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EAN : 9781027800699
Le Castor Astral (06/05/2016)
4.03/5   29 notes
Résumé :
Le projet est né de l’écriture d’une rubrique publiée sur le site Vents-contraires.net du Théâtre du Rond-Point.

Une galerie de portraits d’artistes déca- lés, à la vie et au destin hors du commun. Ces textes d’hommage mêlent poésie du quotidien, souffle lyrique et humour. Un livre qui donne envie d’en savoir toujours plus sur ces artistes au destin souvent tragique.
Que lire après Soixante-seize clochards célestes ou presqueVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
D'abord être attiré par le titre et cette référence aux clochards célestes chers à Kerouac, bourlingueurs utopistes et poètes idéalistes.

Puis retrouver avec plaisir Thomas Vinau, auteur dont je m'étais promis d'explorer davantage l'oeuvre après la lecture de le Camp des autres.

Découvrir la préface inspirée autant qu'amicale d'Eric Poindron et me replonger dans le souvenir d'une étonnante visite de son cabinet de curiosité rémois, et de nos échanges d'alors il y a une quinzaine d'années.

Plonger avec bonheur et par petites touches dans chacun des portraits de ces 76 clochards célestes ou presque : des auteurs familiers et appréciés, Brautigan, Buk, Cendrars, London ou Stevenson ; des connus-inconnus redécouverts, Bacon, Darc, Diogène, Holiday, Pirotte, Renard ou Wilson ; et tous les autres que j'ignorais, mais qui ne demandent désormais à ne plus l'être davantage.

Des courtes notices mais de grands cris d'amour et d'admiration lancés par Vinau à tous ses inspirateurs, des femmes et des hommes « à qui je ne confierais pas mes enfants…/… mais qui en tombant ont fait du bien aux autres ».

Et enfin, avant de reposer cet objet magnifiquement édité par le Castor Astral tout en sachant déjà que je le reprendrai régulièrement, remercier Karine de l'avoir généreusement et judicieusement poussé jusqu'à moi.
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Les clochards célestes ont tracé l'itinéraire de mon parcours de lecteur. Depuis toujours. Je suis parti sur la route avec Kerouac, Ginsberg, Burroughs et Neal Cassidy, j'ai traversé le désert de l'Utah avec Edward Abbey, fait le passager clandestin sur les trains de marchandises et les wagons à bestiaux avec les hobos Boxcar Bertha et Edward Anderson. Grâce à eux j'ai visité les asiles, dormi à la belle étoile, fréquenté les hôtels miteux, les parcs et les églises, fait la manche et multiplié les petits boulots. Grâce à eux j'ai bourlingué à travers les pages, touché par la malédiction du sang nomade.

Alors quand Thomas Vinau dresse le portrait de 76 d'entre eux, je plonge la tête la première. En commençant par ceux qui me parlent, ceux que j'ai eu la chance de fréquenter. Mon Buko adoré bien sûr, ce « gros dégueulasse qui écrit des lettres d'amour en se mouchant dans son T-shirt », Selby, celui « qui a encaissé sa vie comme on encaisse les coups », André Laude, qui « écrit ses poèmes avec ses larmes », Dan Fante, le fils de, qui « a passé vingt ans à tenter de s'immoler de l'intérieur, avec du gin », Gaston Couté « le poète paysan, le commis érudit, le libertaire de la terre », Jehan-Rictus, metteur en scène des « rêves rigolards et désespérés de la pauvreté », Thierry Metz l'inconsolable, celui qui se suicidera à l'hôpital psychiatrique, « exclu de la vie par la souffrance », Cendrars « l'ami de tous les fous, de tous les prisonniers, de toutes les putes, des nègres, des clodos, le plus grand suceur de mégots du monde, à jamais pour la braise et les cendres », ou encore Jack London, à qui « tous les enfants qui ont eu le courage de ne pas devenir adultes disent merci ».

