1914. Déjà, le voilà dans un camp d'internement où il apprend le français et, c'est admirable, aime encore plus notre pays.
Libéré à la fin de la guerre, il rentre à Leipzig où il épouse Chana qui l'attendait. Les enfants ne tardent pas à naître : Béno, Marie-Erna, Bella et Wally (20 mars 1926). C'est justement en octobre de cette année-là que toute la famille vient vivre en France. Béno devient Bernard, Marie-Erna, Marcelle, et Wally, Valentine. Herman se transforme en Henri et Chana en Anna. Seule Bella garde son prénom.
Au fil des pages, l'Histoire défile avec les dates terribles : 1933 (Hitler chef du gouvernement, l'incendie du Reichstag) et la montée inexorable du nazisme. La famille Danzig vit heureuse dans Paris, un peu plus à l'aise grâce au travail de la mère qui crée des ornements à chapeaux et à boutonnières que vend le père. En 1932, c'est la naissance de Jackie et il faut se serrer dans le petit appartement.
Depuis le début, le gris et le noir dominent et ça ne va pas s'arranger avec le début de la Seconde guerre mondiale. Herman s'est engagé dans l'armée française et il est appelé comme réserviste.
Très vite, les Juifs sont persécutés et les rafles commencent. 14 mai 1941 : rafle du « billet vert » avec 3 700 hommes arrêtés. L'engrenage infernal est lancé et c'est bien raconté.
Passage en zone libre pour Marcelle, Bella et Wally et voici la couleur pour l'arrivée à Corenc, près de Grenoble. Les images superbes n'enlèvent pas la tension, le danger qui rôde mais Wally reconnaît avoir vécu des moments de bonheur, rendant hommage à Pierre et Madeleine Flandrin ainsi qu'à Louis et Suzanne le Cazoulat, « Justes parmi les Nations » qui leur ont évité l'arrestation et la déportation. Wally et ses soeurs ont vécu là, Deux hivers et un été complet mais c'est là aussi qu'elles ont appris l'arrestation de leur père après celle de Béno.
En mars 1944, il faut partir, quitter la région grenobloise devenue trop dangereuse. Puis, c'est la Libération et l'attente du retour des camps d'extermination avec toujours l'espoir mais c'est le silence qui l'emporte…
Pour finir, les auteurs ont ajouté cinq pages de repères historiques avec la reproduction des lettres de Béno et de Chana écrites à Drancy, bouleversantes à lire. Les cartes d'identité de Marcelle et Wally, retrouvées à Corenc en 2015, figurent aussi avec le coup de tampon JUIF, bien visible. Enfin, Wally a eu la délicatesse de publier son album photo permettant de voir toute cette famille dans des moments de bonheur, famille que Wally a réussi à réunir à nouveau dans ces pages si émouvantes et nécessaires.
Je remercie très chaleureusement Lecteurs.com et La Boîte à Bulles qui m'ont permis cette découverte d'un si précieux témoignage en bande dessinée, témoignage graphique remarquable en lice pour le Prix BD Lecteurs.com 2021.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Deux hivers un été est une magnifique BD qui raconte par la voix de Wally, le destin de sa famille juive polonaise, et notamment les années, sous l'occupation, où elle et ses soeurs, envoyés par leurs parents, ont dû se cacher dans un village proche de Grenoble, Corenc.
Herman Danzig fait du tourisme à Paris, le 3 août 1914, le jour où l'Allemagne déclare la guerre à la France. Austo-hongrois, il est considéré comme ennemi. Il est fait prisonnier civil et enfermé dans un camp d'internement. Libéré, il rentre à Leipzig. Il se marie bientôt avec Chana. Tous deux sont originaires de Brody en Pologne. Wally naît le 20 mars 1926. Avant elle, sont nés son frère Béno en 1921, ses soeurs Marie-Erna en 1923 et Bella en 1924. Wally n'a que 6 mois quand la famille part s'installer en France. Son père malgré son internement est resté nostalgique de notre pays, attiré par la culture, la littérature et la cuisine. Par souci d'intégration, ils franciseront même leurs prénoms et en 1932, naîtra la petite Jackie.
