AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,18

sur 28 notes
5
2 avis
4
4 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis
Admirer l'aube naissante. Boire à grandes goulées la pluie qui tombe. Ressentir le souffle du vent.
Caresser l'ombre de la nuit. Boire le bleu du ciel. Butiner le soleil. Saupoudrer de nuage.
Écouter les premiers pas dans l'escalier. Plonger le sucre tête la première dans le café noir. Murmurer trois notes de musique.
Rattraper la vie qui galope. Le temps qui déraille. Suspendre l'instant présent.
S'asseoir au bord du temps, les pieds dans le vide...
Susurrer les mots. Cajoler le moment. Simplement profiter, s'émerveiller.
Plonger la main dans ses petits riens. Fragiles. Cotonneux. Nostalgiques.
Regarder la vie passer avant qu'elle nous échappe...
Commenter  J’apprécie          9313
"Comme on ferme les yeux
Je voudrais garder quelque chose de ce que je vis. Garder quelque chose
de Maintenant . D'aujourd'hui. de ce moment. le temps est en sable. (...)
Je sais que je vais tout perdre. On finit toujours par perdre ces
Maintenant. (...) Je voudrais juste en garder quelque chose. Quelque chose
de vivant. Autre chose que la conscience que j'en ai. Autre chose que la
chose que la peur de le perdre. C'est la raison pour laquelle j'écris
ces mots. Ce n'est pas de la littérature. C'est de l'amour. J'écris comme
on ferme les yeux en embrassant quelqu'un. "(p. 16)

Les rencontres avec certains livres tiennent parfois juste du miracle, du
texte qui va nous sauver du trop gros chagrin, risquant de nous étouffer ou
de nous faire basculer ! pour ce recueil de courts textes poétiques , c'est le cas...il m'a consolée...

J'ai découvert avec enchantement et émotion la prose de Thomas Vinau
avec le "Camp des autres", et ce week-end, je me suis retrouvée à Niort, la capitale de la Venise verte, avec des amis...pour m'échapper d'un départ d'un proche , trop brutal...Un homme étonnant pour lequel je
travaillais depuis quelques années...une complicité, et une affection qui vont me manquer terriblement. Comme me l'a rappelé très justement un de ses fils d'après la propre philosophie paternelle, résolument
optimiste : ne regrettons pas ce que nous avons perdu, mais seulement se réjouir de la chance de l'avoir eu un moment....

Me promenant dans la très jolie ville de Niort, je n'ai pu résister à aller fouiner dans la grande librairie de la ville, "La Librairie des Halles"; envie subite de voir si ils possédaient dans leur fonds 'autres textes
de Thomas Vinau... Non seulement je suis tombée sur ce dernier texte publié et sur un jeune libraire, enthousiaste de la prose lumineuse de cet écrivain toulousain...
Je l'ai lu immédiatement, entre bouffées d'air dans la belle campagne, les échanges et papotages avec les amis..et ces mots réconfortants...

.L'impression de retrouver un frère ou un "faux jumeau" de Christian Bobin... "faux", car même si ce qui les fait vibrer tous les deux est très proche... leur musique, leur style a une tonalité originale et toute personnelle....

L'émerveillement de l'instant, des choses les plus humbles de notre quotidien, que nous regardons négligemment, le temps qui passe, la vie des êtres , si fragile...la faculté de remercier le fait tout simple
d'EXISTER...

"Combien de couleurs, de matières, de formes et de sensations se tiennent ensemble à travers le simple espace d'une fenêtre dans un unique instant ?
Le monde est impossible à épuiser. "(p. 18)

Ce recueil de proses mélodieuses m'ont fait chaud au coeur...redonné un peu de courage... Je vais continuer ma lecture assidue de ce styliste et poète humaniste...qui ouvre, embellit les horizons les plus
anodins...une sublime célébration de la vie et de la tendresse vers tous les autres vivants...ainsi que des fulgurances sur les éclats de bonheur générés par la paternité ...!
Commenter  J’apprécie          420
 
 
Recueil de textes courts. Des poèmes en prose
« mélancomineux » à la fois mélancoliques et
lumineux.

Des histoires quotidiennes d'amour, de soirs,
de matins, de ciel gris, de merveilles ordinaires.

