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EAN : SIE227595_89
Fernand Hazan (01/01/1945)
4.69/5   8 notes
Résumé :
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Etrange François Villon - capricieux, immoral, maudit, doué... et sa poésie magnifique et si différente des écrits de son temps - une sorte de Rimbaud du Moyen Age. A lire absolument le testament, la ballade des pendus, la ballade des dames du temps jadis qui fut ensuite chantée par Brassens - et pour le plaisir d'imaginer ce qu'aurait pu être l'homme - ou pas : Je , François Villon de Teulé
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Même si le vieux français n'est pas toujours évident, le poète jongle avec les mots, les styles, les humeurs et les phrases toujours si bien tournées. Liberté de ton incroyable!
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
CY COMMENCE
LE
GRANT TESTAMENT
DE
FRANÇOIS VILLON
FAIT EN 1461

I.1/


En l’an trentiesme de mon eage,
Que toutes mes hontes j’eu beues,
Ne du tout fol, ne du tout sage.
Nonobstant maintes peines eues,
Lesquelles j’ay toutes receues
Soubz la main Thibault d’Aussigny.
S’evesque il est, seignant les rues,
Qu’il soit le mien je le regny !

II.

Mon seigneur n’est, ne mon evesque ;
Soubz luy ne tiens, s’il n’est en friche ;
Foy ne luy doy, ne hommage avecque ;
Je ne suis son serf ne sa biche.
Peu m’a d’une petite miche
Et de froide eau, tout ung esté.

Large ou estroit, moult me fut chiche.
Tel luy soit Dieu qu’il m’a esté.

III.

Et, s’aucun me vouloit reprendre
Et dire que je le mauldys,
Non fais, si bien me sçait comprendre,
Et rien de luy je ne mesdys.
Voycy tout le mal que j’en dys :
S’il m’a esté misericors,
Jésus, le roy de paradis,
Tel luy soit à l’ame et au corps !

IV.

S’il m’a esté dur et cruel
Trop plus que cy ne le racompte,
Je vueil que le Dieu eternel
Luy soit doncq semblable, à ce compte !…
Mais l’Eglise nous dit et compte
Que prions pour nos ennemis ;
Je vous dis que j’ay tort et honte :
Tous ses faictz soient à Dieu remis !

V.

Si prieray Dieu de bon cueur,
Pour l’ame du bon feu Cotard.
Mais quoy ! ce sera doncq par cueur,
Car de lire je suys faitard.
Priere en feray de Picard ;
S’il ne le sçait, voise l’apprandre,
S’il m’en croyt, ains qu’il soit plus tard
A Douay, ou à Lysle en Flandre !


VI.

Combien souvent je veuil qu’on prie
Pour luy, foy que doy mon baptesme,
Obstant qu’à chascun ne le crye,
Il ne fauldra pas à son esme.
Au Psaultier prens, quand suys à mesme,
Qui n’est de beuf ne cordoen,
Le verset escript le septiesme
Du psaulme de Deus laudem.

VII.

Si pry au benoist Filz de Dieu,
Qu’à tous mes besoings je reclame,
Que ma pauvre prière ayt lieu
Verz luy, de qui tiens corps et ame,
Qui m’a preservé de maint blasme
Et franchy de vile puissance.
Loué soit-il, et Nostre-Dame,
Et Loys, le bon roy de France !

VIII.

Auquel doint Dieu l’heur de Jacob,
De Salomon l’honneur et gloire ;
Quant de prouesse, il en a trop ;
De force aussi, par m’ame, voire !
En ce monde-cy transitoire,
Tant qu’il a de long et de lé ;
Affin que de luy soit memoire,
Vive autant que Mathusalé !

IX.

Et douze beaulx enfans, tous masles,
Veoir, de son très cher sang royal,

Aussi preux que fut le grand Charles,
Conceuz en ventre nuptial,
Bons comme fut sainct Martial.
Ainsi en preigne au bon Dauphin ;
Je ne luy souhaicte autre mal,
Et puys paradis à la fin.

X.

Pour ce que foible je me sens,
Trop plus de biens que de santé,
Tant que je suys en mon plain sens,
Si peu que Dieu m’en a presté,
Car d’autre ne l’ay emprunté,
J’ay ce Testament très estable
Faict, de dernière voulenté,
Seul pour tout et irrevocable :

XI.

Escript l’ay l’an soixante et ung,
Que le bon roy me delivra
De la dure prison de Mehun,
Et que vie me recouvra,
Dont suys, tant que mon cueur vivra,
Tenu vers luy me humilier,
Ce que feray jusqu’il mourra :
Bienfaict ne se doibt oublier.

Icy commence Villon à entrer en matière pleine d’erudition et de bon sçavoir.


XII.

Or est vray qu’apres plaingtz et pleurs
et angoisseux gemissemens,

Après tristesses et douleurs,
Labeurs et griefz cheminemens,
Travail mes lubres sentemens,
Esguisez comme une pelote,
M’ouvrist plus que tous les Commens
D’Averroys sur Aristote.