À force de travail, ils parviennent à faire prospérer leur activité de confection et à acquérir une relative prospérité économique, se créant une nouvelle vie, jusqu'en 1940. Ce sont cependant des années malheureusement jalonnées d'événements qui conduiront à l'irrémédiable. Ce sont Janvier 1933 où Hitler est nommé chef du gouvernement en Allemagne, Août 1934 où il proclame l'avènement du IIIe Reich, la terrible « nuit de cristal » du 9 au 10 novembre 1938 et enfin l'invasion de la Pologne par l'Allemagne le 1er septembre 1939, avec pour réaction la déclaration de guerre de la France et l'Angleterre à l'Allemagne le 3 septembre 1939.
Dès 1940, les Allemands ordonnent un recensement des Juifs et « Interdits après interdits, notre monde rétrécit. » et « Insidieusement, le piège se referme sur nous. » Une pleine page illustre d'ailleurs cette réflexion sous une forme très explicite.
En 1941, tout s'accélère, les mesures anti-juives tombent en cascade et les rafles commencent.
À partir du 7 juin 1942, le port de l'étoile jaune pour les Juifs devient obligatoire. C'est peu après que les parents décident d'envoyer Wally et ses soeurs dans le petit village de Corenc, au-dessus de Grenoble.
Ce sont principalement ces années hantées par la frayeur quotidienne que Wally a mis du temps à raconter qui nous sont contées grâce à l'auteure Valérie Villieu à qui elle a accepté de se confier pour nous transmettre cet indispensable témoignage. Si ce livre raconte la vie des soeurs Danzig lors de ces terribles années, il a également une portée universelle, leurs vies pouvant être comparées à celui d'une multitude d'autres familles juives de France ayant subies le même sort.
La force de ce récit tient justement au fait que la petite histoire est imbriquée dans la grande et plus particulièrement à celle de la résistance iséroise.
Quant au dessin d'Antoine Houcke, il est tout simplement fabuleux dans le rendu des deux sentiments très forts qui animent Wally durant ces deux hivers et un été où elle devra vivre cachée dans ce village montagnard au coeur de la nature. Dès son arrivée, elle est partagée entre l'inquiétude pour sa famille et le bonheur de la découverte de la montagne « C'est si beau, rassurant, apaisant ». Elle essaie d'y trouver des raisons d'espérer. Et ça, le dessinateur l'a fort bien rendu, utilisant un trait réaliste, noir, et un univers tout en grisaille pour illustrer cette horrible période de l'histoire et s'emparant des couleurs une fois que Wally a passé la ligne de démarcation. Étonnamment d'ailleurs, quand elle repense à cette période de Corenc, « Il m'arrive de me dire que c'était un des plus beaux moments de ma vie » et cela parce que « Tout était encore possible ». Une éblouissante double-page avec des taches de pastel rappelle la magie de l'automne et d'autres pages encore sont là pour rappeler la beauté que recèle la nature loin des noirceurs et de l'obscurité de cette horrible période de l'histoire. Nul doute que le décor environnant ait pu contribuer à apporter une aide à Wally pour faire face au froid, à la faim aussi, à l'inquiétude quant à ses proches et au doute quant à l'avenir, et lui faire respirer comme une bouffée d'air pur, bienvenue.
Les textes puissants et émouvants, pleins de sensibilité de Valérie Villieu alliés aux dessins splendides et tellement évocateurs d'Antoine Houcke touchent le lecteur en plein coeur et rendent le témoignage de Wally absolument bouleversant et plein de pudeur, un récit nécessaire afin de ne pas oublier l'ignominie dont ont pu faire preuve des hommes à une époque pas si éloignée que ça.
En appendice de cet album, sont donnés des repères historiques nous permettant de bien resituer certains faits, de même que les originaux de deux lettres de Béno, frère de Wally depuis le camp de Drancy et de celui de Royallieu-Compiègne ainsi que d'autres documents. En fin d'ouvrage, l'album photos de Wally, avant et après Corenc.