« Fourmis sur notre bouchon de fortune » nous
savons ce que veut dire " nous ".

Et puis ce texte, au suspens insoutenable,
où l'humour, concerne, au final, un petit
bijou « fientesque ».

L'air de rien, Thomas Vinau, nous Dit les choses,
les Êtres.

Cet auteur me fait penser à cette formule de vie
légère et profonde :
    « Une fenêtre,
    «Un souffle,
    «La vie,
    «Le rêve se prolonge…


Ainsi :

" du bleu plein les doigts
Crépuscule jaune. Grosse averse. le brouhaha de
l'eau sur les tuiles et sur les feuilles. Puis le silence.
La lumière qui éclate. Les verts gorgés de l'herbe
et des taillis. le ciel rempli de bleus. J'imagine un
peintre, de la peinture plein les vêtements, les
doigts, le nez, le visage.
p.11


" Comme on ferme les yeux
Je voudrais garder quelque chose de ce que je vis.
Garder quelque chose de Maintenant. D'aujourd'hui.
De ce moment. le temps est en sable. le ciel a une
couleur de brique. Nous sommes un soir d'été.
[…]
                    Quelque chose de vivant.
Autre chose que la conscience que j'en ai. Autre
chose que la peur de le perdre. C'est la raison pour
laquelle j'écris ces mots. Ce n'est pas de la litté-
rature. C'est de l'amour. J'écris comme on ferme les
yeux en embrassant quelqu'un.
p.16


" le mystère
Le monde est complexe. D'une perversion folle et
d'une   simplicité  qui  frôle  le  métaphysique.
Objectivement je peux passer plusieurs heures à
me demander si les volets délavés de cette vieille
maison en ruine en face de ma fenêtre sont faits
pour, étant clos, découper des tranches de lumière
comme du jambon rosé par les interstices émaillés
des petits panneaux de bois qui les composent, ou,
au contraire, si leur fonction principale ne serait
pas, étant ouverts et battant aux quatre vents, de
laisser monter l'ombre magistrale de l'immense
cyprès sur les murs orphelins de la chambre aban-
donnée. Voilà presque une heure quarante-trois
minutes de passé et le mystère reste entier.
p.20


" Nous
Dire la glace sur ta joue. Nos discussions et nos
partages. Mes colères ridicules. Nos petits riens.
Nos pieds sales. Tes danses sauvages. Dire le vent
dans les arbres. Et les jets d'eau. Et les moineaux
qui s'y baignent. Et la lumière sur les pierres de la
terrasse. Dire les jouets qui ruminent à l'ombre. Le
Polux à roulettes. le ballon Spiderman. le Tigrou
dans la poussière. Dire les araignées. Les plantes
grasses qui tombent. Nos orteils dans les mau-
vaises herbes. La piqure de moustique qui trône
entre tes seins. Puisque Avoir c'est Perdre et que
le temps est un menteur, je note les éclats de rire,
les tomates-cerises, les gouttes de sueur. Nous
n'avons pas peur de la peur. Nous bricolons à
petits pas. Nous sommes fourmis dans le broyeur
et peut importe où va l'égout. Sur notre bouchon
de fortune, nous savons ce que veut dire nous.
Nous plaignons ceux qui ne savent pas.
p.23


" Ablutions
La terre craque. Horizon courbature. Les arbres
tout hurluppés se rincent les pieds dans la lumière
glacée. Grandes brassées froides de rayons sur les
boursoufflures du visage. Une flopée d'oiseaux se
brossent les nuages. Fard à grisaille au bord du
ciel. du sent-bon pour les yeux. Elle se trouve
toute ma foutue ce matin. Ce qui est vrai. Ce qui
ne l'empêche pas d'être belle.
p.27


" le bijou
Qu'elle était belle. Ronde et brillante. Pas plus
grosse qu'une perle noire. Gardant en son ex-
trémité une légère pointe blanche. Comme un oeil
trop espiègle qui regarde ce que tu es. Elle était là.
À n'attendre personne. À ne rien demander.
Minuscule. Sur la terrasse. Dans un soleil de fin de
journée. Sertie de miel. Cristallisée. On aurait pu
la manger. En faire un bijou. Un cadeau impérial.
Qu'elle était belle. Ronde et brillante. Cette
petite chiure d'oiseau toute sèche dans un soleil
de fin de journée.
p.31