Parmi les autres, des écrivains, des musiciens, des artistes. Des hommes et des femmes. le précurseur Diogène, l'inégalable Elliott Smith, l'incandescent Gil Scott-Heron, le rêveur Christopher McCandless (Into the Wild), Nicolas Bouvier qui « avance avec lenteur sur la terre des hommes », Billie Holiday, qui est « le bruit que fait le poing d'un homme sur la peau d'une femme ».

Beaucoup ont en commun une vie trop courte, une consommation excessive de drogue et d'alcool, une solitude portée comme un étendard. Ce sont des indomptés, des fous, des malades, des crevards, des anachorètes, des bougies se consumant trop vite.

C'est simple, j'ai tout aimé dans ce petit bouquin, la prose, la diversité des portraits et l'objet-livre en lui-même avec sa superbe couverture.

Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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À picorer, un peu chaque jour.

Thomas Vinau, sous la houlette de son complice et directeur de collection Éric Poindron, nous propose 76 portraits poétiques de son panthéon personnel de poètes, musiciens, peintres et autres inclassables vagabonds de la culture, incurables, irrécupérables, "clochards célestes" pour reprendre les mots de l'un d'entre eux, Jack Kerouac. Beaucoup sont très peu connus -- je pense que j'avais entendu parler d'une vingtaine d'entre eux, et que j'aurais pu dire un mot de la moitié de ceux-ci au plus. le but de ces portraits n'est toutefois absolument pas de nous les faire mieux connaître, j'ai passé mon temps dans wikipedia pendant cette lecture. Non, le propos de Thomas Vinau est bien de rendre hommage, en poétique prose, imitant parfois le style de celui qu'il souhaite honorer, de nous émouvoir, de nous suggérer de prochains émerveillements. L'ensemble est inégal mais souvent attachant, et on ne peut douter de l'amour que porte le poète à ces inadaptés chroniques, incapables de vie rangée, amis des humbles et surtout, flamboyants créateurs.
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Merci cher Thomas pour cet essai libérateur avec ces portraits d'écrivains en marge qui ne finissent jamais leur vie à l'Académie et ces chanteurs déjantés. Vous nous laissez grandes ouvertes les fenêtres de votre cabinet de curiosité et nous confiez la clé des champs pour de formidables vagabondages. Voilà qui nous donne envie de vous faire mieux connaître en librairie.
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Êtes vous allés au bout de vous même ?



« Les clochards célestes » se sont heurtés aux récifs, mais ont toujours été présents sur le ring.

Oui; ils nous mettent ko: leurs oeuvres saignantes nous donne les protéines nécessaires pour nous cramponner; les jours bleus nuit.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Robert Walser (1878-1956)

Robert Walser est un promeneur céleste. C'est un aventurier du minuscule. Un explorateur de l'évanescent. Après ses études, Robert Walser a tenté quelques métiers (domestique, employé, secrétaire), mais dès ses premiers succès littéraires d'estime, il cessa de travailler pour se consacrer à ses trois passions: écrire, marcher et disparaître. (....)
Robert Walser sait que l'essentiel est dérisoire et que le dérisoire est essentiel (p. 180)
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Thierry Metz (1956-1997)

Thierry Metz a été exclu de la vie par la souffrance. C'était pas un gringalet. D'abord, il a été poète. Non, manœuvre. Non, poète. Non, manœuvre. D'abord il a été poète et manœuvre. Il écrivait avec sa pioche. Une fois la sueur évaporée, l'encre disait la pierre. Et la main. Et le souffle. L'encre disait le rien. La bouteille et la trime. Le temps qui creuse les lombaires. Le collègue. Le chef. Le mur. Autrement dit, l'encre disait le tout. (p. 125)
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Jules Renard
(1864-1910)

Sa mère lui a appris la méchanceté très tôt, son père le courage qui se tait. Le ciel lui aura enseigné à nuancer ses grisailles. Eduqué, oui, lettré, oui, sauvé par les livres, sûrement. (...)
Trop tendre, trop juste, trop conscient. Pour ça qu'il s'habille d'épines. (p. 121)
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Jules Mougin (1912-2010)