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C'est le récit d'un témoignage d'une française d'origine juive. Ses parents qui vivaient en Pologne s'étaient installés à Paris en 1926.

Il faut dire que le père austro-hongrois avait eu la mauvaise idée de visiter la capitale alors que la Première Guerre Mondiale avait été déclaré. Il se retrouvait au coeur du territoire ennemi qui l'a d'ailleurs emprisonné durant les 4 années du conflit. Pour autant, malgré sa captivité, il avait appris à aimer notre pays.

Il ouvre un commerce à Paris qui prospère mais c'est sans compter sur l'avènement d'un homme qui allait assombrir la face du monde à tout jamais. Hitler a entraîné la guerre et la mort de plus de 50 millions de personnes à travers le monde. Si seulement, l'académie de peinture avait bien voulu de lui. Mais bon, il était trop mauvais.

Le sujet principal est la traque des juifs à l'occasion des rafles qui ont sévi en France avec la complicité du gouvernement de Vichy. Tout a été progressif. D'abord des interdictions (d'exercer un métier par exemple) puis des humiliations (le port de l'étoile jaune) et enfin l'extermination dans des camps de concentration.

On peut encore avoir du mal à imaginer parce qu'on était d'une autre religion que chrétienne, on soit pourchassé et exterminer par million que l'on soit des femmes, des enfants ou des vieillards. Cela concernait également ceux qui avaient défendu le territoire national contre l'invasion allemande durant les deux guerres.

En lisant ce témoignage d'une jeune femme qui vit caché dans les montagnes en ayant la peur au ventre d'être capturé, on se rend compte que nos petits problèmes quotidiens n'étaient rien comparés à ceux vécu par toute cette génération. On peut aisément relativiser.

Bien sûr, le sujet n'est pas nouveau et a été maintes fois exploités sur le support de la bande dessinée. L'oeuvre principale et culte restera le célèbre comics Maus. Maintenant, c'est toujours appréciable d'avoir plusieurs témoignages afin de souligner la véracité des faits qui sont parfois réfutés par les tenants de partis d'extrême-droite. Il faut également que les nouvelles générations n'oublient pas ce qui s'est passé en Europe et qui est extrêmement grave.

Je sais que l'histoire se répète comme le prouve le massacre de Boutcha toujours en Europe durant l'année 2022. Il faut espérer que le principal criminel de guerre soit arrêté comme il se doit suite au mandat d'arrêt international. Pour moi, ce n'est pas un chef d'état mais un criminel qui doit être traité comme tel.

Sur la forme, le graphisme n'est pas celui que je préfère mais il passe quand même assez bien pour ce type de récit. Il me manque juste un peu plus de personnalisation qui aurait fait qu'on s'attache plus facilement à notre narratrice héroïne rescapée. C'est quand même un peu statique.

