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Critique de asphodele85


Il est des mémoires endormies à jamais coulées dans une chape de béton et d'autres simplement coiffées d'un léger tissu prêt à s'envoler au premier vent qui passe. Quand les souvenirs des uns sont le cauchemar des autres, que ces souvenirs de sang et de mort éclaboussent violemment des certitudes encore fragiles, alors ce sang qui a coulé sur les pierres brûlantes du djebel algérien, qui n'a pas encore séché pour beaucoup, ce sang devient prétexte à une vengeance aveugle que seul le pardon pourrait laver.

Forcément, quand un jeune appelé du contingent, âgé de vingt ans, se suicide sur le bateau de retour d'Algérie, ce n'est pas anodin. Quand ses compagnons de régiment rendent le corps à la famille (la mère et la soeur jumelle) en lui disant qu'il est mort en héros, tous soudés sur leur secret et le cercueil fermé, ça l'est encore moins.

Quarante ans plus tard, en 2000 à Marseille, le privé Sébastien Touraine reçoit la soeur endeuillée à jamais qui réclame justice après avoir pris connaissance du vrai dossier, remis par un sergent de ce régiment, qui se mourait dans la culpabilité... L'enquête commence violemment avec trois autres meurtres, en simultané et liés entre eux bien sûr. Sébastien Touraine se verra adjoindre l'aide de la Commissaire Aïcha Sadia, d'origine kabyle et qui ne connaît de la guerre d'Algérie que ce que les parents ont bien voulu lui dire et surtout lui épargner. Une histoire d'amour va-t-elle naître entre ce détective cabossé par la vie, ancien commissaire aux stups et la belle Aïcha ? Nous sommes à Marseille, de l'Estaque au Vieux-Port en passant par l'arrière-pays ; pas de cigales emmiellées de lavande ici, juste un ciel bleu ou gris implacable comme l'acier du couteau qui tue, un par un, les témoins de ce drame. Au-delà de ce décor de thriller rondement mené, la guerre d'Algérie nous saute au visage dans tout ce qui ne nous a pas été dit, la violence qui engendre la folie ou comment de simples bidasses ayant fait une guerre "propre" (si tant est...) deviennent des assassins aveugles.

Jusqu'à l'épilogue apocalytique, nous avons des palpitations (et ce n'est pas une métaphore en ce qui me concerne), nous sommes malmenés, écoeurés mais emportés par cette écriture puissante qui ne nous fait grâce d'aucun détail pas même celui de nous dédouaner de notre conscience. Les cris des "torturés" résonnent encore en moi, écho violent de l'horreur qui s'est répercuté à l'infini sur ces pierres muettes comme un reproche, quelque part dans le djébel algérien. A lire absolument.

Extrait (mais j'aurais pu vous en mettre une dizaine) : " En tout cas, si tu rencontres Murat, dis-lui que nous, on doit savoir. le sang, là-bas sur les rochers, il partira jamais. Crois-en ton oncle. La vérité, ma fille, c'est plus fort que le vent et le soleil. Ça nettoie la tache et ça fait disparaître les mauvaises ombres." (pas sûr...)
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