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Critique de Asil


La citation de la quatrième de couverture est de Valérie Villieu. Ce sont les mots d'une infirmière à domicile, des mots qui évoquent une rencontre forte, une rencontre qui a bouleversé sa vie.

Lorsque je me suis lancée dans la lecture de cette bande dessinée, j'avais un apriori plutôt positif. Je connais un peu de la difficulté qu'il y a à s'occuper de personnes âgées aux capacités déclinantes. Pourtant les premières pages m'ont chagrinée. J'ai trouvé le ton de départ un peu moralisateur. J'ai eu peur que la BD présente un point de vue vraiment centré, avec d'un côté les gentils (peu nombreux) et de l'autre tous les méchants pas beaux égoïstes intéressés.

Au fil de ma lecture, j'ai doucement changé d'avis. Bien sûr, l'auteure dresse un portrait accablant du système, mais c'est sa manière à elle de mettre en lumière les mécaniques sociales et administratives qui ne fonctionnent pas. Et surtout cela reste son propos de fond, celui qu'elle soutient tout au long du récit, mais ce n'est pas, pour moi, le plus important.

Le plus important c'est Joséphine, le portrait qu'elle dresse de cette femme âgée perdue dans son corps et dans son quotidien est bouleversant de justesse et de tendresse (une tendresse dont les personnes âgées manquent bien souvent). Joséphine vit seule dans son petit appartement, le même depuis très longtemps, c'est son dernier refuge mais elle commence à y perdre pied. le pire c'est quand elle sort et qu'elle ne se souviens plus où se trouve sa maison. Après l'une de ses sortie elle est déclarée incapable de s'occuper d'elle même, elle est donc placée sous tutelle. Cela veut dire que son argent est géré par une autre personne, une tutrice qu'elle ne connait même pas, de plus tous les jours des auxiliaires de vie viennent lui préparer ses repas et une infirmière passe la voir une à deux fois par jour pour effectuer les soins médicaux. Malheureusement chacun est très occupé et a peu de temps à accorder à la vieille femme. Les auxiliaires de vie changent souvent et n'ont pas toute la vocation. Joséphine prend mal ces intrusions dans sa vie, dans son intimité. Il faudra beaucoup de temps et de patience pour que Valérie et sa collègue arrive à briser sa carapace pour voir une très belle relation se nouer.

La maladie de Joséphine, ses hauts, ses bas sont très bien décrits, on ressent parfaitement le désarroi de l'infirmière ainsi que de Joséphine elle même. le lecteur la voit décliner au fil des pages, la fin même si elle est inéducable n'apparaît pas comme une sentence, mais une ouverture vers autre chose. Finalement les professionnels de santé, du secteur social, de l'aide à domicile lorsqu'ils sont passionnés par leur travail deviennent bien plus que de simple encadrants, ils deviennent des soignants, des accompagnants et parfois des proches de ces personnes en souffrance. C'est ce que Valérie Villieu arrive à nous montrer dans cette bande dessinée, ce témoignage qui pourrait presque faire office de manifeste.

Les dessins apportent une autre dimension au récit. Les couleurs sont peu variées, le noir et le blanc sont omniprésents, et tout cela est adapté au déroulement de l'histoire, aux différentes phases de lucidité de Joséphine. le découpage est très réussi alternant les planches de 9 cases très régulières et les planches beaucoup plus fantaisistes sans cadre fixe, parfaitement adaptées aux délires de la vieille dame.

Au final, Little Joséphine m'aura surprise et touchée par sa justesse.
Lien : http://calokilit.wordpress.c..
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