Ceci dit, il n'en demeure pas moins que sur le fond, cela mérite amplement lecture. Une version de plus mais qui compte.
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Wally Danzig n'a que six mois quand sa famille juive polonaise quitte l'Allemagne pour venir s'installer en France en 1926. Son père a paradoxalement appris à aimer ce pays quand en 1914, alors qu'il venait y faire du tourisme juste avant la déclaration de guerre, il a été emprisonné durant 4 ans parce qu'il était de nationalité austro-hongroise et considéré comme un ennemi. Les débuts dans ce pays tant rêvé sont difficiles pour les Danzig qui travaillent dans la confection mais à force de travail et d'abnégation ils acquièrent une certaine aisance employant même une vingtaine d'ouvrières dans leur atelier. Leurs cinq enfants mènent une vie heureuse mais leur insouciance prend fin avec la déclaration de guerre et surtout la défaite. Avec le régime de Vichy, tout bascule. Ils connaissent la peur, l'humiliation, l'exclusion. Après l'arrestation du fils aîné Beno, puis la rafle du Vel d'Hiv en 1942, les parents décident, la mort dans l'âme, d'envoyer leurs filles en zone libre. Elles vont se réfugier durant « deux hivers, un été » à Corenc dans la région grenobloise …
*
Cet album a bénéficié du soutien de la fondation pour la Mémoire de la Shoah et été supervisé par Annette Wievorka (spécialiste de la Shoah dont les grands-parents maternels sont morts à Auschwitz) qui en signe également la préface. Il est fondé sur le témoignage de Wally Danzig recueilli par Valérie Villedieu. La vieille dame n'avait jamais réellement raconté sa vie et pensait que sa mémoire lui ferait défaut mais les souvenirs sont revenus, intacts, douloureux, bouleversant et heureux quelques fois… Il n'y a aucune bulle : tout le récit est fait à l'aide de récitatifs qui retranscrivent sa parole.
*
Comme le souligne l'historienne dans sa préface, l'histoire de Wally est « singulière et pourtant si semblable à celle de nombreux Juifs de France nés, comme elle, au début des années 20 ». le mérite de ce récit est de «personnaliser » des événements racontés dans les livres d'Histoire, d'ailleurs des astérisques dans la première partie du récit renvoient aux repères historiques placés en fin de volume. On navigue ainsi sans cesse de l'histoire à L Histoire et l'album acquiert une visée didactique un peu lourde parfois. La deuxième partie est plus personnelle cependant et me semble la plus intéressante parce que moins rebattue. On apprend ce qu'a vécu Wally, 16 ans seulement, lorsqu'elle a dû fuir le Paris occupé. On ne peut éprouver que de l'empathie pour cette adolescente qui y reviendra transformée grandie beaucoup trop tôt et orpheline. On apprend aussi comment la vie « en zone libre » était néanmoins dangereuse : parfois des rafles y étaient organisées pour combler les quotas imposés par les Allemands ; les Italiens qui occupèrent la région fin 1942 les laissèrent au contraire tranquilles, mais cela ne dura pas puisqu'elle passa sous contrôle allemand moins d'un an plus tard. On perçoit très bien l'étau qui se resserre, l'Eden qui devient une prison. A travers son récit , toutes les privations, la débrouille au quotidien nous sont racontés ainsi que la solidarité (un policier très humain et des voisins, les Flandrin veillent sur elles) comme l'amour naissant qu'elle éprouve pour celui qui deviendra son mari.
*
Les dessins au pinceau d'Antoine Houcke sont de toute beauté ; il lui a fallu six années pour illustrer ce témoignage. Il a porté une attention particulière à l'utilisation de la couleur et varié les techniques : les planches sont réalisées au fusain en sépia tirant sur le noir dans les moments de guerre ou de danger et se transforment en aquarelles aux couleurs vives une fois que la jeune fille est au contact de la nature iséroise. de nombreux dessins de la première partie s'inspirent de photos d'époque pour ancrer l'histoire des Danzig dans la réalité mais développent également une forme de symbolisme quand elles évoquent l'étau qui se resserre autour des familles juives dans une pleine page dans laquelle des hommes et des femmes sont enserrés par des barbelés en forme d'étoile de David ou quand s'effacent progressivement les visages des voisins de Wally comme pour annoncer leur disparition prochaine. Chaque retour aux cases « noires » en deuxième partie permet, quant à lui, de bien matérialiser le danger qui n'est jamais loin. Comme il n'y a pas de phylactères les pages alpines ressemblent souvent à de vrais tableaux surtout lorsqu'elles se déploient sur des doubles pages.
*
Le livre s'achève avec des photos familiales et des extraits de lettres donnant encore davantage de force au récit, un peu comme ces photos placées au mémorial d'Izieu ou à Oradour. « Deux hivers, un été » est une oeuvre simple mais pas simpliste. Plus témoignage illustré que véritable bande dessinée, elle rend néanmoins abordable pour tous cette réalité que d'aucuns voudraient occulter et a le mérite de transcrire le récit d'un des survivants quand leur nombre va sans cesse décroissant. Alors certes c'est un énième album sur la Shoah mais y en aura-t-il jamais assez ?
