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Critique de DelphineBo


Thierry Vimal, qui a lui-même perdu sa fille aînée dans l'attentat de la Promenade des Anglais, en juillet 2016, met en scène dans ce roman deux victimes survivantes d'un attentat terroriste sur la marina d'une petite ville du sud de la France, Sainte-Lucie.

Emilio a vu son père Micka mourir sous ses yeux, tandis que sa mère, Serena, était aux toilettes. le retour au collège n'est pas simple pour l'adolescent qui, la jambe abîmée, doit affronter les regards compassés ou indifférents de ses camarades de troisième, qui le tiennent à distance parce qu'il incarne ce à quoi ils ont échappé. Il doit désormais vivre avec la peur de l'attentat à chaque coin de rue, sur le quai de la gare... Désemparée face à la souffrance de son fils, qu'il lui cache pourtant mais qu'elle devine à son mutisme, Serena gère comme elle peut sa propre douleur, trouvant un maigre réconfort dans quelques verres d'alcool ou dans les bras de Tom. Emilio, quant à  lui, déverse sa haine en compulsant les manettes de sa console.

Engluée dans son chagrin et la sidération de la mort si soudaine et violente de son mari Micka, Serena doit pourtant affronter la lourdeur administrative et ses aberrations.
Les titres des chapitres sont des formules indélicates qui sont assénées à Serena, au fil de ses démarches administratives, et dont la froideur choque tant elle souligne le caractère détaché et inhumain de ceux qui les énoncent : "Calmez-vous, madame.",  "Je ne fais que vous citer les directives.",...
L'auteur a fait le choix d'expliquer le côté technique, fastidieux des demandes d'indemnisation : Serena doit toujours prouver son statut de victime, passe sa vie à rédiger de nouveaux courriers, cherche à comprendre ce qui a pu motiver l'autopsie du corps de Micka  déjà meurtri par l'attentat ; elle doit subir des expertises complémentaires. le récit dessine au travers de ces démarches un long parcours de résilience et l'éloignement d'une mère et de son fils polytraumatisé qui ne parviennent plus à communiquer.

On ressent dans ce roman le parcours difficile que l'auteur a peut-être lui-même vécu. Il pointe du doigt le Fosvit (une organisation dont les experts sont chargés d'établir les préjudices subis en vue de l'indemnisation des victimes d'attentats) et sa "politique de la réparation minimale du préjudice" décourageant les victimes, à force d'expertises et de documents à fournir, de demander réparation.

J'ai aimé lire ce roman, triste et réaliste, très documenté, même si la fin est prévisible... Je remercie Babelio de me l'avoir fait découvrir dans le cadre d'une Masse Critique, et les éditions Le Cherche Midi pour l'envoi gracieux de ce livre.
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