XIII.

Combien qu’au plus fort de mes maulx,
En cheminant sans croix ne pile,
Dieu, qui les Pellerins d’Esmaus
Conforta, ce dit l’Evangile,
Me montra une bonne ville
Et pourveut du don d’esperance ;
Combien que le pecheur soit vile,
Riens ne hayt que perseverance.
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XXXIV.

Item, je laisse à Mairebeuf
Et à Nicolas de Louvieulx,
A chascun l’escaille d’un œuf,
Plaine de frans et d’escus vieulx.
Quant au concierge de Gouvieulx,
Pierre Ronseville, je ordonne,
Pour luy donner encore mieulx,
Escus telz que prince les donne.

XXXV.

Finalement, en escrivant,
Ce soir, seullet, estant en bonne,
Dictant ces laiz et descripvant,
Je ouyz la cloche de Sorbonne,
Qui tousjours à neuf heures sonne
Le Salut que l’Ange predit ;
Cy suspendy et cy mis bonne,
Pour pryer comme le cueur dit.

XXXVI.

Cela fait, je me entre-oubliai,
Non pas par force de vin boire,
Mon esperit comme lié ;
Lors je senty dame Memoire
Rescondre et mectre en son aulmoire
Ses espèces collaterales,
Oppinative faulce et voire,
Et autres intellectualles.

XXXVII.

Et mesmement l’extimative,
Par quoy prosperité nous vient ;
Similative, formative,
Desquelz souvent il advient
Que, par l'art trouvé, hom devient
Fol et lunatique par moys :
Je l’ay leu, et bien m’en souvient,
En Aristote aucunes fois.

XXXVIII.

Doncques le sensif s’esveilla
Et esvertua fantaisie,
Qui tous argeutis resveilla,
Et tint souveraine partie,
En souppirant, comme amortie,
Par oppression d’oubliance,
Qui en moy s’estoit espartie
Pour montrer des sens l'alliance.

XXXIX.

Puis, mon sens qui fut à repos
Et l’entendement desveillé,
Je cuide finer mon propos ;
Mais mon encre estoit gelé,
Et mon cierge estoit soufflé.
De feu je n’eusse pu finer.
Si m’endormy, tout enmouflé,
Et ne peuz autrement finer.

XL.

Fait au temps de ladicte date,
Par le bon renommé Villon,
Qui ne mange figue ne date ;
Sec et noir comme escouvillon,
Il n’a tente ne pavillon
Qu’il n’ayt laissé à ses amys,
Et n’a mais q’un peu de billon,
Qui sera tantost à fin mys.

cy fine le testament Villon
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3/
XXVII.

Le dict du Saige est très beaulx dictz,
Favorable, et bien n’en puis mais,
Qui dit : « Esjoys-toy, mon filz,
A ton adolescence ; mais
Ailleurs sers bien d’ung autre mectz,
Car jeunesse et adolescence
(C’est son parler, ne moins ne mais)
Ne sont qu’abbus et ignorance. »

XXVIII.

Mes jours s’en sont allez errant,
Comme, dit Job, d’une touaille
Sont les filetz, quant tisserant
Tient en son poing ardente paille :
Lors, s’il y a nul bout qui saille,
Soudainement il le ravit.
Si ne crains rien qui plus m’assaille,
Car à la mort tout assouvyst.


XXIX.

Où sont les gratieux gallans
Que je suyvoye au temps jadis,
Si bien chantans, si bien parlans,
Si plaisans en faictz et en dictz ?
Les aucuns sont mortz et roydiz ;
D’eulx n’est-il plus rien maintenant.
Respit ils ayent en paradis,
Et Dieu saulve le remenant !

XXX.

Et les aucuns sont devenuz,
Dieu mercy ! grans seigneurs et maistres,
Les autres mendient tous nudz,
Et pain ne voyent qu’aux fenestres ;
Les autres sont entrez en cloistres ;
De Celestins et de Chartreux,
Bottez, housez, com pescheurs d’oystres :
Voilà l’estat divers d’entre eulx.

XXXI.

Aux grans maistres Dieu doint bien faire,
Vivans en paix et en requoy.
En eulx il n’y a que refaire ;
Si s’en fait bon taire tout quoy.
Mais aux pauvres qui n’ont de quoy,
Comme moy, Dieu doint patience ;
Aux aultres ne fault qui ne quoy,
Car assez ont pain et pitance.

XXXII.

Bons vins ont, souvent embrochez,
Saulces, brouetz et gros poissons ;

Tartres, flans, œufz fritz et pochez,
Perduz, et en toutes façons.
Pas ne ressemblent les maçons,
Que servir fault à si grand peine ;
Ils ne veulent nulz eschançons,
Car de verser chascun se peine.

XXXIII.

