AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782278008940
331 pages
Didier (21/05/2004)
4.5/5   1 notes
Résumé :
Dans l’ouvrage Stylistique comparée du français et de
l’anglais paru pour la première fois en 1958, Jean-Paul Vinay et Jacques Darbelnet analysent la problématique des procédés de traduction.
La théorie de J.-P. Vinay et J. Darbelnet a largement influencé les procédés de traductologie et leurs développements, de la traduction dite directe à la traduction dite oblique.
Il a été démontré que certains de ces procédés continuent à servir aujourd... >Voir plus
Que lire après Stylistique comparée du Français et de l'AnglaisVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Pour se comprendre soi-même, il faut se mesurer à l'altérité. En effet, chaque définition de soi par un « je suis » exclue mécaniquement un « je ne suis pas ».
Ici, en appliquant cette maxime au langage ; si on parle français, on ne peut mesurer ce que cela induit en biais, ambiguïtés, connotations involontaires, amalgames et imprécisions de la pensée… qu'en le comparant avec d'autres langues qui ne partagent pas ces défauts.
Avec ce livre, je découvre que ces réflexions constituent un pan entier de la recherche en linguistique.

Pour faire simple, la stylistique comparée est l'étude théorique des différences et similitudes entre deux langues, là où la traductologie est sa mise en application.

Ce livre est à destination des étudiants et chercheurs en linguistique, mais il est tout à fait accessible à n'importe qui ; ayant moi-même pu suivre sans trop être perdue sans être du domaine. Toutes les notions sont définies au besoin et un glossaire les récapitulent synthétiquement. Les auteurs se permettent quelques traits d'humour et anecdotes.

Cependant, certaines remarques sont obsolètes. Il est amusant de les voir s'offusquer en 1958 du néologisme ridicule « démissionner » qui remplace « poser sa démission », ou encore « tester » pour « faire subir un test ».
Notons d'ailleurs que nombre des exemples choisis parlent de la Guerre Froide !
Le plus dommageable est toute la partie évoquant l'hypothèse Sapir-Whorf, qui énonce que la langue influe sur la perception et l'analyse du réel. Il s'agit d'une théorie très intéressante et passionnante sur le plan philosophique, mais par la suite la recherche scientifique a montré par des expériences que les effets de la langue étaient très limités.

Voici un petit résumé de ce que j'ai retenu des différences entre français et anglais.

• le français décrit la fonction des objets, l'anglais leur aspect.
• le français structure le message autour de noms, l'anglais autour de verbes.
• En français, la phrase s'organise autour d'un mot signe, en anglais d'un mot image.
• le français est une langue liée (liaisons, morphèmes « de, -t-, s- »)

• L'anglais est plus concis que le français. (Une traduction est souvent plus longue que le texte original.)
• le français généralise et est plus abstrait, l'anglais utilise des termes particuliers et concrets. Pour un mot français général, l'anglais n'a pas d'équivalent exact mais de nombreux termes spécifiques.
• le français est plus concis quand il est sur le plan de l'entendement ou conceptuel, l'anglais sur le plan du réel ou sensoriel.

• L'anglais a un système de dérivation (passer d'un nom à un adjectif, verbe, etc) plus régulier que le français.
• Les termes techniques sont plus compliqués et spécifiques en français, car l'anglais peut directement utiliser un nom comme adjectif.
• le français a le singulier et le pluriel régulier. L'anglais a en plus un pluriel collectif.
• L'anglais donne des ordres avec négation, le français évite.

• le français décrit d'abord le résultat puis le moyen, l'anglais suit l'ordre des images.
• le français préfère l'ordre thème-propos, l'anglais l'inverse.

• le français est subjectiviste, il fait intervenir le sujet pensant dans la représentation des évènements. L'anglais est objectiviste.
• le français utilise des verbes pronominaux là où l'anglais utilise la voix passive. le français utilise l'animisme, il prête aux choses des comportements de personnes.

• Il faut aussi prendre en compte la métalinguistique : les différences d'organisation sociale, de géographie, les tabous culturels, les découpages différents de la réalité...

En conclusion, les auteurs ont rendu ce sujet tout à fait limpide et accessible.
Ma seule réserve concerne les idées invalidées depuis. À la décharge des auteurs, ils ne pouvaient pas prévoir les avancées scientifiques !
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Puisque la représentation linguistique n'est jamais totale, il serait surprenant qu'elle soit rigoureusement la même dans deux langues différentes. Chaque langue a donc ses trous, qui ne sont pas forcément les mêmes que ceux de la langue dans laquelle on traduit. Tout traducteur doit s'attendre à ce qu'il y ait dans la langue de départ des mots qui cherchent en vain leur équivalent dans la lnahje d'arrivée. Ou bien la chose n'existe pas — ou n'est pas reconnue dans l'une des deux civilisations, ou bien elle existe dans les deux, mais une langue éprouve le besoin de nommer ce que l'autre passe sous silence. On peut d'ailleurs se demander si l'omission n'est pas ici un indice du peu d'importance que présente pour le groupe linguistique en question cette chose qui n'a pas de nom.
Commenter  J’apprécie          10
Soit, par exemple, la phrase :
Il a regardé dans le jardin par la porte ouverte.
Le français va tout de suite au résultat, dans ce cas, la chose regardée. Ensuite il indique la façon dont l'actiln s'est accomplie, dans ce cas, l'itinéraire du regard. C'est là une démarche à peu près constante de l'esprit français : d'abord le résultat, ensuite le moyen. Par contre, l'anglais suit l'ordre des images ; or il est évident que le regard a traversé la porte avant d'aboutir au jardin. D'où la traduction :
He gazed out the open door into the garden.
Commenter  J’apprécie          10
La modulation exprime, d'une façon générale, l'opposition entre deux raisonnements et qu'elle est, de ce point de vue, un indice de divergence entre deux langues, traduisant ainsi une divergence de deux attitudes mentales vis-à-vis d'une même situation. Nous pensons en particulier aux modulations qui permettent au français de rester sur un plan conceptuel, par opposition au plan sensoriel où évolue l'anglais : "I read in the paper : j'ai appris dans les journaux".
Commenter  J’apprécie          10
Certains Indiens n'ont pas de terme correspondant à "frère" ou "sœur", ou ne boivent pas de vin, ou n'élèvent pas de veaux, et par conséquent ne peuvent comprendre, pour des raisons culturelles, certaines images essentielles de la Bible. Pour les leur faire comprendre, [Nadi] propose des "adaptations" : il garde le sens, mais prend ses éléments significatifs dans d'autres domaines.
Commenter  J’apprécie          10
Même si par la force des circonstances la majorité des traductions rapprochent des langues participants à une même aire générale de culture (par exemple la culture dite occidentale), il reste que chaque groupe culturel est suffisamment individualisé pour que les langues reflètent ces divergences dans leur stylistique. On remarquera en effet que toute la stylistique comparée est basée sur la différence d'interprétation d'une même situation par deux groupes linguistiques. On peut même poser en principe que, dans la mesure où une phrase se laisse traduire littéralement, elle reflète une communauté culturelle et, sur un plan plus élevé, une communauté conceptuelle et philosophique.
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : traductionVoir plus
Les plus populaires : Jeunesse Voir plus

Lecteurs (9) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
849 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *}