Affaire Mis et Thiennot : La contre-enquête

J'ai reçu ce livre dans le cadre de l'opération masse critique non-fictif et je remercie les éditions Vendémiaire et Babelio de me l'avoir attribué. D'autant plus que sur les trois que j'avais sélectionnés, c'est surtout celui-là que je souhaitais obtenir si j'en obtenais un.
L'affaire Mis et Thiennot, j'en avais découvert l'existence au début des années 80 en passant dans la région du Blanc, via plusieurs pancartes au bord de la route réclamant la « réhabilitation de Mis et Thiennot ».
Depuis, via des médias, j'en connaissais un peu les grandes lignes qui sont parfaitement décrites dans la quatrième de couverture ci-dessus.

Grace au livre de Jean-Louis Vincent, on plonge au coeur de l'affaire, dans ses moindres détails, concernant surtout la journée du 29 décembre 1946, les personnages, l'enquête à la foi policière et de gendarmerie ( !) ainsi que l'instruction. Cette partie occupant 241 des 431 pages du livre.
Malgré de nombreux personnages et éléments à assimiler, les explications claires et concises de l'auteur nous renseignent parfaitement sans nous perdre (c'est très dense mais pas rébarbatif). On reconnait bien là la plume d'un ancien policier, habitué à s'en tenir aux faits (clin d'oeil à Olivier Norek au passage).
Il ne faut jamais perdre de vue dans ce récit que les faits se passent fin 1946 – début 1947, époque où ni les moyens d'investigation ni les règles n'étaient ceux et celles de nos jours. Même si cela n'excuse pas les carences de l'enquête et de l'instruction faite par le premier juge d'instruction en charge de l'affaire ; pour beaucoup dans le fiasco par la suite.
Concernant la description des procès, parties que je craignais indigestes à lire, l'auteur se limite à planter le décor, sortir quelques moments singuliers et bien sûr nous livrer les verdicts. Là encore, juste le nécessaire pour la compréhension (60 pages sur 431 pour cinq procès).
Vient ensuite l'après condamnation définitive, où cette affaire connaitra encore moult péripéties, dont certaines rocambolesques. Cette affaire est encore d'actualité aujourd'hui puisqu'une septième requête en révision devrait être déposée dans les jours qui viennent (en mars 2022) pour demander la réhabilitation de Mis et Thiennot (décédés respectivement en 2009 et 2003).

Nous ne le saurons jamais s'ils étaient coupables ou innocents ; eux seuls le savaient. Mais, personnellement, après cette lecture, je me suis fait mon intime conviction.

Une lecture plaisante et très instructive que je vous recommande si, comme moi, ce type d'affaires vous intéresse.
À noter, du même auteur, un livre sur l'affaire Dominici et un autre sur l'affaire Ranucci ; deux autres affaires retentissantes du XXème siècle.

J'ai reçu le livre "Affaire Mis et Thiennot, la contre-enquête" dans le cadre de la Masse-Critique non-fiction de février 2022. Je tiens d'ores et déjà à remercier Babelio et les éditions Vendémiaire (que je ne connaissais pas) pour cette excellente découverte. En effet, j'ai passé un très bon moment avec ce livre. Je l'avais sélectionné parce que je suis passionnée par tout ce qui est chroniques criminelles, affaires judiciaires, et la promesse portée par ce livre de retracer l'enquête d'une affaire datant des années 40, et qui a fait l'objet de demandes de révision jusqu'à nos jours, ne pouvait que m'attirer. Pour tout dire, et aussi bizarre que cela puisse paraitre, je n'avais jamais entendu parler de cette affaire Mis et Thiennot. Ce fut donc une réelle découverte. Venons-en au livre lui-même : Je l'ai trouvé extrêmement bien construit et bien rédigé, très clair de bout en bout. Il y a dans cette affaire beaucoup de protagonistes, divers lieux (fermes, bois, villages) et j'ai craint au départ me perdre un peu dans tous ces noms. Mais l'auteur prend le temps de bien mettre en place les différents éléments que nous suivrons tout au long du livre, ce qui fait que je ne me suis jamais sentie perdue dans les multiples rebondissements de l'affaire. En début de livre, il y a une liste des différents personnages et une carte de la région où s'est passé le drame, c'est très pratique et ça permet de bien s'immerger dans le contexte géographique, de "visualiser" plus facilement. Jean-Louis Vincent détaille méticuleusement toutes les étapes de l'affaire : l'enquête judiciaire, les trois procès, le traitement médiatique de l'affaire, son traitement "littéraire" ( j'entends par là les différentes publications qui ont été éditées). Un document extrêmement complet et -presque toujours - objectif (on sent dans un ou deux passages toute la loyauté de l'auteur, ancien commissaire, envers son corps de métier). J'ai particulièrement apprécié tous les passages qui reprennent les auditions des témoins et accusés, toutes les citations des documents issus du dossier judiciaire. Il n'y a pas ici de volonté de faire du sensationnel ou de traiter l'affaire sur le plan de l'émotion, comme cela a visiblement si souvent été le cas. Ici tout est factuel, objectif, parfaitement documenté. Toutes les pistes sont mises sur la table. Vraiment passionnant. La lecture de ce livre m'a donnée envie de lire son autre livre, sur l'affaire Dominici cette fois, que je ne connais que de nom et pas dans son déroulement. J'ai hâte !

Je remercie les éditions Vendémiaire et Babelio qui m'ont offert ce livre à l'occasion de " masse critique "
Ce fut une lecture ardue , très documentée et qui m'a parue difficile .Il me semble que c'est plus à la portée d'un procureur , d'un policier ou bien d'un avocat qu'à la portée d'une novice comme moi . Je félicite Jean Louis Vincent pour ce travail remarquable même si je n'ai pas adhéré à 100 pour cent et ma note ne reflète pas son oeuvre mais simplement mon ressenti . Il y a beaucoup de personnages et j'ai du revenir plusieurs fois en arrière car je m'y perdais un peu .
J'avais vaguement entendu parler de l'affaire Mis et Thienot mais je n'en connaissais que les grandes lignes . En se plongeant dans les différents témoignages , on se demande comment s'est déroulée l'instruction , pourquoi les témoins affirment puis se rétractent , ce qui a fortement amené à la détention des deux chasseurs alors qu'aucune preuve formelle n'a été établie . Pourquoi avouer sinon sous les coups ? Pourquoi police et gendarmerie s'acharnent sur ces deux hommes qui auraient tué le garde chasse ?
Erreur judiciaire? Difficile de se prononcer mais si René Cotty leur a accordé la grâce , on peut penser qu'il y avait de fortes présomptions d'innocence .