AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,73

sur 11 notes
5
2 avis
4
4 avis
3
4 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Philippe Vinard est iconoclaste, lucide, tendre et enjoué. L'image de l'humanitaire expatrié(e) au Kampuchéa en 1985-87 n'a que peu à voir avec nos souvenirs d'enfance, avec « Il est minuit, Docteur Schweitzer » (sur le coup de minuit, à Phnom Penh, on joue de bien d'autre(s) chose(s) que du piano, malgré le couvre-feu), peu à voir avec des icônes de type Mère Teresa. « le Kampuchéa (…) attirait une meute de conseillers, de tuteurs, de souteneurs techniques et quelques charognards ».

À Phnom Penh, on célèbre la « Journée de la Haine », destinée à rappeler les crimes des Khmers rouges et à honorer le nouveau régime – communiste… Chacun doit passer trois à six mois dans la jungle, à la frontière thaïlandaise, pour creuser une immense tranchée puis la garnir de mines. On ampute les blessés par mine d'une jambe ou d'un bras, parfois de deux membres à la fois ; on « réampute » quand le travail a été mal fait.

En attendant un impossible départ pour la France ou quelque autre paradis, les survivants de l'Histoire officielle sollicitent des humanitaires qu'ils protègent, espionnent, traduisent et guident l'accès à des biens pour eux hors d'atteinte : lunettes « couleur de thé », albums d'Astérix ou de Tintin, tomes manquants d'Alexandre Dumas, robe française de chez Dior. Inversement, pour tenter de mener à bien les programmes de santé ou les campagnes de vaccination, les agences de coopération créent une unité monétaire officieuse : le sac de ciment.

Philippe Vinard évoque l'horreur d'une plume alerte : il a appris à relativiser – comme ses hôtes cambodgiens. Mais il n'est ni blasé ni indifférent. Des personnages attachants traversent son récit, sur leurs pieds nus, en danseuse sur leur bicyclette trop grande, ou dans leur accoutrement officiel. Nombre de ses interlocuteurs disparaissent mystérieusement : Soka le guide, Soun, le fonctionnaire en blouse grise, Sarom, le jeune acteur, Thanh, l'officier viêtnamien, Monsieur Sok, le chauffeur… certains réapparaissent après quelques mois ; d'autres, jamais.

« Lors des grandes eaux, Phnom Penh apparaît comme une île au milieu d'étangs moirés et tachés de lotus mauves.» Pour voyager dans l'espace et l'histoire, plongez-vous dans ce livre… livrez-vous au chant des sirènes !
Commenter  J’apprécie          30
Un ouvrage fascinant, dépaysant et très original pour moi qui ne connaît pas bien le Cambodge et son histoire. Des thématiques fortes, un style fluide et beaucoup d'humanité dans ce récit parfois ironique. Les difficultés des organisations humanitaires dans ce contexte communiste sont retracées dans des chapitres consacrés à divers aspects de la vie quotidienne. Une découverte d'un passé mouvementé mais aussi d'un pays qui ne peut laisser de marbre.
Un récit captivant lu d'une traite que je vous recommande vivement !
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (18) Voir plus



Quiz Voir plus

Voyage en Italie

Stendhal a écrit "La Chartreuse de ..." ?

Pavie
Padoue
Parme
Piacenza

14 questions
599 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , voyages , voyage en italieCréer un quiz sur ce livre

{* *}