Le projet du livre est superbe. L'idée est de suivre dans la peau du narrateur sa renaissance après de forts traumatismes psychologiques. On se dit qu'il a dû douiller, au point de perdre une partie de sa mémoire, et de le voir fortement perturbé dans sa vie quotidienne par les événements d'avant ; mais on n'en saura pas beaucoup plus à ce sujet (et je parie que lui non plus d'ailleurs). En effet, seulement une petite partie de ce passé sera redécouverte progressivement et exprimée par le héros au fil du livre, mais il semble se remémorer seulement les événements qui lui sont nécessaires pour appréhender sa nouvelle vie, pas plus (ou l'inverse). Donc le récit se passe quasi-exclusivement dans le présent, voire dans l'instant et se vit au rythme de cette récupération. le lecteur approche ainsi le récit avec les mêmes brumes et parts d'inconnu qui empêtrent l'esprit du héros. D'où une narration faite d'impressions de flou permanent, d'événements esquissés, d'une collection de sentiments simples et sans lien, comme pourrait les ressentir un esprit encore peu assuré, traitant sans grand recul des images et des sensations immédiates. Malgré ce contexte dont on pourrait penser qu'il va plomber l'ambiance, telle l'arrivée de V.Trierweiler à un meeting de S.Royal, l'histoire est celle d'une véritable résurrection ; elle est donc positive et tous les événements décrits le sont. En outre, elle se déroule dans une belle nature qui est plus qu'un décor puisqu'elle contribue à l'apaisement et à la rédemption du héros ; elle en est même quasiment le deuxième (non ! Jean-Jacques*, tu n'es pas mort, et tous mes voeux pour tes 300 bougies cette année !).
Malheureusement la réalisation du projet n'est pas d'emblée convaincante. En effet, la poésie voulue pour le texte est faite d'images souvent pauvres et d'un vocabulaire ayant aussi peu de relief que le bilan de l'Hadopi après 2 ans d'exercice. Même si on se dit que l'auteur, compte tenu du point de vue adopté, celui du narrateur en convalescence, a probablement souhaité exprimer l'esprit affaibli du héros par des mots et des images simples (un peu à la E.T. ou quand je m'essaye au poldomoldave), à force de vouloir faire simple, on tombe dans le plat et le bêbête (Oh ! Une fleur !) voire dans les clichés du bobo citadin chez les agrestes, style
Hermine de Clermont-Tonnerre à la Ferme Célébrités. J'ai malheureusement mis du temps à entrer suffisamment dans le récit sans avoir l'impression d'y avoir complètement réussi. Entre l'auteur et moi, un de nous deux a visiblement raté quelque chose.
* Rousseau of course !