AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,05

sur 192 notes
5
10 avis
4
7 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
En Bourguignon que je suis, je voulais découvrir cet écrivain régional dont j'avais tant entendu parler.
Une écriture pleine de sincérité et de simplicité.. Cet homme nous raconte sa vie... sans chichi, sans artifices, une vie rude, nature, proche de l'autre...
c'était le bon temps... trêve de plaisanterie, de temps en temps on peut se faire un plaisir simple, et ce livre en fait partie...
une confiserie entre deux piments...
Commenter  J’apprécie          392
"Mon grand-père lui-même était bien changé, ses fortes chaussures et ses courtes guêtres maculées de boue, sa cartouchière flasque sur le ventre, sa petite cravate mince nouée à la billebaude [ au petit bonheur la chance] sur le col cassé que ma grand-mère lui fabriquait dans de la percale à petites fleurs, tout cela qui m'était habituellement familier prenait une physionomie nouvelle."
Cré vains dieux !
On est dans la campagne bourguignonne autour des années 1920, et le jeune Henri Vincenot, bien qu'encore aux mains des femmes (il a six grands-mères et arrières-grands-mères ), pupille de la nation, admire son grand-père Tremblot, maître bourrelier issu des Compagnons du Devoir, mais surtout chasseur expérimenté à la billebaude :
"Nous, les pedzouilles, on ne chasse pas à courre".
.
Les étoiles que j'attribue sont montées progressivement à partir du moment où l'auteur, passionné de chiens de chasse, et de chasse aux sangliers, a abandonné progressivement son vocabulaire technique de vénerie pour glisser sur les problèmes plus importants liés à la campagne.
Avant 1920, les gens étaient heureux à la campagne, dit l'auteur, contrairement au misérabilisme souligné par Zola dans "La terre", et "Germinal". Ils étaient auto-suffisants, et procédaient par le troc les rares choses qu'ils n'avaient pas. L'argent était à peine nécessaire.
Le père Tremblot, embobiné par un beau parleur qui a trempé dans l'affaire Stavisky, financier flambeur, voit les dégâts de l'argent.
Mais il n'y a pas que ça.
Vincenot dénonce l'industrialisation qui fait déserter les campagnes, dont sa combe magique :
-une faucheuse mécanique met sur la paille plusieurs faucheurs ;
- les usines du Creusot mettent au chômage les artisans chaudronniers, et ce sont tous les artisans et Compagnons du Devoir qui disparaissent en une décennie ! le père Tremblot, maître bourrelier, n'a plus de travail : les chevaux sont remplacés par les tracteurs, les automobiles et les autobus. L'odeur du cuir, le ligneul, l'odeur de la forêt, des sangliers, ragots ou quarteniers, du vautrait, du châtron, des tisanes que connaissent les grand-mères pour soigner... Tout ça est important pour un petit gars de la campagne.
Je comprends et j'approuve, ayant moi-même des origines campagnardes, du côté de Saint-Aubin-Routot, en Seine Maritime, et ayant pratiqué fauchage, manipulation des bottes de paille, traite et barattage du beurre.
Mon grand-père, qui après avoir été garçon de ferme, s'est "hissé à la force du poignet" comme boulanger indépendant, me fait penser au père Tremblot, fier de son petit-fils, voulant, plus ou moins pour rire, "le placer comme commis".
Enfin, les forces telluriques sont importantes pour tout être humain, et, "montant à Paris" pour faire ses études, Henri n'a plus que le contact avec le goudron : la terre lui manque, le grand-père lui lance un appel :
"Joue-leur la belle, à tes foutus Parigots ! Les fusils sont graissés, les chiens sont au mieux, il y a du noir [ sanglier] comme jamais, et trébin de lapins. Je t'attends pour commencer les fournottières [ pièges] avant que les chats sauvages [Felix sylvestris] ne nous les dévorent tous".
Commenter  J’apprécie          375
Roman autobiographique d'un enfant du début du XXsiècle, l'auteur nous promène à travers un temps qui n'existe plus et un terroir qu'il adore la Bourgogne.