" Marcher contre le vent
Marcher contre le vent. Plus ou moins droit. Plus
ou moins régulier. Jusqu'au rose viande des
oreilles. Poncer quelque chose de soi dans de
grands frottements métalliques de glace et de ciel.
Raboter ses humeurs à l'air libre. Desquamer la
camarde dans les vacarmes de la lumière. Finir par
s'installer bien au chaud à l'intérieur de soi. Entre
des couches et des couches de silence.
p.70


" Laisser fondre
… Penser que la clarté est un hamac tendu
entre hier et demain. L'essayer.
p.71
Commenter  J’apprécie          240
Chaque petite chose peut nous émouvoir et enchanter notre quotidien. C'est ce que nous montre Thomas Vinau avec ce recueil de poèmes célébrant le quotidien, les petits moments anodins de la vie auxquels on ne prête finalement pas assez attention. Il réenchante ces petits moments avec ces doux mots, pour ensoleiller un peu plus nos journées, lundi compris. C'est une petite bulle de bien-être que ces petits textes qui nous font replonger en enfance, où tout n'était qu'émerveillement et découverte. On réapprend à s'extasier devant les choses les plus banales, à écouter la poésie se déverser en nous et à apprécier l'instant présent.

Un très joli recueil, offrant une poésie accessible et mélodieuse, pour mieux nous faire apprécier les petits bonheurs du quotidien.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
Commenter  J’apprécie          100
Première petite perle de la rentrée littéraire. Je découvre, à travers la plume sensible de Thomas Vinau, la célébration du quotidien et de la banalité trop souvent dénigrés et dépouillés de leur dimension assurément poétique. L'auteur nous jette dans le tourbillon d'un prosaïsme passionné qui donne envie de s'arrêter et d'observer chaque tranche de vie, de se délecter d'un simple geste, d'un mot, d'un sourire. C'est tout doux, et ça fait du bien !
Commenter  J’apprécie          93
Je crois que je suis fan de Thomas Vinau. J'aime sa poésie, sa façon de voir le monde, les décalages qu'il opère pour nous donner à voir la beauté du monde qui nous entoure, son humour... Ce recueil est assez orienté sur la paternité et la transmission, mais on retrouve aussi une multitude d'autres thèmes, toujours sur la vie quotidienne. Vous l'aurez compris, je ne suis pas très objectif, mais il faut lire Thomas Vinau ! On est plus humain après !
Commenter  J’apprécie          61
Est ce la beauté des petites choses que nous raconte Thomas Vinau, ou la capacité perdue pour beaucoup de la voir ? Que l'on repense au gosse que nous étions et à la joie que nous procurait une feuille en automne, sa couleur et sa forme nous invitant à la contemplation, et nous voilà face à ce talent.

Thomas Vinau n'a rien perdu de ce « pouvoir », et ses yeux d'adulte, loin de le priver, semblent lui permettre de multiplier ces expériences.

Ou alors peut être est ce la paternité qui invite les plus chanceux d'entre nous à redécouvrir ce qui s'offre à nos regards. La beauté bien sur, les bonheurs qui surgissent dans une tasse de café, la mélancolie aussi, le temps qui passe.

L'auteur, par des textes courts où le banal se mêle de poésie, nous offrent des scénettes invitant à la pause, à suspendre quelques secondes la course qui nous mène à la prochaine urgence.

Si cette accalmie est à la portée de tous et toutes, il fallait le talent de Thomas Vinau pour l'écrire et et le faire ressentir.

Une écriture pleine et généreuse, sans effet de manche, poétique.

Ce recueil se lit avec délice, texte après texte ou en l'ouvrant au hasard. C'est touchant, drôle, mélancolique, ne se lit pas forcément le lundi.

Ouf !
Lien : https://bonnesfeuillesetmauv..
Commenter  J’apprécie          40
Des mots pour faire durer l'instant et le souvenir de la vie comme elle va. Je ne m'en lasse pas.
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (59) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1220 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}