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Critique de asphodele85


Un roman-poésie de cet auteur que j'aime beaucoup et dont je vous ai déjà parlé lors d'un jeudi poésie, ICI ou encore de son premier roman "Nos cheveux blanchiront avec nos yeux", ICI.

Dans la post-face joliment intitulée "Lignes de fuites" de ce recueil, ainsi se définit Thomas Vinau : " "Bricoler dans l'essentiel". C'est ainsi que Pierre Autin-Grenier définit la poésie. Je ne suis pas manuel. Depuis longtemps je bricole. Des pièces bancales. de l'inutile indispensable. Des mots de peu. Ma poésie n'est pas grand-chose, elle est militante du minuscule, insignifiante et je l'écris au quotidien, à la mine de rien. (...) " Et ainsi de suite. Modeste, un peu timide peut-être, Thomas Vinau poétise avec ce qui lui tombe sous la main, avec un bout de ficelle (selle de cheval cheval de course) mais le résultat est là. L'émotion aussi.

Il faudrait redéfinir la poésie pour parler de ce qu'il écrit. D'ailleurs tout en haut du livre sur la couverture est écrit : "roman-poésie". Un nouveau genre donc. Pour rire aussi en bousculant les codes. Ou pour prouver qu'on peut lire la poésie comme un roman ? Il n'y a pas de ponctuation, pas de majuscules à la ligne et la rime n'y est pas. Ce ne sont pas les alexandrins de Victor Hugo ou De Lamartine mais je pense que justement, en écrivant sans contraintes d'écriture fixes, la poésie murmure, chante et devient accessible à tous. C'est comme une prise de conscience : la poésie est partout, il suffit de la voir là où les "poètes classiques" l'ont parfois alambiquée, il suffit de prendre un crayon et d'en faire un ballet de mots pour qu'elle se mette à danser sous nos yeux émerveillés. Attention, je n'ai pas dit pour autant que tout le monde pouvait le faire ! Thomas Vinau manie son "minuscule" avec brio, "il travaille à sa simplicité", donc ça ne se fait pas tout seul non plus... Il nous trouve des images renversantes où percent le bonheur de vivre, d'être à ce monde comme peuvent aussi les traverser d'infinis chagrins et autres regrets propres à notre statut d'humain. Propres à notre fugace passage sur cette terre. Comme ici dans ce bref exemple intitulé "La marque du collier" :

Nous sommes
des chiens qui parlent
truffes plantées
dans le cul des étoiles
éperdument perdus
de n'avoir pas de maître. Ou encore ce "FAIT DIVERS" (qui m'a fait sourire)

Nous apprenons à l'instant
le décès instantané
d'un petit matin frais
fauché en pleine course
par un quotidien trop pressé

aux dernières nouvelles
le champ des possibles
s'écoule encore de son ventre
sur la chaussée

La poésie est une alchimie particulière entre les mots, le poète et ceux qui le lisent. le courant passe ou au contraire ne se fait pas "parce que c'est de la poésie" (j'en connais). Ici, l'excuse ne tient pas, en devient obsolète. Avec des choses simples, des mots simples, Thomas Vinau nous raconte sa vie, son quotidien, la (le) notre et touche du doigt l'universalité des choses. Petit Poucet est devenu grand, ses mots à lui me retournent la tête, j'en redemande. C'est gai triste ou drôle mais ça pétille. Bien sûr que je vous le recommande, pour le lire à petites gorgées matin midi ou soir, comme vous le faites avec votre thé ou votre café, le picorer dès que vous avez un moment dans la journée. Certains poèmes (ou textes en prose -2-) sont bourrés d'humour ce qui ne gâche rien. Thomas a dû naître la tête dans les étoiles et il y est resté, avec en plus un petit sourire espiègle au fond des yeux ... Merci à lui ! Pour vous faire une idée, vous pouvez aller sur son blog, ETC-ISTE où chaque jour il partage "son minuscule"... Ha j'oubliais : le livre pèse 280 pages pour 280 poèmes courts, longs, minuscules mais qui tous ont un sens, voire une chute.


Lien : https://leslecturesdasphodel..
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