Son père étant mort pendant la guerre de 14/18 ce jeune garçon a bénéficié de la présence de son grand-père au fort caractère pour courir et grandir sur une terre et dans des traditions qui vont s'effacer peu à peu à coups de bateaux et voiture à moteur, de moissonneuses- batteuses et autres objets apportant le progrès. Pour l'auteur toutes ses nouveautés sont dangereuses car elles changent l'ordre des choses .Il faut dire que s'il raconte très bien, il est extraordinairement passéiste .

400 pages de souvenirs qu'il n'est pas question de raconter ici, juste de dire que cette enfance , pas vraiment pauvre mais certainement pas riche, assez rude mais entouré d'affection, a laissé les meilleurs souvenirs à l'écrivain. Si je n'ai pas toujours été emballée par le côté passéiste, il y a un lien si fort pour ses proches pour sa terre et pour ses coutumes que c'est un plaisir de le lire. Alors que je n'ai jamais chassé, les scènes de chasse sont d'une limpidité totale, on voit , on sent, on est avec lui à courir après le "noir". Tourné vers le passé, il a été capable de voir ce que donnerait les changements dans la vie de ces villages et les difficultés écologiques qui découlerait de ceux-ci, passéiste et en avance sur son temps ...

Un roman qui est l'occasion de voir une vie rurale présentée sous son meilleur jour et à travers les yeux d'un enfant amoureux de son coin de terre. Un bon moment de lecture
Commenter  J’apprécie          260
Un livre incontournable! Vincenot est non seulement un conteur incroyable mais un écologiste avant l'heure. La philosophie qui se dégage de ce livre provient à la fois d'une ode à la vie et d'une critique acerbe du "progrès" et du monde moderne.
Vincenot nous fait partager ses savoirs ancestraux, décrit les récoltes et les propriétés des plantes, la coupe du bois, la gestion des ruches, l'organisation sociale et familiale, toute son enfance, ... la vie quoi! Les descriptions de chasse ne sont même pas critiquables puisque replacées dans un contexte de vie en autarcie.
Les ingénieurs et inventeurs n'ont qu'a bien se tenir: Vincenot les enverrait au bûcher suivant le principe de l'inquisition, et on ne peut pas dire qu'il à tord!
Un livre à lire et à relire!
Commenter  J’apprécie          202
La billebaude est le deuxième roman du recueil consacré à l'oeuvre d'Henri Vincenot. Comme dans le Pape des escargots, l'action se déroule en Bourgogne. La vie y est rythmée par les tâches quotidiennes de la maison et par les travaux des champs en fonction des saisons. Mais la vie du narrateur tourne surtout autour de la chasse. Il y est initié par son grand-père maternel, le Tremblot, qui connaît très bien le parcours des animaux et apprend à son petit-fils l'art d'identifier les traces laissées par le gibier dans les bois. La chasse à la billebaude est la chasse au hasard, au gré du parcours des animaux, par opposition à la chasse à courre où l'animal est traqué sans relâche. Henri Vincenot est un conteur formidable, inspiré en ceci par son grand-père, lui-même grand raconteur d'histoires. Un récit très coloré de ce monde de traditions bien ancrées qui s'inquiète de cette France modernisée, provoquant la mécanisation des campagnes, l'exploitation de la nature et l'exode rural. A lire et à relire!