Du début à la fin
Mougin était facteur
Dubuffet et Chaissac
lui écrivaient des lettres
Pendant qu'il leur dessinait des poèmes
il peignait directement
sur les branches de son jardin
Et sur ses filtres à café
C'était un petit chanteur de misère
marqué par le ventre de putain
de l'usine et de la guerre
"Occupe-toi de ta propre joie"
Voilà ce qu'il écrivait
sur les boîtes à camembert
Jules Mougin est mort le 6 novembre 2010
Il disait : " J'ai tellement regardé le vieux
mur de la grange du père Monnier .
C'est lui qui m'a appris à dessiner."
Il disait : "tout compte: le caillou, la bouse
de vache
et l'oignon." (p. 129-130)
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Albert Cossery (1913- 2008)

"Pourquoi écrivez-vous , " , il répondait : "Pour que quelqu'un n'aille pas travailler le lendemain. " Merci Albert. (p. 59)
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Videos de Thomas Vinau (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Thomas Vinau
« Nul dieu ne t'aidera, nul programme, nul parti, nul bulletin de vote, nulle masse, nulle unité. Je suis le seul capable de m'aider. Et c'est en moi-même que j'aiderai tous les hommes dont les larmes débordent. » B. Traven est Traven Torsvan qui est Berick Torsvan qui est Otto Feige qui est Hal Croves, qui est Ret Marut, enfin, je crois. B. Traven est né un an avant la mort de Karl Marx, enfin, je crois. B. Traven est un romancier allemand et un activiste anarchiste, un de ces hommes de l'ombre au petit chapeau rond qui font bouger l'histoire sans perche à selfie. […] Il a pris un nom différent partout où il a fait de la prison. Il a fait de la prison partout où il a incité à la révolution. […] » (Thomas Vinau, 76 clochards célestes ou presque, Éditions le Castor Astral, 2016)
« L'homme qui a tant fait couler d'encre dans les dernières décennies de sa vie est mort le 26 mars 1969 dans la ville de Mexico à des âges différents, non sans avoir épuisé plusieurs identités dont aucune ne paraît être la vraie. le succès des romans de Traven […] a déclenché une « chasse » à un individu qui ne se laissait pas photographier […]. La seule chose prouvée est que B. Traven ne fait qu'un avec Ret Marut […]. […] le proscrit réussira à débarquer, dans des conditions ignorées, sur les côtes du Mexique au cours de l'été 1924. La vie qu'il va mener sous le nom de Torsvan, ingénieur américain, pour être moins mystérieuse, n'en reste pas moins secrète […]. […] Cet apatride sans identité obtient finalement la nationalité mexicaine en 1951. […] Il faut considérer le romancier […] comme un aventurier écrivain qui a passé la majeure partie de sa vie à égarer les soupçons – pour mieux enfoncer les preuves de son humanité comme autant de clous dans les têtes molles du siècle. […] » (B. Traven, le gros capitaliste et autres textes, traduit par Adèle Zwicker, Éditions Libertalia, 2018)
« […] Quoique mes oeuvres soient traduites en dix-sept langues, je n'ai ni maison ni argent et je ne possède qu'un minimum de vêtements indispensables. […] » (B. Traven, Lettre à Solidaridad Internacional Antifascista)
0:00 - L'art des Indiens 4:27 - 2e extrait 4:45 - 3e extrait 4:59 - 4e extrait 5:32 - Générique
Référence bibliographique : B. Traven, le gros capitaliste et autres textes, traduit par Adèle Zwicker, Éditions Libertalia, 2018
Image d'illustration : https://www.gettyimages.fi/detail/news-photo/traven-schriftsteller-d-portrait-im-profil-undatiert-news-photo/537147851
Bande sonore originale : Bensound - Tomorrow Tomorrow by Bensound is licensed under a CC BY 4.0 Attribution International license.
Site : https://www.bensound.com/royalty-free-music/track/tomorrow
#BTraven #LeGrosCapitaliste&AutresTextes #LittératureAllemande
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