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Cette bande dessinée s'avère très impressionnante, très émouvante, non parce qu'elle repose sur des faits réels (avec une documentation historique et personnelle en annexe), mais parce que tout y sonne authentique.
Textes et illustrations s'y conjuguent dans la puissance et l'économie . Comment lire sans émotion les promesses de retrouvailles dans les lettres d'alors ? le lecteur d'à présent sait ce qu'elles sont devenues....
Sur trois générations on suit l'histoire de juifs polonais qui, de touristes à Paris, deviennent prisonniers en 1914, vivent ensuite en France et connaîtront dans leur chair ces mots terribles : exil, invasion, exode, déportation, clandestinité ?
Les couleurs grises des images de tout format convoquent L Histoire sous la forme de cartes postales d'époque, de photos réinventées, d'affiches historiques (l'hystérie fasciste p.26), d' énumérations, d'interdictions, de visages inquiets, de fuites... Ce sont nos mémoires ! Une seule image (p.30) pour la Nuit de Cristal (novembre 1938) mais quelle violence !
Ces dates servent de jalons, précis dans la chronologie historique, comme la mention des lieux : Paris (passage Brady, boulevard de Sébastopol), Lyon, Grenoble, et le refuge de Corenc.
Là, période de repos et d'émerveillement de Wally la narratrice, devant la montagne, la végétation printanière, les émois du coeur. Images colorées du bonheur..
- On vit cette aventure vécue, dans les détails du quotidien ! Les chapeaux confectionnés par les parents, La robe à la mode donnée par une amie, mais aussi moins rassurants, les bérets, les casques.
Les souvenirs anciens remontent , de nouveaux ressurgissent, ceux qui alimentés par des traumatismes, rappellent des visages oubliés, estompés par la mémoire - et les dessins.
«Retenez vos larmes » disait Aragon. Plus actif, cet album montre la résilience de ceux qui ont traversé des chaînes d'épreuves, conservé la force de vivre et de nous lancer un message pour que nous soyons conscients et avisés. Une belle réussite !
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critiques presse (1)
Bedeo
10 juillet 2020
Outre le nécessaire devoir de mémoire, les témoignages de survivants sont d’autant plus précieux que leur nombre se restreint au fil des ans. De plus, cet album s’avère particulièrement réussi sur le plan graphique grâce au remarquable travail d’Antoine Houcke.
Lire la critique sur le site : Bedeo
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Ces jours sont fait d’incertitudes.
Nous ne savons pas où nous allons dormir le soir.
Les routes sont encombrées, chaotiques. Tout est improvisé. Nous trouvons parfois refuge dans des réfectoires, des salles de classe, un hall de gare. Nous dormons par terre sur un tas de cailloux, dehors, sous la pluie. Nous avançons à pied ou bien sur une charrette.
Notre route s’arrête à Brive-la-Gaillarde, dans le sud du Limousin. (page 38)
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Des nouvelles alarmantes, difficiles à concevoir, arrivent de l’Est, à mesure que les Alliés progressent. Dès l’été 1944, les Russes libèrent Majdanek et Treblinka. Avec ces noms jusqu’ici inconnus, apparaît l’impensable.
Le 27 janvier 1945, Auschwitz est libéré par l’Armée rouge, puis Buchenwald en avril 1945 par les Américains. La liste ne semble jamais avoir de fin : Mittelbau, Bergen-Belsen, Dachau, Mauthausen…
Les libérateurs racontent, mais aussi des journalistes.
Des photos nous parviennent par la presse. La barbarie nazie explose au visage du monde. (page 168)
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Je sais aujourd’hui que, en ce début d’année 1944, les Allemands n’atteignent pas les chiffres d’arrestations fixés. Ils comprennent que l’aide de la population y est pour beaucoup. Ils mènent alors une véritable politique d’intimidation en arrêtant les personnes qui sont soupçonnées d’aider les Juifs. Maintenues en détention quelques jours, elles sont ensuite relâchées.
Mais madame Flandrin ne nous lâche pas. (page 151)
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La région de Grenoble est administrée par l’Italie depuis novembre 1942. L’Italie est bien l’alliée de l’Allemagne mais, pour affirmer son pouvoir et se démarquer des Allemands et des Français, elle préfère donner la priorité à la chasse aux résistants, à tel point que la région est devenue un refuge pour les Juifs !
On la nomme d’ailleurs « la petite Palestine ». Bien sûr, nous ignorions tout cela, mais je sais à présent que cela a joué un rôle majeur dans notre survie. (page 105)
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Notre vie change, mes parents partent travailler toute la journée.
Une nounou vient nous chercher à l’école et s’occupe de nous jusqu’à leur retour.
Le soir, quand ils rentrent, nous dévalons la rue comme une volée de moineaux pour sauter dans leurs bras. Nous sommes si heureux, si éloignés du fracas de l’Histoire. (page 29)
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