Commenter  J’apprécie          120
Une savoureuse littérature bourguignonne!
Commenter  J’apprécie          70
Un livre qui nous emmène au début du 20e siècle, en Bourgogne où les hommes et les femmes vivent simplement, à la campagne. Un rythme de vie lent, assujetti aux saisons qui passent mais riche en émotion, en sensation, en coopération et en convivialité. Des plaisirs simples mais des sens en éveil, l'amour des choses bien faites, la recherche des saveurs et une connaissance de la nature pour se soigner. Une philosophie de l'existence bien différente de celle d'aujourd'hui. L'écriture, les partis pris de l'auteur qui nous amènent à quelques réflexions. Un bon moment de lecture!
Commenter  J’apprécie          50
Pour plus de facilité et de clarté je recopie la 4ème couverture.
Il faut pour cela aimer les histoires de la France profonde et d'hier aussi.
« pour mieux vous parler du pays qu'il aime et où il est né, Henri Vincenot se penche sur son enfance quand il vivait chez ses grands-parents, dans un petit village de Bourgogne. Impossible d'échapper à la magie de ce conteur merveilleux, et nous le suivons allègrement dans ses fabuleuses parties de chasse, où il sait si bien recréer le climat de fête. Mais tout ici devient une fête, qu'il s'agisse de la visite d'une cousine extraordinaire, nourrice à Paris, ou de ces interminables repas de fin d'année, au cours desquels le petit garçon écoute, fasciné, les histoire savoureuses qui se racontent et qui lui serviront plus tard de tremplin pour ses récits.
Ce livre est aussi une galerie de portraits étonnants, hauts en couleur, increvables, farceurs, voici les vieux paysans bourguignons d'entre-deux-guerres : d'allègres nonagénaires avec leur philosophie souriante et leurs activités non négligeables. Les femmes n'ont rien à leur envier, notamment l'une des aïeules du narrateur qui sait guérir les asthmes, les rhumatismes, les eczémas et bien d'autres maladies
Mais le plus beau portrait est sans doute celui du grand-père, le vieux Tramblot, qui lui enseigne non seulement l'art de la chasse, mais l'art de vivre.
En nous restituant cette Bourgogne chatoyante, avec la même sensualité, le même amour de la nature que sa « payse », c'est à tous les siens, à tous ces rois de la nature et de la chasse que l'auteur rend hommage »
J'ai vraiment bien aimé car on a l'impression de vivre à côté de ce petit garçon, on y apprend de tout, chasse, vie, comment faire un feu qui dure dans l'âtre.
J'ai trouvé cela super.
Commenter  J’apprécie          41
J'ai redécouvert la Bourgogne, que je croyais connaître, par le truchement de Vincenot. Quelle vigueur dans cette langue si viscérale! Que d'énergie, dans cette histoire pourtant simple d'un petit campagnard des années 1950 ou 1960, qui vit entouré de ses grands-parents et arrières-grands-parents, animé, essentiellement, par la passion de la chasse et de l'aventure!
Commenter  J’apprécie          30
Henri Vincenot revient dans ce récit sur son enfance en Bourgogne dans les années 20 et aborde au hasard, comme la signification de son titre, une phrase en amenant une autre, différents éléments de sa jeunesse dans l'Auxois, entouré de ses grands-parents et arrières grands-parents.

De nombreux sujets sont abordés et se succèdent, parfois avec humour et pertinence, la chasse au sanglier qui unit noble et pedzouille, principalement, mais aussi l'école publique, la religiosité, le régionalisme, la mécanisation et le progrès.

On y retrouve d'ailleurs La gazette, personnage truculent du "pape des escargots" et Vincenot, en bon gaulois nous fait découvrir sa région, son patois, ses combes et sa gastronomie. L'écrivain se remémore et nous partage sa jeunesse qui peut sembler rude mais aucunement misérable. Ce récit défendant la ruralité s'achève sur la rencontre de son premier et unique amour et la résurrection d'un hameau abandonné.
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (483) Voir plus



Quiz Voir plus

Marseille, son soleil, sa mer, ses écrivains connus

Né à Corfou, cet écrivain évoque son enfance marseillaise dans Le Livre de ma mère. Son nom ?

Elie Cohen
Albert Cohen
Leonard Cohen

10 questions
307 lecteurs ont répondu
Thèmes : provence , littérature régionale , marseilleCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..