En cest incident me suys mys,
Qui de rien ne sert à mon faict.
Je ne suys juge, ne commis,
Pour punyr n’absouldre meffaict.
De tous suys le plus imparfaict.
Loué soit le doulx Jesus-Christ !
Que par moy leur soit satisfaict !
Ce que j’ay escript est escript.

XXXIV.

Laissons le monstier où il est ;
Parlons de chose plus plaisante.
Ceste matière à tous ne plaist :
Ennuyeuse est et desplaisante.
Pauvreté, chagrine et dolente,
Tousjours despiteuse et rebelle,
Dit quelque parolle cuysante ;
S’elle n’ose, si le pense-elle.

XXXV.

Pauvre je suys de ma jeunesse,
De pauvre et de petite extrace.
Mon pere n’eut oncq grand richesse.
Ne son ayeul, nommé Erace.
Pauvreté tous nous suyt et trace.
Sur les tumbeaulx de mes ancestres,

Les ames desquelz Dieu embrasse,
On n’y voyt couronnes ne sceptres.

XXXVI.

De pouvreté me guermentant,
Souventesfoys me dit le cueur :
« Homme, ne te doulouse tant
Et ne demaine tel douleur,
Se tu n’as tant qu’eust Jacques Cueur.
Myeulx vault vivre soubz gros bureaux
Pauvre, qu’avoir esté seigneur
Et pourrir soubz riches tumbeaux ! »

XXXVII.

Qu’avoir esté seigneur !… Que dys ?
Seigneur, lasse ! ne l’est-il mais !
Selon ce que d’aulcun en dict,
Son lieu ne congnoistra jamais.
Quant du surplus, je m’en desmectz.
Il n’appartient à moy, pecheur ;
Aux theologiens le remectz,
Car c’est office de prescheur.

XXXVIII.

Si ne suys, bien le considère,
Filz d’ange, portant dyadème
D’etoille ne d’autre sydère.
Mon pere est mort, Dieu en ayt l’ame,
Quant est du corps, il gyst soubz lame…
J’entends que ma mère mourra,
Et le sçait bien, la pauvre femme ;
Et le filz pas ne demourra.
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L’ÉPITAPHE

EN FORME DE BALLADE

Que feit Villon pour luy et ses compagnons, s’attendant estre pendu avec eulx.


Frères humains, qui après nous vivez,
N’ayez les cueurs contre nous endurciz,
Car, si pitié de nous pouvres avez,
Dieu en aura plustost de vous merciz.
Vous nous voyez cy attachez cinq, six :

Quant de la chair, que trop avons nourrie,
Elle est pieça devorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et pouldre.
De nostre mal personne ne s’en rie,
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre !

Se vous clamons, frères, pas n’en devez
Avoir desdaing, quoyque fusmes occis
Par justice. Toutesfois, vous sçavez
Que tous les hommes n’ont pas bon sens assis ;
Intercedez doncques, de cueur rassis,
Envers le Filz de la Vierge Marie,
Que sa grace ne soit pour nous tarie,
Nous preservant de l’infernale fouldre.
Nous sommes mors, ame ne nous harie ;
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre !

La pluye nous a debuez et lavez,
Et le soleil dessechez et noirciz ;
Pies, corbeaulx, nous ont les yeux cavez,
Et arrachez la barbe et les sourcilz.
Jamais, nul temps, nous ne sommes rassis ;
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charie,
Plus becquetez d’oyseaulx que dez à couldre.
Ne soyez donc de nostre confrairie,
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre !

ENVOI.

Prince Jesus, qui sur tous seigneurie,
Garde qu’Enfer n’ayt de nous la maistrie :
A luy n’ayons que faire ne que souldre.
Hommes, icy n’usez de mocquerie
Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre !
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Dites-moi, où et en quel pays
Est Flora, la belle romaine,
Alcibiade et Thaïs
Qui fut sa cousine germaine ?
Écho, qui parle quant on fait du bruit
Au-dessus d'une rivière ou d'un étang
Et eut une beauté surhumaine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?

Où est la très savante Héloïse
Pour qui fut émasculé puis se fit moine
Pierre Abélard à Saint-Denis ?
C'est pour son amour qu'il souffrit cette mutilation.
De même, où est la reine
Qui ordonna que Buridan
Fût enfermé dans un sac et jeté à la Seine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?

La reine blanche comme un lys
Qui chantait comme une sirène,
Berthe au Grand Pied, Béatrice, Alix,
Erembourg qui gouverna le Maine,
Et Jeanne, la bonne lorraine
Que les Anglais brûlèrent à Rouen,
Où sont-elles, Vierge souveraine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?

ENVOI
Prince, gardez-vous de demander, cette semaine
Ou cette année, où elles sont,
De crainte qu'on ne vous rappelle ce refrain :
Mais où sont les neiges d'antan ?
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Vidéo de François Villon
François VILLON – Improvisations jazz (FILM 2011) Un film intitulé "Villon Jazze" réalisé par Didier Baulès, Jean-Pierre C. Brouat, Franck Halimi, Fabien "Fabix" Rabeaux.
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